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25/09 2023
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DES ANOMALIES TOUCHANT PLUSIEURS ORGANES VISIBLES À L'IRM PLUSIEURS MOIS APRÈS UNE HOSPITALISATION POUR COVID-19

LONDRES, 25 septembre 2023 (APMnews) - Après une hospitalisation pour Covid-19, des patients peuvent développer à moyen terme des anomalies sur plusieurs organes, à la fois les poumons, le cœur, le foie, les reins et le cerveau, selon des résultats préliminaires d'une étude britannique publiée vendredi dans The Lancet Respiratory Medicine.

"Nous avons trouvé que près d'un patient sur trois a des anomalies multi-organiques en excès à l'IRM, cinq mois après une hospitalisation pour Covid-19, par rapport à des patients contrôles", souligne la première auteure, le Dr Betty Raman de l'université d'Oxford, dans un communiqué de son établissement.

Plusieurs études ont rapporté des cas de complications d'organe retardées après une hospitalisation pour Covid-19, comme des myocardites, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies pulmonaires, rappellent les chercheurs du groupe collaboratif C-MORE/PHOSP-COVID.

Or, ces dysfonctionnements multi-organiques pourraient être responsables d'une mauvaise récupération et de symptômes persistants, une condition appelée par certains un "Covid long". Cependant, l'impact précis de ces troubles, comment ils affectent la récupération et interviennent dans la persistance de certains symptômes, reste mal connu.

Dans cette étude prospective, baptisée C-MORE (Capturing multiorgan effects of Covid-19), financée par l'UK Research and Innovation (UKRI) et le National Institute for Health Research (NIHR), les chercheurs ont suivi 259 patients dans 13 centres à travers le Royaume-Uni, ayant quitté l'hôpital après un Covid-19 diagnostiqué par PCR ou cliniquement diagnostiqué entre le 1er mars 2020 et le 1er novembre 2021, et 52 contrôles non infectés.

Globalement, par rapport aux contrôles, ils étaient plus âgés (57 ans vs 49 ans en moyenne), étaient plus souvent obèses et avaient davantage de comorbidités.

Les patients ont été évalués cinq mois en médiane après leur sortie d'hôpital. Des examens d'IRM des poumons, du cœur, du cerveau, du foie et des reins ont été réalisés.

Il apparaît que des anomalies touchant plusieurs organes à la fois étaient significativement plus fréquentes chez les patients ayant été hospitalisés pour Covid-19 que les contrôles, concernant respectivement 61% et 27% d'entre eux.

Dans l'analyse ajustée sur les facteurs de confusion, notamment les comorbidités préexistantes, les patients présentaient après hospitalisation pour Covid-19 un risque relatif rapproché (OR) d'anomalies à l'IRM à au moins deux organes de 2,9.

En particulier, les patients ayant été hospitalisés pour Covid présentaient davantage d'anomalies pulmonaires touchant plus de 5% du parenchyme à l'IRM, avec un OR de 14,7, des anomalies cérébrales (hypersignaux de la substance blanche et réduction de volume de certaines régions), avec un OR de 3,5, et des anomalies rénales (OR de 2,4).

En revanche, ils ne présentaient pas plus d'anomalies cardiaques ou hépatiques à l'IRM par rapport aux contrôles.

Parmi les patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19, ceux qui présentaient des atteintes multi-organes à l'IRM étaient plus âgés que ceux qui n'en avaient pas (59,8 ans vs 52,8 ans en moyenne), avaient plus souvent trois comorbidités ou plus (OR de 2,5) et avaient eu davantage une infection Covid-19 plus sévère.

Les chercheurs montrent également que la présence d'anomalies pulmonaires à l'IRM était associée à un risque doublé de sensation d'oppression de la poitrine et les anomalies multiples à une atteinte physique et mentale persistante très sévère après l'hospitalisation.

Les atteintes les plus fréquentes associaient des anomalies aux poumons, au foie et au cerveau, reflétant probablement une combinaison d'atteinte préalable, au foie, et de lésions post-Covid-19.

Ces résultats soulignent la nécessité de mettre en place des thérapies multiciblées et des services de suivi multidisciplinaires pour les patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19, concluent les chercheurs. Le suivi des patients se poursuit.

Dans un éditorial associé, Matthew Baldwin de la Columbia University à New York relève qu'il s'agit de la première étude IRM à évaluer plusieurs organes à la fois chez des patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19 et à les associer à des symptômes post-Covid-19. Malgré certaines limites, cette étude permet d'"avancer dans la connaissance de la pathobiologie du Covid long".

Les résultats indiquent en particulier que des maladies vasculaires pulmonaire et cardiaque étendues ne semblent pas sous-jacentes à un Covid long et suggèrent qu'il faudrait se concentrer sur des causes neuromusculaires pour la dyspnée et la fatigue chez ces patients.

Il semble également qu'une seule atteinte organique ne permet pas d'expliquer un Covid long mais qu'au moins deux anomalies interagissent pour créer des déficiences physiologiques produisant les symptômes de Covid long, estime le chercheur.

(The Lancet Respiratory Medicine, publication en ligne du 22 septembre et éditorial associé)

ld/ab/APMnews

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LONDRES, 25 septembre 2023 (APMnews) - Après une hospitalisation pour Covid-19, des patients peuvent développer à moyen terme des anomalies sur plusieurs organes, à la fois les poumons, le cœur, le foie, les reins et le cerveau, selon des résultats préliminaires d'une étude britannique publiée vendredi dans The Lancet Respiratory Medicine.

"Nous avons trouvé que près d'un patient sur trois a des anomalies multi-organiques en excès à l'IRM, cinq mois après une hospitalisation pour Covid-19, par rapport à des patients contrôles", souligne la première auteure, le Dr Betty Raman de l'université d'Oxford, dans un communiqué de son établissement.

Plusieurs études ont rapporté des cas de complications d'organe retardées après une hospitalisation pour Covid-19, comme des myocardites, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des embolies pulmonaires, rappellent les chercheurs du groupe collaboratif C-MORE/PHOSP-COVID.

Or, ces dysfonctionnements multi-organiques pourraient être responsables d'une mauvaise récupération et de symptômes persistants, une condition appelée par certains un "Covid long". Cependant, l'impact précis de ces troubles, comment ils affectent la récupération et interviennent dans la persistance de certains symptômes, reste mal connu.

Dans cette étude prospective, baptisée C-MORE (Capturing multiorgan effects of Covid-19), financée par l'UK Research and Innovation (UKRI) et le National Institute for Health Research (NIHR), les chercheurs ont suivi 259 patients dans 13 centres à travers le Royaume-Uni, ayant quitté l'hôpital après un Covid-19 diagnostiqué par PCR ou cliniquement diagnostiqué entre le 1er mars 2020 et le 1er novembre 2021, et 52 contrôles non infectés.

Globalement, par rapport aux contrôles, ils étaient plus âgés (57 ans vs 49 ans en moyenne), étaient plus souvent obèses et avaient davantage de comorbidités.

Les patients ont été évalués cinq mois en médiane après leur sortie d'hôpital. Des examens d'IRM des poumons, du cœur, du cerveau, du foie et des reins ont été réalisés.

Il apparaît que des anomalies touchant plusieurs organes à la fois étaient significativement plus fréquentes chez les patients ayant été hospitalisés pour Covid-19 que les contrôles, concernant respectivement 61% et 27% d'entre eux.

Dans l'analyse ajustée sur les facteurs de confusion, notamment les comorbidités préexistantes, les patients présentaient après hospitalisation pour Covid-19 un risque relatif rapproché (OR) d'anomalies à l'IRM à au moins deux organes de 2,9.

En particulier, les patients ayant été hospitalisés pour Covid présentaient davantage d'anomalies pulmonaires touchant plus de 5% du parenchyme à l'IRM, avec un OR de 14,7, des anomalies cérébrales (hypersignaux de la substance blanche et réduction de volume de certaines régions), avec un OR de 3,5, et des anomalies rénales (OR de 2,4).

En revanche, ils ne présentaient pas plus d'anomalies cardiaques ou hépatiques à l'IRM par rapport aux contrôles.

Parmi les patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19, ceux qui présentaient des atteintes multi-organes à l'IRM étaient plus âgés que ceux qui n'en avaient pas (59,8 ans vs 52,8 ans en moyenne), avaient plus souvent trois comorbidités ou plus (OR de 2,5) et avaient eu davantage une infection Covid-19 plus sévère.

Les chercheurs montrent également que la présence d'anomalies pulmonaires à l'IRM était associée à un risque doublé de sensation d'oppression de la poitrine et les anomalies multiples à une atteinte physique et mentale persistante très sévère après l'hospitalisation.

Les atteintes les plus fréquentes associaient des anomalies aux poumons, au foie et au cerveau, reflétant probablement une combinaison d'atteinte préalable, au foie, et de lésions post-Covid-19.

Ces résultats soulignent la nécessité de mettre en place des thérapies multiciblées et des services de suivi multidisciplinaires pour les patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19, concluent les chercheurs. Le suivi des patients se poursuit.

Dans un éditorial associé, Matthew Baldwin de la Columbia University à New York relève qu'il s'agit de la première étude IRM à évaluer plusieurs organes à la fois chez des patients qui ont été hospitalisés pour Covid-19 et à les associer à des symptômes post-Covid-19. Malgré certaines limites, cette étude permet d'"avancer dans la connaissance de la pathobiologie du Covid long".

Les résultats indiquent en particulier que des maladies vasculaires pulmonaire et cardiaque étendues ne semblent pas sous-jacentes à un Covid long et suggèrent qu'il faudrait se concentrer sur des causes neuromusculaires pour la dyspnée et la fatigue chez ces patients.

Il semble également qu'une seule atteinte organique ne permet pas d'expliquer un Covid long mais qu'au moins deux anomalies interagissent pour créer des déficiences physiologiques produisant les symptômes de Covid long, estime le chercheur.

(The Lancet Respiratory Medicine, publication en ligne du 22 septembre et éditorial associé)

ld/ab/APMnews

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