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24/11 2020
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ETHIQUE: DES "CHOIX" ENTRE PATIENTS "SE SONT IMPOSÉS" PENDANT LA 1RE VAGUE DE COVID-19 (RÉGIS AUBRY, CCNE)

PARIS, 24 novembre 2020 (APMnews) - "Des choix se sont imposés" pour la prise en charge à l'hôpital de certains résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) positifs au Covid-19 pendant la première vague épidémique, a souligné mardi le Pr Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), lors du point de situation hebdomadaire de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Le Pr Régis Aubry, responsable du département douleurs et soins palliatifs au CHU de Besançon et également président de la commission Ethique de la FHF, est intervenu pour analyser les recommandations du CCNE sur la question du triage ou de la priorisation des patients durant l'épidémie, publiées mardi 17 novembre.

Dans son avis, le comité d'éthique a insisté sur la nécessité de mettre en place un processus décisionnel collégial et interdisciplinaire afin d'aider les soignants (cf dépêche du 18/11/2020 à 16:56).

"Pendant la première vague, certains établissements médico-sociaux ont été à ce point touchés que nous n'étions plus en capacité de proposer des soins de base, compte-tenu du nombre [restreint] de professionnels", a déploré le professeur.

"Des choix se sont imposés par exemple pour les personnes âgées contaminées par [le] Covid dans les Ehpad". Des "discussions" ont eu lieu dans les six régions les plus touchées pour déterminer leur entrée à l'hôpital, parce qu'il y "avait déjà une forte tension" dans les établissements sanitaires, a-t-il continué.

"Donc la question du tri et de la sélection s'est posée bien avant que le CCNE soit sollicité" pour rendre son avis, a-t-il commenté.

Plus largement, "le modèle de l'Ehpad n'est pas suffisant", a affirmé le Pr Régis Aubry. Les établissements pour personnes âgées ont été un lieu "de hauts risques de contamination et il y a donc à réfléchir" à comment réduire ces risques.

Il y aura "de mon point de vue nécessité [...] à redéfinir les enjeux de notre futur système de santé" parce que cette "'survulnérabilité' des Ehpad mise en lumière par l'épidémie" doit conduire "à des modifications assez profondes", a-t-il ajouté.

Certains établissements hospitaliers ont engagé des reprogrammations progressives des interventions en raison d'une pression épidémique en recul, ont par ailleurs indiqué Zaynab Riet et Frédéric Valletoux, respectivement déléguée générale et président de la FHF, lors du point de situation hebdomadaire (cf APM JYP4QKAMF8).

Analyse de l'avis du CCNE

Concernant l'avis du CCNE de la semaine dernière, "nous l'avons rendu rapidement, en [seulement] dix jours, ce qui est un peu inhabituel", a déclaré le professeur.

Il a analysé les "cinq points clés" de ce document.

Le "tri n'est pas éthique", dans le fait de devoir sélectionner des personnes malades pour l'accès aux soins. "Nous sommes certes dans une situation exceptionnelle, mais il ne faudrait pas avoir une éthique d'exception pendant cette période."

Il faut "faire très attention à conserver un des soubassements éthiques de notre système de santé qui est l'accès pour tous aux soins, indépendamment de l'âge et de la vulnérabilité des personnes". Ainsi, "aucun critère d'âge n'est valable", a-t-il poursuivi.

"Même en situation d'urgence, une décision qui va amener à sélectionner ou à trier les patients doit faire l'objet d'un processus délibératif", pour "éviter les décisions isolées" et "subjecti[ves]".

"Quand bien même on considère qu'une sélection" doit être faite au nom "d'un principe de réalité qui n'est pas éthique", il y a une "contrepartie" à respecter qui est l'obligation que nous avons à ne pas abandonner la personne", ainsi "les soins palliatifs et d'accompagnement" doivent être renforcés.

"Ce risque de submersion, auquel nous avons et nous sommes presque encore confrontés dans certaines régions, doit imposer un véritable débat public relatif au fondement éthique de notre système de santé." Il s'agit de déterminer les "priorités et valeurs qui fondent" ce système et qui sont aujourd'hui menacées par la crise sanitaire. Le CCNE va travailler sur ce point "dans les semaines qui viennent", a précisé le Pr Régis Aubry.

syl/cd/APMnews

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ETHIQUE: DES "CHOIX" ENTRE PATIENTS "SE SONT IMPOSÉS" PENDANT LA 1RE VAGUE DE COVID-19 (RÉGIS AUBRY, CCNE)

PARIS, 24 novembre 2020 (APMnews) - "Des choix se sont imposés" pour la prise en charge à l'hôpital de certains résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) positifs au Covid-19 pendant la première vague épidémique, a souligné mardi le Pr Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), lors du point de situation hebdomadaire de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Le Pr Régis Aubry, responsable du département douleurs et soins palliatifs au CHU de Besançon et également président de la commission Ethique de la FHF, est intervenu pour analyser les recommandations du CCNE sur la question du triage ou de la priorisation des patients durant l'épidémie, publiées mardi 17 novembre.

Dans son avis, le comité d'éthique a insisté sur la nécessité de mettre en place un processus décisionnel collégial et interdisciplinaire afin d'aider les soignants (cf dépêche du 18/11/2020 à 16:56).

"Pendant la première vague, certains établissements médico-sociaux ont été à ce point touchés que nous n'étions plus en capacité de proposer des soins de base, compte-tenu du nombre [restreint] de professionnels", a déploré le professeur.

"Des choix se sont imposés par exemple pour les personnes âgées contaminées par [le] Covid dans les Ehpad". Des "discussions" ont eu lieu dans les six régions les plus touchées pour déterminer leur entrée à l'hôpital, parce qu'il y "avait déjà une forte tension" dans les établissements sanitaires, a-t-il continué.

"Donc la question du tri et de la sélection s'est posée bien avant que le CCNE soit sollicité" pour rendre son avis, a-t-il commenté.

Plus largement, "le modèle de l'Ehpad n'est pas suffisant", a affirmé le Pr Régis Aubry. Les établissements pour personnes âgées ont été un lieu "de hauts risques de contamination et il y a donc à réfléchir" à comment réduire ces risques.

Il y aura "de mon point de vue nécessité [...] à redéfinir les enjeux de notre futur système de santé" parce que cette "'survulnérabilité' des Ehpad mise en lumière par l'épidémie" doit conduire "à des modifications assez profondes", a-t-il ajouté.

Certains établissements hospitaliers ont engagé des reprogrammations progressives des interventions en raison d'une pression épidémique en recul, ont par ailleurs indiqué Zaynab Riet et Frédéric Valletoux, respectivement déléguée générale et président de la FHF, lors du point de situation hebdomadaire (cf APM JYP4QKAMF8).

Analyse de l'avis du CCNE

Concernant l'avis du CCNE de la semaine dernière, "nous l'avons rendu rapidement, en [seulement] dix jours, ce qui est un peu inhabituel", a déclaré le professeur.

Il a analysé les "cinq points clés" de ce document.

Le "tri n'est pas éthique", dans le fait de devoir sélectionner des personnes malades pour l'accès aux soins. "Nous sommes certes dans une situation exceptionnelle, mais il ne faudrait pas avoir une éthique d'exception pendant cette période."

Il faut "faire très attention à conserver un des soubassements éthiques de notre système de santé qui est l'accès pour tous aux soins, indépendamment de l'âge et de la vulnérabilité des personnes". Ainsi, "aucun critère d'âge n'est valable", a-t-il poursuivi.

"Même en situation d'urgence, une décision qui va amener à sélectionner ou à trier les patients doit faire l'objet d'un processus délibératif", pour "éviter les décisions isolées" et "subjecti[ves]".

"Quand bien même on considère qu'une sélection" doit être faite au nom "d'un principe de réalité qui n'est pas éthique", il y a une "contrepartie" à respecter qui est l'obligation que nous avons à ne pas abandonner la personne", ainsi "les soins palliatifs et d'accompagnement" doivent être renforcés.

"Ce risque de submersion, auquel nous avons et nous sommes presque encore confrontés dans certaines régions, doit imposer un véritable débat public relatif au fondement éthique de notre système de santé." Il s'agit de déterminer les "priorités et valeurs qui fondent" ce système et qui sont aujourd'hui menacées par la crise sanitaire. Le CCNE va travailler sur ce point "dans les semaines qui viennent", a précisé le Pr Régis Aubry.

syl/cd/APMnews

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