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16/12 2024
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CYCLONE À MAYOTTE: "UN HÔPITAL DE CAMPAGNE" ET LE RENFORT DE 800 PERSONNES ATTENDUS D'ICI MERCREDI (ACTUALISATION)

(Avec annonce d'une réunion lundi soir, présidée par le président de la République)

MAMOUDZOU, PARIS, 16 décembre 2024 (APMnews) - Le ministre démissionnaire de l'intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche soir le déploiement d'un "hôpital de campagne" et de 800 personnes en renfort dont 210 personnels médicaux, à l'issue d'une réunion de crise interministérielle après le passage du cyclone tropical Chido qui a dévasté Mayotte samedi.

Le cyclone s'est abattu sur l'archipel français de l'océan Indien avec des vents extrêmement violents, Météo France ayant relevé des rafales à 226 km/h, a rapporté Santé publique France (SPF) dans un bulletin d'alerte publié lundi.

"Le système de santé est gravement touché et l'accès aux soins est très fortement dégradé", a poursuivi l'agence. "Le centre hospitalier de Mayotte [CHM] a subi d'importants dégâts matériels."

SPF a également fait état de "dégâts matériels […] considérables" sur l'ensemble de l'île, affectant les "infrastructures de toute nature" dont l'aéroport qui ne peut plus être desservi par des vols civils après l'endommagement de sa tour de contrôle, mais aussi le port, les routes, les communications, l'accès à l'eau et à l'électricité…

L'agence a donc lancé un appel à renforts de la réserve sanitaire, notamment pour des professionnels médicaux (urgentistes, anesthésistes, chirurgiens orthopédiques, néphrologues, sages-femmes), paramédicaux (infirmiers spécialisés et IDE ayant une expérience aux urgences ou en chirurgie/hémodialyse).

"Le cyclone tropical Chido est désormais à plus de 500 km de Mayotte", a rapporté la préfecture dans un communiqué dimanche soir, en appelant à "rester vigilant face à un risque de vagues-submersion" même si le cyclone ne présentait "plus une menace".

Dans la journée de lundi, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron présiderait une réunion consacrée à la situation de Mayotte au centre interministériel de crise du ministère de l'intérieur, lundi à 18 heures.

Le chef de l'Etat "a suivi attentivement la situation à Mayotte tout le week-end. Hier, en présence du pape [en Corse] […], il a réaffirmé que tout sera mis en œuvre pour porter secours aux sinistrés", a assuré l'Elysée.

"On va dans les prochains jours amener sur place un hôpital de campagne", avait fait savoir auparavant le ministre de l'intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, lors d'un micro tendu à l'issue d'une réunion de crise interministérielle dimanche.

Arrivée de 210 personnels médicaux d'ici mercredi

"D'aujourd'hui jusqu'à mercredi, il va y avoir cinq vagues successives de renforts sur la sécurité civile, ça fait à peu près 800 personnes, tout le matériel qui va avec, les équipements mais aussi du personnel médical, 210 personnels médica[ux] dans un premier temps", a-t-il précisé.

Invité dimanche soir au journal télévisé de Mayotte La Première, le préfet, François-Xavier Bieuville, a indiqué que l'alerte rouge avait été "levée à 18h dimanche".

Interrogé sur le bilan du cyclone, il a expliqué qu'il était "extrêmement difficile d'avoir un décompte officiel": "Nous avons un décompte des personnes prises en charge à l'hôpital, nous avons eu neuf décédés et cinq personnes en état d'urgence dépassé, qui vont a priori perdre la vie et cinq personnes en état d'urgence absolue."

"Ce résultat-là n'est pas plausible quand on voit les images des bidonvilles […], je n'imagine pas que nous n'ayons pas plus de victimes, que je ne pourrais pas décompter, je le dis de façon officielle", a-t-il aussitôt ajouté en rappelant que "la tradition musulmane [était] d'enterrer les personnes décédées dans les 24h" et que "par conséquent il sera[it] très difficile d'avoir le bilan final".

"Aujourd'hui, nous ne pouvons pas donner de chiffres", a confirmé de son côté la ministre démissionnaire de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, évoquant à son tour "14 personnes décédées" tout en reconnaissant que ce premier bilan paraissait dérisoire "par rapport à l'ampleur du désastre".

"Il ne me paraît pas opportun de donner des chiffres parce que nous ne savons pas", a repris la ministre. "Attendons d'avoir un bilan qui va peut-être s'alourdir dans les jours à venir […], attendons que les déblaiements se fassent, que nous puissions aussi aller dans les différents endroits de Mayotte car tout n'est pas accessible."

La préfecture a érigé comme priorité le rétablissement de l'approvisionnement en eau et en électricité de l'île, ainsi que les travaux de remise en état des routes lancés dès samedi à la levée de l'alerte violette cyclonique "avec l'appui des sapeurs-pompiers, des Formisc (forces militaires de la sécurité civile) et des forces armées dans la zone sud de l'océan Indien (Fazsoi) qui renforcent les gestionnaires de voirie (Dealm et conseil départemental)".

"Il y a des parties du territoire qui sont encore inaccessibles, beaucoup de travail sur les routes, de déblaiement, de génie civil à réaliser donc c'est un travail qui va demander du temps mais je crois que tout le monde est à l'œuvre aujourd'hui pour que ça aille le plus vite possible", a souligné de son côté Geneviève Darrieussecq.

Le CH "très endommagé" par le cyclone

La ministre a par ailleurs souligné que le centre hospitalier de Mayotte à Mamoudzou avait "été très endommagé" et que "des centres médicaux" étaient également "inopérants": "L'hôpital a subi des dégâts des eaux importants ainsi que des dégradations dans la partie chirurgie-réanimation-urgences-maternité, donc les parties essentielles du fonctionnement de l'hôpital. Malgré cela, il continue à tourner de manière dégradée."

"Notre première urgence était de repérer les malades chroniques lourds qu'il fallait évacuer et certains l'ont déjà été vers La Réunion", a rapporté Geneviève Darrieussecq.

"La deuxième [urgence] est de pouvoir accueillir l'afflux de nouveaux patients et de les prendre en charge et là nous avons besoin de renforcer cet hôpital par des moyens humains et j'ai fait appel à la réserve sanitaire; 100 réservistes partiront très rapidement pour aller étayer sur le plan humain cet hôpital et ensuite nous aurons du matériel. J'ai demandé qu'un envoi massif de matériel soit réalisé", a-t-elle enchaîné. "Nous avons des postes de secours sanitaires -sous la forme de malles contenant du matériel et des médicaments qui sont envoyés là-bas pour couvrir à peu près les besoins de 1.000 personnes."

La ministre a salué au passage "les soignants qui ont fait un travail extraordinaire", en espérant que l'on "sauvera[it] le maximum" de vies grâce aux moyens déployés après le passage de Chido.

Elle a par ailleurs mis en avant la nécessité de mettre en place une "veille sanitaire très aiguë" afin de "dépister tous les cas possibles de maladies infectieuses qui surviendraient à l'occasion de la consommation de l'eau ou d'alimentation avariée…".

"Nous serons très vigilants dans ce domaine-là, pour venir en soutien et enrayer toute épidémie qui pourrait se développer", a-t-elle complété en rappelant que "le choléra était présent à Mayotte jusqu'au mois de juillet" (cf dépêche du 23/09/2024 à 15:48).

Pour rappel, le passage du cyclone Belal en janvier à La Réunion avait lui aussi affecté les capacités sanitaires de l'île (cf dépêche du 16/01/2024 à 18:54), avant d'être suivi de risques accrus de leptospirose (cf dépêche du 23/01/2024 à 11:52).

Dans un communiqué diffusé dimanche, le CHU de La Réunion a fait savoir que 21 de ses professionnels (médecins, chirurgiens et personnels soignants) avaient déjà rejoint Mayotte, suivis de trois renforts paramédicaux lundi, et que 22 professionnels médicaux et 27 paramédicaux étaient déjà recensés "pour renforcer les équipes sur place".

"Parmi les matériels envoyés figurent également un hôpital modulaire de 30 tonnes mobilisé par la Piroi [plateforme d'intervention régionale océan Indien de la Croix-Rouge française] et 3 tonnes de fournitures médicales de première urgence pour soutenir les activités déportées sous tente au CHM, envoyées par le Samu de La Réunion", a complété le CHU. "Face à la situation critique sur place, un pont maritime est en cours de mise en place entre La Réunion et Mayotte pour acheminer vivres et matériel nécessaires."

gl-vg-san/nc/APMnews

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(Avec annonce d'une réunion lundi soir, présidée par le président de la République)

MAMOUDZOU, PARIS, 16 décembre 2024 (APMnews) - Le ministre démissionnaire de l'intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche soir le déploiement d'un "hôpital de campagne" et de 800 personnes en renfort dont 210 personnels médicaux, à l'issue d'une réunion de crise interministérielle après le passage du cyclone tropical Chido qui a dévasté Mayotte samedi.

Le cyclone s'est abattu sur l'archipel français de l'océan Indien avec des vents extrêmement violents, Météo France ayant relevé des rafales à 226 km/h, a rapporté Santé publique France (SPF) dans un bulletin d'alerte publié lundi.

"Le système de santé est gravement touché et l'accès aux soins est très fortement dégradé", a poursuivi l'agence. "Le centre hospitalier de Mayotte [CHM] a subi d'importants dégâts matériels."

SPF a également fait état de "dégâts matériels […] considérables" sur l'ensemble de l'île, affectant les "infrastructures de toute nature" dont l'aéroport qui ne peut plus être desservi par des vols civils après l'endommagement de sa tour de contrôle, mais aussi le port, les routes, les communications, l'accès à l'eau et à l'électricité…

L'agence a donc lancé un appel à renforts de la réserve sanitaire, notamment pour des professionnels médicaux (urgentistes, anesthésistes, chirurgiens orthopédiques, néphrologues, sages-femmes), paramédicaux (infirmiers spécialisés et IDE ayant une expérience aux urgences ou en chirurgie/hémodialyse).

"Le cyclone tropical Chido est désormais à plus de 500 km de Mayotte", a rapporté la préfecture dans un communiqué dimanche soir, en appelant à "rester vigilant face à un risque de vagues-submersion" même si le cyclone ne présentait "plus une menace".

Dans la journée de lundi, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron présiderait une réunion consacrée à la situation de Mayotte au centre interministériel de crise du ministère de l'intérieur, lundi à 18 heures.

Le chef de l'Etat "a suivi attentivement la situation à Mayotte tout le week-end. Hier, en présence du pape [en Corse] […], il a réaffirmé que tout sera mis en œuvre pour porter secours aux sinistrés", a assuré l'Elysée.

"On va dans les prochains jours amener sur place un hôpital de campagne", avait fait savoir auparavant le ministre de l'intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, lors d'un micro tendu à l'issue d'une réunion de crise interministérielle dimanche.

Arrivée de 210 personnels médicaux d'ici mercredi

"D'aujourd'hui jusqu'à mercredi, il va y avoir cinq vagues successives de renforts sur la sécurité civile, ça fait à peu près 800 personnes, tout le matériel qui va avec, les équipements mais aussi du personnel médical, 210 personnels médica[ux] dans un premier temps", a-t-il précisé.

Invité dimanche soir au journal télévisé de Mayotte La Première, le préfet, François-Xavier Bieuville, a indiqué que l'alerte rouge avait été "levée à 18h dimanche".

Interrogé sur le bilan du cyclone, il a expliqué qu'il était "extrêmement difficile d'avoir un décompte officiel": "Nous avons un décompte des personnes prises en charge à l'hôpital, nous avons eu neuf décédés et cinq personnes en état d'urgence dépassé, qui vont a priori perdre la vie et cinq personnes en état d'urgence absolue."

"Ce résultat-là n'est pas plausible quand on voit les images des bidonvilles […], je n'imagine pas que nous n'ayons pas plus de victimes, que je ne pourrais pas décompter, je le dis de façon officielle", a-t-il aussitôt ajouté en rappelant que "la tradition musulmane [était] d'enterrer les personnes décédées dans les 24h" et que "par conséquent il sera[it] très difficile d'avoir le bilan final".

"Aujourd'hui, nous ne pouvons pas donner de chiffres", a confirmé de son côté la ministre démissionnaire de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, évoquant à son tour "14 personnes décédées" tout en reconnaissant que ce premier bilan paraissait dérisoire "par rapport à l'ampleur du désastre".

"Il ne me paraît pas opportun de donner des chiffres parce que nous ne savons pas", a repris la ministre. "Attendons d'avoir un bilan qui va peut-être s'alourdir dans les jours à venir […], attendons que les déblaiements se fassent, que nous puissions aussi aller dans les différents endroits de Mayotte car tout n'est pas accessible."

La préfecture a érigé comme priorité le rétablissement de l'approvisionnement en eau et en électricité de l'île, ainsi que les travaux de remise en état des routes lancés dès samedi à la levée de l'alerte violette cyclonique "avec l'appui des sapeurs-pompiers, des Formisc (forces militaires de la sécurité civile) et des forces armées dans la zone sud de l'océan Indien (Fazsoi) qui renforcent les gestionnaires de voirie (Dealm et conseil départemental)".

"Il y a des parties du territoire qui sont encore inaccessibles, beaucoup de travail sur les routes, de déblaiement, de génie civil à réaliser donc c'est un travail qui va demander du temps mais je crois que tout le monde est à l'œuvre aujourd'hui pour que ça aille le plus vite possible", a souligné de son côté Geneviève Darrieussecq.

Le CH "très endommagé" par le cyclone

La ministre a par ailleurs souligné que le centre hospitalier de Mayotte à Mamoudzou avait "été très endommagé" et que "des centres médicaux" étaient également "inopérants": "L'hôpital a subi des dégâts des eaux importants ainsi que des dégradations dans la partie chirurgie-réanimation-urgences-maternité, donc les parties essentielles du fonctionnement de l'hôpital. Malgré cela, il continue à tourner de manière dégradée."

"Notre première urgence était de repérer les malades chroniques lourds qu'il fallait évacuer et certains l'ont déjà été vers La Réunion", a rapporté Geneviève Darrieussecq.

"La deuxième [urgence] est de pouvoir accueillir l'afflux de nouveaux patients et de les prendre en charge et là nous avons besoin de renforcer cet hôpital par des moyens humains et j'ai fait appel à la réserve sanitaire; 100 réservistes partiront très rapidement pour aller étayer sur le plan humain cet hôpital et ensuite nous aurons du matériel. J'ai demandé qu'un envoi massif de matériel soit réalisé", a-t-elle enchaîné. "Nous avons des postes de secours sanitaires -sous la forme de malles contenant du matériel et des médicaments qui sont envoyés là-bas pour couvrir à peu près les besoins de 1.000 personnes."

La ministre a salué au passage "les soignants qui ont fait un travail extraordinaire", en espérant que l'on "sauvera[it] le maximum" de vies grâce aux moyens déployés après le passage de Chido.

Elle a par ailleurs mis en avant la nécessité de mettre en place une "veille sanitaire très aiguë" afin de "dépister tous les cas possibles de maladies infectieuses qui surviendraient à l'occasion de la consommation de l'eau ou d'alimentation avariée…".

"Nous serons très vigilants dans ce domaine-là, pour venir en soutien et enrayer toute épidémie qui pourrait se développer", a-t-elle complété en rappelant que "le choléra était présent à Mayotte jusqu'au mois de juillet" (cf dépêche du 23/09/2024 à 15:48).

Pour rappel, le passage du cyclone Belal en janvier à La Réunion avait lui aussi affecté les capacités sanitaires de l'île (cf dépêche du 16/01/2024 à 18:54), avant d'être suivi de risques accrus de leptospirose (cf dépêche du 23/01/2024 à 11:52).

Dans un communiqué diffusé dimanche, le CHU de La Réunion a fait savoir que 21 de ses professionnels (médecins, chirurgiens et personnels soignants) avaient déjà rejoint Mayotte, suivis de trois renforts paramédicaux lundi, et que 22 professionnels médicaux et 27 paramédicaux étaient déjà recensés "pour renforcer les équipes sur place".

"Parmi les matériels envoyés figurent également un hôpital modulaire de 30 tonnes mobilisé par la Piroi [plateforme d'intervention régionale océan Indien de la Croix-Rouge française] et 3 tonnes de fournitures médicales de première urgence pour soutenir les activités déportées sous tente au CHM, envoyées par le Samu de La Réunion", a complété le CHU. "Face à la situation critique sur place, un pont maritime est en cours de mise en place entre La Réunion et Mayotte pour acheminer vivres et matériel nécessaires."

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