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29/10 2020
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EDOUARD PHILIPPE CRITIQUE LE MANQUE DE COOPÉRATION ENTRE LES PAYS AU DÉBUT DE L'ÉPIDÉMIE DE COVID-19

PARIS, 29 octobre 2020 (APMnews) - L'ancien premier ministre Edouard Philippe a regretté jeudi le manque de coordination entre les pays au niveau européen et mondial, au début de la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Il était auditionné jeudi, durant plus de deux heures, par la commission d'enquête du Sénat pour l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies.

L'ancien premier ministre avait précédemment répondu aux questions des députés, dans le cadre de la mission d’information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Covid-19, le 21 octobre (cf dépêche du 22/10/2020 à 16:02).

"Au début de la crise, [...] lorsque nous avons nous-mêmes évoqué avec nos partenaires européens la nécessité de prendre un certain nombre de mesures, ils ne venaient pas aux réunions ou nous disaient: '[Pourquoi] vous êtes en train de réagir comme ça ?'", a exposé Edouard Philippe.

Selon lui, "Agnès Buzyn [ministre des solidarités et de la santé jusqu'à la mi-février] en était horrifiée", et Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, "a également connu" cela.

L'ancienne ministre des solidarités et de la santé avait notamment évoqué, devant le Sénat en septembre, un manque d'appui suffisant des instances internationales au début de la crise "pour mettre tout le monde en alerte" (cf dépêche du 24/09/2020 à 08:19). Elle avait auparavant assuré, devant les députés en juin, que le gouvernement français était "en avance par rapport aux décisions internationales" lorsqu'elle était encore ministre (cf dépêche du 30/06/2020 à 22:41).

En janvier, il y avait "plutôt un désintérêt des pays européens", "ensuite dans la crise, il y a eu la résurgence d'une logique très nationale", a poursuivi Edouard Philippe devant les sénateurs.

"On peut faire également ce reproche à la France", avec "l'impact de la décision des réquisitions de masques" (cf APMSL7Q6NVBO) sur le territoire français, a-t-il nuancé. "Je ne doute pas une seconde que certains responsables qui attendaient des commandes de France ont trouvé que c'était un geste national égoïste."

"Je pense que d'une certaine façon, aussi surpris que les Italiens par la brutalité et la rapidité de l'épidémie, nous n'avons pas su complètement, nous Français, nous Allemands, nous Européens, avoir les bons gestes et les bonnes mesures à destination d'amis qui prenaient la première vague brutalement, sans préparation", a-t-il regretté, faisant référence à la situation épidémique en Italie, particulièrement touchée par le virus alors (cf dépêche du 20/03/2020 à 19:02).

Et de renchérir: "L'Union européenne [UE] [sur] ce point n'a pas été d'une aide considérable au début" de l'épidémie.

Cela a changé ensuite "heureusement", a-t-il précisé, évoquant la politique de relance économique et les commandes de vaccins (cf dépêche du 08/10/2020 à 15:27), notamment.

Concernant la question des frontières au sein de l'espace Schengen, "la gestion optimale eut été d'avoir une décision et des règles collectives, disant quand on ouvre et quand on ferme, sur quel périmètre, de façon à ce que chacun sache mais ça ne s'est pas passé comme ça".

"Même dans les logiques bilatérales, ça ne s'est pas passé comme ça", a-t-il ajouté, expliquant que ni l'Allemagne, ni la Belgique n'ont prévenu la France sur des décisions relatives aux fermetures de frontières.

Edouard Philippe n'a pas souhaité "qualifier" le fonctionnement et les évolutions de la doctrine de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais a estimé qu'il est "vrai que le dispositif international dans son ensemble a été assez peu convaincant d'une certaine façon".

Les tests rapides, un enjeu primordial, selon Edouard Philippe

Il a par ailleurs considéré qu'avec l'ampleur actuelle de l'épidémie, "on pratique beaucoup, beaucoup de tests" et qu'il n'est "pas sûr qu'on ait la machine humaine et administrative pour 'processer' l'ensemble [...] des résultats de ces tests ensuite en pratique, pour appeler les cas contacts". Et ce renchérir: "Cela me semble difficile avec autant de contaminations".

"Je suis certain que lorsqu'on aura un instrument fiable et rapide -je dis avec prudence que les tests antigéniques sont de cette nature- [...] cela va nous donner un instrument de gestion de l'épidémie extraordinaire, plus efficace probablement, si cela marche" que les "tests compliqués à pratiquer et pas agréables à subir".

Egalement, Edouard Philippe a estimé qu'il faudra tirer des leçons de la crise dans l'organisation de l'Etat, estimant que celle-ci "sera nécessairement amenée à changer", notamment dans la façon dont l'Etat travaille avec les parties prenantes, et l'organisation interne.

Il a estimé que certaines structures ont parfois à la fois bien et mal fonctionné. Il a par exemple rappelé les critiques à l'encontre des agences régionales de santé (ARS) sur leur travail difficile avec les élus, les élus locaux et le secteur privé, mais dans la réponse à la crise, "un certain nombre de ces directeurs généraux" et de ces équipes ont été "exceptionnels, [...] d'implication de compétences, d'imagination même parfois", a-t-il assuré.

jyp/ab/APMnews

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EDOUARD PHILIPPE CRITIQUE LE MANQUE DE COOPÉRATION ENTRE LES PAYS AU DÉBUT DE L'ÉPIDÉMIE DE COVID-19

PARIS, 29 octobre 2020 (APMnews) - L'ancien premier ministre Edouard Philippe a regretté jeudi le manque de coordination entre les pays au niveau européen et mondial, au début de la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Il était auditionné jeudi, durant plus de deux heures, par la commission d'enquête du Sénat pour l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies.

L'ancien premier ministre avait précédemment répondu aux questions des députés, dans le cadre de la mission d’information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Covid-19, le 21 octobre (cf dépêche du 22/10/2020 à 16:02).

"Au début de la crise, [...] lorsque nous avons nous-mêmes évoqué avec nos partenaires européens la nécessité de prendre un certain nombre de mesures, ils ne venaient pas aux réunions ou nous disaient: '[Pourquoi] vous êtes en train de réagir comme ça ?'", a exposé Edouard Philippe.

Selon lui, "Agnès Buzyn [ministre des solidarités et de la santé jusqu'à la mi-février] en était horrifiée", et Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, "a également connu" cela.

L'ancienne ministre des solidarités et de la santé avait notamment évoqué, devant le Sénat en septembre, un manque d'appui suffisant des instances internationales au début de la crise "pour mettre tout le monde en alerte" (cf dépêche du 24/09/2020 à 08:19). Elle avait auparavant assuré, devant les députés en juin, que le gouvernement français était "en avance par rapport aux décisions internationales" lorsqu'elle était encore ministre (cf dépêche du 30/06/2020 à 22:41).

En janvier, il y avait "plutôt un désintérêt des pays européens", "ensuite dans la crise, il y a eu la résurgence d'une logique très nationale", a poursuivi Edouard Philippe devant les sénateurs.

"On peut faire également ce reproche à la France", avec "l'impact de la décision des réquisitions de masques" (cf APMSL7Q6NVBO) sur le territoire français, a-t-il nuancé. "Je ne doute pas une seconde que certains responsables qui attendaient des commandes de France ont trouvé que c'était un geste national égoïste."

"Je pense que d'une certaine façon, aussi surpris que les Italiens par la brutalité et la rapidité de l'épidémie, nous n'avons pas su complètement, nous Français, nous Allemands, nous Européens, avoir les bons gestes et les bonnes mesures à destination d'amis qui prenaient la première vague brutalement, sans préparation", a-t-il regretté, faisant référence à la situation épidémique en Italie, particulièrement touchée par le virus alors (cf dépêche du 20/03/2020 à 19:02).

Et de renchérir: "L'Union européenne [UE] [sur] ce point n'a pas été d'une aide considérable au début" de l'épidémie.

Cela a changé ensuite "heureusement", a-t-il précisé, évoquant la politique de relance économique et les commandes de vaccins (cf dépêche du 08/10/2020 à 15:27), notamment.

Concernant la question des frontières au sein de l'espace Schengen, "la gestion optimale eut été d'avoir une décision et des règles collectives, disant quand on ouvre et quand on ferme, sur quel périmètre, de façon à ce que chacun sache mais ça ne s'est pas passé comme ça".

"Même dans les logiques bilatérales, ça ne s'est pas passé comme ça", a-t-il ajouté, expliquant que ni l'Allemagne, ni la Belgique n'ont prévenu la France sur des décisions relatives aux fermetures de frontières.

Edouard Philippe n'a pas souhaité "qualifier" le fonctionnement et les évolutions de la doctrine de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais a estimé qu'il est "vrai que le dispositif international dans son ensemble a été assez peu convaincant d'une certaine façon".

Les tests rapides, un enjeu primordial, selon Edouard Philippe

Il a par ailleurs considéré qu'avec l'ampleur actuelle de l'épidémie, "on pratique beaucoup, beaucoup de tests" et qu'il n'est "pas sûr qu'on ait la machine humaine et administrative pour 'processer' l'ensemble [...] des résultats de ces tests ensuite en pratique, pour appeler les cas contacts". Et ce renchérir: "Cela me semble difficile avec autant de contaminations".

"Je suis certain que lorsqu'on aura un instrument fiable et rapide -je dis avec prudence que les tests antigéniques sont de cette nature- [...] cela va nous donner un instrument de gestion de l'épidémie extraordinaire, plus efficace probablement, si cela marche" que les "tests compliqués à pratiquer et pas agréables à subir".

Egalement, Edouard Philippe a estimé qu'il faudra tirer des leçons de la crise dans l'organisation de l'Etat, estimant que celle-ci "sera nécessairement amenée à changer", notamment dans la façon dont l'Etat travaille avec les parties prenantes, et l'organisation interne.

Il a estimé que certaines structures ont parfois à la fois bien et mal fonctionné. Il a par exemple rappelé les critiques à l'encontre des agences régionales de santé (ARS) sur leur travail difficile avec les élus, les élus locaux et le secteur privé, mais dans la réponse à la crise, "un certain nombre de ces directeurs généraux" et de ces équipes ont été "exceptionnels, [...] d'implication de compétences, d'imagination même parfois", a-t-il assuré.

jyp/ab/APMnews

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