Actualités de l'Urgence - APM

17/04 2019
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EFFECTIFS AUX URGENCES: UNE SITUATION "EXPLOSIVE" (ENQUÊTE SAMU-URGENCES DE FRANCE ET SNPHAR-E)

PARIS, 17 avril 2019 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E) et Samu-Urgences de France ont dévoilé mercredi dans un communiqué les résultats d'une enquête sur les conditions d'exercice des médecins urgentistes à l'hôpital public et interpellent de nouveau les pouvoirs publics sur une situation qu'ils jugent "explosive".

"La suractivité des structures d'urgences, le sous-effectif médical et paramédical flagrant ainsi que le manque de surface criant des services d’urgences sont des facteurs à l’origine de drames mais aussi d’un épuisement professionnel pour un nombre croissant de soignants", exposent les deux organisations dans leur communiqué.

Elles dénoncent une "situation explosive", alors que "l'activité continue à augmenter de 10% par an" dans les services des urgences.

Elles ont mené, de janvier à février, une enquête par voie électronique, afin de "faire un focus sur les conditions d'exercice des médecins urgentistes" à l'hôpital public.

Au total, "1.092 urgentistes de toute la France métropolitaine et des DOM ont répondu à 77 questions sur l'organisation du travail, l'activité et leurs conditions de travail", expliquent les organisations.

Un premier constat est que les équipes sont "sous-dimensionnées et en souffrance". Les effectifs médicaux dans les services des urgences, Samu-centres 15 et Smur sont, au regard de leur activité et du référentiel professionnel (établi par Samu-Urgences de France en 2011), "incomplètes dans 85% des cas".

Une différence supérieure à 30% entre les effectifs médicaux en place et les effectifs cibles "est même relevée pour la moitié des praticiens ayant répondu à l’enquête".

Le référentiel de Samu-Urgences de France fixe à 10,8 équivalents temps plein (ETP) le nombre de médecins seniors nécessaires dans un service des urgences dont le nombre de passages est compris entre 20.000 et 30.000 par an, note-t-on. Il estime à 15,6 le nombre d'ETP nécessaires pour 30.000 à 40.000 passages, et à 19,2 ETP entre 40.000 et 50.000 passages.

"Le temps non posté, essentiel au bon fonctionnement du service et à la construction de parcours de soins coordonnés, est insuffisant: ce temps dédié n’existe que dans 16% des cas", selon les résultats de l'enquête.

Les deux organisations ajoutent qu'"un temps de travail posté déraisonnable fait le lit d’erreurs médicales". Il est à la source de "causes reconnues de morts évitables" et "d’épuisement professionnel".

Elles rapportent qu'un tiers des médecins urgentistes déclarent "que plus de 30% de leurs collègues ont quitté les urgences, durant les trois dernières années".

Les résultats permettent aussi d'observer "un non-respect du temps de travail et du code du travail".

Le temps de travail hebdomadaire, "limité à 48 heures, fixé par la réglementation européenne, n’est pas respecté: 83% des médecins urgentistes travaillent au-delà de cette limite pour assurer le fonctionnement des services".

En outre, "malgré les circulaires sur l’organisation du temps de travail des urgentistes, de nombreux directeurs d’hôpital bafouent la réglementation", pointent les organisations. "61% d’entre eux n’ont pas contractualisé ce temps de travail".

Recherche quotidienne de lits d'aval

Plus de la moitié (56%) des médecins urgentistes précisent qu'ils aimeraient ne plus faire de temps additionnel "mais se sentent obligés vis-à-vis de leurs collègues et de la permanence et de la continuité des soins".

Deux tiers des médecins assurent plus de 6 gardes par mois et 46% des urgentistes travaillent 3 jours de week-end par mois, voire 4 dans 31% des cas.

Or, "travailler la nuit et le week-end est source de désocialisation et accentue la pénibilité de l’exercice", laquelle ne fait l'objet d'"aucune reconnaissance", commentent Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E.

Le travail est "généralement mutualisé entre les urgences et le Smur (88% des praticiens) et dans 30% des cas, l’activité est réalisée sur plusieurs sites".

Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E constatent que "le recours à l’intérim est toujours aussi fréquent (62% des équipes) sans diminuer pour autant la charge de travail des praticiens titulaires". Son "impact sur les budgets hospitaliers est démesuré par rapport à la plus-value attendue", précisent les organisations.

Des dysfonctionnements perdurent en aval des urgences, ajoutent-elles. Ainsi, "40% des médecins interrogés travaillent dans un service d’urgence de plus de 50.000 passages et deux tiers des sondés sont confrontés à une recherche quotidienne de lits d’aval".

"Chaque matin en arrivant aux urgences, 6 praticiens sur 10 constatent entre 5 et 20 patients en attente sur un brancard".

Les Samu-centres 15 sont également insuffisamment dotés en moyens humains: au regard de l’activité, "le nombre de médecins régulateurs est insuffisant pour 65% des répondants. Dans la moitié des réponses, il n’y a qu’un seul médecin régulateur par nuit. Le nombre d’assistants de régulation médicale est insuffisant dans un tiers des cas et leur temps de formation continue est inférieur à 10 h par an".

"Il est temps que nos gouvernants et nos administrations de tutelle prennent la réelle mesure de la situation et assument leurs responsabilités pour apporter des réponses concrètes à nos difficultés", réclament les deux organisations. "Nous, Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E, prendrons nos responsabilités pour éviter un cataclysme sanitaire qui préfigure une multitude de drames à venir", concluent-elles.

Pour rappel, un mouvement de grève du personnel soignant des services des urgences des hôpitaux de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a commencé lundi matin, dans le prolongement d'une mobilisation qui se poursuit depuis le 18 mars à l'hôpital Saint-Antoine (cf dépêche du 15/04/2019 à 18:40).

mlb/nc/APMnews

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PARIS, 17 avril 2019 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E) et Samu-Urgences de France ont dévoilé mercredi dans un communiqué les résultats d'une enquête sur les conditions d'exercice des médecins urgentistes à l'hôpital public et interpellent de nouveau les pouvoirs publics sur une situation qu'ils jugent "explosive".

"La suractivité des structures d'urgences, le sous-effectif médical et paramédical flagrant ainsi que le manque de surface criant des services d’urgences sont des facteurs à l’origine de drames mais aussi d’un épuisement professionnel pour un nombre croissant de soignants", exposent les deux organisations dans leur communiqué.

Elles dénoncent une "situation explosive", alors que "l'activité continue à augmenter de 10% par an" dans les services des urgences.

Elles ont mené, de janvier à février, une enquête par voie électronique, afin de "faire un focus sur les conditions d'exercice des médecins urgentistes" à l'hôpital public.

Au total, "1.092 urgentistes de toute la France métropolitaine et des DOM ont répondu à 77 questions sur l'organisation du travail, l'activité et leurs conditions de travail", expliquent les organisations.

Un premier constat est que les équipes sont "sous-dimensionnées et en souffrance". Les effectifs médicaux dans les services des urgences, Samu-centres 15 et Smur sont, au regard de leur activité et du référentiel professionnel (établi par Samu-Urgences de France en 2011), "incomplètes dans 85% des cas".

Une différence supérieure à 30% entre les effectifs médicaux en place et les effectifs cibles "est même relevée pour la moitié des praticiens ayant répondu à l’enquête".

Le référentiel de Samu-Urgences de France fixe à 10,8 équivalents temps plein (ETP) le nombre de médecins seniors nécessaires dans un service des urgences dont le nombre de passages est compris entre 20.000 et 30.000 par an, note-t-on. Il estime à 15,6 le nombre d'ETP nécessaires pour 30.000 à 40.000 passages, et à 19,2 ETP entre 40.000 et 50.000 passages.

"Le temps non posté, essentiel au bon fonctionnement du service et à la construction de parcours de soins coordonnés, est insuffisant: ce temps dédié n’existe que dans 16% des cas", selon les résultats de l'enquête.

Les deux organisations ajoutent qu'"un temps de travail posté déraisonnable fait le lit d’erreurs médicales". Il est à la source de "causes reconnues de morts évitables" et "d’épuisement professionnel".

Elles rapportent qu'un tiers des médecins urgentistes déclarent "que plus de 30% de leurs collègues ont quitté les urgences, durant les trois dernières années".

Les résultats permettent aussi d'observer "un non-respect du temps de travail et du code du travail".

Le temps de travail hebdomadaire, "limité à 48 heures, fixé par la réglementation européenne, n’est pas respecté: 83% des médecins urgentistes travaillent au-delà de cette limite pour assurer le fonctionnement des services".

En outre, "malgré les circulaires sur l’organisation du temps de travail des urgentistes, de nombreux directeurs d’hôpital bafouent la réglementation", pointent les organisations. "61% d’entre eux n’ont pas contractualisé ce temps de travail".

Recherche quotidienne de lits d'aval

Plus de la moitié (56%) des médecins urgentistes précisent qu'ils aimeraient ne plus faire de temps additionnel "mais se sentent obligés vis-à-vis de leurs collègues et de la permanence et de la continuité des soins".

Deux tiers des médecins assurent plus de 6 gardes par mois et 46% des urgentistes travaillent 3 jours de week-end par mois, voire 4 dans 31% des cas.

Or, "travailler la nuit et le week-end est source de désocialisation et accentue la pénibilité de l’exercice", laquelle ne fait l'objet d'"aucune reconnaissance", commentent Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E.

Le travail est "généralement mutualisé entre les urgences et le Smur (88% des praticiens) et dans 30% des cas, l’activité est réalisée sur plusieurs sites".

Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E constatent que "le recours à l’intérim est toujours aussi fréquent (62% des équipes) sans diminuer pour autant la charge de travail des praticiens titulaires". Son "impact sur les budgets hospitaliers est démesuré par rapport à la plus-value attendue", précisent les organisations.

Des dysfonctionnements perdurent en aval des urgences, ajoutent-elles. Ainsi, "40% des médecins interrogés travaillent dans un service d’urgence de plus de 50.000 passages et deux tiers des sondés sont confrontés à une recherche quotidienne de lits d’aval".

"Chaque matin en arrivant aux urgences, 6 praticiens sur 10 constatent entre 5 et 20 patients en attente sur un brancard".

Les Samu-centres 15 sont également insuffisamment dotés en moyens humains: au regard de l’activité, "le nombre de médecins régulateurs est insuffisant pour 65% des répondants. Dans la moitié des réponses, il n’y a qu’un seul médecin régulateur par nuit. Le nombre d’assistants de régulation médicale est insuffisant dans un tiers des cas et leur temps de formation continue est inférieur à 10 h par an".

"Il est temps que nos gouvernants et nos administrations de tutelle prennent la réelle mesure de la situation et assument leurs responsabilités pour apporter des réponses concrètes à nos difficultés", réclament les deux organisations. "Nous, Samu-Urgences de France et le SNPHAR-E, prendrons nos responsabilités pour éviter un cataclysme sanitaire qui préfigure une multitude de drames à venir", concluent-elles.

Pour rappel, un mouvement de grève du personnel soignant des services des urgences des hôpitaux de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a commencé lundi matin, dans le prolongement d'une mobilisation qui se poursuit depuis le 18 mars à l'hôpital Saint-Antoine (cf dépêche du 15/04/2019 à 18:40).

mlb/nc/APMnews

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