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04/03 2019
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DÉCÈS D'UN BÉBÉ IN UTERO À DIE (DRÔME): PLUSIEURS CENTAINES DE PERSONNES ONT PARTICIPÉ À UNE MARCHE BLANCHE

DIE (Drôme), 4 mars 2019 (APMnews) - Plusieurs centaines de personnes ont marché samedi dans les rues de Die pour protester contre la fermeture de la maternité de l'hôpital, après le décès in utero du bébé d'une habitante de la région.

Le 18 février, la mère, qui habite à Châtillon-en-Diois, à 15 kilomètres de Die, et en était à la fin de son huitième mois d'une grossesse à risque, a donné naissance à un bébé mort-né, dans les locaux de l'hôpital de Montélimar, à 74 kilomètres de distance.

Appelés par son mari quelques heures plus tôt (trois heures selon le collectif de défense de l'hôpital), les pompiers l’avaient conduite auparavant aux urgences de l'hôpital de Die. Une sage-femme, venue en hélicoptère de Valence, avait déjà constaté que le coeur de l'enfant ne battait plus.

Organisée notamment par le collectif de défense de l'hôpital de Die, une marche blanche s'est déroulée samedi dans les rues de la ville pour soutenir les parents. Etait également présent le papa d'une petite Lou, née le 13 février dans la voiture qui amenait sa maman vers la maternité de Montélimar, a rapporté la presse locale.

Les participants ont aussi protesté, une nouvelle fois, contre la fermeture de la maternité et de la chirurgie de l'hôpital, fin 2017.

Dans un témoignage écrit publié à cette occasion par le collectif sur son blog, la maman qui a donné naissance à l'enfant mort-né, Céline Guillemot, relate dans le détail le déroulé des événements du 18 février.

Déjà maman de deux enfants, elle confirme avoir été victime d'un décollement du placenta, ce qui s'est d'abord traduit par des "vertiges", des "crampes intestinales" puis une "hémorragie". Elle confirme que les pompiers l'ont conduite aux urgences de l'hôpital de Die. Elle indique qu'il a été décidé de la transporter en hélicoptère à la maternité de Montélimar (l'hôpital de Die est en direction commune avec le CH de Valence et son centre périnatal de proximité fonctionne en liens étroits avec le service de gynécologie-obstétrique de cet établissement, ndlr).

Elle ne précise pas de qui vient la décision d'aller à Montélimar mais selon une source proche du dossier, elle correspond à une demande initiale des parents eux-mêmes dès le début de la grossesse.

Céline Guillemot ajoute que l'appareil "n'était pas disponible" immédiatement et qu'il "fallait attendre", puis elle évoque la "lenteur et la passivité du protocole" sans préciser à quels niveaux.

Elle confirme l'arrivée d'une sage-femme de Valence, par hélicoptère, qui l'a auscultée et "n'a pas entendu le coeur" de son enfant. "C'est la première personne qui s'occupait de notre enfant", affirme-t-elle.

La jeune femme indique qu'elle a finalement été transportée par hélicoptère (à Montélimar) où elle a accouché d'un petit garçon mort-né qui a été nommé Aimé.

Les résultats de la mission d'enquête attendus d'ici fin mars

La marche blanche est intervenue alors que l'agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le lancement d'une mission d'enquête sur ce drame pour "déterminer les conditions de prise en charge de la patiente, y compris les éléments de suivi à domicile dans le cadre de cette grossesse jugée à risque" (cf dépêche du 20/02/2019 à 16:47).

Contactée lundi par APMnews, l'ARS a précisé qu'il s'agissait d’une mission médicale, composée de trois de ses agents: un médecin, un inspecteur et un référent périnatalité. "Cette mission va se dérouler cette semaine", a ajouté l'agence.

Elle a précisé que les conclusions de la mission, qui ne porte pas sur l’accouchement survenu dans une voiture, étaient attendues d’ici fin mars.

La maternité du CH de Die, qui effectuait moins de 100 accouchements par an, a été fermée fin 2017 et remplacée par un centre périnatal de proximité (CPP) pour effectuer les consultations pré- et post-natales des parturientes habitant dans le Diois, rappelle-t-on.

Dressant le bilan à un an, dans un communiqué publié en janvier, les CH de Valence et de Die ont indiqué que depuis son ouverture, le CPP avait réalisé environ 250 consultations chaque mois, la moitié en prénatal et l'autre en post-natal, de sages-femmes, de gynécologues-obstétriciens ou de pédiatres (cf dépêche du 11/01/2019 à 13:50).

Ils ont précisé que 93 patientes suivies au CPP avaient accouché (dont 53% à Valence, 13% à Montélimar et 5% à domicile) et que l'âge gestationnel à la naissance se situait à 39 semaines d'aménorrhées (SA). Trois femmes ont, en 2018, accouché à moins de 35 SA et une à 28 SA. Pour cette dernière, l'hélicoptère a été utilisé.

Appel à la poursuite des fermetures: une provocation, estime le collectif de défense

De son côté, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité a répondu, dans un communiqué, à la tribune publiée fin février par 23 anesthésistes-réanimateurs, gynécologues, pédiatres et médecins généralistes, responsables de syndicats et de sociétés savantes de ces disciplines, dans laquelle ils appellent à la poursuite de la restructuration de l'offre de soins en maternité pour préserver la qualité et la sécurité des soins (cf dépêche du 25/02/2019 à 11:31).

Faisant référence aux fermetures des maternités de Die, du Blanc (Indre), de Saint-Claude (Jura), de Creil (Oise) et de Bernay (Eure) (prévue le lundi 11 mars) ou des menaces qui pèsent sur celles de Thann et Altkirch (Haut-Rhin) et sur celle de Guingamp (Côtes-d'Armor), le collectif évoque "les kilomètres" que les parturientes doivent "parcourir dans des conditions parfois difficiles pour mettre un enfant au monde".

Il juge que les solutions proposées par les médecins constituent "presque des provocations".

"Solliciter Samu et Smur, idée géniale, à condition d'avoir des équipes d'urgentistes suffisantes, réalité qui vous a sans doute échappé au moment où des services sont en passe d'être supprimés", dénonce-t-il.

Il ironise aussi sur le développement de l'utilisation des hélicoptères "qui décollent par tous les temps, se posent n'importe où et ne coûtent presque rien!".

Le collectif s'en prend également au "refus de la démagogie", évoqué par les professionnels de santé, "s'appuyant sur l'idée que certaines maternités ne seraient maintenues que suite à l'avis des politiques et non des soignants et notamment pour préserver des emplois locaux".

san/ab/APMnews

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DIE (Drôme), 4 mars 2019 (APMnews) - Plusieurs centaines de personnes ont marché samedi dans les rues de Die pour protester contre la fermeture de la maternité de l'hôpital, après le décès in utero du bébé d'une habitante de la région.

Le 18 février, la mère, qui habite à Châtillon-en-Diois, à 15 kilomètres de Die, et en était à la fin de son huitième mois d'une grossesse à risque, a donné naissance à un bébé mort-né, dans les locaux de l'hôpital de Montélimar, à 74 kilomètres de distance.

Appelés par son mari quelques heures plus tôt (trois heures selon le collectif de défense de l'hôpital), les pompiers l’avaient conduite auparavant aux urgences de l'hôpital de Die. Une sage-femme, venue en hélicoptère de Valence, avait déjà constaté que le coeur de l'enfant ne battait plus.

Organisée notamment par le collectif de défense de l'hôpital de Die, une marche blanche s'est déroulée samedi dans les rues de la ville pour soutenir les parents. Etait également présent le papa d'une petite Lou, née le 13 février dans la voiture qui amenait sa maman vers la maternité de Montélimar, a rapporté la presse locale.

Les participants ont aussi protesté, une nouvelle fois, contre la fermeture de la maternité et de la chirurgie de l'hôpital, fin 2017.

Dans un témoignage écrit publié à cette occasion par le collectif sur son blog, la maman qui a donné naissance à l'enfant mort-né, Céline Guillemot, relate dans le détail le déroulé des événements du 18 février.

Déjà maman de deux enfants, elle confirme avoir été victime d'un décollement du placenta, ce qui s'est d'abord traduit par des "vertiges", des "crampes intestinales" puis une "hémorragie". Elle confirme que les pompiers l'ont conduite aux urgences de l'hôpital de Die. Elle indique qu'il a été décidé de la transporter en hélicoptère à la maternité de Montélimar (l'hôpital de Die est en direction commune avec le CH de Valence et son centre périnatal de proximité fonctionne en liens étroits avec le service de gynécologie-obstétrique de cet établissement, ndlr).

Elle ne précise pas de qui vient la décision d'aller à Montélimar mais selon une source proche du dossier, elle correspond à une demande initiale des parents eux-mêmes dès le début de la grossesse.

Céline Guillemot ajoute que l'appareil "n'était pas disponible" immédiatement et qu'il "fallait attendre", puis elle évoque la "lenteur et la passivité du protocole" sans préciser à quels niveaux.

Elle confirme l'arrivée d'une sage-femme de Valence, par hélicoptère, qui l'a auscultée et "n'a pas entendu le coeur" de son enfant. "C'est la première personne qui s'occupait de notre enfant", affirme-t-elle.

La jeune femme indique qu'elle a finalement été transportée par hélicoptère (à Montélimar) où elle a accouché d'un petit garçon mort-né qui a été nommé Aimé.

Les résultats de la mission d'enquête attendus d'ici fin mars

La marche blanche est intervenue alors que l'agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le lancement d'une mission d'enquête sur ce drame pour "déterminer les conditions de prise en charge de la patiente, y compris les éléments de suivi à domicile dans le cadre de cette grossesse jugée à risque" (cf dépêche du 20/02/2019 à 16:47).

Contactée lundi par APMnews, l'ARS a précisé qu'il s'agissait d’une mission médicale, composée de trois de ses agents: un médecin, un inspecteur et un référent périnatalité. "Cette mission va se dérouler cette semaine", a ajouté l'agence.

Elle a précisé que les conclusions de la mission, qui ne porte pas sur l’accouchement survenu dans une voiture, étaient attendues d’ici fin mars.

La maternité du CH de Die, qui effectuait moins de 100 accouchements par an, a été fermée fin 2017 et remplacée par un centre périnatal de proximité (CPP) pour effectuer les consultations pré- et post-natales des parturientes habitant dans le Diois, rappelle-t-on.

Dressant le bilan à un an, dans un communiqué publié en janvier, les CH de Valence et de Die ont indiqué que depuis son ouverture, le CPP avait réalisé environ 250 consultations chaque mois, la moitié en prénatal et l'autre en post-natal, de sages-femmes, de gynécologues-obstétriciens ou de pédiatres (cf dépêche du 11/01/2019 à 13:50).

Ils ont précisé que 93 patientes suivies au CPP avaient accouché (dont 53% à Valence, 13% à Montélimar et 5% à domicile) et que l'âge gestationnel à la naissance se situait à 39 semaines d'aménorrhées (SA). Trois femmes ont, en 2018, accouché à moins de 35 SA et une à 28 SA. Pour cette dernière, l'hélicoptère a été utilisé.

Appel à la poursuite des fermetures: une provocation, estime le collectif de défense

De son côté, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité a répondu, dans un communiqué, à la tribune publiée fin février par 23 anesthésistes-réanimateurs, gynécologues, pédiatres et médecins généralistes, responsables de syndicats et de sociétés savantes de ces disciplines, dans laquelle ils appellent à la poursuite de la restructuration de l'offre de soins en maternité pour préserver la qualité et la sécurité des soins (cf dépêche du 25/02/2019 à 11:31).

Faisant référence aux fermetures des maternités de Die, du Blanc (Indre), de Saint-Claude (Jura), de Creil (Oise) et de Bernay (Eure) (prévue le lundi 11 mars) ou des menaces qui pèsent sur celles de Thann et Altkirch (Haut-Rhin) et sur celle de Guingamp (Côtes-d'Armor), le collectif évoque "les kilomètres" que les parturientes doivent "parcourir dans des conditions parfois difficiles pour mettre un enfant au monde".

Il juge que les solutions proposées par les médecins constituent "presque des provocations".

"Solliciter Samu et Smur, idée géniale, à condition d'avoir des équipes d'urgentistes suffisantes, réalité qui vous a sans doute échappé au moment où des services sont en passe d'être supprimés", dénonce-t-il.

Il ironise aussi sur le développement de l'utilisation des hélicoptères "qui décollent par tous les temps, se posent n'importe où et ne coûtent presque rien!".

Le collectif s'en prend également au "refus de la démagogie", évoqué par les professionnels de santé, "s'appuyant sur l'idée que certaines maternités ne seraient maintenues que suite à l'avis des politiques et non des soignants et notamment pour préserver des emplois locaux".

san/ab/APMnews

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