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04/12 2023
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DES SYNDICATS DE MÉDECINS CONTESTENT LA PERTE DE CHEFFERIE D'UNE URGENTISTE LANCEUSE D'ALERTE AU CH DE LAVAL

PARIS, LAVAL, 4 décembre 2023 (APMnews) - Plusieurs syndicats et collectifs de médecins contestent la perte de chefferie d'une médecin lanceuse d'alerte au centre hospitalier (CH) de Laval, dans un communiqué diffusé lundi.

"Nos syndicats, représentations professionnelles ou collectifs s'opposent fermement à toute tentative d'intimidation ou à toute sanction vis-à-vis des praticiens hospitaliers lorsque ces derniers s'expriment publiquement dans les médias pour informer la population sur le délitement programmé de l'hôpital public", écrivent l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Action praticiens hôpital (APH), la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), Samu-Urgences de France (SUdF), le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) et Santé en danger.

Ils défendent leur liberté de "témoigner à visage découvert pour défendre l'hôpital public, ses soignants, ses praticiens et surtout la qualité et la sécurité des soins" après avoir appris que le Dr Caroline Brémaud, cheffe de service des urgences du CH de Laval, avait été "démise de ses fonctions de chef de service".

Elle s'est souvent exprimée pour dénoncer les difficultés d'accès aux soins en Mayenne, en particulier l'été dernier quand le service a dû être régulé.

"Sur un prétexte de gouvernance unifiée, alors que le rapport Claris de 2020 insiste sur la notion de service et de chef de service au plus près du terrain, la gouvernance du CH de Laval, [c'est-à-dire] le directeur de l'établissement et le président de la commission médicale d'établissement [CME]", évoque "la fin des services pour créer un chef de département unique regroupant les urgences et le Samu-Smur", écrivent-ils.

"Qu'un chef de département unique soit nommé pour porter les projets de territoire et accompagner les équipes médico-soignantes est certainement une bonne chose mais pas au prix de la disparition des services. A moins de vouloir priver de toute responsabilité l'ancienne cheffe de service des urgences de Laval qui elle, a osé dire la vérité à nos concitoyens sur un principe de liberté d'expression", estiment-ils.

Dans leur communiqué, les organisations indiquent qu'elles vont "étudier avec [leurs] conseils les moyens de lutter contre ces méthodes" qu'elles assimilent à "des manoeuvres d'intimidation ou de stigmatisation" et qu'elles se battront pour défendre le droit d'expression.

L'association d'usagers et de patients du Nord Mayenne, Audace 53, a réagi samedi sur le réseau social X estimant que ce restructuration était une sanction face à la liberté de parole de Caroline Brémaud: "l'hôpital s'effondre et on fait payer ceux qui le dénoncent! Même pas le courage de sanctionner explicitement: on 'réorganise' pour effacer ceux qui dérangent. Qui est dupe?"

Dans un communiqué, l'association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) s'est dite affligée "par cette décision qui veut faire taire l'urgentiste qui s'est mise en avant depuis plusieurs années pour essayer d'améliorer l'accès aux soins dans notre hôpital".

Des accusations repoussées par le directeur de l'hôpital

Contacté par APMnews, Sébastien Tréguenard, directeur du CH de Laval, estime que ces accusations sont "un peu exagérées".

"Je mets en place un rapport qui encourage -face à des difficultés de fonctionnement entre les urgences et le Samu-Smur- des échanges peu fréquents qui reposent sur la bonne volonté avec des urgentistes qui ne font que des urgences et des smuristes qui ne font que du Samu-Smur sans communiquer", a-t-il expliqué.

"Le CH de Laval est un des rares établissements à avoir encore ce fonctionnement. Il faut changer de paradigme. Cela ne remet pas en cause le statut des médecins mais il faut unifier la gouvernance avec un seul chef de département", a-t-il ajouté. Le Dr Bruno Rohee a été confirmé dans ses fonctions de chef de département de médecine d'urgence et les deux chefs de service, le Dr Vincent Jonquet pour le Samu-Smur et le Dr Caroline Brémaud pour le service d'accueil des urgences, se sont vu retirer leur chefferie.

Cette réorganisation leur a été annoncée oralement il y a plus d'un mois mais la note de service date de vendredi, a confirmé le directeur.

"Je ne me reconnais pas dans ces accusations. Que le Dr Brémaud continue de s'exprimer. C'est une bonne professionnelle et je n'ai pas envie de la voir partir", a-t-il déclaré. Il l'a d'ailleurs encouragée à finaliser son dossier de praticien hospitalier (PH).

La réorganisation des urgences du CH de Laval s'inscrit plus largement dans un mouvement à l'échelle de la Mayenne en s'appuyant sur un rapport datant d'octobre 2021 faisant suite à une mission d'expertise réalisée par un urgentiste hospitalo-universitaire de l'hémi-région. D'autres actions préconisées ont déjà été engagées pour améliorer l'offre de soins coordonnée dans le territoire, a indiqué le directeur.

Pour l'organisation de l'aval, le renforcement du dispositif d'ordonnancement du parcours avec une supervision médicale a été réalisé, de même que la mise en place du besoin journalier minimum en lits (BJML). Le renforcement du dispositif d'accueil post-urgences en lien avec la médecine polyvalente est en cours.

Concernant l'organisation des urgences et du Samu-Smur, outre la mise en place d'une gouvernance unique, il était préconisé d'harmoniser les temps de travail des personnels médicaux et paramédicaux (avec passage en 12 heures des paramédicaux), ce qui a été fait, a-t-il poursuivi.

Le développement de la polyvalence des professionnels est en cours, ainsi que la mise en place d'un outil de gestion des plannings partagé et interactif. De plus, la séniorisation des internes a été renforcée.

D'autres mesures visent à développer le lien avec les services de spécialité. C'est en cours pour la pédiatrie et la chirurgie orthopédique, a indiqué Sébastien Tréguenard.

sl/cb/APMnews

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PARIS, LAVAL, 4 décembre 2023 (APMnews) - Plusieurs syndicats et collectifs de médecins contestent la perte de chefferie d'une médecin lanceuse d'alerte au centre hospitalier (CH) de Laval, dans un communiqué diffusé lundi.

"Nos syndicats, représentations professionnelles ou collectifs s'opposent fermement à toute tentative d'intimidation ou à toute sanction vis-à-vis des praticiens hospitaliers lorsque ces derniers s'expriment publiquement dans les médias pour informer la population sur le délitement programmé de l'hôpital public", écrivent l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Action praticiens hôpital (APH), la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), Samu-Urgences de France (SUdF), le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) et Santé en danger.

Ils défendent leur liberté de "témoigner à visage découvert pour défendre l'hôpital public, ses soignants, ses praticiens et surtout la qualité et la sécurité des soins" après avoir appris que le Dr Caroline Brémaud, cheffe de service des urgences du CH de Laval, avait été "démise de ses fonctions de chef de service".

Elle s'est souvent exprimée pour dénoncer les difficultés d'accès aux soins en Mayenne, en particulier l'été dernier quand le service a dû être régulé.

"Sur un prétexte de gouvernance unifiée, alors que le rapport Claris de 2020 insiste sur la notion de service et de chef de service au plus près du terrain, la gouvernance du CH de Laval, [c'est-à-dire] le directeur de l'établissement et le président de la commission médicale d'établissement [CME]", évoque "la fin des services pour créer un chef de département unique regroupant les urgences et le Samu-Smur", écrivent-ils.

"Qu'un chef de département unique soit nommé pour porter les projets de territoire et accompagner les équipes médico-soignantes est certainement une bonne chose mais pas au prix de la disparition des services. A moins de vouloir priver de toute responsabilité l'ancienne cheffe de service des urgences de Laval qui elle, a osé dire la vérité à nos concitoyens sur un principe de liberté d'expression", estiment-ils.

Dans leur communiqué, les organisations indiquent qu'elles vont "étudier avec [leurs] conseils les moyens de lutter contre ces méthodes" qu'elles assimilent à "des manoeuvres d'intimidation ou de stigmatisation" et qu'elles se battront pour défendre le droit d'expression.

L'association d'usagers et de patients du Nord Mayenne, Audace 53, a réagi samedi sur le réseau social X estimant que ce restructuration était une sanction face à la liberté de parole de Caroline Brémaud: "l'hôpital s'effondre et on fait payer ceux qui le dénoncent! Même pas le courage de sanctionner explicitement: on 'réorganise' pour effacer ceux qui dérangent. Qui est dupe?"

Dans un communiqué, l'association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) s'est dite affligée "par cette décision qui veut faire taire l'urgentiste qui s'est mise en avant depuis plusieurs années pour essayer d'améliorer l'accès aux soins dans notre hôpital".

Des accusations repoussées par le directeur de l'hôpital

Contacté par APMnews, Sébastien Tréguenard, directeur du CH de Laval, estime que ces accusations sont "un peu exagérées".

"Je mets en place un rapport qui encourage -face à des difficultés de fonctionnement entre les urgences et le Samu-Smur- des échanges peu fréquents qui reposent sur la bonne volonté avec des urgentistes qui ne font que des urgences et des smuristes qui ne font que du Samu-Smur sans communiquer", a-t-il expliqué.

"Le CH de Laval est un des rares établissements à avoir encore ce fonctionnement. Il faut changer de paradigme. Cela ne remet pas en cause le statut des médecins mais il faut unifier la gouvernance avec un seul chef de département", a-t-il ajouté. Le Dr Bruno Rohee a été confirmé dans ses fonctions de chef de département de médecine d'urgence et les deux chefs de service, le Dr Vincent Jonquet pour le Samu-Smur et le Dr Caroline Brémaud pour le service d'accueil des urgences, se sont vu retirer leur chefferie.

Cette réorganisation leur a été annoncée oralement il y a plus d'un mois mais la note de service date de vendredi, a confirmé le directeur.

"Je ne me reconnais pas dans ces accusations. Que le Dr Brémaud continue de s'exprimer. C'est une bonne professionnelle et je n'ai pas envie de la voir partir", a-t-il déclaré. Il l'a d'ailleurs encouragée à finaliser son dossier de praticien hospitalier (PH).

La réorganisation des urgences du CH de Laval s'inscrit plus largement dans un mouvement à l'échelle de la Mayenne en s'appuyant sur un rapport datant d'octobre 2021 faisant suite à une mission d'expertise réalisée par un urgentiste hospitalo-universitaire de l'hémi-région. D'autres actions préconisées ont déjà été engagées pour améliorer l'offre de soins coordonnée dans le territoire, a indiqué le directeur.

Pour l'organisation de l'aval, le renforcement du dispositif d'ordonnancement du parcours avec une supervision médicale a été réalisé, de même que la mise en place du besoin journalier minimum en lits (BJML). Le renforcement du dispositif d'accueil post-urgences en lien avec la médecine polyvalente est en cours.

Concernant l'organisation des urgences et du Samu-Smur, outre la mise en place d'une gouvernance unique, il était préconisé d'harmoniser les temps de travail des personnels médicaux et paramédicaux (avec passage en 12 heures des paramédicaux), ce qui a été fait, a-t-il poursuivi.

Le développement de la polyvalence des professionnels est en cours, ainsi que la mise en place d'un outil de gestion des plannings partagé et interactif. De plus, la séniorisation des internes a été renforcée.

D'autres mesures visent à développer le lien avec les services de spécialité. C'est en cours pour la pédiatrie et la chirurgie orthopédique, a indiqué Sébastien Tréguenard.

sl/cb/APMnews

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