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22/05 2024
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EN MAYENNE, LA PLATEFORME TERRITORIALE DE COMMUNICATION VILLE-HÔPITAL FONCTIONNE AU QUOTIDIEN

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, à Santexpo)

PARIS, 22 mai 2024 (APMnews) - La plateforme ville-hôpital mise en place en Mayenne pour favoriser la communication entre professionnels de santé fonctionne en routine pour faciliter les prises en charge des patients dans un contexte de désertification médicale, selon un retour d'expérience présenté mercredi au salon Santexpo qui se tient Porte de Versailles à Paris.

Début 2023, différents acteurs du territoire de la Mayenne (médecine de ville, élus, ARS, hôpitaux) s'étaient réunis pour coconstruire la plateforme ville-hôpital "May-Ville-Hôp".

L'objectif était d'avoir pour ce petit territoire de 310.000 habitants un outil pour "améliorer les relations entre l'hôpital et la ville dans un contexte mayennais de démographie médicale en berne", a décrit Sébastien Treguenard, directeur du centre hospitalier (CH) de Laval et président du comité stratégique du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Mayenne et du Haut-Anjou.

La plateforme est née d'une demande des praticiens libéraux et des spécialistes hospitaliers de la Mayenne formulée lors des états généraux de la santé organisés dans le département, pour faciliter la gestion du parcours patient. Afin de développer les collaborations entre professionnels, le besoin d'un outil informatique à leur service s'est exprimé ainsi que celui d'un annuaire des professionnels de santé, a rapporté Jean-François Sallard, conseiller départemental et médecin généraliste.

Pour être fonctionnel, le modèle retenu est celui d'un outil communautaire, de territoire et non pas hospitalier, a noté le directeur du CH de Laval. Les modules sont coconstruits avec les utilisateurs: médecins de ville, pharmaciens, paramédicaux qui sont contactés via les ordres professionnels.

Un partenariat avec InterSystems a été annoncé en mai 2023 pour la mise en place de ce portail (cf dépêche du 16/05/2023 à 18:51). Il regroupe différents services à destination de la médecine de ville (synthèse du dossier patient informatisé -DPI-, demandes semi-urgentes, télé-expertise, annuaire, notifications) afin de fluidifier les parcours entre la ville et l'hôpital. Il peut intégrer des logiciels développés par d'autres.

"C'est un guichet unique développé dans une optique de coconstruction pour proposer différents services", a ajouté Florence Cureau d'InterSystems.

Lancée en juillet 2023, la plateforme est désormais utilisée en production depuis neuf mois et a vu croître son nombre d'utilisateurs, ses fonctionnalités et son périmètre d'application.

L'outil intègre une synthèse du DPI du CH de Laval et bientôt ceux des autres hôpitaux (ils ont tous le même DPI maintenant) y compris la polyclinique du Maine de Laval et les laboratoires de ville, a précisé Vincent Errera, directeur adjoint au CH de Laval, secrétaire général du GHT.

Il y a un lien contextuel vers le dossier médical partagé (DMP).

La plateforme comprend un annuaire qui recense tous les spécialistes des trois établissements MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) du GHT et bientôt ceux de la polyclinique du Maine. Les pharmaciens de ville sont en cours de rattachement.

Des espaces de discussion sont associés à l'annuaire. Une question peut être posée en taguant un spécialiste et cela crée un groupe de discussion de type WhatsApp.

Concernant l'expertise hospitalière, les médecins généralistes peuvent faire sur cette plateforme des "demandes semi-urgentes" pour avoir un avis spécialisé dans un délai de trois jours à trois semaines. L'hospitalier répond dans les 48h. "On passe d'un temps subi à un temps choisi", a noté Vincent Errera.

L'objectif est de réduire l'adressage par défaut aux urgences pour obtenir une prise en charge relevant de la semi-urgence et donc de désengorger les services d'urgence tout en maintenant une prise en charge optimum des patients à leur domicile.

De novembre 2023 à début mai, 349 demandes semi-urgentes ont été faites sur la plateforme, soit "un nombre assez conséquent", en croissance.

Il existe aussi un module de télé-expertise qui inclut de la facturation avec déjà 121 télé-expertises recensées.

En neuf mois, plus de 300.000 DPI ont été connectés avec 165.000 comptes rendus correspondant à 250.000 séjours. La plateforme compte plus de 150 utilisateurs actifs et 1.600 notifications sont générées par mois de l'équipe de soins aux principales étapes du parcours patient (urgences, hospitalisation, sortie, décès).

"Les médecins généralistes ne vont plus à la pêche aux infos: ils savent que leur patient a été admis aux urgences, en orthopédie, puis qu'il est sorti…", a commenté Vincent Errera.

Jean-François Allard a cité le cas d'un patient de 72 ans, diabétique, qui présentait des douleurs des membres inférieurs. La douleur persistait après l'hospitalisation. La situation a été transmise à l'infirmière de la cellule parcours ordonnancement et une réponse de télé-expertise a été obtenue rapidement entre un médecin hospitalier qui a pu se concerter avec un infectiologue de Rennes. Une hospitalisation a été évitée.

Il existe aussi un module pharmacie. La plateforme intègre l'outil Hospiville* (MaPUI Labs), utile à la conciliation médicamenteuse des patients hospitalisés.

De nouveaux services sont intégrés au fur et à mesure des besoins avec une grande agilité.

Un lien est en cours avec 26 Ehpad autonomes. Un module est en développement pour les infirmiers libéraux. Cela passera par une application pour smartphones car ils sont demandeurs de portabilité.

L'ARS Pays de la Loire a vu dans cet outil de communication un grand intérêt pour la permanence et la continuité des soins, a indiqué Julien Ntanga, responsable du département du numérique en santé à la direction de l'offre de soins de l'ARS. Elle a financé avec 450.000 euros sur un an l'investissement de départ.

En termes de financement, "nous allons évoluer vers un cadre plus normatif. On s'achemine vers un contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens", a indiqué le directeur du CH de Laval.

Vers la responsabilité populationnelle

Les acteurs mayennais vont rejoindre le programme de responsabilité populationnelle lancé il y a cinq ans par la Fédération hospitalière de France (FHF) dans cinq départements pilotes et maintenant déployé dans huit départements, a indiqué Antoine Malone de la FHF.

"La Mayenne est le premier territoire qui intègre un SI [système d'information] collectif dès le départ", a-t-il souligné.

Lundi 1er juillet, une convention sera signée avec la FHF et l'ARS Pays de la Loire en présence d'InterSystems pour lancer ce programme de responsabilité populationnelle pour le diabète de type 2 et l'insuffisance cardiaque, a annoncé Sébastien Treguenard.

"Nous avons impulsé cette plateforme pour résoudre le problème de certains patients qui, du fait de notre démographie médicale accablante, arrivent tardivement aux soins. Pour le diabète de type 2 et l'insuffisance cardiaque, nous allons aller vers le patient plutôt que de l'attendre aux urgences" pour les personnes qui donneront leur accord.

sl/ab/APMnews

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(Par Sylvie LAPOSTOLLE, à Santexpo)

PARIS, 22 mai 2024 (APMnews) - La plateforme ville-hôpital mise en place en Mayenne pour favoriser la communication entre professionnels de santé fonctionne en routine pour faciliter les prises en charge des patients dans un contexte de désertification médicale, selon un retour d'expérience présenté mercredi au salon Santexpo qui se tient Porte de Versailles à Paris.

Début 2023, différents acteurs du territoire de la Mayenne (médecine de ville, élus, ARS, hôpitaux) s'étaient réunis pour coconstruire la plateforme ville-hôpital "May-Ville-Hôp".

L'objectif était d'avoir pour ce petit territoire de 310.000 habitants un outil pour "améliorer les relations entre l'hôpital et la ville dans un contexte mayennais de démographie médicale en berne", a décrit Sébastien Treguenard, directeur du centre hospitalier (CH) de Laval et président du comité stratégique du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Mayenne et du Haut-Anjou.

La plateforme est née d'une demande des praticiens libéraux et des spécialistes hospitaliers de la Mayenne formulée lors des états généraux de la santé organisés dans le département, pour faciliter la gestion du parcours patient. Afin de développer les collaborations entre professionnels, le besoin d'un outil informatique à leur service s'est exprimé ainsi que celui d'un annuaire des professionnels de santé, a rapporté Jean-François Sallard, conseiller départemental et médecin généraliste.

Pour être fonctionnel, le modèle retenu est celui d'un outil communautaire, de territoire et non pas hospitalier, a noté le directeur du CH de Laval. Les modules sont coconstruits avec les utilisateurs: médecins de ville, pharmaciens, paramédicaux qui sont contactés via les ordres professionnels.

Un partenariat avec InterSystems a été annoncé en mai 2023 pour la mise en place de ce portail (cf dépêche du 16/05/2023 à 18:51). Il regroupe différents services à destination de la médecine de ville (synthèse du dossier patient informatisé -DPI-, demandes semi-urgentes, télé-expertise, annuaire, notifications) afin de fluidifier les parcours entre la ville et l'hôpital. Il peut intégrer des logiciels développés par d'autres.

"C'est un guichet unique développé dans une optique de coconstruction pour proposer différents services", a ajouté Florence Cureau d'InterSystems.

Lancée en juillet 2023, la plateforme est désormais utilisée en production depuis neuf mois et a vu croître son nombre d'utilisateurs, ses fonctionnalités et son périmètre d'application.

L'outil intègre une synthèse du DPI du CH de Laval et bientôt ceux des autres hôpitaux (ils ont tous le même DPI maintenant) y compris la polyclinique du Maine de Laval et les laboratoires de ville, a précisé Vincent Errera, directeur adjoint au CH de Laval, secrétaire général du GHT.

Il y a un lien contextuel vers le dossier médical partagé (DMP).

La plateforme comprend un annuaire qui recense tous les spécialistes des trois établissements MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) du GHT et bientôt ceux de la polyclinique du Maine. Les pharmaciens de ville sont en cours de rattachement.

Des espaces de discussion sont associés à l'annuaire. Une question peut être posée en taguant un spécialiste et cela crée un groupe de discussion de type WhatsApp.

Concernant l'expertise hospitalière, les médecins généralistes peuvent faire sur cette plateforme des "demandes semi-urgentes" pour avoir un avis spécialisé dans un délai de trois jours à trois semaines. L'hospitalier répond dans les 48h. "On passe d'un temps subi à un temps choisi", a noté Vincent Errera.

L'objectif est de réduire l'adressage par défaut aux urgences pour obtenir une prise en charge relevant de la semi-urgence et donc de désengorger les services d'urgence tout en maintenant une prise en charge optimum des patients à leur domicile.

De novembre 2023 à début mai, 349 demandes semi-urgentes ont été faites sur la plateforme, soit "un nombre assez conséquent", en croissance.

Il existe aussi un module de télé-expertise qui inclut de la facturation avec déjà 121 télé-expertises recensées.

En neuf mois, plus de 300.000 DPI ont été connectés avec 165.000 comptes rendus correspondant à 250.000 séjours. La plateforme compte plus de 150 utilisateurs actifs et 1.600 notifications sont générées par mois de l'équipe de soins aux principales étapes du parcours patient (urgences, hospitalisation, sortie, décès).

"Les médecins généralistes ne vont plus à la pêche aux infos: ils savent que leur patient a été admis aux urgences, en orthopédie, puis qu'il est sorti…", a commenté Vincent Errera.

Jean-François Allard a cité le cas d'un patient de 72 ans, diabétique, qui présentait des douleurs des membres inférieurs. La douleur persistait après l'hospitalisation. La situation a été transmise à l'infirmière de la cellule parcours ordonnancement et une réponse de télé-expertise a été obtenue rapidement entre un médecin hospitalier qui a pu se concerter avec un infectiologue de Rennes. Une hospitalisation a été évitée.

Il existe aussi un module pharmacie. La plateforme intègre l'outil Hospiville* (MaPUI Labs), utile à la conciliation médicamenteuse des patients hospitalisés.

De nouveaux services sont intégrés au fur et à mesure des besoins avec une grande agilité.

Un lien est en cours avec 26 Ehpad autonomes. Un module est en développement pour les infirmiers libéraux. Cela passera par une application pour smartphones car ils sont demandeurs de portabilité.

L'ARS Pays de la Loire a vu dans cet outil de communication un grand intérêt pour la permanence et la continuité des soins, a indiqué Julien Ntanga, responsable du département du numérique en santé à la direction de l'offre de soins de l'ARS. Elle a financé avec 450.000 euros sur un an l'investissement de départ.

En termes de financement, "nous allons évoluer vers un cadre plus normatif. On s'achemine vers un contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens", a indiqué le directeur du CH de Laval.

Vers la responsabilité populationnelle

Les acteurs mayennais vont rejoindre le programme de responsabilité populationnelle lancé il y a cinq ans par la Fédération hospitalière de France (FHF) dans cinq départements pilotes et maintenant déployé dans huit départements, a indiqué Antoine Malone de la FHF.

"La Mayenne est le premier territoire qui intègre un SI [système d'information] collectif dès le départ", a-t-il souligné.

Lundi 1er juillet, une convention sera signée avec la FHF et l'ARS Pays de la Loire en présence d'InterSystems pour lancer ce programme de responsabilité populationnelle pour le diabète de type 2 et l'insuffisance cardiaque, a annoncé Sébastien Treguenard.

"Nous avons impulsé cette plateforme pour résoudre le problème de certains patients qui, du fait de notre démographie médicale accablante, arrivent tardivement aux soins. Pour le diabète de type 2 et l'insuffisance cardiaque, nous allons aller vers le patient plutôt que de l'attendre aux urgences" pour les personnes qui donneront leur accord.

sl/ab/APMnews

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