Actualités de l'Urgence - APM

19/09 2022
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CRISE DES URGENCES: UN RECOURS À L'INTÉRIM ACCRU ET PLUS COÛTEUX SELON PRÈS D'UN TIERS DES PRÉSIDENTS DE CME ET CMG

PARIS, 19 septembre 2022 (APMnews) - Le recours à l'intérim cet été sur fond de crise des urgences a été supérieur à la normale avec "une augmentation significative des tarifs", selon 32,5% des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de centres hospitaliers (CH) et de commissions médicales de groupements (CMG) interrogés dans une enquête de la conférence des présidents de CME diffusée lundi.

L'enquête a été menée du 1er au 12 septembre auprès des présidents de CME et de CMG. Au total, 170 réponses ont été recueillies dont 83,9% émanant de présidents de CME.

À noter que 30,9% des établissements représentés étaient des CH support de groupements hospitaliers de territoire (GHT), 31,5% des établissements parties avec un CHU au sein du GHT et 37,6% des établissements parties avec un CH comme établissement support du groupement.

Ils sont 34,9% des présidents de CME ou de CMG à déclarer que leur établissement a été "impacté" par les tensions hospitalières durant l'été avec une fermeture inhabituelle d'activité-s, 31,3% ont évoqué "une réduction inhabituelle d'activité" et 22,9% un impact mais sans réduction inhabituelle d'activité "au prix d'un effort considérable".

Par ailleurs, 32,5% des présidents interrogés ont évoqué un recours à l'intérim "supérieur à la normale" dans leur CH avec une "augmentation significative des tarifs" et 29,5% ont évoqué une hausse du recours à l'intérim "au prix de désistements de dernière minute qui ont fragilisé l'offre de soins".

Ils sont 18,7% à avoir constaté un recours accru à l'intérim mais "avec des conditions financières et une qualité habituelles" et 30,1% à ne pas avoir vécu un recours supérieur à la normale.

La conférence estime que la problématique d'aval est "persistante". Il ressort de l'enquête une augmentation du nombre de patients restés sur des brancards durant la nuit chez 38% des personnes interrogées et une situation stable chez 32,9% d'entre elles.

Cette situation s'explique pour 71,6% des répondants par la fermeture de lits de courts séjours par manque de ressources humaines, pour 81,9% par un manque de solutions d'aval, ou encore pour 56,9% par une saturation au sein de l'établissement et/ou des hôpitaux du territoire.

À noter qu'ils sont 27,2% des sondés à dire ne pas avoir constaté de patients restés sur des brancards durant la nuit.

Sur une échelle de 1 (terminée) à 10 (catastrophique), les présidents de CME et CMG notent en moyenne 6,6 la situation qui "s'annonce cet automne" s'il y a eu un "impact sur l'offre sanitaire" dans leur hôpital.

Si les difficultés se poursuivent, ils sont 66,5% à estimer que les services des urgences seront concernés, 67,1% à citer les services de médecine et 51,8% à évoquer les services de soins de suite et de réadaptation (SSR).

Parmi les difficultés les plus mentionnées, figurent ce qui touche aux recrutements paramédicaux (87,3%), recrutements médicaux (78,2%), les départs annoncés de médecins et paramédicaux (43%) et le manque de reconnaissance (32,1%).

Concernant la solidarité au sein de l'établissement pour répondre aux difficultés, les répondants ont donné une note de 6,87 en moyenne sur une échelle de 0 (inexistante) à 10 (décisive).

La solidarité entre établissements publics proches (4,32), ou encore l'action du GHT pour répondre aux difficultés (3,64), ont obtenu des notes inférieures à la moyenne.

L'action des agences régionales de santé (ARS) pour répondre aux difficultés est également sévèrement jugée (3,27), ainsi que les coopérations avec les cliniques (2,24).

Par ailleurs, 27,9% des interrogés expliquent constater des déprogrammations en cours actuellement en chirurgie, 22,7% en médecine, ou encore 15,6% en consultations. Ils sont toutefois 48,1% à déclarer ne pas en avoir connaissance.

Mission flash: des mesures jugées "utiles mais insuffisantes"

Concernant la mission flash de François Braun (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27), les mesures inscrites sont globalement jugées "utiles mais insuffisantes".

Sur une échelle de 0 (inexistante) à 10 (décisive), la boîte à outils du rapport Braun pour répondre à la situation de la crise estivale annoncée a été notée 3,7.

Sur une échelle de 1 (à abandonner) à 10 (à pérenniser), les meilleures notes sont attribuées aux maisons médicales de garde ouverte le samedi matin (7,96), la mutualisation d'une ligne Smur avec le service d'accueil des urgences (6,78), ou encore le développement de médecins correspondants du Samu (6,62) et les astreintes territoriales par des infirmiers libéraux (6,42).

Les dispositions pour favoriser le recrutement de libéraux à l'hôpital (5,54), la régulation de l'accès aux urgences (5,71) et le soutien au déploiement des unités mobiles de télémédecine intervenant à la demande su Samu/SAS [service d'accès aux soins] (5,78) sont les moins bien notés. L'intérêt du SAS est noté 6,09.

La mise en place du dispositif de gestion des lits est effective au sein de l'établissement pour 46,9% des répondants, à l'échelle du GHT pour 22,5% d'entre eux et sur le territoire de proximité pour 6,3%. Ils sont 33,1% à ne pas disposer de "bed management".

Autre constat de l'enquête: le "travail sur le partage de la permanence des soins est insuffisamment engagé". Ils sont 27,9% à dire que cela ne s'est pas fait car l'ARS "est totalement absente du sujet", 27,2% à indiquer que "le privé a refusé la réflexion" et 18,4% à juger que cela n'a pas d'intérêt sur le territoire.

Sur les propositions de mesures à prendre à court terme pour répondre à la crise actuelle, sur une échelle de 1 (inutile) à 10 (indispensable), les représentants de la communauté médicale hospitalière retiennent notamment la pérennisation du travail de nuit et de week-end (9,51), la revalorisation significative des astreintes (9,42) et la reconnaissance de la pénibilité associée à l'exercice hospitalier (9,21).

Concernant les propositions structurelles de moyen et long termes, une éducation à la population à l'accès aux soins (9,15), un nouveau plan national d'investissement hospitalier (type Ségur) (9) et la révision des ratios de personnels et leur financement en cohérence avec la charge des soins (8,95) sont celles qui obtiennent les meilleures notes.

Une enquête du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) sur la situation des urgences durant l'été avait également été publiée vendredi, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/09/2022 à 18:21). Un service d'accueil des urgences sur cinq a dû modifier ses conditions d'accueil cet été, selon les résultats de cette consultation menée auprès de Samu, Smur et services d'accueil des urgences.

La conférence des présidents de CME de CH réclame un "plan de sauvegarde de l'hôpital public"

"Au prix d'un rythme de travail parfois inacceptable", les professionnels de santé "ont porté à bout de bras une offre de soins qui s'effondre", a fait valoir la conférence dans un communiqué diffusé lundi.

David Piney, vice-président de la conférence des CME de CH avait jugé que si le système de santé "a tenu" cet été malgré la crise des urgences, cela s'est fait au "détriment de professionnels qui se sont mobilisés au-delà de leurs obligations" (cf dépêche du 31/08/2022 à 17:48).

Et la conférence d'ajouter dans le communiqué: "Les hospitaliers ont le sentiment prédominant de ne pas avoir pu soigner correctement: renvoi de patients instables à domicile, patients laissés des nuits entières sur des brancards suite aux fermetures de lits, prises en charge tardives ou renoncements aux soins, manque de temps auprès des patients".

La conférence des présidents de CME de CH prône un "plan de sauvegarde de l'hôpital public" pour "compléter" les mesures identifiées par la mission Braun "dans l'attente des mesures structurelles, impliquant obligatoirement une refonte du système de santé, issues de la conférence des parties prenantes et du Conseil national de la refondation".

"Il doit permettre de redonner du sens et des perspectives aux soignants, mais aussi améliorer très rapidement les conditions de prendre soin des patients et des hospitaliers", fait valoir la conférence.

Cette dernière estime que le plan "devra s'appuyer sur le lancement d'actions concrètes d'amélioration des conditions d'exercice et de qualité de vie au travail, la pérennisation des mesures de revalorisation salariales prises cet été et leur extension aux praticiens en astreinte", entre autres.

La conférence prévient sur du "danger d'une vague de démissions" qui " doit être pris très au sérieux".

Elle demande au gouvernement de "prendre sans attendre la mesure de la situation au travers notamment du PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] 2023".

Enquête tensions estivales et mesures d'urgence (conférence des PCME et PCMG des CH)

jyp/ab/APMnews

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CRISE DES URGENCES: UN RECOURS À L'INTÉRIM ACCRU ET PLUS COÛTEUX SELON PRÈS D'UN TIERS DES PRÉSIDENTS DE CME ET CMG

PARIS, 19 septembre 2022 (APMnews) - Le recours à l'intérim cet été sur fond de crise des urgences a été supérieur à la normale avec "une augmentation significative des tarifs", selon 32,5% des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de centres hospitaliers (CH) et de commissions médicales de groupements (CMG) interrogés dans une enquête de la conférence des présidents de CME diffusée lundi.

L'enquête a été menée du 1er au 12 septembre auprès des présidents de CME et de CMG. Au total, 170 réponses ont été recueillies dont 83,9% émanant de présidents de CME.

À noter que 30,9% des établissements représentés étaient des CH support de groupements hospitaliers de territoire (GHT), 31,5% des établissements parties avec un CHU au sein du GHT et 37,6% des établissements parties avec un CH comme établissement support du groupement.

Ils sont 34,9% des présidents de CME ou de CMG à déclarer que leur établissement a été "impacté" par les tensions hospitalières durant l'été avec une fermeture inhabituelle d'activité-s, 31,3% ont évoqué "une réduction inhabituelle d'activité" et 22,9% un impact mais sans réduction inhabituelle d'activité "au prix d'un effort considérable".

Par ailleurs, 32,5% des présidents interrogés ont évoqué un recours à l'intérim "supérieur à la normale" dans leur CH avec une "augmentation significative des tarifs" et 29,5% ont évoqué une hausse du recours à l'intérim "au prix de désistements de dernière minute qui ont fragilisé l'offre de soins".

Ils sont 18,7% à avoir constaté un recours accru à l'intérim mais "avec des conditions financières et une qualité habituelles" et 30,1% à ne pas avoir vécu un recours supérieur à la normale.

La conférence estime que la problématique d'aval est "persistante". Il ressort de l'enquête une augmentation du nombre de patients restés sur des brancards durant la nuit chez 38% des personnes interrogées et une situation stable chez 32,9% d'entre elles.

Cette situation s'explique pour 71,6% des répondants par la fermeture de lits de courts séjours par manque de ressources humaines, pour 81,9% par un manque de solutions d'aval, ou encore pour 56,9% par une saturation au sein de l'établissement et/ou des hôpitaux du territoire.

À noter qu'ils sont 27,2% des sondés à dire ne pas avoir constaté de patients restés sur des brancards durant la nuit.

Sur une échelle de 1 (terminée) à 10 (catastrophique), les présidents de CME et CMG notent en moyenne 6,6 la situation qui "s'annonce cet automne" s'il y a eu un "impact sur l'offre sanitaire" dans leur hôpital.

Si les difficultés se poursuivent, ils sont 66,5% à estimer que les services des urgences seront concernés, 67,1% à citer les services de médecine et 51,8% à évoquer les services de soins de suite et de réadaptation (SSR).

Parmi les difficultés les plus mentionnées, figurent ce qui touche aux recrutements paramédicaux (87,3%), recrutements médicaux (78,2%), les départs annoncés de médecins et paramédicaux (43%) et le manque de reconnaissance (32,1%).

Concernant la solidarité au sein de l'établissement pour répondre aux difficultés, les répondants ont donné une note de 6,87 en moyenne sur une échelle de 0 (inexistante) à 10 (décisive).

La solidarité entre établissements publics proches (4,32), ou encore l'action du GHT pour répondre aux difficultés (3,64), ont obtenu des notes inférieures à la moyenne.

L'action des agences régionales de santé (ARS) pour répondre aux difficultés est également sévèrement jugée (3,27), ainsi que les coopérations avec les cliniques (2,24).

Par ailleurs, 27,9% des interrogés expliquent constater des déprogrammations en cours actuellement en chirurgie, 22,7% en médecine, ou encore 15,6% en consultations. Ils sont toutefois 48,1% à déclarer ne pas en avoir connaissance.

Mission flash: des mesures jugées "utiles mais insuffisantes"

Concernant la mission flash de François Braun (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27), les mesures inscrites sont globalement jugées "utiles mais insuffisantes".

Sur une échelle de 0 (inexistante) à 10 (décisive), la boîte à outils du rapport Braun pour répondre à la situation de la crise estivale annoncée a été notée 3,7.

Sur une échelle de 1 (à abandonner) à 10 (à pérenniser), les meilleures notes sont attribuées aux maisons médicales de garde ouverte le samedi matin (7,96), la mutualisation d'une ligne Smur avec le service d'accueil des urgences (6,78), ou encore le développement de médecins correspondants du Samu (6,62) et les astreintes territoriales par des infirmiers libéraux (6,42).

Les dispositions pour favoriser le recrutement de libéraux à l'hôpital (5,54), la régulation de l'accès aux urgences (5,71) et le soutien au déploiement des unités mobiles de télémédecine intervenant à la demande su Samu/SAS [service d'accès aux soins] (5,78) sont les moins bien notés. L'intérêt du SAS est noté 6,09.

La mise en place du dispositif de gestion des lits est effective au sein de l'établissement pour 46,9% des répondants, à l'échelle du GHT pour 22,5% d'entre eux et sur le territoire de proximité pour 6,3%. Ils sont 33,1% à ne pas disposer de "bed management".

Autre constat de l'enquête: le "travail sur le partage de la permanence des soins est insuffisamment engagé". Ils sont 27,9% à dire que cela ne s'est pas fait car l'ARS "est totalement absente du sujet", 27,2% à indiquer que "le privé a refusé la réflexion" et 18,4% à juger que cela n'a pas d'intérêt sur le territoire.

Sur les propositions de mesures à prendre à court terme pour répondre à la crise actuelle, sur une échelle de 1 (inutile) à 10 (indispensable), les représentants de la communauté médicale hospitalière retiennent notamment la pérennisation du travail de nuit et de week-end (9,51), la revalorisation significative des astreintes (9,42) et la reconnaissance de la pénibilité associée à l'exercice hospitalier (9,21).

Concernant les propositions structurelles de moyen et long termes, une éducation à la population à l'accès aux soins (9,15), un nouveau plan national d'investissement hospitalier (type Ségur) (9) et la révision des ratios de personnels et leur financement en cohérence avec la charge des soins (8,95) sont celles qui obtiennent les meilleures notes.

Une enquête du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) sur la situation des urgences durant l'été avait également été publiée vendredi, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/09/2022 à 18:21). Un service d'accueil des urgences sur cinq a dû modifier ses conditions d'accueil cet été, selon les résultats de cette consultation menée auprès de Samu, Smur et services d'accueil des urgences.

La conférence des présidents de CME de CH réclame un "plan de sauvegarde de l'hôpital public"

"Au prix d'un rythme de travail parfois inacceptable", les professionnels de santé "ont porté à bout de bras une offre de soins qui s'effondre", a fait valoir la conférence dans un communiqué diffusé lundi.

David Piney, vice-président de la conférence des CME de CH avait jugé que si le système de santé "a tenu" cet été malgré la crise des urgences, cela s'est fait au "détriment de professionnels qui se sont mobilisés au-delà de leurs obligations" (cf dépêche du 31/08/2022 à 17:48).

Et la conférence d'ajouter dans le communiqué: "Les hospitaliers ont le sentiment prédominant de ne pas avoir pu soigner correctement: renvoi de patients instables à domicile, patients laissés des nuits entières sur des brancards suite aux fermetures de lits, prises en charge tardives ou renoncements aux soins, manque de temps auprès des patients".

La conférence des présidents de CME de CH prône un "plan de sauvegarde de l'hôpital public" pour "compléter" les mesures identifiées par la mission Braun "dans l'attente des mesures structurelles, impliquant obligatoirement une refonte du système de santé, issues de la conférence des parties prenantes et du Conseil national de la refondation".

"Il doit permettre de redonner du sens et des perspectives aux soignants, mais aussi améliorer très rapidement les conditions de prendre soin des patients et des hospitaliers", fait valoir la conférence.

Cette dernière estime que le plan "devra s'appuyer sur le lancement d'actions concrètes d'amélioration des conditions d'exercice et de qualité de vie au travail, la pérennisation des mesures de revalorisation salariales prises cet été et leur extension aux praticiens en astreinte", entre autres.

La conférence prévient sur du "danger d'une vague de démissions" qui " doit être pris très au sérieux".

Elle demande au gouvernement de "prendre sans attendre la mesure de la situation au travers notamment du PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] 2023".

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