Actualités de l'Urgence - APM

12/09 2019
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DES RECOMMANDATIONS POUR AMÉLIORER LE REPÉRAGE ET LA PRISE EN CHARGE DE LA BOULIMIE ET DE L'HYPERPHAGIE BOULIMIQUE

PARIS, 12 septembre 2019 (APMnews) - La Haute autorité de santé (HAS) et la Fédération française anorexie boulimie (FFAB) ont publié jeudi de premières recommandations de bonne pratique pour améliorer le repérage et la prise en charge des personnes souffrant de boulimie ou d'hyperphagie boulimique ainsi que huit fiches outils.

La boulimie et l'hyperphagie boulimique sont deux troubles des conduites alimentaires (TCA) fréquents, le premier touchant 1,5% des 11-20 ans, parmi lesquels trois fois plus de filles que de garçons, et le second concernant 3% à 5% des adultes, presque autant les hommes que les femmes. Mais ils sont "difficiles à repérer car les personnes n'osent en parler, par honte ou culpabilité" alors qu'ils ont de fortes répercussions familiales, sociales et sanitaires, indiquent la HAS et la FFAB, dans un communiqué jeudi.

Tout acteur du système de soins est à même d'effectuer ce repérage, estime la HAS dans le texte des recommandations. Elles s'adressent aux professionnels de santé mais aussi, notamment au milieu scolaire.

Un repérage ciblé doit être réalisé chez les groupes à risque, comme les adolescentes et les jeunes femmes, les étudiants, les sportifs (pour lesquels le contrôle du poids est primordial notamment dans les compétitions), les personnes en situation d'insuffisance pondérale ou d'obésité. Les éducateurs, professeurs de sport, le personnel scolaire, les parents et tout intervenant en milieu de garde présent au moment des repas peuvent aussi participer au repérage, ajoutent la HAS et la FFAB.

Des signes doivent alerter les professionnels comme une érosion des dents, une abrasion de la main liée aux vomissements, des troubles de la fertilité, une hypokaliémie, un angle sous-mandibulaire gonflé, une demande de régime amaigrissant voire de chirurgie bariatrique, poursuivent-elles.

Concernant la prise en charge, elle doit être précoce et d'emblée pluriprofessionnelle (somatique, psychologique, nutritionnelle, sociale et familiale), coordonnée entre les différents intervenants, adaptée à l'âge du patient et à l'intensité de ses troubles.

L'établissement d'une alliance thérapeutique est prioritaire. Il faut pour cela instaurer une relation de qualité avec le patient et, si possible, son entourage, en particulier lorsqu'il s'agit d'adolescents ou de jeunes adultes.

Les soins ont pour objectif l'arrêt des crises, le traitement des dysrégulations émotionnelles et des dimensions psychiques associées, des comorbidités psychiatriques et des aspects sociaux liés aux troubles, la restauration d'un comportement alimentaire équilibré et adapté, la prise en charge des complications somatiques, la prévention des rechutes et la préservation de l'insertion sociale.

Les recommandations détaillent les étapes du repérage, de l'évaluation initiale et de l'initiation des soins, l'organisation d'un plan de soins, les approches psychothérapeutiques et les traitements psychotropes, les complications somatiques et nutritionnelles et prise en charge, la prise en charge par les diététiciens, la prise en charge sociale.

La HAS et la FFAB précisent la conduite à tenir aux urgences et formulent des recommandations d'une part aux patients, d'autre part aux familles et aux professionnels, concernant en particulier le refus de soins, les freins aux soins et les facteurs de résistance aux traitements.

Huit fiches outils, chacune de quelques pages, sont diffusées en plus de ces recommandations sur le repérage, l'évaluation initiale et l'initiation des soins, les complications somatiques et la prise en charge, la prise en charge pluriprofessionnelle coordonnée, les aspects gynécologiques et obstétricaux, le repérage et la prise en charge de l’état dentaire par le chirurgien-dentiste, et enfin les urgences.

Ces recommandations complètent celles publiées sur l'anorexie mentale en 2010 (cf dépêche du 30/09/2010 à 14:12).

Développer la formation et structurer l'offre de soins

Enfin, la HAS et la FFAB font des recommandations aux pouvoirs publics concernant la formation, l'organisation des soins ainsi que l'évaluation et la recherche.

Elles préconisent de développer des campagnes d'information et de formation visant à développer la prévention primaire des TCA (par le biais du renforcement de l'estime de soi, l'information sur le poids de santé, les dangers des régimes, la gestion du stress, l'éducation contre l'incitation des médias à la minceur extrême) ainsi qu'à faire connaître les TCA et les moyens de prise en charge, à lutter contre la stigmatisation, à donner les moyens du repérage et de l'orientation aux professionnels des milieux scolaires et universitaires, sportifs et de loisirs.

Il s'agit également de soutenir la formation initiale et continue des professionnels de santé.

Concernant l'organisation des soins, il est recommandé d'"intégrer le développement de la filière de soins TCA" dans les schémas régionaux de santé "afin d'induire une structuration nationale de l'offre de soins actuellement insuffisante".

L'agence et la fédération plaident aussi pour une offre de soins spécialisée, adaptée à l'âge, pluriprofessionnelle (associant les champs psychiatrique, nutritionnel, somatique et social) et graduée sur l'ensemble du territoire, des approches ambulatoires graduées depuis le suivi en ville jusqu'à l'hôpital de jour spécialisé, avec des dispositifs de soins partagés ville-hôpital et des centres régionaux spécialisés, une coordination des soins avec des réunions de concertation pluridisciplinaires et le remboursement des suivis ambulatoires par les diététiciens, psychologues et paramédicaux dans le cadre d'un suivi pluridisciplinaire coordonné.

Concernant la recherche, elles souhaitent une évaluation minimale nationale commune pour les TCA permettant un projet de soins adapté aux recommandations. Elles demandent notamment un soutien aux études cliniques pour évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Enfin, compte tenu du cadre législatif actuel, il serait essentiel de réaliser des recommandations spécifiques aux TCA concernant les hospitalisations sous contrainte en psychiatrie, qui peuvent nécessiter des aménagements afin de garantir des soins somatiques dans des unités spécialisées non sectorisées, notent les auteurs.

La FFAB, aux côtés des associations d'usagers, avait interpellé les pouvoirs publics la semaine dernière (cf dépêche du 06/09/2019 à 18:38).

Recommandation de bonne pratique. Boulimie et hyperphagie boulimique: repérage et éléments généraux de prise en charge

ld/nc/APMnews

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PARIS, 12 septembre 2019 (APMnews) - La Haute autorité de santé (HAS) et la Fédération française anorexie boulimie (FFAB) ont publié jeudi de premières recommandations de bonne pratique pour améliorer le repérage et la prise en charge des personnes souffrant de boulimie ou d'hyperphagie boulimique ainsi que huit fiches outils.

La boulimie et l'hyperphagie boulimique sont deux troubles des conduites alimentaires (TCA) fréquents, le premier touchant 1,5% des 11-20 ans, parmi lesquels trois fois plus de filles que de garçons, et le second concernant 3% à 5% des adultes, presque autant les hommes que les femmes. Mais ils sont "difficiles à repérer car les personnes n'osent en parler, par honte ou culpabilité" alors qu'ils ont de fortes répercussions familiales, sociales et sanitaires, indiquent la HAS et la FFAB, dans un communiqué jeudi.

Tout acteur du système de soins est à même d'effectuer ce repérage, estime la HAS dans le texte des recommandations. Elles s'adressent aux professionnels de santé mais aussi, notamment au milieu scolaire.

Un repérage ciblé doit être réalisé chez les groupes à risque, comme les adolescentes et les jeunes femmes, les étudiants, les sportifs (pour lesquels le contrôle du poids est primordial notamment dans les compétitions), les personnes en situation d'insuffisance pondérale ou d'obésité. Les éducateurs, professeurs de sport, le personnel scolaire, les parents et tout intervenant en milieu de garde présent au moment des repas peuvent aussi participer au repérage, ajoutent la HAS et la FFAB.

Des signes doivent alerter les professionnels comme une érosion des dents, une abrasion de la main liée aux vomissements, des troubles de la fertilité, une hypokaliémie, un angle sous-mandibulaire gonflé, une demande de régime amaigrissant voire de chirurgie bariatrique, poursuivent-elles.

Concernant la prise en charge, elle doit être précoce et d'emblée pluriprofessionnelle (somatique, psychologique, nutritionnelle, sociale et familiale), coordonnée entre les différents intervenants, adaptée à l'âge du patient et à l'intensité de ses troubles.

L'établissement d'une alliance thérapeutique est prioritaire. Il faut pour cela instaurer une relation de qualité avec le patient et, si possible, son entourage, en particulier lorsqu'il s'agit d'adolescents ou de jeunes adultes.

Les soins ont pour objectif l'arrêt des crises, le traitement des dysrégulations émotionnelles et des dimensions psychiques associées, des comorbidités psychiatriques et des aspects sociaux liés aux troubles, la restauration d'un comportement alimentaire équilibré et adapté, la prise en charge des complications somatiques, la prévention des rechutes et la préservation de l'insertion sociale.

Les recommandations détaillent les étapes du repérage, de l'évaluation initiale et de l'initiation des soins, l'organisation d'un plan de soins, les approches psychothérapeutiques et les traitements psychotropes, les complications somatiques et nutritionnelles et prise en charge, la prise en charge par les diététiciens, la prise en charge sociale.

La HAS et la FFAB précisent la conduite à tenir aux urgences et formulent des recommandations d'une part aux patients, d'autre part aux familles et aux professionnels, concernant en particulier le refus de soins, les freins aux soins et les facteurs de résistance aux traitements.

Huit fiches outils, chacune de quelques pages, sont diffusées en plus de ces recommandations sur le repérage, l'évaluation initiale et l'initiation des soins, les complications somatiques et la prise en charge, la prise en charge pluriprofessionnelle coordonnée, les aspects gynécologiques et obstétricaux, le repérage et la prise en charge de l’état dentaire par le chirurgien-dentiste, et enfin les urgences.

Ces recommandations complètent celles publiées sur l'anorexie mentale en 2010 (cf dépêche du 30/09/2010 à 14:12).

Développer la formation et structurer l'offre de soins

Enfin, la HAS et la FFAB font des recommandations aux pouvoirs publics concernant la formation, l'organisation des soins ainsi que l'évaluation et la recherche.

Elles préconisent de développer des campagnes d'information et de formation visant à développer la prévention primaire des TCA (par le biais du renforcement de l'estime de soi, l'information sur le poids de santé, les dangers des régimes, la gestion du stress, l'éducation contre l'incitation des médias à la minceur extrême) ainsi qu'à faire connaître les TCA et les moyens de prise en charge, à lutter contre la stigmatisation, à donner les moyens du repérage et de l'orientation aux professionnels des milieux scolaires et universitaires, sportifs et de loisirs.

Il s'agit également de soutenir la formation initiale et continue des professionnels de santé.

Concernant l'organisation des soins, il est recommandé d'"intégrer le développement de la filière de soins TCA" dans les schémas régionaux de santé "afin d'induire une structuration nationale de l'offre de soins actuellement insuffisante".

L'agence et la fédération plaident aussi pour une offre de soins spécialisée, adaptée à l'âge, pluriprofessionnelle (associant les champs psychiatrique, nutritionnel, somatique et social) et graduée sur l'ensemble du territoire, des approches ambulatoires graduées depuis le suivi en ville jusqu'à l'hôpital de jour spécialisé, avec des dispositifs de soins partagés ville-hôpital et des centres régionaux spécialisés, une coordination des soins avec des réunions de concertation pluridisciplinaires et le remboursement des suivis ambulatoires par les diététiciens, psychologues et paramédicaux dans le cadre d'un suivi pluridisciplinaire coordonné.

Concernant la recherche, elles souhaitent une évaluation minimale nationale commune pour les TCA permettant un projet de soins adapté aux recommandations. Elles demandent notamment un soutien aux études cliniques pour évaluer de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Enfin, compte tenu du cadre législatif actuel, il serait essentiel de réaliser des recommandations spécifiques aux TCA concernant les hospitalisations sous contrainte en psychiatrie, qui peuvent nécessiter des aménagements afin de garantir des soins somatiques dans des unités spécialisées non sectorisées, notent les auteurs.

La FFAB, aux côtés des associations d'usagers, avait interpellé les pouvoirs publics la semaine dernière (cf dépêche du 06/09/2019 à 18:38).

Recommandation de bonne pratique. Boulimie et hyperphagie boulimique: repérage et éléments généraux de prise en charge

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