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08/08 2024
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DANS LES ALPES DU SUD, LES DIFFICULTÉS AUX URGENCES DÉPASSÉES GRÂCE À UNE ÉQUIPE TERRITORIALE

(Par Bruno DECOTTIGNIES)

GAP, 8 août 2024 (APMnews) - La constitution d'une équipe territoriale d'une quarantaine d'urgentistes au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) des Alpes du Sud a permis aux établissements membres de lisser les difficultés de démographie médicale dans les services des urgences du territoire les moins bien dotés, a relaté Marie-Anne Ruder, directrice du centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (Chicas) et présidente du comité stratégique du GHT, dans un entretien accordé mercredi à APMnews.

Le Chicas (environ 250 lits et places de médecine-chirurgie-obstétrique, MCO), bisite, réunit l'hôpital de Gap et l'hôpital de proximité de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence).

Il est en direction commune avec les centres hospitaliers (CH) de Briançon, d'Aiguilles, d'Embrun et de Laragne-Montéglin dans les Hautes-Alpes, et le CH de Barcelonnette dans les Alpes-de-Haute-Provence, tous membres du GHT dont il est l'établissement support.

Le Chicas compte environ 50.000 passages annuels, pour 10.000 à Embrun et 20.000 à Briançon.

L'équipe territoriale, majoritairement basée à Gap, couvre les urgences de Gap, d'Embrun et de Sisteron, et fonctionne en fédération avec les urgentistes de Briançon, ce qui porte l'ensemble de l'effectif à environ 60 urgentistes.

"C'est ce qui nous a permis depuis trois-quatre ans de rouvrir intégralement les urgences d'Embrun, qui avaient connu des difficultés il y a quatre-cinq ans. Aujourd'hui, c'est un service qui fonctionne parfaitement bien", assure-t-elle, avant d'évoquer des difficultés à Sisteron depuis cette année.

"Ça nous est arrivé depuis cette année d'avoir des fermetures, mais extrêmement ponctuelles, grâce au dynamisme de cette équipe territoriale. On a à peu près un tiers des postes d'urgentistes de Sisteron ouverts, mais les effectifs sont fortement complétés par les équipes de Gap et d'Embrun, avec l'aide de Briançon", poursuit la directrice.

"Cette équipe territoriale nous a clairement permis d'avoir une attractivité de nos services d'urgence, puisque les médecins sont amenés à la fois à faire des urgences, du Smur, de la régulation, certains font du secours en montagne", se félicite-t-elle, ajoutant que cela "fluidifie les relations entre les établissements".

Dans le même temps, le GHT a mis en place un "bed management territorial adapté à la saisonnalité de l'activité" due aux afflux de touristes hivernaux et estivaux, qui permet aux urgentistes de se concentrer sur la prise en charge des patients.

"L'intégralité de nos services d'urgence sont ouverts, et on a des unités accordéons que l'on peut mobiliser en saisonnalité", ajoute-t-elle. Marie-Anne Ruder évoque la mise en place d'un Smur saisonnier à Embrun en juillet-août uniquement, en partenariat avec le service départemental d'incendie et de secours (SDIS), pour faire face à l'afflux de touristes (2 millions à l'été 2023 dans les Hautes-Alpes).

Le GHT a développé ensuite des équipes de territoire en médecine, en gériatrie, en biologie, en chirurgie, en imagerie et en hépato-gastroentérologie, notamment pour renforcer les effectifs médicaux en gériatrie ou encore en imagerie.

Il travaille actuellement sur un projet de plateau d'imagerie médicale mutualisé (Pimm), dont la mise en œuvre est attendue début 2025, ajoute Marie-Anne Ruder.

Hausse d'activité, finances précaires et investissements

Marie-Anne Ruder évoque par ailleurs "une très bonne dynamique d'activité sur la médecine et la chirurgie, tant en hospitalisation conventionnelle qu'en ambulatoire".

Le niveau d'activité 2019 a été retrouvé en 2022 et dépassé en 2023, avec un nombre de séjours en croissance de 5% en 2023 (38.000 séjours en 2023) au Chicas et de 9% à Briançon (15.000 séjours).

Le Chicas enregistre un déficit de 14 millions d'euros (M€) en 2023 sur un budget global de 175 M€ (13 M€ sur un budget H de 160 M€), malgré la hausse des recettes d'activité, notamment du fait de l'inflation. Le Chicas a notamment vu ses contrats d'énergie arriver à leur terme "au plus mauvais moment", avec pour conséquence un coût supplémentaire de 1,5 M€ en 2023.

S'y ajoute une hausse de 20% à 25% de la masse salariale ces dernières années, non intégralement compensée par la hausse des tarifs hospitaliers.

Le taux de dépendance financière du Chicas reste de 45%, traduisant un endettement dû à la réhabilitation de l'hôpital de Gap menée entre 2005 et 2015.

Le Chicas projette désormais de rénover intégralement sa médecine et ses soins médicaux et de réadaptation (SMR) à Sisteron, soit une cinquantaine de lits, afin d'améliorer le confort pour les patients et le personnel et de réduire la consommation énergétique. Cette opération est estimée à 3,5 M€, et financée à hauteur de 2 M€ par des subventions de l'Etat et de la région.

Les travaux doivent démarrer à l'automne pour une livraison fin 2025-début 2026.

Viendra ensuite soit la réhabilitation, soit l'agrandissement, soit la reconstruction de l'Ehpad de Sisteron, d'une soixantaine de places. La solution la plus adéquate n'est pas encore identifiée.

En juillet, la Ville de Sisteron a annoncé un investissement de 3,5 M€ visant notamment à améliorer le pôle médico-technique, notamment par le remplacement du scanner en 2025, mais aussi à créer une filière pédiatrique aux urgences et un box de déchocage pour les accidentés de la route (cf dépêche du 10/07/2024 à 17:44).

"Cela a été financé sur le plan de travaux courant de l'hôpital pour la filière pédiatrique. Pour les accidentés de la route, nous avions répondu à un appel à projets national", précise Marie-Anne Ruder à APMnews.

L'hôpital de Gap agrandit son hélistation pour l'hiver 2024-2025, afin de construire un garage permettant de stationner l'hélicoptère auprès de l'hôpital, alors qu'il est actuellement stationné sur un terrain plus éloigné, en vue de réduire les délais d'intervention, la consommation de carburant et les nuisances sonores. Ce projet représente un investissement de 3,5 M€, financé à hauteur de 1,8 M€ par l'agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).

Au sein du GHT, le projet majeur consiste à réhabiliter l'ensemble du CH d'Embrun à l'horizon 2029 (cf dépêche du 16/12/2021 à 13:00 et dépêche du 07/03/2022 à 18:15), pour un budget estimé à 43 M€, financé à hauteur de 3 M€ par le conseil régional et de 19 M€ par l'Etat sur la partie sanitaire (estimée à 28 M€).

La partie médico-sociale (agrandissement d'un Ehpad et intégration d'un autre Ehpad dans le futur hôpital, 10 M€) doit être accompagnée par le conseil départemental et l'ARS à des niveaux encore inconnus, et partiellement financée par la vente du site actuel de l'Ehpad en centre-ville, estimé à 5 M€ par le Domaine.

"On a lancé le jury pour la consultation des entreprises, l'objectif est d'avoir un lauréat d'ici janvier 2025", projette Marie-Anne Ruder, qui précise que l'opération se fera de façon séquencée, en "tiroirs". L'établissement doit être prêt pour les Jeux olympiques d'hiver 2030 (attribués à la France sous réserve que le gouvernement garantisse d'ici au 1er octobre l'engagement financier de l’Etat, NDLR).

bd/nc/APMnews

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(Par Bruno DECOTTIGNIES)

GAP, 8 août 2024 (APMnews) - La constitution d'une équipe territoriale d'une quarantaine d'urgentistes au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) des Alpes du Sud a permis aux établissements membres de lisser les difficultés de démographie médicale dans les services des urgences du territoire les moins bien dotés, a relaté Marie-Anne Ruder, directrice du centre hospitalier intercommunal des Alpes du Sud (Chicas) et présidente du comité stratégique du GHT, dans un entretien accordé mercredi à APMnews.

Le Chicas (environ 250 lits et places de médecine-chirurgie-obstétrique, MCO), bisite, réunit l'hôpital de Gap et l'hôpital de proximité de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence).

Il est en direction commune avec les centres hospitaliers (CH) de Briançon, d'Aiguilles, d'Embrun et de Laragne-Montéglin dans les Hautes-Alpes, et le CH de Barcelonnette dans les Alpes-de-Haute-Provence, tous membres du GHT dont il est l'établissement support.

Le Chicas compte environ 50.000 passages annuels, pour 10.000 à Embrun et 20.000 à Briançon.

L'équipe territoriale, majoritairement basée à Gap, couvre les urgences de Gap, d'Embrun et de Sisteron, et fonctionne en fédération avec les urgentistes de Briançon, ce qui porte l'ensemble de l'effectif à environ 60 urgentistes.

"C'est ce qui nous a permis depuis trois-quatre ans de rouvrir intégralement les urgences d'Embrun, qui avaient connu des difficultés il y a quatre-cinq ans. Aujourd'hui, c'est un service qui fonctionne parfaitement bien", assure-t-elle, avant d'évoquer des difficultés à Sisteron depuis cette année.

"Ça nous est arrivé depuis cette année d'avoir des fermetures, mais extrêmement ponctuelles, grâce au dynamisme de cette équipe territoriale. On a à peu près un tiers des postes d'urgentistes de Sisteron ouverts, mais les effectifs sont fortement complétés par les équipes de Gap et d'Embrun, avec l'aide de Briançon", poursuit la directrice.

"Cette équipe territoriale nous a clairement permis d'avoir une attractivité de nos services d'urgence, puisque les médecins sont amenés à la fois à faire des urgences, du Smur, de la régulation, certains font du secours en montagne", se félicite-t-elle, ajoutant que cela "fluidifie les relations entre les établissements".

Dans le même temps, le GHT a mis en place un "bed management territorial adapté à la saisonnalité de l'activité" due aux afflux de touristes hivernaux et estivaux, qui permet aux urgentistes de se concentrer sur la prise en charge des patients.

"L'intégralité de nos services d'urgence sont ouverts, et on a des unités accordéons que l'on peut mobiliser en saisonnalité", ajoute-t-elle. Marie-Anne Ruder évoque la mise en place d'un Smur saisonnier à Embrun en juillet-août uniquement, en partenariat avec le service départemental d'incendie et de secours (SDIS), pour faire face à l'afflux de touristes (2 millions à l'été 2023 dans les Hautes-Alpes).

Le GHT a développé ensuite des équipes de territoire en médecine, en gériatrie, en biologie, en chirurgie, en imagerie et en hépato-gastroentérologie, notamment pour renforcer les effectifs médicaux en gériatrie ou encore en imagerie.

Il travaille actuellement sur un projet de plateau d'imagerie médicale mutualisé (Pimm), dont la mise en œuvre est attendue début 2025, ajoute Marie-Anne Ruder.

Hausse d'activité, finances précaires et investissements

Marie-Anne Ruder évoque par ailleurs "une très bonne dynamique d'activité sur la médecine et la chirurgie, tant en hospitalisation conventionnelle qu'en ambulatoire".

Le niveau d'activité 2019 a été retrouvé en 2022 et dépassé en 2023, avec un nombre de séjours en croissance de 5% en 2023 (38.000 séjours en 2023) au Chicas et de 9% à Briançon (15.000 séjours).

Le Chicas enregistre un déficit de 14 millions d'euros (M€) en 2023 sur un budget global de 175 M€ (13 M€ sur un budget H de 160 M€), malgré la hausse des recettes d'activité, notamment du fait de l'inflation. Le Chicas a notamment vu ses contrats d'énergie arriver à leur terme "au plus mauvais moment", avec pour conséquence un coût supplémentaire de 1,5 M€ en 2023.

S'y ajoute une hausse de 20% à 25% de la masse salariale ces dernières années, non intégralement compensée par la hausse des tarifs hospitaliers.

Le taux de dépendance financière du Chicas reste de 45%, traduisant un endettement dû à la réhabilitation de l'hôpital de Gap menée entre 2005 et 2015.

Le Chicas projette désormais de rénover intégralement sa médecine et ses soins médicaux et de réadaptation (SMR) à Sisteron, soit une cinquantaine de lits, afin d'améliorer le confort pour les patients et le personnel et de réduire la consommation énergétique. Cette opération est estimée à 3,5 M€, et financée à hauteur de 2 M€ par des subventions de l'Etat et de la région.

Les travaux doivent démarrer à l'automne pour une livraison fin 2025-début 2026.

Viendra ensuite soit la réhabilitation, soit l'agrandissement, soit la reconstruction de l'Ehpad de Sisteron, d'une soixantaine de places. La solution la plus adéquate n'est pas encore identifiée.

En juillet, la Ville de Sisteron a annoncé un investissement de 3,5 M€ visant notamment à améliorer le pôle médico-technique, notamment par le remplacement du scanner en 2025, mais aussi à créer une filière pédiatrique aux urgences et un box de déchocage pour les accidentés de la route (cf dépêche du 10/07/2024 à 17:44).

"Cela a été financé sur le plan de travaux courant de l'hôpital pour la filière pédiatrique. Pour les accidentés de la route, nous avions répondu à un appel à projets national", précise Marie-Anne Ruder à APMnews.

L'hôpital de Gap agrandit son hélistation pour l'hiver 2024-2025, afin de construire un garage permettant de stationner l'hélicoptère auprès de l'hôpital, alors qu'il est actuellement stationné sur un terrain plus éloigné, en vue de réduire les délais d'intervention, la consommation de carburant et les nuisances sonores. Ce projet représente un investissement de 3,5 M€, financé à hauteur de 1,8 M€ par l'agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca).

Au sein du GHT, le projet majeur consiste à réhabiliter l'ensemble du CH d'Embrun à l'horizon 2029 (cf dépêche du 16/12/2021 à 13:00 et dépêche du 07/03/2022 à 18:15), pour un budget estimé à 43 M€, financé à hauteur de 3 M€ par le conseil régional et de 19 M€ par l'Etat sur la partie sanitaire (estimée à 28 M€).

La partie médico-sociale (agrandissement d'un Ehpad et intégration d'un autre Ehpad dans le futur hôpital, 10 M€) doit être accompagnée par le conseil départemental et l'ARS à des niveaux encore inconnus, et partiellement financée par la vente du site actuel de l'Ehpad en centre-ville, estimé à 5 M€ par le Domaine.

"On a lancé le jury pour la consultation des entreprises, l'objectif est d'avoir un lauréat d'ici janvier 2025", projette Marie-Anne Ruder, qui précise que l'opération se fera de façon séquencée, en "tiroirs". L'établissement doit être prêt pour les Jeux olympiques d'hiver 2030 (attribués à la France sous réserve que le gouvernement garantisse d'ici au 1er octobre l'engagement financier de l’Etat, NDLR).

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