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22/11 2016
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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: LES MACROBIOPSIES SE SONT DÉVELOPPÉES SANS AUGMENTER LES CARCINOMES CANALAIRES IN SITU

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, aux Journées de la SFSPM)

DIJON, 21 novembre 2016 (APM) - Le prélèvement percutané par macrobiopsie pour des images suspectes en mammographie s'est développé en France sans impact négatif sur la détection des carcinomes canalaires in situ (CCIS), montrent des données issues du programme national de dépistage organisé du cancer du sein présentées aux Journées de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM) qui se sont tenues à Dijon jusqu'à vendredi.

Conformément aux recommandations de prise en charge qui les préconisent pour les images radiologiques suspectes afin de réduire les chirurgies inutiles, il est observé un développement fort des prélèvements percutanés.

Mais les biopsies et l'identification anatomopathologique de plus en plus précise conduisent au diagnostic de lésions frontières ou de CCIS de bas grade pouvant entraîner du surdiagnostic et du surtraitement, sujets qui mobilisent les discussions autour du dépistage, voire qui créent la polémique, a rappelé le Dr Corinne Allioux, médecin coordinateur du dépistage organisé en Loire-Atlantique, lors du forum sur le dépistage organisé du cancer du sein.

Si la microbiopsie est utilisée depuis longtemps, la macrobiopsie qui permet un prélèvement mammaire de volume important (évitant des chirurgies), est plus récente.

Le Dr Allioux a réalisé une enquête auprès de ses collègues de l'Association des coordinateurs pour le dépistage des cancers (Acorde) afin de préciser l'offre diagnostique de macrobiopsie et de regarder quels cancers elle détecte avec quelle proportion de CCIS.

Au total, 51 départements ont répondu, représentant le recueil de plus de 305.000 dépistages positifs avec 46.326 cancers dont 6.522 CCIS en 2015.

L'équipement de macrobiopsie est présent dans 19% des centres d'imagerie médicale (175 pour 896 centres). Les centres de lutte contre le cancer (CLCC) et les CHU sont les plus équipés. Les CLCC en sont presque toujours pourvus (86%), de même que les CHU (76%), et près d'une clinique sur deux (44%), alors que les CHG sont moins dotés (25%) et 12% dans les centres privés isolés, a rapporté le Dr Allioux.

L'offre moyenne de macrobiopsie était de 4,11 centres d'imagerie médicale équipés pour 100.000 personnes concernées par le dépistage du cancer du sein. Treize départements étaient plus équipés que la moyenne dont sept ayant une population supérieure à 160.000 femmes et six inférieure à 80.000.

Pour les 25 structures de gestion qui l'ont mentionné, 84% des macrobiopsies ont été faites dans le même département que le dépistage.

Le taux de macrobiopsies faites après un dépistage mammographique positif variait peu d'une année sur l'autre entre 2010 et 2014, en comparant à une précédente enquête, en moyenne de 7,9% (7,5-8,1%), malgré le développement de la technologie numérique.

Dans l'échantillon, le taux de détection moyen était de 7,6 cancers pour 1.000 femmes dépistées avec une proportion de CCIS de 14,1%, ce qui correspond aux chiffres nationaux et aux références européennes, mais avec une certaine dispersion (de 6,9% à 19,3% pour ces 45 départements).

Un prélèvement immédiat ou au cours de la surveillance a été réalisé pour 28,9% des femmes avec un dépistage positif à la mammographie. Il s'agissait d'une macrobiopsie dans 28% des cas, ce qui signifie que 8% des femmes ayant un dépistage radiologique positif ont une macrobiopsie.

Après la deuxième lecture des mammographies, la fréquence des biopsies était moindre (10,4% versus 34,7% après première lecture), la proportion de macrobiopsies était plus élevée (38,2% vs 27,1%) comme celle des CCIS (18% vs 13,7%).

La macrobiopsie détecte une lésion frontière dans 4% des cas. Quand elle détecte un cancer, c'est un CCIS dans la moitié des cas, ce qui ne paraît pas élevé pour des prélèvements principalement réservés aux microcalcifications. Et 69,1% des CCIS dépistés l'étaient après une macrobiopsie.

"La macrobiopsie ne semble pas avoir d'impact majeur sur la proportion de CCIS détectés", a commenté le Dr Allioux.

La valeur prédictive positive de la macrobiopsie était de 29%-33%.

Globalement, ces données indiquent que l'observation des pratiques est bonne. Il serait intéressant d'étudier les résultats par centre, par radiologue et par technologie.

Elle a rappelé le bénéfice de ces macrobiopsies qui permettent de diminuer les chirurgies diagnostiques. La difficulté concerne les lésions frontières ou cancéreuses de faible agressivité auxquelles le dépistage conduit. Le dépistage organisé présente l'avantage de pouvoir identifier, qualifier et évaluer un éventuel surdiagnostic, a commenté le Dr Allioux.

Il lui paraît essentiel d'établir et de diffuser des recommandations de conduite à tenir pour ces femmes ayant potentiellement ou transitoirement un risque aggravé (lésions frontières).

sl/ab/APM

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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: LES MACROBIOPSIES SE SONT DÉVELOPPÉES SANS AUGMENTER LES CARCINOMES CANALAIRES IN SITU

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, aux Journées de la SFSPM)

DIJON, 21 novembre 2016 (APM) - Le prélèvement percutané par macrobiopsie pour des images suspectes en mammographie s'est développé en France sans impact négatif sur la détection des carcinomes canalaires in situ (CCIS), montrent des données issues du programme national de dépistage organisé du cancer du sein présentées aux Journées de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM) qui se sont tenues à Dijon jusqu'à vendredi.

Conformément aux recommandations de prise en charge qui les préconisent pour les images radiologiques suspectes afin de réduire les chirurgies inutiles, il est observé un développement fort des prélèvements percutanés.

Mais les biopsies et l'identification anatomopathologique de plus en plus précise conduisent au diagnostic de lésions frontières ou de CCIS de bas grade pouvant entraîner du surdiagnostic et du surtraitement, sujets qui mobilisent les discussions autour du dépistage, voire qui créent la polémique, a rappelé le Dr Corinne Allioux, médecin coordinateur du dépistage organisé en Loire-Atlantique, lors du forum sur le dépistage organisé du cancer du sein.

Si la microbiopsie est utilisée depuis longtemps, la macrobiopsie qui permet un prélèvement mammaire de volume important (évitant des chirurgies), est plus récente.

Le Dr Allioux a réalisé une enquête auprès de ses collègues de l'Association des coordinateurs pour le dépistage des cancers (Acorde) afin de préciser l'offre diagnostique de macrobiopsie et de regarder quels cancers elle détecte avec quelle proportion de CCIS.

Au total, 51 départements ont répondu, représentant le recueil de plus de 305.000 dépistages positifs avec 46.326 cancers dont 6.522 CCIS en 2015.

L'équipement de macrobiopsie est présent dans 19% des centres d'imagerie médicale (175 pour 896 centres). Les centres de lutte contre le cancer (CLCC) et les CHU sont les plus équipés. Les CLCC en sont presque toujours pourvus (86%), de même que les CHU (76%), et près d'une clinique sur deux (44%), alors que les CHG sont moins dotés (25%) et 12% dans les centres privés isolés, a rapporté le Dr Allioux.

L'offre moyenne de macrobiopsie était de 4,11 centres d'imagerie médicale équipés pour 100.000 personnes concernées par le dépistage du cancer du sein. Treize départements étaient plus équipés que la moyenne dont sept ayant une population supérieure à 160.000 femmes et six inférieure à 80.000.

Pour les 25 structures de gestion qui l'ont mentionné, 84% des macrobiopsies ont été faites dans le même département que le dépistage.

Le taux de macrobiopsies faites après un dépistage mammographique positif variait peu d'une année sur l'autre entre 2010 et 2014, en comparant à une précédente enquête, en moyenne de 7,9% (7,5-8,1%), malgré le développement de la technologie numérique.

Dans l'échantillon, le taux de détection moyen était de 7,6 cancers pour 1.000 femmes dépistées avec une proportion de CCIS de 14,1%, ce qui correspond aux chiffres nationaux et aux références européennes, mais avec une certaine dispersion (de 6,9% à 19,3% pour ces 45 départements).

Un prélèvement immédiat ou au cours de la surveillance a été réalisé pour 28,9% des femmes avec un dépistage positif à la mammographie. Il s'agissait d'une macrobiopsie dans 28% des cas, ce qui signifie que 8% des femmes ayant un dépistage radiologique positif ont une macrobiopsie.

Après la deuxième lecture des mammographies, la fréquence des biopsies était moindre (10,4% versus 34,7% après première lecture), la proportion de macrobiopsies était plus élevée (38,2% vs 27,1%) comme celle des CCIS (18% vs 13,7%).

La macrobiopsie détecte une lésion frontière dans 4% des cas. Quand elle détecte un cancer, c'est un CCIS dans la moitié des cas, ce qui ne paraît pas élevé pour des prélèvements principalement réservés aux microcalcifications. Et 69,1% des CCIS dépistés l'étaient après une macrobiopsie.

"La macrobiopsie ne semble pas avoir d'impact majeur sur la proportion de CCIS détectés", a commenté le Dr Allioux.

La valeur prédictive positive de la macrobiopsie était de 29%-33%.

Globalement, ces données indiquent que l'observation des pratiques est bonne. Il serait intéressant d'étudier les résultats par centre, par radiologue et par technologie.

Elle a rappelé le bénéfice de ces macrobiopsies qui permettent de diminuer les chirurgies diagnostiques. La difficulté concerne les lésions frontières ou cancéreuses de faible agressivité auxquelles le dépistage conduit. Le dépistage organisé présente l'avantage de pouvoir identifier, qualifier et évaluer un éventuel surdiagnostic, a commenté le Dr Allioux.

Il lui paraît essentiel d'établir et de diffuser des recommandations de conduite à tenir pour ces femmes ayant potentiellement ou transitoirement un risque aggravé (lésions frontières).

sl/ab/APM

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