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08/07 2015
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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: LES ESSAIS SUÉDOIS AURAIENT SURESTIMÉ LA RÉDUCTION DE MORTALITÉ PAR DES BIAIS MÉTHODOLOGIQUES

LYON, 8 juillet 2015 (APM) - L'utilisation de méthodes statistiques jugées non conventionnelles dans les anciens essais randomisés suédois sur le dépistage du cancer du sein a conduit à une surestimation de la réduction de la mortalité apportée par le dépistage par mammographie, selon une étude lyonnaise publiée dans le Journal of the Royal Society of Medicine.

Entre 1977 et 1996, cinq essais randomisés sur le dépistage du cancer du sein par mammographie ont été conduits en Suède. Une revue de ces essais, publiée dans le Lancet en 2002, a rapporté que deux à quatre vagues d'invitations au dépistage pouvaient réduire le risque de décès par cancer du sein de 21%.

Ces études historiques sont régulièrement discutées dans le contexte des débats dont fait l'objet le dépistage du cancer du sein.

Le Dr Philippe Autier et ses collègues de l'International Prevention Research Institute (iPRI) à Lyon ont comparé les modes de calcul des risques de décès utilisés dans ces essais à ceux d'autres essais de dépistage.

Dans 17 essais de dépistage ne portant pas sur le cancer du sein, le calcul de risque relatif a été fait à partir des décès dus aux cancers diagnostiqués pendant l'intervention et après (jusqu'à la fin du suivi).

Dans les cinq essais suédois sur le cancer du sein, le calcul a été fait avec les décès dus aux cancers du sein trouvés pendant la période d'intervention, mais les décès dus à des cancers du sein dépistés lors de la première vague dans les groupes contrôles, une fois l'intervention terminée, ont été rétrocédés à la période intervention car en l'absence de ce dépistage, ces cancers auraient été diagnostiqués dans la période post-intervention.

Après réallocation des décès ajoutés aux périodes post-intervention des groupes contrôles, le risque relatif n'était plus que de 0,86 pour les cancers décelés pendant la période d'intervention et de 0,83 pour les cancers trouvés dans la période post-intervention, indiquant une réduction constante du risque de décès par cancer du sein de l'ordre de 15% pendant le suivi, quel que soit le dépistage.

Cela a conduit à un biais intrinsèque en faveur du dépistage, estiment les auteurs.

"Il a été très difficile de déceler ce glissement opéré par les auteurs des essais suédois", a indiqué à l'APM le Dr Autier.

"Sans ce glissement qui fait apparaître une forte diminution de la mortalité pendant la période d'intervention qui a été attribuée au dépistage, on obtient une réduction de 15% tout au long de la période et même après l'arrêt de l'intervention quand les deux bras sont dans la même situation, ce qui revient à un résultat impossible", explique-t-il.

"Si on applique les méthodes qui ont été utilisées plus récemment dans les essais de dépistage pour le cancer du côlon, du col utérin ou du poumon, on obtient des résultats erronés", conclut-il.

(Journal of the Royal Society of Medicine, publication en ligne du 8 juillet)

sl/ab/APM

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LYON, 8 juillet 2015 (APM) - L'utilisation de méthodes statistiques jugées non conventionnelles dans les anciens essais randomisés suédois sur le dépistage du cancer du sein a conduit à une surestimation de la réduction de la mortalité apportée par le dépistage par mammographie, selon une étude lyonnaise publiée dans le Journal of the Royal Society of Medicine.

Entre 1977 et 1996, cinq essais randomisés sur le dépistage du cancer du sein par mammographie ont été conduits en Suède. Une revue de ces essais, publiée dans le Lancet en 2002, a rapporté que deux à quatre vagues d'invitations au dépistage pouvaient réduire le risque de décès par cancer du sein de 21%.

Ces études historiques sont régulièrement discutées dans le contexte des débats dont fait l'objet le dépistage du cancer du sein.

Le Dr Philippe Autier et ses collègues de l'International Prevention Research Institute (iPRI) à Lyon ont comparé les modes de calcul des risques de décès utilisés dans ces essais à ceux d'autres essais de dépistage.

Dans 17 essais de dépistage ne portant pas sur le cancer du sein, le calcul de risque relatif a été fait à partir des décès dus aux cancers diagnostiqués pendant l'intervention et après (jusqu'à la fin du suivi).

Dans les cinq essais suédois sur le cancer du sein, le calcul a été fait avec les décès dus aux cancers du sein trouvés pendant la période d'intervention, mais les décès dus à des cancers du sein dépistés lors de la première vague dans les groupes contrôles, une fois l'intervention terminée, ont été rétrocédés à la période intervention car en l'absence de ce dépistage, ces cancers auraient été diagnostiqués dans la période post-intervention.

Après réallocation des décès ajoutés aux périodes post-intervention des groupes contrôles, le risque relatif n'était plus que de 0,86 pour les cancers décelés pendant la période d'intervention et de 0,83 pour les cancers trouvés dans la période post-intervention, indiquant une réduction constante du risque de décès par cancer du sein de l'ordre de 15% pendant le suivi, quel que soit le dépistage.

Cela a conduit à un biais intrinsèque en faveur du dépistage, estiment les auteurs.

"Il a été très difficile de déceler ce glissement opéré par les auteurs des essais suédois", a indiqué à l'APM le Dr Autier.

"Sans ce glissement qui fait apparaître une forte diminution de la mortalité pendant la période d'intervention qui a été attribuée au dépistage, on obtient une réduction de 15% tout au long de la période et même après l'arrêt de l'intervention quand les deux bras sont dans la même situation, ce qui revient à un résultat impossible", explique-t-il.

"Si on applique les méthodes qui ont été utilisées plus récemment dans les essais de dépistage pour le cancer du côlon, du col utérin ou du poumon, on obtient des résultats erronés", conclut-il.

(Journal of the Royal Society of Medicine, publication en ligne du 8 juillet)

sl/ab/APM

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