Actualités de l'Urgence - APM

CRISE DES URGENCES AU CHR D'ORLÉANS: UN PROTOCOLE SIGNÉ MAIS PAS DE SOLUTIONS À COURT TERME, SELON LES URGENTISTES
Fin mars, le CHR d'Orléans avait déclenché le plan blanc aux urgences adultes, qui n'accueillent désormais plus que les urgences vitales, en raison de la saturation du service et de la multiplication des arrêts maladie parmi le personnel soignant, rappelle-t-on (cf dépêche du 31/03/2022 à 17:52).
Un protocole à destination de l'ensemble de l'établissement, "élaboré avec les médecins", a été signé mi-avril avec les chefs des pôles, le Dr Anne Malet, cheffe du service des urgences, et la Dr Marie-Françoise Barrault-Anstett, présidente de la commission médicale de l'établissement (CME), a indiqué le directeur général, contacté mercredi par APMnews.
Ce protocole, qu'APMnews a pu consulter, compte 19 mesures en vue de "permettre au SAU [service d'accueil des urgences] adultes du CHR d'Orléans de reprendre un fonctionnement normal".
Parmi celles-ci figurent "une garantie de 40 lits par jour, à destination des patients des urgences" sept jours sur sept et "la mise en place pérenne d’une gestion territoriale quotidienne de l'aval des patients médicalement sortant du CHR, en lien avec toute les structures de sortie des patients", dont les soins de suite et de réadaptation (SSR) et l'hospitalisation à domicile (HAD). Est également promise "une répartition territoriale des patients à hospitaliser plus équilibrée entre les centres hospitaliers et les cliniques du département".
Sont également annoncées la mise en place d'"un service de médecine polyvalente post-urgences de 20 lits" à partir du 25 avril, qui sera "porté à 30 lits et plus dès lors que les recrutements nécessaires seront faits", ou encore la création d'une unité de transit pré-SSR de 15 lits, la promotion d’admissions directes au sein des services de spécialités sans passer par le service d'accueil des urgences.
Parmi les autres mesures figurent:
- la réouverture des 12 lits HTCD [d’hospitalisation de très courte durée], qui serait "extensible si le besoin est justifié", dans "sa version réglementaire, à savoir pour des patients dont la durée de séjour ne dépasse pas 24 heures"
- la mise en place du service d'accès aux soins (SAS) "aussi rapidement que possible et, dans l’attente, une généralisation de la présence diurne de médecins au Samu chargés de trouver des rendez-vous aux patients en dehors des urgences du CHR"
- l'ouverture d’une maison médicale de téléconsultation (digitale) à proximité des urgences.
Un algorithme pour le placement des patients en fonction des orientations prioritaires est en cours d'élaboration, a également indiqué le directeur général.
L'objectif des mesures du protocole est de ne pas prendre davantage de patients que les capacités des urgences le permettent, de permettre de "mieux s'occuper des patients qui sont aux urgences" et d'"hospitaliser aussi rapidement que nécessaire" ceux qui doivent l'être, explique le directeur général.
"Je ne souhaite pas qu’on recommence avec les mêmes difficultés qu’avant, avec des prises en charge trop importantes par rapport aux capacités", a-t-il renchéri.
Le protocole est en cours de déclinaison pour les différents sujets et thèmes pour les personnels médicaux et non médicaux, selon les spécialités concernées.
"Il faut qu'on change un certain nombre de fonctionnements de l'établissement, et en même temps cela ne résoudra pas tous les sujets à cause des 150 lits qui sont fermés aujourd'hui", a poursuivi Olivier Boyer. "On n'a pas de baguette magique pour ouvrir des lits d'hospitalisation, faute de personnels", a-t-il déploré, évoquant un manque de 90 infirmières dans l'établissement.
Le directeur général espère toutefois sortir de la crise rapidement, soulignant qu'un certains nombre de personnels soignants absents reviennent travailler aux urgences progressivement, sans préciser leur nombre.
Le Loiret fait face à des "tensions fortes" sur l'offre de soins, avec un nombre de médecins en ville "très inférieur" à la moyenne par rapport aux autres territoires. "On a donc plus de patients aux urgences et on manque de manière dramatique d'infirmières", a-t-il analysé.
Les urgentistes demandent plus de mesures concrètes et rapides pour lever la grève
Avec ce protocole, le directeur général espère également une sortie de grève des médecins urgentistes qui est engagée depuis le 8 avril.
Ils sont près de 90% à l'être, selon l'un d'entre eux, le Dr Mathieu Lacroix, sur une vingtaine au total. Actuellement, deux médecins sont assignés chaque jour aux urgences.
Interrogé jeudi par APMnews, Mathieu Lacroix a expliqué que, dans une lettre transmise vendredi aux professionnels de santé de l'établissement et au directeur général, les urgentistes en grève font valoir que le protocole comporte "beaucoup de points intéressants", mais qu'il s'agit avant tout d'une "belle déclaration d'intention".
"Dans l'application pratique et les éléments concrets, pour l'instant, il n'y a rien d'acté [...] Il nous faut, pour lever la grève, des garanties et des engagements beaucoup plus concrets et des choses qui avancent très vite", a fait valoir l'urgentiste.
Alors que les "infirmières et aides-soignantes reviennent au compte-gouttes", les urgentistes craignent que "si elles reviennent travailler la situation revienne à l'identique au bout de deux semaines", et qu'"on les perde de nouveau et peut-être définitivement", a résumé Mathieu Lacroix.
Sur les "trois revendications principales" des urgentistes, il n'y en a qu'une qui sera parfaitement mise en place", a-t-il estimé, mentionnant la cellule de gestion. "On a demandé la mise en place immédiate d'un mécanisme transitoire".
La revendication des 40 lits par jour à destination des patients des urgences qui "nous permettrait d'être en équilibre", n'est quant à elle qu'"un objectif sans garanties ni mesures contraignantes", a-t-il regretté.
La 3e revendication principale était que les patients restant plus de 24 heures ne soient plus considérés comme relevant de la prise en charge par les urgences, a complété Mathieu Lacroix.
Ce dernier a conclu: "On a tous envie de reprendre le travail normalement et d'arrêter cette grève, mais on estime que cela doit se faire dans de bonnes conditions pour éviter une nouvelle crise" encore plus grave.
jyp/eh/APMnews
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CRISE DES URGENCES AU CHR D'ORLÉANS: UN PROTOCOLE SIGNÉ MAIS PAS DE SOLUTIONS À COURT TERME, SELON LES URGENTISTES
Fin mars, le CHR d'Orléans avait déclenché le plan blanc aux urgences adultes, qui n'accueillent désormais plus que les urgences vitales, en raison de la saturation du service et de la multiplication des arrêts maladie parmi le personnel soignant, rappelle-t-on (cf dépêche du 31/03/2022 à 17:52).
Un protocole à destination de l'ensemble de l'établissement, "élaboré avec les médecins", a été signé mi-avril avec les chefs des pôles, le Dr Anne Malet, cheffe du service des urgences, et la Dr Marie-Françoise Barrault-Anstett, présidente de la commission médicale de l'établissement (CME), a indiqué le directeur général, contacté mercredi par APMnews.
Ce protocole, qu'APMnews a pu consulter, compte 19 mesures en vue de "permettre au SAU [service d'accueil des urgences] adultes du CHR d'Orléans de reprendre un fonctionnement normal".
Parmi celles-ci figurent "une garantie de 40 lits par jour, à destination des patients des urgences" sept jours sur sept et "la mise en place pérenne d’une gestion territoriale quotidienne de l'aval des patients médicalement sortant du CHR, en lien avec toute les structures de sortie des patients", dont les soins de suite et de réadaptation (SSR) et l'hospitalisation à domicile (HAD). Est également promise "une répartition territoriale des patients à hospitaliser plus équilibrée entre les centres hospitaliers et les cliniques du département".
Sont également annoncées la mise en place d'"un service de médecine polyvalente post-urgences de 20 lits" à partir du 25 avril, qui sera "porté à 30 lits et plus dès lors que les recrutements nécessaires seront faits", ou encore la création d'une unité de transit pré-SSR de 15 lits, la promotion d’admissions directes au sein des services de spécialités sans passer par le service d'accueil des urgences.
Parmi les autres mesures figurent:
- la réouverture des 12 lits HTCD [d’hospitalisation de très courte durée], qui serait "extensible si le besoin est justifié", dans "sa version réglementaire, à savoir pour des patients dont la durée de séjour ne dépasse pas 24 heures"
- la mise en place du service d'accès aux soins (SAS) "aussi rapidement que possible et, dans l’attente, une généralisation de la présence diurne de médecins au Samu chargés de trouver des rendez-vous aux patients en dehors des urgences du CHR"
- l'ouverture d’une maison médicale de téléconsultation (digitale) à proximité des urgences.
Un algorithme pour le placement des patients en fonction des orientations prioritaires est en cours d'élaboration, a également indiqué le directeur général.
L'objectif des mesures du protocole est de ne pas prendre davantage de patients que les capacités des urgences le permettent, de permettre de "mieux s'occuper des patients qui sont aux urgences" et d'"hospitaliser aussi rapidement que nécessaire" ceux qui doivent l'être, explique le directeur général.
"Je ne souhaite pas qu’on recommence avec les mêmes difficultés qu’avant, avec des prises en charge trop importantes par rapport aux capacités", a-t-il renchéri.
Le protocole est en cours de déclinaison pour les différents sujets et thèmes pour les personnels médicaux et non médicaux, selon les spécialités concernées.
"Il faut qu'on change un certain nombre de fonctionnements de l'établissement, et en même temps cela ne résoudra pas tous les sujets à cause des 150 lits qui sont fermés aujourd'hui", a poursuivi Olivier Boyer. "On n'a pas de baguette magique pour ouvrir des lits d'hospitalisation, faute de personnels", a-t-il déploré, évoquant un manque de 90 infirmières dans l'établissement.
Le directeur général espère toutefois sortir de la crise rapidement, soulignant qu'un certains nombre de personnels soignants absents reviennent travailler aux urgences progressivement, sans préciser leur nombre.
Le Loiret fait face à des "tensions fortes" sur l'offre de soins, avec un nombre de médecins en ville "très inférieur" à la moyenne par rapport aux autres territoires. "On a donc plus de patients aux urgences et on manque de manière dramatique d'infirmières", a-t-il analysé.
Les urgentistes demandent plus de mesures concrètes et rapides pour lever la grève
Avec ce protocole, le directeur général espère également une sortie de grève des médecins urgentistes qui est engagée depuis le 8 avril.
Ils sont près de 90% à l'être, selon l'un d'entre eux, le Dr Mathieu Lacroix, sur une vingtaine au total. Actuellement, deux médecins sont assignés chaque jour aux urgences.
Interrogé jeudi par APMnews, Mathieu Lacroix a expliqué que, dans une lettre transmise vendredi aux professionnels de santé de l'établissement et au directeur général, les urgentistes en grève font valoir que le protocole comporte "beaucoup de points intéressants", mais qu'il s'agit avant tout d'une "belle déclaration d'intention".
"Dans l'application pratique et les éléments concrets, pour l'instant, il n'y a rien d'acté [...] Il nous faut, pour lever la grève, des garanties et des engagements beaucoup plus concrets et des choses qui avancent très vite", a fait valoir l'urgentiste.
Alors que les "infirmières et aides-soignantes reviennent au compte-gouttes", les urgentistes craignent que "si elles reviennent travailler la situation revienne à l'identique au bout de deux semaines", et qu'"on les perde de nouveau et peut-être définitivement", a résumé Mathieu Lacroix.
Sur les "trois revendications principales" des urgentistes, il n'y en a qu'une qui sera parfaitement mise en place", a-t-il estimé, mentionnant la cellule de gestion. "On a demandé la mise en place immédiate d'un mécanisme transitoire".
La revendication des 40 lits par jour à destination des patients des urgences qui "nous permettrait d'être en équilibre", n'est quant à elle qu'"un objectif sans garanties ni mesures contraignantes", a-t-il regretté.
La 3e revendication principale était que les patients restant plus de 24 heures ne soient plus considérés comme relevant de la prise en charge par les urgences, a complété Mathieu Lacroix.
Ce dernier a conclu: "On a tous envie de reprendre le travail normalement et d'arrêter cette grève, mais on estime que cela doit se faire dans de bonnes conditions pour éviter une nouvelle crise" encore plus grave.
jyp/eh/APMnews