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29/09 2023
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ELABORER UN PLAN BLANC EN STÉRILISATION POUR FAIRE FACE À L'URGENCE PAR LA QUALITÉ

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SF2S)

MARSEILLE, 29 septembre 2023 (APMnews) - L'élaboration d'un plan blanc en stérilisation doit permettre de faire face à l'urgence par la qualité, notamment pour des situations d'afflux massif de patients, selon un travail présenté au congrès de la Société française des sciences de la stérilisation (SF2S) la semaine dernière à Marseille.

"Les plans blancs ont des causes diverses dont les événements de grande envergure avec des manifestations sportives -on pense au rugby en ce moment et on aura les Jeux olympiques de Paris en 2024-, les accidents de la voie publique, les accidents urbains, les attentats. Pour tous ces événements, l'hôpital Bicêtre, comme beaucoup d'autres établissements, sont susceptibles d'être mis à contribution en cas d'afflux massif de patients, en cas de plan blanc", a rappelé Abdelhalim Djalane, interne à la stérilisation centrale de l'hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne, AP-HP).

"Au niveau de notre groupement hospitalier (GH), le plan blanc n'abordait pas les missions et les enjeux derrière l'activité de la stérilisation et le personnel n'était pas formé à ce fonctionnement", a-t-il expliqué.

L'objectif du travail était d'élaborer les modalités de fonctionnement de l'unité de stérilisation en cas de plan blanc impliquant un afflux massif de patients nécessitant une prise en charge chirurgicale et donc des instruments chirurgicaux stériles.

Une revue des plans blancs de divers hôpitaux français a été réalisée, ainsi que des recommandations de la SF2S en la matière. A partir de la cartographie des processus et des risques de l'unité (outil Sterisk*), l'équipe a conduit une analyse des modes de défaillance, de leurs effets et criticité (analyse Amdec) en situation de plan blanc. Elle a établi les modalités d'organisation de l'unité au cours de réunions pluriprofessionnelles (direction qualité, ressources humaines, stérilisation), avec prise de décision sur comparaison de scenarii.

Sur 9 processus et 53 sous-processus, l'Amdec a relevé 231 risques, dont 15 risques de criticité modérée (7 ≤ criticité ≤ 12) et 6 risques de haute criticité (≥ 13/25). Ils concernaient la disponibilité du personnel, la traçabilité patient (identités provisoires pour des patients inconscients), le risque prion et la non-conformité des compositions reçues des blocs.

Un dossier plan blanc a été constitué, résumant les informations et contacts utiles. "Il fait office de support de formation et d'information", a-t-il noté. Des fiches-réflexes ou check-lists des actions à mener le jour J par le pharmacien responsable de la stérilisation, l'encadrant, l'agent de production, l'agent de conditionnement, l'agent de logistique et le pharmacien en cellule de crise, y ont été intégrées. Elles font office de mode opératoire.

Par exemple pour le risque prion, il a été décidé d'appliquer un traitement prionicide à tout le matériel quand le risque n'était pas connu.

Les équipes de stérilisation ont été formées au fonctionnement en plan blanc. Cela permet de rassurer vis-à-vis de la survenue d'un tel événement, a noté l'interne.

Il reste à affiner le plan par un retour d'expérience car l'Amdec est une méthode prévisionnelle, a-t-il ajouté.

Il est prévu d'intégrer ces documents au plan blanc du GH, d'articuler ce plan blanc de la stérilisation du matériel chirurgical aux autres plans blancs (avec celui des produits de santé de la pharmacie) et peut-être de l'harmoniser aux plans blancs des autres stérilisations du GH.

Optimiser le circuit des demandes urgentes venant des blocs opératoires

En fonctionnement normal aussi, l'activité du bloc opératoire a un impact direct sur celle de la stérilisation et il est primordial d'optimiser les flux entre les deux services pour assurer une prise en charge de qualité des dispositifs médicaux réutilisables. Une des problématiques rencontrées est le traitement des nombreuses demandes urgentes et leur réelle indication de stérilisation en urgence.

Margaux Portalier, interne en pharmacie en Auvergne-Rhône-Alpes, s'est attelée à ce sujet pendant un semestre à l'hôpital de Villefranche-sur-Saône (Rhône), avec l'équipe de stérilisation.

Il existe deux types de demandes urgentes: pour l'une, le matériel doit être retourné le plus vite possible au bloc et donc traité en moins de 6h et pour l'autre, le bloc précise l'heure de retour souhaitée. La demande est effectivement considérée comme urgente si le matériel a vraiment été utilisé dans les 24h suivantes.

En analysant les demandes urgentes de 2021 grâce aux fiches de traçabilité des patients et au logiciel de traçabilité de stérilisation, des indicateurs ont pu être identifiés: durée des étapes du circuit (pré-désinfection, transport de l'armoire vers la stérilisation, temps en stérilisation), délai entre la demande urgente et la réutilisation du matériel, jour de la demande urgente, nombre de compositions concernées, etc.

Ces demandes ont été étudiées selon la spécialité chirurgicale afin de permettre un retour plus spécifique aux équipes du bloc opératoire.

De janvier à septembre 2022, 676 demandes urgentes ont été analysées. Elles étaient beaucoup plus nombreuses qu'en 2019.

Les trois spécialités qui font le plus de demandes en urgence sont en premier la chirurgie maxillo-faciale (221), l'orthopédie (1458) et la chirurgie ORL (141) qui rassemblent à elles seules 75% des demandes urgentes. Le temps de pré-désinfection (supérieur ou égal à 15 minutes) est respecté dans 80% des cas.

Dans 58% des cas, le matériel demandé en urgence a été réutilisé dans un délai supérieur à 48h; dans 19% entre 24 et 48h et 16% seulement en moins de 24h. La chirurgie maxillo-faciale faisait beaucoup de demandes le lundi et le mardi, alors que c'était mieux réparti sur la semaine pour l'ORL et l'orthopédie, a décrit l'interne.

Prenant l'exemple de la chirurgie maxillo-faciale qui représentait 33% des demandes urgentes, 95% de ses demandes urgentes étaient faites le lundi et le mardi. Seulement 20% étaient réellement urgentes (réutilisées dans les 24h) et 40% n'étaient pas urgentes (plus de 48h après). Et cette spécialité était concernée par 55% des problèmes de traçabilité.

En stérilisation, dans 60% des cas, l'armoire était acheminée en moins de 30 min. De plus, dans 67% des cas, la prise en charge en stérilisation des demandes urgentes a été réalisée en moins de 6h.

"Ce travail a été un outil de dialogue entre les blocs opératoires et la stérilisation mais aussi un outil de négociation pour l'achat de nouveaux matériels car certaines compositions étaient régulièrement demandées en urgence", a commenté Margaux Portalier.

Cela a permis d'aboutir à une collaboration pour l'optimisation du circuit des demandes urgentes, a-t-elle ajouté.

sl/ab/APMnews

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(Par Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SF2S)

MARSEILLE, 29 septembre 2023 (APMnews) - L'élaboration d'un plan blanc en stérilisation doit permettre de faire face à l'urgence par la qualité, notamment pour des situations d'afflux massif de patients, selon un travail présenté au congrès de la Société française des sciences de la stérilisation (SF2S) la semaine dernière à Marseille.

"Les plans blancs ont des causes diverses dont les événements de grande envergure avec des manifestations sportives -on pense au rugby en ce moment et on aura les Jeux olympiques de Paris en 2024-, les accidents de la voie publique, les accidents urbains, les attentats. Pour tous ces événements, l'hôpital Bicêtre, comme beaucoup d'autres établissements, sont susceptibles d'être mis à contribution en cas d'afflux massif de patients, en cas de plan blanc", a rappelé Abdelhalim Djalane, interne à la stérilisation centrale de l'hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne, AP-HP).

"Au niveau de notre groupement hospitalier (GH), le plan blanc n'abordait pas les missions et les enjeux derrière l'activité de la stérilisation et le personnel n'était pas formé à ce fonctionnement", a-t-il expliqué.

L'objectif du travail était d'élaborer les modalités de fonctionnement de l'unité de stérilisation en cas de plan blanc impliquant un afflux massif de patients nécessitant une prise en charge chirurgicale et donc des instruments chirurgicaux stériles.

Une revue des plans blancs de divers hôpitaux français a été réalisée, ainsi que des recommandations de la SF2S en la matière. A partir de la cartographie des processus et des risques de l'unité (outil Sterisk*), l'équipe a conduit une analyse des modes de défaillance, de leurs effets et criticité (analyse Amdec) en situation de plan blanc. Elle a établi les modalités d'organisation de l'unité au cours de réunions pluriprofessionnelles (direction qualité, ressources humaines, stérilisation), avec prise de décision sur comparaison de scenarii.

Sur 9 processus et 53 sous-processus, l'Amdec a relevé 231 risques, dont 15 risques de criticité modérée (7 ≤ criticité ≤ 12) et 6 risques de haute criticité (≥ 13/25). Ils concernaient la disponibilité du personnel, la traçabilité patient (identités provisoires pour des patients inconscients), le risque prion et la non-conformité des compositions reçues des blocs.

Un dossier plan blanc a été constitué, résumant les informations et contacts utiles. "Il fait office de support de formation et d'information", a-t-il noté. Des fiches-réflexes ou check-lists des actions à mener le jour J par le pharmacien responsable de la stérilisation, l'encadrant, l'agent de production, l'agent de conditionnement, l'agent de logistique et le pharmacien en cellule de crise, y ont été intégrées. Elles font office de mode opératoire.

Par exemple pour le risque prion, il a été décidé d'appliquer un traitement prionicide à tout le matériel quand le risque n'était pas connu.

Les équipes de stérilisation ont été formées au fonctionnement en plan blanc. Cela permet de rassurer vis-à-vis de la survenue d'un tel événement, a noté l'interne.

Il reste à affiner le plan par un retour d'expérience car l'Amdec est une méthode prévisionnelle, a-t-il ajouté.

Il est prévu d'intégrer ces documents au plan blanc du GH, d'articuler ce plan blanc de la stérilisation du matériel chirurgical aux autres plans blancs (avec celui des produits de santé de la pharmacie) et peut-être de l'harmoniser aux plans blancs des autres stérilisations du GH.

Optimiser le circuit des demandes urgentes venant des blocs opératoires

En fonctionnement normal aussi, l'activité du bloc opératoire a un impact direct sur celle de la stérilisation et il est primordial d'optimiser les flux entre les deux services pour assurer une prise en charge de qualité des dispositifs médicaux réutilisables. Une des problématiques rencontrées est le traitement des nombreuses demandes urgentes et leur réelle indication de stérilisation en urgence.

Margaux Portalier, interne en pharmacie en Auvergne-Rhône-Alpes, s'est attelée à ce sujet pendant un semestre à l'hôpital de Villefranche-sur-Saône (Rhône), avec l'équipe de stérilisation.

Il existe deux types de demandes urgentes: pour l'une, le matériel doit être retourné le plus vite possible au bloc et donc traité en moins de 6h et pour l'autre, le bloc précise l'heure de retour souhaitée. La demande est effectivement considérée comme urgente si le matériel a vraiment été utilisé dans les 24h suivantes.

En analysant les demandes urgentes de 2021 grâce aux fiches de traçabilité des patients et au logiciel de traçabilité de stérilisation, des indicateurs ont pu être identifiés: durée des étapes du circuit (pré-désinfection, transport de l'armoire vers la stérilisation, temps en stérilisation), délai entre la demande urgente et la réutilisation du matériel, jour de la demande urgente, nombre de compositions concernées, etc.

Ces demandes ont été étudiées selon la spécialité chirurgicale afin de permettre un retour plus spécifique aux équipes du bloc opératoire.

De janvier à septembre 2022, 676 demandes urgentes ont été analysées. Elles étaient beaucoup plus nombreuses qu'en 2019.

Les trois spécialités qui font le plus de demandes en urgence sont en premier la chirurgie maxillo-faciale (221), l'orthopédie (1458) et la chirurgie ORL (141) qui rassemblent à elles seules 75% des demandes urgentes. Le temps de pré-désinfection (supérieur ou égal à 15 minutes) est respecté dans 80% des cas.

Dans 58% des cas, le matériel demandé en urgence a été réutilisé dans un délai supérieur à 48h; dans 19% entre 24 et 48h et 16% seulement en moins de 24h. La chirurgie maxillo-faciale faisait beaucoup de demandes le lundi et le mardi, alors que c'était mieux réparti sur la semaine pour l'ORL et l'orthopédie, a décrit l'interne.

Prenant l'exemple de la chirurgie maxillo-faciale qui représentait 33% des demandes urgentes, 95% de ses demandes urgentes étaient faites le lundi et le mardi. Seulement 20% étaient réellement urgentes (réutilisées dans les 24h) et 40% n'étaient pas urgentes (plus de 48h après). Et cette spécialité était concernée par 55% des problèmes de traçabilité.

En stérilisation, dans 60% des cas, l'armoire était acheminée en moins de 30 min. De plus, dans 67% des cas, la prise en charge en stérilisation des demandes urgentes a été réalisée en moins de 6h.

"Ce travail a été un outil de dialogue entre les blocs opératoires et la stérilisation mais aussi un outil de négociation pour l'achat de nouveaux matériels car certaines compositions étaient régulièrement demandées en urgence", a commenté Margaux Portalier.

Cela a permis d'aboutir à une collaboration pour l'optimisation du circuit des demandes urgentes, a-t-elle ajouté.

sl/ab/APMnews

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