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DISCOURS D'EMMANUEL MACRON SUR LE SYSTÈME DE SANTÉ: ACCUEIL POSITIF PARMI LES FÉDÉRATIONS HOSPITALIÈRES, AVEC DES RÉSERVES
La FHF "accueille très positivement plusieurs des mesures annoncées et l'objectif affiché d'une solidarité et d'une coopération réelles et renforcées dans chaque territoire entre tous les acteurs de la santé", a-t-elle réagi vendredi dans un communiqué, soulignant que certaines mesures faisaient écho à ses propositions.
Les mesures "devront être jugées sur leur mise en oeuvre", souligne-t-elle.
Le chef de l'Etat a prononcé vendredi un discours de voeux aux acteurs de la santé depuis le centre hospitalier Sud francilien (CHSF), lors duquel il a souhaité fixer le cap de la politique de santé pour les prochains mois et annoncé plusieurs mesures (cf dépêche du 06/01/2023 à 17:02, dépêche du 06/01/2023 à 17:19 et dépêche du 06/01/2023 à 17:08).
"Le président de la République a prononcé un discours précis, ambitieux, qui pose le bon diagnostic et n'a éludé aucun sujet", commente Arnaud Robinet, président de la FHF, cité dans le communiqué.
Il se félicite que le président "ait entendu le besoin de former davantage de professionnels et de réviser les modalités de formation, et de mieux partager les contraintes en matière de permanence des soins entre l'hôpital public, le secteur privé et les professionnels de ville".
L'annonce de la revalorisation de la permanence des soins et du travail de nuit à l'hôpital "était très attendue", souligne-t-il, rappelant "qu'il s'agit de travaux prioritaires".
Quant à la sortie de la tarification à l'activité (T2A) au profit d'objectifs de santé publique, elle "sera jugée sur sa mise en oeuvre technique", souligne le président de la FHF. "Définir des dotations partant des besoins de santé est un très bon principe, mais il faut absolument que le même modèle s'applique à l'hôpital public comme au secteur privé, pour éviter un système à deux vitesses délétère pour les patients et les soignants, comme nous l'avons connu dans les années 1970".
Arnaud Robinet se dit vigilant "sur trois sujets". La réforme du temps de travail, évoquée par Emmanuel Macron qui a annoncé vouloir atténuer "la rigidité" des 35 heures, "sera utile, mais ne doit pas se faire à marche forcée, pour ne pas désorganiser l'hôpital", selon le président de la FHF.
Sur la gouvernance, "le tandem administratif-médical évoqué est déjà largement une réalité, la codécision directeur-médecin ayant été généralisée en 2021 avec les ordonnances de médicalisation", pointe-t-il, considérant qu'"un équilibre opérationnel est à trouver".
Le message de responsabilisation des patients pour éviter les rendez-vous non honorés "est utile, mais devra faire l'objet d'une mise en oeuvre prudente", notamment "pour éviter des renoncements aux soins".
La FHP attend une équité de traitement entre public et privé
La FHP s'est félicitée dans un communiqué vendredi qu'Emmanuel Macron ait "appelé à la reconnaissance, voire à la récompense, de celles et ceux qui dialoguent et coopèrent sur les territoires".
"Le socle des coopérations que le président appelle de ses voeux doit être l'émergence en 2023 d'un service public de santé fondé sur les missions, à égalité de droits comme de responsabilités, avec un traitement équitable pour tous", demande néanmoins la FHP.
L'objectif de contractualisation sur les territoires autour d'objectifs de santé publique doit "concerner l'ensemble des acteurs, publics comme privés, selon les mêmes modalités et avec les mêmes moyens", insiste la fédération. "Pour ce faire, les agences régionales de santé devront être confortées dans leurs missions de régulatrices, équilibrées et équitables, de tous les acteurs."
S'agissant des moyens pour pallier le manque d'effectifs, "la volonté d'agir sur les leviers de formation, de revoir Parcoursup, de responsabiliser en sortie d'études, de développer les pratiques avancées et les passerelles entre les métiers, et de simplifier et généraliser les délégations d'actes, va résolument dans le bon sens, sous réserve d'aller vite dans la mise en oeuvre", pointe la FHP.
Concernant le financement, "si des réformes sont nécessaires, les enseignements des failles et des erreurs dans la conduite des autres réformes de financement déjà en cours -les soins médicaux et de réadaptation, et la psychiatrie- nous conduisent à la réserve à ce stade", fait savoir la fédération. "Il convient déjà de finaliser ces réformes en cours."
Elle demande que les travaux soient "conduits en totale concertation, avec toute la visibilité et la transparence indispensables à l'adhésion des acteurs, et le maintien de l'excellence des filières de soin comme seul guide".
La Fehap promeut son modèle
"Nous lisons, dans les propos du président de la République, au-delà de son hommage explicite à l'esprit de coopération du secteur privé non lucratif face aux tensions actuelles du système de santé, une promotion en creux des modalités d'organisation de nos établissements, qu'il s'agirait d'adapter à l'hôpital public et ses rigidités issues des 35 heures", a commenté la Fehap dans un message transmis lundi à APMnews.
"De même, nous nous félicitons que des travaux soient engagés rapidement pour mieux rétribuer les établissements qui participent activement à la permanence des soins, au-delà de l'hôpital public, mission que nos adhérents sanitaires remplissent sans pour autant être reconnus, a fortiori ces derniers mois."
La Fehap s'annonce vigilante "sur les conditions de sortie rapide de la T2A", telle qu'annoncée par Emmanuel Macron. "Si l'évolution du financement vers une rémunération forfaitisée pour les maladies chroniques serait très opportune, [celui-ci] ne doit pas exclure la répartition à l'activité, lisible et équitable, à partir du moment où les responsabilités collectives de chacun des acteurs du système sont clairement définies et justement contrôlées", estime-t-elle.
Les directeurs des soins ne veulent pas être oubliés dans la gouvernance
Dans un communiqué diffusé vendredi, l'Association nationale des cadres de santé (Ancim) "s'étonne du manque de reconnaissance" de la place des soignants dans la gouvernance hospitalière.
"Ne pas associer les paramédicaux et leurs managers à la gouvernance des hôpitaux revient à nier leur investissement, leur engagement et leur efficacité", regrette l'association. "Plus qu'un tandem médico-administratif c'est un triumvirat directeur général/président de CME et direction de soins qu'il faut mettre en place", demande-t-elle.
Cela constituerait "une opportunité de développer un réel équilibre des pouvoirs des professionnels de santé hospitaliers au bénéfice du management des équipes, de leur attractivité et de leur fidélisation ainsi que de l'amélioration de la prise en charge des patients".
L'Association française des directeurs des soins (AFDS) a exprimé le même regret, déplorant également dans un communiqué "la non-reconnaissance de l'investissement des professionnels de la direction des soins des établissements de santé depuis le début de la crise, en lien avec les équipes d'encadrement".
Quid du financement?
Le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et de la conférence des présidents de CME de CHU, souligne dans des tweets que le discours du chef de l'Etat "aborde beaucoup des aspects de la crise profonde de notre système de santé, et acte de la nécessité d'une réforme globale".
Certaines mesures "étaient déjà présentes dans le plan Ma santé 2022 d'Agnès Buzyn", remarque-t-il, mentionnant les réformes de financement ou la dimension territoriale du système de santé.
Des mesures "renvoient à la loi Rist, comme la médicalisation de la gouvernance et la place du service à l'hôpital". D'autres "restent à préciser, telles la revalorisation de la permanence des soins ou la réforme du temps de travail".
"Si le sujet essentiel de la formation des professions de santé a bien été abordé, on peut regretter que le rôle pilote des CHU sur ce sujet et sur celui de la recherche n'ait pas été évoqué", ajoute Rémi Salomon.
"On peut également regretter que le sujet du nombre de patients/infirmier n'ait pas été abordé", pointe-t-il, soulignant que les moyens financiers "pour y arriver sont importants", nécessitant "un cap sur plusieurs années".
Interrogée par APMnews lundi, la présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), Rachel Bocher, qui précise que les organisations syndicales nationales n'avaient pas été invitées au CHSF, relève un "discours de plein d'intentions".
Elle confirme que comme le chef de l'Etat l'a indiqué, le diagnostic sur la situation du système de santé est "toujours bon". "On a besoin maintenant d'un calendrier, d'enveloppes de financement et d'un choc d'attractivité. Sur ce dernier point, le chef de l'Etat a estimé qu'il fallait déléguer plus d'actes aux paramédicaux, mais on en manque autant", pointe-t-elle.
"C'est un discours de plus", ajoute-t-elle. "mais cela va-t-il déboucher sur des actes concrets?". En attendant, "la qualité est en baisse partout", s'inquiète-t-elle.
mlb-san/ab/APMnews
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DISCOURS D'EMMANUEL MACRON SUR LE SYSTÈME DE SANTÉ: ACCUEIL POSITIF PARMI LES FÉDÉRATIONS HOSPITALIÈRES, AVEC DES RÉSERVES
La FHF "accueille très positivement plusieurs des mesures annoncées et l'objectif affiché d'une solidarité et d'une coopération réelles et renforcées dans chaque territoire entre tous les acteurs de la santé", a-t-elle réagi vendredi dans un communiqué, soulignant que certaines mesures faisaient écho à ses propositions.
Les mesures "devront être jugées sur leur mise en oeuvre", souligne-t-elle.
Le chef de l'Etat a prononcé vendredi un discours de voeux aux acteurs de la santé depuis le centre hospitalier Sud francilien (CHSF), lors duquel il a souhaité fixer le cap de la politique de santé pour les prochains mois et annoncé plusieurs mesures (cf dépêche du 06/01/2023 à 17:02, dépêche du 06/01/2023 à 17:19 et dépêche du 06/01/2023 à 17:08).
"Le président de la République a prononcé un discours précis, ambitieux, qui pose le bon diagnostic et n'a éludé aucun sujet", commente Arnaud Robinet, président de la FHF, cité dans le communiqué.
Il se félicite que le président "ait entendu le besoin de former davantage de professionnels et de réviser les modalités de formation, et de mieux partager les contraintes en matière de permanence des soins entre l'hôpital public, le secteur privé et les professionnels de ville".
L'annonce de la revalorisation de la permanence des soins et du travail de nuit à l'hôpital "était très attendue", souligne-t-il, rappelant "qu'il s'agit de travaux prioritaires".
Quant à la sortie de la tarification à l'activité (T2A) au profit d'objectifs de santé publique, elle "sera jugée sur sa mise en oeuvre technique", souligne le président de la FHF. "Définir des dotations partant des besoins de santé est un très bon principe, mais il faut absolument que le même modèle s'applique à l'hôpital public comme au secteur privé, pour éviter un système à deux vitesses délétère pour les patients et les soignants, comme nous l'avons connu dans les années 1970".
Arnaud Robinet se dit vigilant "sur trois sujets". La réforme du temps de travail, évoquée par Emmanuel Macron qui a annoncé vouloir atténuer "la rigidité" des 35 heures, "sera utile, mais ne doit pas se faire à marche forcée, pour ne pas désorganiser l'hôpital", selon le président de la FHF.
Sur la gouvernance, "le tandem administratif-médical évoqué est déjà largement une réalité, la codécision directeur-médecin ayant été généralisée en 2021 avec les ordonnances de médicalisation", pointe-t-il, considérant qu'"un équilibre opérationnel est à trouver".
Le message de responsabilisation des patients pour éviter les rendez-vous non honorés "est utile, mais devra faire l'objet d'une mise en oeuvre prudente", notamment "pour éviter des renoncements aux soins".
La FHP attend une équité de traitement entre public et privé
La FHP s'est félicitée dans un communiqué vendredi qu'Emmanuel Macron ait "appelé à la reconnaissance, voire à la récompense, de celles et ceux qui dialoguent et coopèrent sur les territoires".
"Le socle des coopérations que le président appelle de ses voeux doit être l'émergence en 2023 d'un service public de santé fondé sur les missions, à égalité de droits comme de responsabilités, avec un traitement équitable pour tous", demande néanmoins la FHP.
L'objectif de contractualisation sur les territoires autour d'objectifs de santé publique doit "concerner l'ensemble des acteurs, publics comme privés, selon les mêmes modalités et avec les mêmes moyens", insiste la fédération. "Pour ce faire, les agences régionales de santé devront être confortées dans leurs missions de régulatrices, équilibrées et équitables, de tous les acteurs."
S'agissant des moyens pour pallier le manque d'effectifs, "la volonté d'agir sur les leviers de formation, de revoir Parcoursup, de responsabiliser en sortie d'études, de développer les pratiques avancées et les passerelles entre les métiers, et de simplifier et généraliser les délégations d'actes, va résolument dans le bon sens, sous réserve d'aller vite dans la mise en oeuvre", pointe la FHP.
Concernant le financement, "si des réformes sont nécessaires, les enseignements des failles et des erreurs dans la conduite des autres réformes de financement déjà en cours -les soins médicaux et de réadaptation, et la psychiatrie- nous conduisent à la réserve à ce stade", fait savoir la fédération. "Il convient déjà de finaliser ces réformes en cours."
Elle demande que les travaux soient "conduits en totale concertation, avec toute la visibilité et la transparence indispensables à l'adhésion des acteurs, et le maintien de l'excellence des filières de soin comme seul guide".
La Fehap promeut son modèle
"Nous lisons, dans les propos du président de la République, au-delà de son hommage explicite à l'esprit de coopération du secteur privé non lucratif face aux tensions actuelles du système de santé, une promotion en creux des modalités d'organisation de nos établissements, qu'il s'agirait d'adapter à l'hôpital public et ses rigidités issues des 35 heures", a commenté la Fehap dans un message transmis lundi à APMnews.
"De même, nous nous félicitons que des travaux soient engagés rapidement pour mieux rétribuer les établissements qui participent activement à la permanence des soins, au-delà de l'hôpital public, mission que nos adhérents sanitaires remplissent sans pour autant être reconnus, a fortiori ces derniers mois."
La Fehap s'annonce vigilante "sur les conditions de sortie rapide de la T2A", telle qu'annoncée par Emmanuel Macron. "Si l'évolution du financement vers une rémunération forfaitisée pour les maladies chroniques serait très opportune, [celui-ci] ne doit pas exclure la répartition à l'activité, lisible et équitable, à partir du moment où les responsabilités collectives de chacun des acteurs du système sont clairement définies et justement contrôlées", estime-t-elle.
Les directeurs des soins ne veulent pas être oubliés dans la gouvernance
Dans un communiqué diffusé vendredi, l'Association nationale des cadres de santé (Ancim) "s'étonne du manque de reconnaissance" de la place des soignants dans la gouvernance hospitalière.
"Ne pas associer les paramédicaux et leurs managers à la gouvernance des hôpitaux revient à nier leur investissement, leur engagement et leur efficacité", regrette l'association. "Plus qu'un tandem médico-administratif c'est un triumvirat directeur général/président de CME et direction de soins qu'il faut mettre en place", demande-t-elle.
Cela constituerait "une opportunité de développer un réel équilibre des pouvoirs des professionnels de santé hospitaliers au bénéfice du management des équipes, de leur attractivité et de leur fidélisation ainsi que de l'amélioration de la prise en charge des patients".
L'Association française des directeurs des soins (AFDS) a exprimé le même regret, déplorant également dans un communiqué "la non-reconnaissance de l'investissement des professionnels de la direction des soins des établissements de santé depuis le début de la crise, en lien avec les équipes d'encadrement".
Quid du financement?
Le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et de la conférence des présidents de CME de CHU, souligne dans des tweets que le discours du chef de l'Etat "aborde beaucoup des aspects de la crise profonde de notre système de santé, et acte de la nécessité d'une réforme globale".
Certaines mesures "étaient déjà présentes dans le plan Ma santé 2022 d'Agnès Buzyn", remarque-t-il, mentionnant les réformes de financement ou la dimension territoriale du système de santé.
Des mesures "renvoient à la loi Rist, comme la médicalisation de la gouvernance et la place du service à l'hôpital". D'autres "restent à préciser, telles la revalorisation de la permanence des soins ou la réforme du temps de travail".
"Si le sujet essentiel de la formation des professions de santé a bien été abordé, on peut regretter que le rôle pilote des CHU sur ce sujet et sur celui de la recherche n'ait pas été évoqué", ajoute Rémi Salomon.
"On peut également regretter que le sujet du nombre de patients/infirmier n'ait pas été abordé", pointe-t-il, soulignant que les moyens financiers "pour y arriver sont importants", nécessitant "un cap sur plusieurs années".
Interrogée par APMnews lundi, la présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), Rachel Bocher, qui précise que les organisations syndicales nationales n'avaient pas été invitées au CHSF, relève un "discours de plein d'intentions".
Elle confirme que comme le chef de l'Etat l'a indiqué, le diagnostic sur la situation du système de santé est "toujours bon". "On a besoin maintenant d'un calendrier, d'enveloppes de financement et d'un choc d'attractivité. Sur ce dernier point, le chef de l'Etat a estimé qu'il fallait déléguer plus d'actes aux paramédicaux, mais on en manque autant", pointe-t-elle.
"C'est un discours de plus", ajoute-t-elle. "mais cela va-t-il déboucher sur des actes concrets?". En attendant, "la qualité est en baisse partout", s'inquiète-t-elle.
mlb-san/ab/APMnews