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01/02 2024
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DISCOURS DE GABRIEL ATTAL: DE PREMIÈRES RÉACTIONS DUBITATIVES DU MONDE HOSPITALIER

PARIS, 1er février 2024 (APMnews) - La déclaration dite de "politique générale" du premier ministre, Gabriel Attal, prononcée mardi à l'Assemblée nationale, laisse "de nombreuses questions sans réponse" pour la Fédération hospitalière de France (FHF), "marque un décalage entre son contenu et la réalité" pour la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) et privilégie le "yakafokon" aux "mesures pertinentes et efficaces" selon Action praticiens hôpital (APH), concernant la démographie médicale.

Le premier ministre, Gabriel Attal, a prononcé mardi devant les députés une déclaration dite de "politique générale" empreinte à la fois de libéralisme et d'autorité, annonçant le calendrier des réformes que son gouvernement souhaite mener courant 2024, notamment à propos des professionnels de santé, de la fin de vie, de la fonction publique ou de la politique industrielle de la France (cf dépêche du 30/01/2024 à 19:14).

Si le président de la FHF, Arnaud Robinet, se "réjouit", dans un communiqué de mardi soir, que la santé soit inscrite en priorité du premier ministre, et que ce dernier ait "annoncé des mesures utiles pour mieux répondre aux besoins de santé", il regrette que "l'enjeu de la prévention [n'ait] pas été évoqué et que beaucoup de questions urgentes restent sans réponse, en particulier en matière de budget".

La FHF n'a de cesse d'alerter sur la situation financière des hôpitaux et établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics et de demander des lois de programmation en santé et sur le grand âge pour les cinq ans à venir, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/01/2024 à 16:35 et dépêche du 29/01/2024 à 17:30).

"Nous attendons des réponses budgétaires claires et rapides, c'est-à-dire des moyens supplémentaires. Faute de quoi, c'est le désarmement qui nous guettera", poursuit Arnaud Robinet, qui s'inquiète par ailleurs de "l'absence de confirmation d'une loi grand âge et du plan de création de 50.000 emplois d'ici 2030" au cours de la déclaration du premier ministre.

Il salue la "généralisation des services d'accès aux soins" promise par Gabriel Attal. "Leur déploiement implique un travail fin de structuration des filières de soins, dans chaque spécialité et chaque territoire", déclare-t-il.

"Le renforcement des soins palliatifs évoqué par Gabriel Attal fait écho aux attentes fortes", se satisfait-il par ailleurs.

"La FHF salue la volonté du premier ministre d'accélérer le déploiement des crédits 'investissements' du Ségur mais regrette qu'ils ne prennent pas en compte la hausse notable du coût des projets d'investissement ces derniers mois, laquelle atteint jusqu'à +50% du total sur la plupart des projets d'investissement", fait-il valoir.

Arnaud Robinet "prend acte" de l'annonce d'une réforme de l'aide médicale de l'Etat (AME) par voie réglementaire sur la base du rapport Evin-Stéfanini mais déclare que "la communauté hospitalière et hospitalo-universitaire souhaite être très étroitement associée au projet de réforme, l'hôpital public accueillant l'essentiel des bénéficiaires", et rejette tout éventuel "affaiblissement" ou "dévoiement" du dispositif.

La FHF s'étonne de l'absence de mot pour la prévention en santé, "condition indispensable de la soutenabilité de nos dépenses en santé".

Lamine Gharbi regrette l'absence d'annonce pour le secteur hospitalier

Le président de la FHP, Lamine Gharbi, déplore quant à lui que Gabriel Attal n'ait fait "aucune annonce concernant le monde hospitalier", dans un communiqué transmis mardi.

"Alors que 40% de 1.030 cliniques et hôpitaux privés sont déjà en déficit, qui tend vers le milliard, et que les projections pour 2024 sont très inquiétantes, nous attendons toujours un soutien financier de 670 millions d'euros qui est indispensable pour compenser l'inflation et l'explosion des charges, et donc pour maintenir la qualité de l'offre de soins au service des patients", alerte-t-il.

Il appelle par ailleurs le gouvernement à "financer enfin les revalorisations salariales dues aux salariés du secteur privé" et à leur ouvrir le bénéfice des "indemnités de pénibilité, de sujétion nuit et week-end".

"Je regrette que des sujets que nous sommes nombreux à porter -la pluriannualité, la prévention, le service public de santé- aient été oubliés. Je regrette plus encore que les difficultés rencontrées par les acteurs de santé, et par l'hospitalisation privée, n'aient pas été entendues."

"Je demande au premier ministre d'agir sans délai pour compenser l'inflation, rétablir l'équité entre les professionnels des secteurs public et privé, et conduire une campagne tarifaire qui nous donne les moyens de répondre aux besoins des patients dans les territoires", poursuit-il, considérant que "faire des économies sur la santé, dans le contexte actuel, serait un non-sens absolu!".

APH fustige la "poudre de perlimpinpin" face au manque de médecins

APH estime que "la nomination d'un émissaire pour aller chercher des médecins étrangers est un non-sens", un "pillage des ressources dans des pays dont l'état sanitaire est souvent pire que le nôtre" et "une négation de la formation médicale assurée en France", dans un communiqué diffusé jeudi.

"Pourquoi ne pas ouvrir les vannes à une formation de qualité, la nôtre, en permettant l'accès aux études médicales bien plus large, en étendant les terrains de stages bien au-delà du CHU vers l'ensemble des modes d'exercice de la médecine, plutôt que d'aller chercher ailleurs une main-d’œuvre dont il faut réévaluer la compétence, voire compléter la formation pour maintenir la qualité et la sécurité des soins pour l'ensemble de nos concitoyens?", s'interroge la coordination des syndicats de médecins hospitaliers.

Elle ajoute que la passerelle vers la troisième année d'études de médecine pour les infirmiers anesthésistes (Iade) évoquée par Gabriel Attal est "l'annonce d'un dispositif qui existe déjà […] mais qui malheureusement, ne fonctionne pas".

Concernant la participation des médecins libéraux à la permanence des soins (PDS), "serpent de mer" agité par Gabriel Attal, elle note que "cet axe est actuellement à l'étude, quasi essentiellement sur le sujet financier, qui ne prend pas en compte ni le déséquilibre total entre l'engagement des médecins hospitaliers et libéraux, ni la pénibilité de cette mission, contrairement aux engagements du président de la République dans ses vœux aux professionnels de santé le 6 janvier 2023".

"Toujours rien sur l'attractivité des carrières médicales hospitalières. Rien pour fidéliser les médecins à l'hôpital, rien pour corriger les erreurs des Ségur vers les praticiens hospitaliers. Toujours rien sur le temps de travail, la pénibilité, les retraites en particulier celle des hospitalo-universitaires qui depuis 1958 se voient spoliés de leurs droits sur leur engagement clinique dans les CHU… Toujours rien sur l'Ondam [objectif national des dépenses d'assurance maladie] hospitalier pourtant sous-doté de 20 milliards [d'euros] par an… et toujours pas de ministre délégué chargé spécifiquement de la santé et de la prévention!", s'émeut APH.

Elle regrette par ailleurs que la santé mentale ait été à peine "effleurée" durant le discours et demande "des mesures concrètes pour la psychiatrie publique".

Concernant l'AME, APH reste interrogative quant à la réforme, qui "ne devra ni s'opposer au serment d'Hippocrate […] ni à la nécessaire prise en charge médicale de chaque personne habitant sur le territoire, en termes de prévention, de suivi et de prise en charge dans le cadre d'urgence", au risque sinon d'engendrer "des effets sur la santé collective et des conséquences économiques non négligeables".

Elle appelle à un "plan de santé global" intégrant notamment un état des lieux des besoins, le "principe des ratios voté au Sénat dans la proposition de loi de Bernard Jomier [cf dépêche du 01/02/2023 à 19:12]", le "juste financement de l'hôpital public", "la modélisation du financement de la santé en analysant les impacts médico-économiques d'un juste soin", un focus particulier à l'accès aux soins dans les Outre-mer ou encore la prévention "avec la promotion d'une éducation en santé pour tous nos concitoyens dès le plus jeune âge".

bd/ab/APMnews

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PARIS, 1er février 2024 (APMnews) - La déclaration dite de "politique générale" du premier ministre, Gabriel Attal, prononcée mardi à l'Assemblée nationale, laisse "de nombreuses questions sans réponse" pour la Fédération hospitalière de France (FHF), "marque un décalage entre son contenu et la réalité" pour la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) et privilégie le "yakafokon" aux "mesures pertinentes et efficaces" selon Action praticiens hôpital (APH), concernant la démographie médicale.

Le premier ministre, Gabriel Attal, a prononcé mardi devant les députés une déclaration dite de "politique générale" empreinte à la fois de libéralisme et d'autorité, annonçant le calendrier des réformes que son gouvernement souhaite mener courant 2024, notamment à propos des professionnels de santé, de la fin de vie, de la fonction publique ou de la politique industrielle de la France (cf dépêche du 30/01/2024 à 19:14).

Si le président de la FHF, Arnaud Robinet, se "réjouit", dans un communiqué de mardi soir, que la santé soit inscrite en priorité du premier ministre, et que ce dernier ait "annoncé des mesures utiles pour mieux répondre aux besoins de santé", il regrette que "l'enjeu de la prévention [n'ait] pas été évoqué et que beaucoup de questions urgentes restent sans réponse, en particulier en matière de budget".

La FHF n'a de cesse d'alerter sur la situation financière des hôpitaux et établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics et de demander des lois de programmation en santé et sur le grand âge pour les cinq ans à venir, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/01/2024 à 16:35 et dépêche du 29/01/2024 à 17:30).

"Nous attendons des réponses budgétaires claires et rapides, c'est-à-dire des moyens supplémentaires. Faute de quoi, c'est le désarmement qui nous guettera", poursuit Arnaud Robinet, qui s'inquiète par ailleurs de "l'absence de confirmation d'une loi grand âge et du plan de création de 50.000 emplois d'ici 2030" au cours de la déclaration du premier ministre.

Il salue la "généralisation des services d'accès aux soins" promise par Gabriel Attal. "Leur déploiement implique un travail fin de structuration des filières de soins, dans chaque spécialité et chaque territoire", déclare-t-il.

"Le renforcement des soins palliatifs évoqué par Gabriel Attal fait écho aux attentes fortes", se satisfait-il par ailleurs.

"La FHF salue la volonté du premier ministre d'accélérer le déploiement des crédits 'investissements' du Ségur mais regrette qu'ils ne prennent pas en compte la hausse notable du coût des projets d'investissement ces derniers mois, laquelle atteint jusqu'à +50% du total sur la plupart des projets d'investissement", fait-il valoir.

Arnaud Robinet "prend acte" de l'annonce d'une réforme de l'aide médicale de l'Etat (AME) par voie réglementaire sur la base du rapport Evin-Stéfanini mais déclare que "la communauté hospitalière et hospitalo-universitaire souhaite être très étroitement associée au projet de réforme, l'hôpital public accueillant l'essentiel des bénéficiaires", et rejette tout éventuel "affaiblissement" ou "dévoiement" du dispositif.

La FHF s'étonne de l'absence de mot pour la prévention en santé, "condition indispensable de la soutenabilité de nos dépenses en santé".

Lamine Gharbi regrette l'absence d'annonce pour le secteur hospitalier

Le président de la FHP, Lamine Gharbi, déplore quant à lui que Gabriel Attal n'ait fait "aucune annonce concernant le monde hospitalier", dans un communiqué transmis mardi.

"Alors que 40% de 1.030 cliniques et hôpitaux privés sont déjà en déficit, qui tend vers le milliard, et que les projections pour 2024 sont très inquiétantes, nous attendons toujours un soutien financier de 670 millions d'euros qui est indispensable pour compenser l'inflation et l'explosion des charges, et donc pour maintenir la qualité de l'offre de soins au service des patients", alerte-t-il.

Il appelle par ailleurs le gouvernement à "financer enfin les revalorisations salariales dues aux salariés du secteur privé" et à leur ouvrir le bénéfice des "indemnités de pénibilité, de sujétion nuit et week-end".

"Je regrette que des sujets que nous sommes nombreux à porter -la pluriannualité, la prévention, le service public de santé- aient été oubliés. Je regrette plus encore que les difficultés rencontrées par les acteurs de santé, et par l'hospitalisation privée, n'aient pas été entendues."

"Je demande au premier ministre d'agir sans délai pour compenser l'inflation, rétablir l'équité entre les professionnels des secteurs public et privé, et conduire une campagne tarifaire qui nous donne les moyens de répondre aux besoins des patients dans les territoires", poursuit-il, considérant que "faire des économies sur la santé, dans le contexte actuel, serait un non-sens absolu!".

APH fustige la "poudre de perlimpinpin" face au manque de médecins

APH estime que "la nomination d'un émissaire pour aller chercher des médecins étrangers est un non-sens", un "pillage des ressources dans des pays dont l'état sanitaire est souvent pire que le nôtre" et "une négation de la formation médicale assurée en France", dans un communiqué diffusé jeudi.

"Pourquoi ne pas ouvrir les vannes à une formation de qualité, la nôtre, en permettant l'accès aux études médicales bien plus large, en étendant les terrains de stages bien au-delà du CHU vers l'ensemble des modes d'exercice de la médecine, plutôt que d'aller chercher ailleurs une main-d’œuvre dont il faut réévaluer la compétence, voire compléter la formation pour maintenir la qualité et la sécurité des soins pour l'ensemble de nos concitoyens?", s'interroge la coordination des syndicats de médecins hospitaliers.

Elle ajoute que la passerelle vers la troisième année d'études de médecine pour les infirmiers anesthésistes (Iade) évoquée par Gabriel Attal est "l'annonce d'un dispositif qui existe déjà […] mais qui malheureusement, ne fonctionne pas".

Concernant la participation des médecins libéraux à la permanence des soins (PDS), "serpent de mer" agité par Gabriel Attal, elle note que "cet axe est actuellement à l'étude, quasi essentiellement sur le sujet financier, qui ne prend pas en compte ni le déséquilibre total entre l'engagement des médecins hospitaliers et libéraux, ni la pénibilité de cette mission, contrairement aux engagements du président de la République dans ses vœux aux professionnels de santé le 6 janvier 2023".

"Toujours rien sur l'attractivité des carrières médicales hospitalières. Rien pour fidéliser les médecins à l'hôpital, rien pour corriger les erreurs des Ségur vers les praticiens hospitaliers. Toujours rien sur le temps de travail, la pénibilité, les retraites en particulier celle des hospitalo-universitaires qui depuis 1958 se voient spoliés de leurs droits sur leur engagement clinique dans les CHU… Toujours rien sur l'Ondam [objectif national des dépenses d'assurance maladie] hospitalier pourtant sous-doté de 20 milliards [d'euros] par an… et toujours pas de ministre délégué chargé spécifiquement de la santé et de la prévention!", s'émeut APH.

Elle regrette par ailleurs que la santé mentale ait été à peine "effleurée" durant le discours et demande "des mesures concrètes pour la psychiatrie publique".

Concernant l'AME, APH reste interrogative quant à la réforme, qui "ne devra ni s'opposer au serment d'Hippocrate […] ni à la nécessaire prise en charge médicale de chaque personne habitant sur le territoire, en termes de prévention, de suivi et de prise en charge dans le cadre d'urgence", au risque sinon d'engendrer "des effets sur la santé collective et des conséquences économiques non négligeables".

Elle appelle à un "plan de santé global" intégrant notamment un état des lieux des besoins, le "principe des ratios voté au Sénat dans la proposition de loi de Bernard Jomier [cf dépêche du 01/02/2023 à 19:12]", le "juste financement de l'hôpital public", "la modélisation du financement de la santé en analysant les impacts médico-économiques d'un juste soin", un focus particulier à l'accès aux soins dans les Outre-mer ou encore la prévention "avec la promotion d'une éducation en santé pour tous nos concitoyens dès le plus jeune âge".

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