Actualités de l'Urgence - APM

DES CLÉS POUR AMÉLIORER L'ACCUEIL DES PATIENTS HANDICAPÉS AUX URGENCES
PARIS, 5 juin 2025 (APMnews) - Des solutions sont possibles pour améliorer l'accueil des patients handicapés aux urgences, à travers la sensibilisation et la formation des professionnels de santé, grâce à divers outils déjà disponibles… et une meilleure organisation des soins, ont débattu mercredi personnes concernées, aidants et urgentistes, lors d'une session du congrès Urgences 2025, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris.
"Les personnes souffrant d'un handicap physique, mental, psychique ou sensoriel représentent environ 10% de la population française, soit 6 millions d'individus. A l'hôpital, cela concerne les patients, les visiteurs, les professionnels, les étudiants, les proches", a rappelé Annie Deperrois, cadre supérieure de santé au CHU de Rouen et référente régionale handicap auprès de l'agence régionale de santé (ARS) Normandie.
Depuis 2020, un référent handicap Samu, centre 15, Smur et 114 doit être désigné, en plus du référent handicap "parcours de soins" pour l'ensemble de l'établissement (cf dépêche du 16/06/2023 à 13:08), et du référent handicap pour le personnel, a-t-elle listé.
De plus, la charte Romain-Jacob, ratifiée par nombre d'hôpitaux depuis sa création en 2014 (cf dépêche du 17/12/2014 à 14:20), évoque explicitement l'accueil des personnes handicapées aux urgences, et la Haute autorité de santé (HAS) a publié un guide dès 2017 destiné à aider les établissements de santé à mieux s'organiser pour accompagner les personnes handicapées, avec des recommandations pour l'accueil aux urgences (cf dépêche du 22/09/2017 à 17:42).
Pour autant, les urgentistes restent parfois démunis face à une personne handicapée, a relevé Annie Deperrois, listant, parmi les "difficultés les plus souvent citées par les services des urgences", "la barrière du langage et de la communication; l'expression de la douleur qui est différente dans certains types de handicaps; les troubles du comportement; les difficultés de mobilisation; le manque de formation sur le handicap -c'est peu abordé dans nos professions en formation initiale-; le manque d'outils de communication; le rôle des accompagnants aidants, qui n'est pas toujours clair et qui est à adapter; et des problèmes d'accessibilité".
De fait, l'accueil des personnes handicapées aux urgences est très perfectible, a relevé la référente santé pour le conseil d'administration d'APF France handicap, Agnès Bourdon-Busin, ancienne infirmière puéricultrice aux urgences pédiatriques, handicapée elle-même et désormais patiente-experte. "Quand on parle d'accessibilité, on pense souvent l'accessibilité motrice. Mais pour rendre l'hôpital, et notamment les urgences, accessibles, on doit penser beaucoup plus large, [penser] accessibilité universelle: c'est à travers ces prises en charge spécifiques que l'on peut aussi améliorer le quotidien des autres patients, mais aussi celui des soignants", a-t-elle encouragé.
Maladresses et incompréhensions
Agnès Bourdon-Busin a soumis des cas cliniques, jugés un peu sévères par certains urgentistes dans la salle, mais très parlants. Ainsi, ce patient "de 35 ans, ayant une paralysie cérébrale […], entraînant une paraplégie spastique des membres supérieurs. […] Il marche, il est autonome. Il a des troubles de l'élocution, mais est communicant et compréhensible. Il travaille comme ingénieur dans les télécommunications."
Il est admis aux urgences à la suite d'une chute dans l'escalier survenue 48 heures avant, pour des douleurs importantes au dos et au cou et des difficultés à la marche, poursuit-elle. "Aux urgences, il aura essayé de faire entendre qu'il marchait correctement avant l'accident, qu'il pouvait se mobiliser seul, ce qui n'était plus le cas. Il n'a pas été entendu." Résultat, "pas de bilan radiologique" mais une sortie "avec des antalgiques" et un "diagnostic de douleurs dues aux contusions liées à la chute".
Or, "72 heures plus tard, il est de retour aux urgences, cette fois avec son épouse. Il est épuisé, ne tient plus debout, a un déficit neurologique important au niveau des membres inférieurs. Sa femme explique qu'il était marchant, qu'il a une vie professionnelle, qu'elle ne l'a jamais vu comme ça. Les médecins semblent encore sceptiques. Il faudra qu'[elle] montre des vidéos de son mari marchant pour être entendue". Une IRM cervico-dorsale révélera une fracture de la vertèbre cervicale C5 et un tassement en C5-C6 expliquant les symptômes.
"Ici, le défaut d'écoute de la personne en situation de handicap, qui connaît son corps et ses dysfonctionnements, le manque de formation sur les paralysies cérébrales, toutes différentes selon les individus, et le manque de temps pour essayer de communiquer au mieux avec cette personne ont conduit à des séquelles irréversibles", s'est-elle désolée.
Elle a donné l'exemple d'une jeune femme atteinte d'un trouble du spectre autistique, où, aux urgences, aucune des caractéristiques de son trouble n'est prise en compte et où on lui parle "comme à une enfant de 3 ans". "Le manque de connaissances sur le spectre autistique et ses conséquences a mis cette jeune femme en difficulté et certainement le personnel soignant, qui avait du coup une posture inadaptée", a analysé Agnès Bourdon-Busin. "La présence de son conjoint lui a permis de ne pas accentuer son stress et sa détresse", mais "l'utilisation d'une communication adaptée et d'outils comme l'échelle simplifiée de la douleur chez les personnes dyscommunicantes avec troubles du spectre de l'autisme (ESDDA) aurait été fort intéressante".
Elle a aussi raconté l'histoire d'un homme de 55 ans amené aux urgences par le Smur pour détresse respiratoire, désaturation et agitation, et renvoyé dans son foyer de vie à 4 heures du matin avec la consigne d'une mise sous oxygène en continu, alors que ce n'est pas possible dans cet établissement non médicalisé. "Cette sortie sans prise en compte du lieu de vie est due au manque d'information et de formation des personnels soignants, qui pensent souvent que tous les établissements médico-sociaux disposent de matériel et de personnel de soins 24 heures sur 24", a-t-elle commenté.
Pour aider les professionnels, de nombreux outils existent, comme ceux de l'association Coactis (cf dépêche du 21/02/2022 à 19:05), HandiConnect.fr ou SantéBD, a-t-elle cité.
S'appuyer sur les aidants
Les urgentistes doivent aussi s'appuyer sur les aidants qui "peuvent contribuer […] à la qualité et à la sécurité des soins eux-mêmes", a encouragé la conseillère santé de l'association APF France handicap, Karine Pouchin-Grépinet.
"Sur les trois premiers mois de l'année 2025, 14% des répondants en situation de handicap au baromètre Handifaction déclarent que leur accompagnant a été refusé par un soignant. On voit qu'il y a encore une marge de progression sur comment trouver cette juste place de l'aidant, ce qui est encore plus compliqué au moment des urgences", a-t-elle souligné.
"L'aidant peut être une personne ressource pour les équipes de soins, un traducteur, pour dire ce que le patient avait l'habitude de faire par lui-même avant l'arrivée aux urgences. Et quand les personnes n'ont pas une communication verbalisée, il est traducteur au sens presque strict du terme, et peut vous aider dans l'interprétation des accords, des désaccords, des besoins exprimés, des expressions de bien-être ou de mal-être, de douleur", a-t-elle dit aux professionnels dans la salle, les appelant aussi à être vigilants sur qui est la personne de confiance du patient et le cas échéant son représentant légal.
Elle a rappelé que la charte Romain-Jacob "valorise la place des accompagnants" et cité en exemple la récente charte sur la place des accompagnants dans les services d'urgence de l'AP-HP (cf dépêche du 28/03/2025 à 16:11).
Au-delà des outils, "ce sont des choses qui relèvent du bon sens ou d'un savoir-être de la part des soignants", a-t-elle noté: "Il faut toujours s'adresser à la personne concernée, même si vous pensez qu'elle a une déficience intellectuelle ou n'est pas en capacité de s'exprimer oralement. Le contact visuel et oral doit toujours concerner la personne en premier lieu, et pas son aidant", a-t-elle recommandé. "Il faut toujours demander au patient ce qu'il souhaite, et interroger l'aidant sur la place que lui-même souhaite tenir tout au long du parcours."
Un problème global d'organisation
De la salle, le chef de service des urgences de l'Hôpital Foch (Suresnes, Hauts-de-Seine), le Dr Benoît Doumenc, a souligné qu'"aux urgences, on est confronté à tous types de populations" et "on ne pourra pas adapter nos échelles de tri à tel ou tel patient".
"Si les patients vulnérables restent longtemps aux urgences, ce n'est pas la faute des urgentistes, mais de l'organisation de l'hôpital. Nos services sont saturés par des patients qui attendent une IRM, le chirurgien", etc., a-t-il insisté.
Il a aussi relevé la situation qui "arrive assez régulièrement" d'un professionnel social ou médico-social amenant une personne handicapée "à 18 heures et qui dit 'j'ai fini ma journée' et qui s'en va en nous laissant le patient". Il a également appelé à "anticiper certaines situations qui se retrouvent aux urgences, alors qu'il s'agit d'une évolution naturelle prévue, prévisible en tout cas, de la pathologie".
Mais il a relevé que "nous, dans les services d'urgences, il faut que l'on change notre capacité à accueillir les patients", avec "des gens à l'accueil qui doivent être formés, pas seulement à l'accueil médical" mais à l'accueil tout court. Et il a fait l'éloge des formations et outils qui permettent aux soignants de se mettre véritablement à la place des personnes, comme les simulateurs de vieillissement (cf dépêche du 04/10/2024 à 16:20 et dépêche du 14/10/2016 à 13:36).
L'amélioration de l'accueil des personnes handicapées à l'hôpital "doit vraiment être une politique institutionnelle", pas d'un seul service, mais "à l'échelle d'un établissement ou d'un GHT [groupement hospitalier de territoire]", a encouragé Annie Deperrois.
vl/nc/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

DES CLÉS POUR AMÉLIORER L'ACCUEIL DES PATIENTS HANDICAPÉS AUX URGENCES
PARIS, 5 juin 2025 (APMnews) - Des solutions sont possibles pour améliorer l'accueil des patients handicapés aux urgences, à travers la sensibilisation et la formation des professionnels de santé, grâce à divers outils déjà disponibles… et une meilleure organisation des soins, ont débattu mercredi personnes concernées, aidants et urgentistes, lors d'une session du congrès Urgences 2025, qui se tient jusqu'à vendredi à Paris.
"Les personnes souffrant d'un handicap physique, mental, psychique ou sensoriel représentent environ 10% de la population française, soit 6 millions d'individus. A l'hôpital, cela concerne les patients, les visiteurs, les professionnels, les étudiants, les proches", a rappelé Annie Deperrois, cadre supérieure de santé au CHU de Rouen et référente régionale handicap auprès de l'agence régionale de santé (ARS) Normandie.
Depuis 2020, un référent handicap Samu, centre 15, Smur et 114 doit être désigné, en plus du référent handicap "parcours de soins" pour l'ensemble de l'établissement (cf dépêche du 16/06/2023 à 13:08), et du référent handicap pour le personnel, a-t-elle listé.
De plus, la charte Romain-Jacob, ratifiée par nombre d'hôpitaux depuis sa création en 2014 (cf dépêche du 17/12/2014 à 14:20), évoque explicitement l'accueil des personnes handicapées aux urgences, et la Haute autorité de santé (HAS) a publié un guide dès 2017 destiné à aider les établissements de santé à mieux s'organiser pour accompagner les personnes handicapées, avec des recommandations pour l'accueil aux urgences (cf dépêche du 22/09/2017 à 17:42).
Pour autant, les urgentistes restent parfois démunis face à une personne handicapée, a relevé Annie Deperrois, listant, parmi les "difficultés les plus souvent citées par les services des urgences", "la barrière du langage et de la communication; l'expression de la douleur qui est différente dans certains types de handicaps; les troubles du comportement; les difficultés de mobilisation; le manque de formation sur le handicap -c'est peu abordé dans nos professions en formation initiale-; le manque d'outils de communication; le rôle des accompagnants aidants, qui n'est pas toujours clair et qui est à adapter; et des problèmes d'accessibilité".
De fait, l'accueil des personnes handicapées aux urgences est très perfectible, a relevé la référente santé pour le conseil d'administration d'APF France handicap, Agnès Bourdon-Busin, ancienne infirmière puéricultrice aux urgences pédiatriques, handicapée elle-même et désormais patiente-experte. "Quand on parle d'accessibilité, on pense souvent l'accessibilité motrice. Mais pour rendre l'hôpital, et notamment les urgences, accessibles, on doit penser beaucoup plus large, [penser] accessibilité universelle: c'est à travers ces prises en charge spécifiques que l'on peut aussi améliorer le quotidien des autres patients, mais aussi celui des soignants", a-t-elle encouragé.
Maladresses et incompréhensions
Agnès Bourdon-Busin a soumis des cas cliniques, jugés un peu sévères par certains urgentistes dans la salle, mais très parlants. Ainsi, ce patient "de 35 ans, ayant une paralysie cérébrale […], entraînant une paraplégie spastique des membres supérieurs. […] Il marche, il est autonome. Il a des troubles de l'élocution, mais est communicant et compréhensible. Il travaille comme ingénieur dans les télécommunications."
Il est admis aux urgences à la suite d'une chute dans l'escalier survenue 48 heures avant, pour des douleurs importantes au dos et au cou et des difficultés à la marche, poursuit-elle. "Aux urgences, il aura essayé de faire entendre qu'il marchait correctement avant l'accident, qu'il pouvait se mobiliser seul, ce qui n'était plus le cas. Il n'a pas été entendu." Résultat, "pas de bilan radiologique" mais une sortie "avec des antalgiques" et un "diagnostic de douleurs dues aux contusions liées à la chute".
Or, "72 heures plus tard, il est de retour aux urgences, cette fois avec son épouse. Il est épuisé, ne tient plus debout, a un déficit neurologique important au niveau des membres inférieurs. Sa femme explique qu'il était marchant, qu'il a une vie professionnelle, qu'elle ne l'a jamais vu comme ça. Les médecins semblent encore sceptiques. Il faudra qu'[elle] montre des vidéos de son mari marchant pour être entendue". Une IRM cervico-dorsale révélera une fracture de la vertèbre cervicale C5 et un tassement en C5-C6 expliquant les symptômes.
"Ici, le défaut d'écoute de la personne en situation de handicap, qui connaît son corps et ses dysfonctionnements, le manque de formation sur les paralysies cérébrales, toutes différentes selon les individus, et le manque de temps pour essayer de communiquer au mieux avec cette personne ont conduit à des séquelles irréversibles", s'est-elle désolée.
Elle a donné l'exemple d'une jeune femme atteinte d'un trouble du spectre autistique, où, aux urgences, aucune des caractéristiques de son trouble n'est prise en compte et où on lui parle "comme à une enfant de 3 ans". "Le manque de connaissances sur le spectre autistique et ses conséquences a mis cette jeune femme en difficulté et certainement le personnel soignant, qui avait du coup une posture inadaptée", a analysé Agnès Bourdon-Busin. "La présence de son conjoint lui a permis de ne pas accentuer son stress et sa détresse", mais "l'utilisation d'une communication adaptée et d'outils comme l'échelle simplifiée de la douleur chez les personnes dyscommunicantes avec troubles du spectre de l'autisme (ESDDA) aurait été fort intéressante".
Elle a aussi raconté l'histoire d'un homme de 55 ans amené aux urgences par le Smur pour détresse respiratoire, désaturation et agitation, et renvoyé dans son foyer de vie à 4 heures du matin avec la consigne d'une mise sous oxygène en continu, alors que ce n'est pas possible dans cet établissement non médicalisé. "Cette sortie sans prise en compte du lieu de vie est due au manque d'information et de formation des personnels soignants, qui pensent souvent que tous les établissements médico-sociaux disposent de matériel et de personnel de soins 24 heures sur 24", a-t-elle commenté.
Pour aider les professionnels, de nombreux outils existent, comme ceux de l'association Coactis (cf dépêche du 21/02/2022 à 19:05), HandiConnect.fr ou SantéBD, a-t-elle cité.
S'appuyer sur les aidants
Les urgentistes doivent aussi s'appuyer sur les aidants qui "peuvent contribuer […] à la qualité et à la sécurité des soins eux-mêmes", a encouragé la conseillère santé de l'association APF France handicap, Karine Pouchin-Grépinet.
"Sur les trois premiers mois de l'année 2025, 14% des répondants en situation de handicap au baromètre Handifaction déclarent que leur accompagnant a été refusé par un soignant. On voit qu'il y a encore une marge de progression sur comment trouver cette juste place de l'aidant, ce qui est encore plus compliqué au moment des urgences", a-t-elle souligné.
"L'aidant peut être une personne ressource pour les équipes de soins, un traducteur, pour dire ce que le patient avait l'habitude de faire par lui-même avant l'arrivée aux urgences. Et quand les personnes n'ont pas une communication verbalisée, il est traducteur au sens presque strict du terme, et peut vous aider dans l'interprétation des accords, des désaccords, des besoins exprimés, des expressions de bien-être ou de mal-être, de douleur", a-t-elle dit aux professionnels dans la salle, les appelant aussi à être vigilants sur qui est la personne de confiance du patient et le cas échéant son représentant légal.
Elle a rappelé que la charte Romain-Jacob "valorise la place des accompagnants" et cité en exemple la récente charte sur la place des accompagnants dans les services d'urgence de l'AP-HP (cf dépêche du 28/03/2025 à 16:11).
Au-delà des outils, "ce sont des choses qui relèvent du bon sens ou d'un savoir-être de la part des soignants", a-t-elle noté: "Il faut toujours s'adresser à la personne concernée, même si vous pensez qu'elle a une déficience intellectuelle ou n'est pas en capacité de s'exprimer oralement. Le contact visuel et oral doit toujours concerner la personne en premier lieu, et pas son aidant", a-t-elle recommandé. "Il faut toujours demander au patient ce qu'il souhaite, et interroger l'aidant sur la place que lui-même souhaite tenir tout au long du parcours."
Un problème global d'organisation
De la salle, le chef de service des urgences de l'Hôpital Foch (Suresnes, Hauts-de-Seine), le Dr Benoît Doumenc, a souligné qu'"aux urgences, on est confronté à tous types de populations" et "on ne pourra pas adapter nos échelles de tri à tel ou tel patient".
"Si les patients vulnérables restent longtemps aux urgences, ce n'est pas la faute des urgentistes, mais de l'organisation de l'hôpital. Nos services sont saturés par des patients qui attendent une IRM, le chirurgien", etc., a-t-il insisté.
Il a aussi relevé la situation qui "arrive assez régulièrement" d'un professionnel social ou médico-social amenant une personne handicapée "à 18 heures et qui dit 'j'ai fini ma journée' et qui s'en va en nous laissant le patient". Il a également appelé à "anticiper certaines situations qui se retrouvent aux urgences, alors qu'il s'agit d'une évolution naturelle prévue, prévisible en tout cas, de la pathologie".
Mais il a relevé que "nous, dans les services d'urgences, il faut que l'on change notre capacité à accueillir les patients", avec "des gens à l'accueil qui doivent être formés, pas seulement à l'accueil médical" mais à l'accueil tout court. Et il a fait l'éloge des formations et outils qui permettent aux soignants de se mettre véritablement à la place des personnes, comme les simulateurs de vieillissement (cf dépêche du 04/10/2024 à 16:20 et dépêche du 14/10/2016 à 13:36).
L'amélioration de l'accueil des personnes handicapées à l'hôpital "doit vraiment être une politique institutionnelle", pas d'un seul service, mais "à l'échelle d'un établissement ou d'un GHT [groupement hospitalier de territoire]", a encouragé Annie Deperrois.
vl/nc/APMnews