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18/04 2019
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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: L'EXAMEN CLINIQUE DES SEINS PEU FIABLE (ÉTUDE FRANÇAISE)

LONDRES, 18 avril 2019 (APMnews) - L'examen clinique des seins pour la détection d'anomalies suggérant un cancer est peu fiable, selon une étude française publiée dans l'European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, qui remet en question la recommandation, en France, d'un examen clinique régulier des seins.

La Haute autorité de santé (HAS) recommande un examen clinique annuel des seins, réalisé par un médecin généraliste ou un gynécologue, chez les femmes à partir de 25 ans, avec éventuellement une mammographie en fonction des facteurs de risque, dans le cadre du dépistage individuel du cancer du sein, rappellent Alexandre Malmartel et ses collègues de l'université Paris Descartes à Paris.

Toutefois, la pertinence clinique de cet examen a été peu étudiée et son efficacité non démontrée. Aux Etats-Unis et au Canada, il n'est plus recommandé de manière systématique, accusé d'entraîner des surdiagnostics, des surtraitements et des complications iatrogènes.

Les chercheurs ont évalué la fiabilité des anomalies découvertes lors de l'examen clinique des seins dans le cadre du dépistage du cancer du sein, chez 3.218 femmes de 18 ans et plus sans antécédent de cancer du sein, venant réaliser une mammographie dans 3 cabinets de radiologie parisiens.

Parmi ces femmes, 22,2% avaient un examen clinique des seins anormal et 4,1% avaient un examen de mammographie classé à haut risque (Bi-RADS 4 ou 5).

Les principales anomalies retrouvées à l'examen clinique étaient des nodules (14,6%), des douleurs mammaires (3,9%), des écoulements mammaires (0,5%), des adénopathies axillaires (0,5%).

Parmi les femmes ayant une mammographie à haut risque, 36,1% avaient un examen clinique anormal contre 21,6% parmi les femmes ayant une mammographie à risque faible ou modéré.

Les facteurs associés à une mammographie à haut risque étaient un écoulement mammaire (odds ratio = 11,3), une adénopathie (OR = 6,3), la présence d'un nodule (OR = 1,8) et la nulliparité (OR = 1,5).

La sensibilité de l'examen clinique mammaire était de 36% et sa spécificité de 78%. Les valeurs prédictives positives (VPP) et négatives (VPN) de chaque anomalie étaient faibles, excepté pour les écoulements mammaires (VPP = 10,5), les rétractions (VPP = 6,6) et les adénopathies (VPP = 5,0). Ces anomalies étaient toutefois rares (entre 0,2% et 0,5%), "trop [...] pour que le dépistage du cancer du sein repose sur leur présence", estiment les auteurs.

Ces valeurs étaient similaires dans les différents groupes d'âges.

"L'examen clinique des seins ne semble pas apporter d'information supplémentaire fiable et reproductible par rapport à la mammographie. Nos résultats sont en accord avec les autres études et ne sont pas en faveur de l'application [de l'examen clinique des seins] en France dans le suivi gynécologique régulier des femmes entre 50 et 74 ans. Cet examen pourrait avoir une meilleure place dans le suivi des lésions mammaires, mais pas pour le suivi ou le diagnostic", commentent les auteurs.

(European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, publication en ligne du 3 avril)

cd/nc/APMnews

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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: L'EXAMEN CLINIQUE DES SEINS PEU FIABLE (ÉTUDE FRANÇAISE)

LONDRES, 18 avril 2019 (APMnews) - L'examen clinique des seins pour la détection d'anomalies suggérant un cancer est peu fiable, selon une étude française publiée dans l'European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, qui remet en question la recommandation, en France, d'un examen clinique régulier des seins.

La Haute autorité de santé (HAS) recommande un examen clinique annuel des seins, réalisé par un médecin généraliste ou un gynécologue, chez les femmes à partir de 25 ans, avec éventuellement une mammographie en fonction des facteurs de risque, dans le cadre du dépistage individuel du cancer du sein, rappellent Alexandre Malmartel et ses collègues de l'université Paris Descartes à Paris.

Toutefois, la pertinence clinique de cet examen a été peu étudiée et son efficacité non démontrée. Aux Etats-Unis et au Canada, il n'est plus recommandé de manière systématique, accusé d'entraîner des surdiagnostics, des surtraitements et des complications iatrogènes.

Les chercheurs ont évalué la fiabilité des anomalies découvertes lors de l'examen clinique des seins dans le cadre du dépistage du cancer du sein, chez 3.218 femmes de 18 ans et plus sans antécédent de cancer du sein, venant réaliser une mammographie dans 3 cabinets de radiologie parisiens.

Parmi ces femmes, 22,2% avaient un examen clinique des seins anormal et 4,1% avaient un examen de mammographie classé à haut risque (Bi-RADS 4 ou 5).

Les principales anomalies retrouvées à l'examen clinique étaient des nodules (14,6%), des douleurs mammaires (3,9%), des écoulements mammaires (0,5%), des adénopathies axillaires (0,5%).

Parmi les femmes ayant une mammographie à haut risque, 36,1% avaient un examen clinique anormal contre 21,6% parmi les femmes ayant une mammographie à risque faible ou modéré.

Les facteurs associés à une mammographie à haut risque étaient un écoulement mammaire (odds ratio = 11,3), une adénopathie (OR = 6,3), la présence d'un nodule (OR = 1,8) et la nulliparité (OR = 1,5).

La sensibilité de l'examen clinique mammaire était de 36% et sa spécificité de 78%. Les valeurs prédictives positives (VPP) et négatives (VPN) de chaque anomalie étaient faibles, excepté pour les écoulements mammaires (VPP = 10,5), les rétractions (VPP = 6,6) et les adénopathies (VPP = 5,0). Ces anomalies étaient toutefois rares (entre 0,2% et 0,5%), "trop [...] pour que le dépistage du cancer du sein repose sur leur présence", estiment les auteurs.

Ces valeurs étaient similaires dans les différents groupes d'âges.

"L'examen clinique des seins ne semble pas apporter d'information supplémentaire fiable et reproductible par rapport à la mammographie. Nos résultats sont en accord avec les autres études et ne sont pas en faveur de l'application [de l'examen clinique des seins] en France dans le suivi gynécologique régulier des femmes entre 50 et 74 ans. Cet examen pourrait avoir une meilleure place dans le suivi des lésions mammaires, mais pas pour le suivi ou le diagnostic", commentent les auteurs.

(European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, publication en ligne du 3 avril)

cd/nc/APMnews

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