Actualités de l'Urgence - APM

14/05 2020
Retour

DES PARTICULES D'ÉTAIN RETROUVÉES DANS LES BIOPSIES DE PORTEUSES DE L'IMPLANT ESSURE* (ÉTUDE FRANÇAISE)

PARIS, 14 mai 2020 (APMnews) - Une étude française publiée dans l'European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, réalisée sur les tissus utérins de 10 patientes après hystérectomie ou salpingectomie pour le retrait de l'implant contraceptif Essure* (Bayer), montre la présence de particules métalliques, notamment d'étain, dans les tissus des trompes et des cornes utérines, résultant de la dégradation de l'implant.

Essure* est soupçonné d'être la cause de symptômes (règles hémorragiques, douleurs locales...) parfois invalidants, comme des douleurs musculaires et articulaires multiples, voire des paralysies, chez de nombreuses utilisatrices. Celles-ci ont engagé dans plusieurs pays, comme en France, des poursuites contre Bayer, lequel a cessé la commercialisation de son implant, d'abord hors Etats-Unis en septembre 2017, puis aux Etats-Unis en juillet 2018, rappelle-t-on.

L'absence d'étude clinique sur le comportement du dispositif dans le temps, en particulier sur le relargage des métaux lourds (nickel, chrome, mais aussi iridium) dont il est constitué, a été pointé du doigt dans les dossiers de plaignantes.

Mickaël Catinon du laboratoire Minapath Developpement à Villeurbanne (Rhône) et ses collègues ont analysé les tissus de 10 utilisatrices de l'implant. Huit ont eu une hystérectomie et 2 une salpingectomie. Elles avaient été exposées à l'implant en moyenne pendant 85,5 mois.

Les implants sont constitués d'alliages de différents métaux: fer, chrome, nickel pour l'extrémité distale et la spirale interne, argent et étain pour la soudure, nickel et titane pour la spirale externe, platine pour les anneaux repère et l'extrémité proximale de la spirale interne.

Des analyses minéralogiques ont été réalisées sur 13 biopsies tissulaires et 4 des implants retirés chez ces patientes, par microscopie électronique à balayage couplée à la spectroscopie à rayons X à dispersion d'énergie (EDS).

Des particules d'étain ont été observées dans les biopsies de trompes de Fallope ou de cornes utérines de 5 patientes, associées à des réactions cellulaires inflammatoires.

Chez les 5 autres patientes, des particules de fer, chrome, nickel ou platine ont été observées dans les tissus. "Il est donc possible qu'une toxicité supplémentaire s'ajoute à la toxicité de l'étain", commentent les auteurs.

L'analyse des implants retirés a montré une détérioration majeure de la zone de soudure, avec soit l'apparence d'une destruction de la soudure, soit la présence d'un revêtement organique contenant des particules.

Les auteurs soulignent que "dans 7 des 10 cas de cette étude, une dégradation possible de la soudure a été identifiée, avec une dissémination locale d'étain dans la trompe de Fallope ou la corne utérine, parfois accompagnée d'une réaction inflammatoire et/ou d'un enkystement des particules".

Ils notent que toutes les analyses d'implants utilisés ont montré un niveau élevé de dégradation, avec l'apparence d'une destruction de la soudure en étain et la présence de tissu organique autour de la soudure endommagée, ainsi que la dissémination de particules d'étain à l'intérieur du tissu organique.

Les lésions inflammatoires locales associées à la présence de particules d'étain peuvent expliquer les douleurs pelviennes et dyspareunies rapportées par les patientes.

La bioproduction de composés organo-stanniques (composés organiques comportant au moins une liaison covalente entre un atome de carbone et un atome d'étain) après infiltration et corrosion de l'étain, similaire au processus observé pour le mercure, pourrait expliquer certains symptômes systémiques (vision floue, céphalées, asthénie, myalgie), suggèrent les auteurs.

Ces analyses "soutiennent l'hypothèse d'une relation causale entre une dégradation anormale de l'implant et les symptômes loco-régionaux", concluent les auteurs.

(Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, publication en ligne du 19 avril)

cd/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

14/05 2020
Retour

DES PARTICULES D'ÉTAIN RETROUVÉES DANS LES BIOPSIES DE PORTEUSES DE L'IMPLANT ESSURE* (ÉTUDE FRANÇAISE)

PARIS, 14 mai 2020 (APMnews) - Une étude française publiée dans l'European Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, réalisée sur les tissus utérins de 10 patientes après hystérectomie ou salpingectomie pour le retrait de l'implant contraceptif Essure* (Bayer), montre la présence de particules métalliques, notamment d'étain, dans les tissus des trompes et des cornes utérines, résultant de la dégradation de l'implant.

Essure* est soupçonné d'être la cause de symptômes (règles hémorragiques, douleurs locales...) parfois invalidants, comme des douleurs musculaires et articulaires multiples, voire des paralysies, chez de nombreuses utilisatrices. Celles-ci ont engagé dans plusieurs pays, comme en France, des poursuites contre Bayer, lequel a cessé la commercialisation de son implant, d'abord hors Etats-Unis en septembre 2017, puis aux Etats-Unis en juillet 2018, rappelle-t-on.

L'absence d'étude clinique sur le comportement du dispositif dans le temps, en particulier sur le relargage des métaux lourds (nickel, chrome, mais aussi iridium) dont il est constitué, a été pointé du doigt dans les dossiers de plaignantes.

Mickaël Catinon du laboratoire Minapath Developpement à Villeurbanne (Rhône) et ses collègues ont analysé les tissus de 10 utilisatrices de l'implant. Huit ont eu une hystérectomie et 2 une salpingectomie. Elles avaient été exposées à l'implant en moyenne pendant 85,5 mois.

Les implants sont constitués d'alliages de différents métaux: fer, chrome, nickel pour l'extrémité distale et la spirale interne, argent et étain pour la soudure, nickel et titane pour la spirale externe, platine pour les anneaux repère et l'extrémité proximale de la spirale interne.

Des analyses minéralogiques ont été réalisées sur 13 biopsies tissulaires et 4 des implants retirés chez ces patientes, par microscopie électronique à balayage couplée à la spectroscopie à rayons X à dispersion d'énergie (EDS).

Des particules d'étain ont été observées dans les biopsies de trompes de Fallope ou de cornes utérines de 5 patientes, associées à des réactions cellulaires inflammatoires.

Chez les 5 autres patientes, des particules de fer, chrome, nickel ou platine ont été observées dans les tissus. "Il est donc possible qu'une toxicité supplémentaire s'ajoute à la toxicité de l'étain", commentent les auteurs.

L'analyse des implants retirés a montré une détérioration majeure de la zone de soudure, avec soit l'apparence d'une destruction de la soudure, soit la présence d'un revêtement organique contenant des particules.

Les auteurs soulignent que "dans 7 des 10 cas de cette étude, une dégradation possible de la soudure a été identifiée, avec une dissémination locale d'étain dans la trompe de Fallope ou la corne utérine, parfois accompagnée d'une réaction inflammatoire et/ou d'un enkystement des particules".

Ils notent que toutes les analyses d'implants utilisés ont montré un niveau élevé de dégradation, avec l'apparence d'une destruction de la soudure en étain et la présence de tissu organique autour de la soudure endommagée, ainsi que la dissémination de particules d'étain à l'intérieur du tissu organique.

Les lésions inflammatoires locales associées à la présence de particules d'étain peuvent expliquer les douleurs pelviennes et dyspareunies rapportées par les patientes.

La bioproduction de composés organo-stanniques (composés organiques comportant au moins une liaison covalente entre un atome de carbone et un atome d'étain) après infiltration et corrosion de l'étain, similaire au processus observé pour le mercure, pourrait expliquer certains symptômes systémiques (vision floue, céphalées, asthénie, myalgie), suggèrent les auteurs.

Ces analyses "soutiennent l'hypothèse d'une relation causale entre une dégradation anormale de l'implant et les symptômes loco-régionaux", concluent les auteurs.

(Journal of Obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology, publication en ligne du 19 avril)

cd/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.