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29/10 2020
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CRISE DU COVID-19: JÉRÔME SALOMON RECONNAÎT QU'IL Y A "BEAUCOUP DE CHOSES À AMÉLIORER"

PARIS, 29 octobre 2020 (APMnews) - Le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, a reconnu mercredi qu'il y avait "beaucoup de choses à améliorer" dans la gestion de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, mercredi lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

Cette audition s'est tenue quelques heures avant l'annonce, par le président de la République, Emmanuel Macron, du déploiement dès vendredi -et pour au moins quatre semaines- de nouvelles mesures de confinement visant à lutter contre la deuxième vague épidémique de Covid-19 (cf dépêche du 28/10/2020 à 22:41).

C'est la deuxième fois que le DGS était entendu par la commission d'enquête sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Covid-19. Lors de sa première audition le 16 juin, il s'était notamment justifié à propos de l'évolution, au cours de la crise, des différentes stratégies adoptées quant au port du masque ou encore au dépistage (cf dépêche du 18/06/2020 à 07:53 et GDL0QC2SSU).

Depuis, "la pandémie a changé de visage", a souligné Jérôme Salomon mercredi, ajoutant qu'il y avait désormais "plus d'équipements de protection individuelle, plus de tests, plus de connaissances thérapeutiques". Depuis le début de l'épidémie, ce sont ainsi 20 millions de tests de RT-PCR qui ont été réalisés en France, et 1,6 milliard de masques chirurgicaux, 215 millions de masques FFP2 et 12 millions de masques pédiatriques ont été distribués, a-t-il détaillé.

Comme plus tôt dans la journée (cf dépêche du 28/10/2020 à 14:48), le DGS a pointé que l'on faisait face à une deuxième vague européenne de Covid-19 "dont l'évolution n'est plus maîtrisée". Et avec ses 1,2 million de cas confirmés, la France est le pays qui compte "le plus de personnes positives porteuses du virus en Europe et le 5e pays au monde".

Or, dans cette crise sanitaire, "il y a évidemment -et je le dis avec une immense modestie et beaucoup d'humilité- beaucoup de choses à améliorer", a reconnu Jérôme Salomon devant les députés. "Nous y travaillons avec l'ensemble des acteurs."

Il a notamment estimé que la "pédagogie" devait être améliorée, "parce que j'y crois beaucoup en tant qu'enseignant". Pour cela, il faut "utiliser tous les vecteurs adaptés: les ambassadeurs de terrain, les élus, les associations, les collectivités locales… parce que par définition les messages ne sont pas les mêmes en fonction du public, en fonction de l'âge, en fonction du terrain", a-t-il pointé.

Il faut aussi, selon lui, fluidifier la "communication interministérielle, internationale, sur ce qui a marché, ce qui n'a pas marché, le parangonnage [analyse comparative]". "On voit bien que des régions sont extrêmement performantes", a-t-il noté, citant pour exemple l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, qui fait "beaucoup de communication" ou encore l'ARS Grand Est qui a eu "aussi de très belles initiatives". Le partage des expériences, y compris au niveau international, est "fondamental".

Autre point à renforcer "en cas de crise majeure, quelle qu'elle soit": la chaîne logistique. C'est-à-dire "comment mieux répondre, entre le ministère de l'intérieur, le ministère des armées, la sécurité civile, les pompiers, les dispositifs de santé..."

Le DGS a noté que la surveillance de la population était un autre aspect à améliorer, notamment en ce qui concerne l'automatisation du recueil de données et la dématérialisation des certificats de décès, "pour que nous ayons en temps réel la remontée des décès mais surtout des causes de décès".

Il faut aussi selon lui "mieux intégrer les patients, la démocratie sanitaire à nos décisions". La création d'un comité citoyen a été maintes fois demandé par le conseil scientifique, note-t-on.

La "hantise" de voir arriver une vague de patients en réanimation

Le DGS s'est en outre interrogé sur comment rendre "l'hôpital de demain, la médecine de demain, la santé de demain", "toutes ces magnifiques professions", "encore plus attractives et vraiment les valoriser au niveau de leur engagement et de leur abnégation". "Nous avons une très grande dette envers le système de santé et les professionnels de santé", dont il est "sincèrement et profondément admiratif", a-t-il assuré.

Par ailleurs, "nous travaillons avec l'OMS [Organisation mondiale de la santé] pour mieux répondre aux urgences de santé publique, avec l'ECDC [Centre européen de contrôle et de prévention des maladies] parce que nous avons besoin d'une réponse européenne, et ça fonctionne: nous avons actuellement des collaborations sur les lits et sur le matériel", a-t-il assuré.

"Aujourd'hui, en tant que directeur général de la santé et surtout spécialiste des maladies infectieuses et de santé publique, je vous le redis, il y a des choses que nous savons et des choses que nous ne savons pas", a insisté Jérôme Salomon. "Nous avons beaucoup appris, la recherche a fait d'immenses avancées mais il faut l'avouer, avec simplicité, nous avons encore beaucoup d'inconnues sur ce virus, et de nombreuses notions font encore l'objet de débats."

Pour lui, l'arrivée de la deuxième vague épidémique, qui "pourrait être supérieure à la première", était "logique" puisque c'est déjà ce qui avait été observé pour d'autres pandémies et qu'il y a en outre un phénomène lié à la météo (on est "en ce moment [dans] la période des virus").

Il a assuré que sa "hantise" serait de voir arriver deux ou trois fois plus de patients graves en réanimation, car "cela voudrait dire qu'on a loupé le diagnostic, la prévention, la prise en charge précoce, la prise en charge médicale et que l'on accepte 10.000, 15.000, 20.000 malades en réanimation avec tout ce que cela implique en termes de pronostic", la mortalité en réanimation étant supérieure à 30%.

Même si le "maximum" a été fait "pour anticiper" et que "les professionnels de santé se sont préparés au sens large", il peut y avoir un "effet nombre" qui submerge un système de soins même "très bon", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs rappelé -comme à chaque fois- l'importance des gestes barrières qui peuvent et doivent être appliqués par chacun, ainsi que celle du respect de l'isolement lorsque l'on est cas contact. La septaine, "c'est vraiment bien peu dans une vie quand on peut en sauver d'autres".

sb/ab/APMnews

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PARIS, 29 octobre 2020 (APMnews) - Le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, a reconnu mercredi qu'il y avait "beaucoup de choses à améliorer" dans la gestion de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, mercredi lors d'une audition à l'Assemblée nationale.

Cette audition s'est tenue quelques heures avant l'annonce, par le président de la République, Emmanuel Macron, du déploiement dès vendredi -et pour au moins quatre semaines- de nouvelles mesures de confinement visant à lutter contre la deuxième vague épidémique de Covid-19 (cf dépêche du 28/10/2020 à 22:41).

C'est la deuxième fois que le DGS était entendu par la commission d'enquête sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Covid-19. Lors de sa première audition le 16 juin, il s'était notamment justifié à propos de l'évolution, au cours de la crise, des différentes stratégies adoptées quant au port du masque ou encore au dépistage (cf dépêche du 18/06/2020 à 07:53 et GDL0QC2SSU).

Depuis, "la pandémie a changé de visage", a souligné Jérôme Salomon mercredi, ajoutant qu'il y avait désormais "plus d'équipements de protection individuelle, plus de tests, plus de connaissances thérapeutiques". Depuis le début de l'épidémie, ce sont ainsi 20 millions de tests de RT-PCR qui ont été réalisés en France, et 1,6 milliard de masques chirurgicaux, 215 millions de masques FFP2 et 12 millions de masques pédiatriques ont été distribués, a-t-il détaillé.

Comme plus tôt dans la journée (cf dépêche du 28/10/2020 à 14:48), le DGS a pointé que l'on faisait face à une deuxième vague européenne de Covid-19 "dont l'évolution n'est plus maîtrisée". Et avec ses 1,2 million de cas confirmés, la France est le pays qui compte "le plus de personnes positives porteuses du virus en Europe et le 5e pays au monde".

Or, dans cette crise sanitaire, "il y a évidemment -et je le dis avec une immense modestie et beaucoup d'humilité- beaucoup de choses à améliorer", a reconnu Jérôme Salomon devant les députés. "Nous y travaillons avec l'ensemble des acteurs."

Il a notamment estimé que la "pédagogie" devait être améliorée, "parce que j'y crois beaucoup en tant qu'enseignant". Pour cela, il faut "utiliser tous les vecteurs adaptés: les ambassadeurs de terrain, les élus, les associations, les collectivités locales… parce que par définition les messages ne sont pas les mêmes en fonction du public, en fonction de l'âge, en fonction du terrain", a-t-il pointé.

Il faut aussi, selon lui, fluidifier la "communication interministérielle, internationale, sur ce qui a marché, ce qui n'a pas marché, le parangonnage [analyse comparative]". "On voit bien que des régions sont extrêmement performantes", a-t-il noté, citant pour exemple l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, qui fait "beaucoup de communication" ou encore l'ARS Grand Est qui a eu "aussi de très belles initiatives". Le partage des expériences, y compris au niveau international, est "fondamental".

Autre point à renforcer "en cas de crise majeure, quelle qu'elle soit": la chaîne logistique. C'est-à-dire "comment mieux répondre, entre le ministère de l'intérieur, le ministère des armées, la sécurité civile, les pompiers, les dispositifs de santé..."

Le DGS a noté que la surveillance de la population était un autre aspect à améliorer, notamment en ce qui concerne l'automatisation du recueil de données et la dématérialisation des certificats de décès, "pour que nous ayons en temps réel la remontée des décès mais surtout des causes de décès".

Il faut aussi selon lui "mieux intégrer les patients, la démocratie sanitaire à nos décisions". La création d'un comité citoyen a été maintes fois demandé par le conseil scientifique, note-t-on.

La "hantise" de voir arriver une vague de patients en réanimation

Le DGS s'est en outre interrogé sur comment rendre "l'hôpital de demain, la médecine de demain, la santé de demain", "toutes ces magnifiques professions", "encore plus attractives et vraiment les valoriser au niveau de leur engagement et de leur abnégation". "Nous avons une très grande dette envers le système de santé et les professionnels de santé", dont il est "sincèrement et profondément admiratif", a-t-il assuré.

Par ailleurs, "nous travaillons avec l'OMS [Organisation mondiale de la santé] pour mieux répondre aux urgences de santé publique, avec l'ECDC [Centre européen de contrôle et de prévention des maladies] parce que nous avons besoin d'une réponse européenne, et ça fonctionne: nous avons actuellement des collaborations sur les lits et sur le matériel", a-t-il assuré.

"Aujourd'hui, en tant que directeur général de la santé et surtout spécialiste des maladies infectieuses et de santé publique, je vous le redis, il y a des choses que nous savons et des choses que nous ne savons pas", a insisté Jérôme Salomon. "Nous avons beaucoup appris, la recherche a fait d'immenses avancées mais il faut l'avouer, avec simplicité, nous avons encore beaucoup d'inconnues sur ce virus, et de nombreuses notions font encore l'objet de débats."

Pour lui, l'arrivée de la deuxième vague épidémique, qui "pourrait être supérieure à la première", était "logique" puisque c'est déjà ce qui avait été observé pour d'autres pandémies et qu'il y a en outre un phénomène lié à la météo (on est "en ce moment [dans] la période des virus").

Il a assuré que sa "hantise" serait de voir arriver deux ou trois fois plus de patients graves en réanimation, car "cela voudrait dire qu'on a loupé le diagnostic, la prévention, la prise en charge précoce, la prise en charge médicale et que l'on accepte 10.000, 15.000, 20.000 malades en réanimation avec tout ce que cela implique en termes de pronostic", la mortalité en réanimation étant supérieure à 30%.

Même si le "maximum" a été fait "pour anticiper" et que "les professionnels de santé se sont préparés au sens large", il peut y avoir un "effet nombre" qui submerge un système de soins même "très bon", a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs rappelé -comme à chaque fois- l'importance des gestes barrières qui peuvent et doivent être appliqués par chacun, ainsi que celle du respect de l'isolement lorsque l'on est cas contact. La septaine, "c'est vraiment bien peu dans une vie quand on peut en sauver d'autres".

sb/ab/APMnews

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