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17/05 2022
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FACE À UN SYSTÈME DE SANTÉ EN SOUFFRANCE, LE PRÉSIDENT DE LA FHF APPELLE À DES MESURES "RAPIDES, FORTES ET DURABLES"

(Par Sabine NEULAT-ISARD et Maryannick LE BRIS, à Santexpo)

PARIS, 17 mai 2022 (APMnews) - Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a appelé le nouveau gouvernement à prendre des mesures "rapides, fortes, profondes et durables" sur le système de santé, mardi matin, lors de l'inauguration de la 56e édition du salon Santexpo qui se déroule jusqu'à jeudi porte de Versailles à Paris.

Photo: Faust Favart
Photo: Faust Favart

"Il faut d'urgence transformer notre système de santé", a martelé Frédéric Valletoux qui a rappelé que le système français avait montré ses "atouts" et ses forces pendant la crise Covid mais souffrait d'un "sous-financement", d'un "mal-financement" et de problèmes d'organisation dans les territoires.

"Plus de 10 milliards d'euros d'économies ont été demandées aux hôpitaux en 15 ans et 80% d'entre eux investissent en deçà du seuil minimal de 3% permettant de renouveler leurs équipements", a-t-il rappelé.

Une situation critique en matière d'effectifs médicaux et soignants

Sans vouloir verser dans le "catastrophisme", il a toutefois affirmé qu'aujourd'hui, "la plupart des établissements de santé et médico-sociaux publics [faisaient] face à une situation critique en matière d'effectifs soignants ou médicaux".

"Le taux d'absentéisme est plus élevé qu'avant la crise, les difficultés à recruter sont fortes, l'intérim et ses dérives battent leur plein, et des tensions majeures existent sur les spécialités médicales assujetties aux gardes et astreintes", a alerté le président de la FHF.

Une telle situation se traduit notamment par des fermetures de lits "dans plus de trois quarts des établissements", des blocs qui "tournent au ralenti", des fermetures temporaires de services d'urgence ou de Smur "trop nombreuses pour être acceptables". Dans ce contexte, la reprise des activités programmées se fait "lentement" et des inquiétudes existent pour les vacances d'été.

Outre ces difficultés, qui font suite à la crise sanitaire liée au Covid, le système de santé souffre de maux plus structurels, comme l'explosion des passages aux urgences "en parallèle d'une érosion de l'offre de premiers recours", déséquilibrant le système de santé.

"À l’exception de cinq d'entre eux, les départements français ont tous connu ces 10 dernières années une hausse des passages aux urgences et une baisse du nombre de médecins généralistes", a pointé Frédéric Valletoux.

Il a aussi mentionné les écarts existant entre les territoires en matière de démographie médicale, comme dans le domaine de la psychiatrie, ainsi que les déséquilibres qui demeurent dans le domaine de la permanence des soins aux dépens des "professionnels des hôpitaux publics", tandis que la "moitié" des médecins généralistes "ne participe pas aux gardes".

Des plans de continuité des soins

Sur le court terme, la FHF réclame le déploiement de "plans de continuité des soins territoriaux" mobilisant "tous les établissements et cliniques" et la médecine de "ville". Elle demande un "doublement des heures supplémentaires et du forfait du temps de travail additionnel pour l'hôpital public".

"Conjointement", elle souhaite, pour l'hôpital, des "mesures de revalorisation immédiates et fortes des rémunérations des gardes et astreintes" et une revalorisation des indemnités de nuit et de week-end pour les soignants.

La fédération considère que les agences régionales de santé (ARS) doivent assurer "un pilotage fort", étant les "seules" à être "en capacité d'assurer un équilibre dans la mobilisation des secteurs public et privé, entre la médecine de ville et l'hôpital, sur le plan des déprogrammations ou des départs en congé par exemple".

"Nous demandons que l'effort soit en permanence réparti entre tous les acteurs", a insisté Frédéric Valletoux. "Nul ne devrait s'y soustraire sauf dérogations en raison de son état de santé ou de son âge", a prévenu le président de la FHF qui a mentionné la possibilité d'effectuer des réquisitions.

Sur le moyen terme, la FHF estime qu'il faut "réorganiser en profondeur et durablement les réponses collectives dans les territoires", a souligné son président. Il s'est félicité que le président de la République ait proposé d'organiser une conférence des parties prenantes sur l'accès aux soins, ce qui revient à l'idée de la FHF de réunir des états généraux de la santé.

L'enjeu de cette conférence, qui devra porter sur "les responsabilités de chacun à l'échelle des territoires", "une juste rémunération de chacun et des efforts consentis", "l'augmentation du nombre de professionnels formés" et "leur répartition dans les territoires en fonction des priorités de santé", "est vital", a affirmé Frédéric Valletoux. La communauté hospitalière fera des propositions "fortes" à cette occasion, a-t-il promis.

Engager une loi "grand âge" et une loi de programmation sur la santé

Les 100 premiers jours du quinquennat doivent aussi permettre de "poser les jalons concrets pour transformer le système de santé" et d'"engager sans délai" la loi sur le "grand âge", qui "est attendue depuis 15 ans".

Frédéric Valletoux a aussi réclamé l'institution d'un "cadre pluriannuel pour la santé" "qui déploie les chantiers urgents et sécurise les financements". Par "l'intermédiaire d'une loi de programmation", il s'agit d'éviter de retomber dans "une logique d'économies comptables" et de dégager les "ressources nécessaires" pour financer les hausses d'effectifs, la recherche, l'innovation ou encore l'investissement.

Sur les ressources, "il y a une grande attente sur ces sujets, plus encore dans le contexte d'inflation galopante", a-t-il prévenu.

Pour les hôpitaux publics, l'inflation "représentera au moins 700 M€ de surcoûts par rapport aux projections de l'Ondam [objectif national de dépenses d'assurance maladie], sans considération de la revalorisation du point d'indice", a souligné le président de la FHF qui a demandé que les surcoûts soient "compensés".

Outre les financements, il faut aussi, selon lui, prévoir "l'évolution des métiers" et adapter "la formation aux évolutions des prises en charge, et des techniques, et augmenter les capacités de ces formations".

Globalement, il faut revoir entièrement "les modes de financement et de rémunération au prisme de la pertinence des soins et de la prévention" ainsi que de la "transition écologique", a-t-il insisté.

"Ne faut-il pas avancer, par exemple, vers un système où une partie des financements des acteurs de soins d'un territoire serait liée à l'amélioration des indicateurs de santé publique?", s'est interrogé Frédéric Valletoux. Il a estimé que tous les pays européens se posaient ces questions et a appelé à "poser les jalons d'une nouvelle politique européenne de santé".

Santexpo se tient jusqu'à jeudi sur le thème notamment de l'Europe de la santé, en présence de représentants de plusieurs pays voisins (cf dépêche du 10/05/2022 à 13:06).

san-mlb/ab/APMnews

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FACE À UN SYSTÈME DE SANTÉ EN SOUFFRANCE, LE PRÉSIDENT DE LA FHF APPELLE À DES MESURES "RAPIDES, FORTES ET DURABLES"

(Par Sabine NEULAT-ISARD et Maryannick LE BRIS, à Santexpo)

PARIS, 17 mai 2022 (APMnews) - Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a appelé le nouveau gouvernement à prendre des mesures "rapides, fortes, profondes et durables" sur le système de santé, mardi matin, lors de l'inauguration de la 56e édition du salon Santexpo qui se déroule jusqu'à jeudi porte de Versailles à Paris.

Photo: Faust Favart
Photo: Faust Favart

"Il faut d'urgence transformer notre système de santé", a martelé Frédéric Valletoux qui a rappelé que le système français avait montré ses "atouts" et ses forces pendant la crise Covid mais souffrait d'un "sous-financement", d'un "mal-financement" et de problèmes d'organisation dans les territoires.

"Plus de 10 milliards d'euros d'économies ont été demandées aux hôpitaux en 15 ans et 80% d'entre eux investissent en deçà du seuil minimal de 3% permettant de renouveler leurs équipements", a-t-il rappelé.

Une situation critique en matière d'effectifs médicaux et soignants

Sans vouloir verser dans le "catastrophisme", il a toutefois affirmé qu'aujourd'hui, "la plupart des établissements de santé et médico-sociaux publics [faisaient] face à une situation critique en matière d'effectifs soignants ou médicaux".

"Le taux d'absentéisme est plus élevé qu'avant la crise, les difficultés à recruter sont fortes, l'intérim et ses dérives battent leur plein, et des tensions majeures existent sur les spécialités médicales assujetties aux gardes et astreintes", a alerté le président de la FHF.

Une telle situation se traduit notamment par des fermetures de lits "dans plus de trois quarts des établissements", des blocs qui "tournent au ralenti", des fermetures temporaires de services d'urgence ou de Smur "trop nombreuses pour être acceptables". Dans ce contexte, la reprise des activités programmées se fait "lentement" et des inquiétudes existent pour les vacances d'été.

Outre ces difficultés, qui font suite à la crise sanitaire liée au Covid, le système de santé souffre de maux plus structurels, comme l'explosion des passages aux urgences "en parallèle d'une érosion de l'offre de premiers recours", déséquilibrant le système de santé.

"À l’exception de cinq d'entre eux, les départements français ont tous connu ces 10 dernières années une hausse des passages aux urgences et une baisse du nombre de médecins généralistes", a pointé Frédéric Valletoux.

Il a aussi mentionné les écarts existant entre les territoires en matière de démographie médicale, comme dans le domaine de la psychiatrie, ainsi que les déséquilibres qui demeurent dans le domaine de la permanence des soins aux dépens des "professionnels des hôpitaux publics", tandis que la "moitié" des médecins généralistes "ne participe pas aux gardes".

Des plans de continuité des soins

Sur le court terme, la FHF réclame le déploiement de "plans de continuité des soins territoriaux" mobilisant "tous les établissements et cliniques" et la médecine de "ville". Elle demande un "doublement des heures supplémentaires et du forfait du temps de travail additionnel pour l'hôpital public".

"Conjointement", elle souhaite, pour l'hôpital, des "mesures de revalorisation immédiates et fortes des rémunérations des gardes et astreintes" et une revalorisation des indemnités de nuit et de week-end pour les soignants.

La fédération considère que les agences régionales de santé (ARS) doivent assurer "un pilotage fort", étant les "seules" à être "en capacité d'assurer un équilibre dans la mobilisation des secteurs public et privé, entre la médecine de ville et l'hôpital, sur le plan des déprogrammations ou des départs en congé par exemple".

"Nous demandons que l'effort soit en permanence réparti entre tous les acteurs", a insisté Frédéric Valletoux. "Nul ne devrait s'y soustraire sauf dérogations en raison de son état de santé ou de son âge", a prévenu le président de la FHF qui a mentionné la possibilité d'effectuer des réquisitions.

Sur le moyen terme, la FHF estime qu'il faut "réorganiser en profondeur et durablement les réponses collectives dans les territoires", a souligné son président. Il s'est félicité que le président de la République ait proposé d'organiser une conférence des parties prenantes sur l'accès aux soins, ce qui revient à l'idée de la FHF de réunir des états généraux de la santé.

L'enjeu de cette conférence, qui devra porter sur "les responsabilités de chacun à l'échelle des territoires", "une juste rémunération de chacun et des efforts consentis", "l'augmentation du nombre de professionnels formés" et "leur répartition dans les territoires en fonction des priorités de santé", "est vital", a affirmé Frédéric Valletoux. La communauté hospitalière fera des propositions "fortes" à cette occasion, a-t-il promis.

Engager une loi "grand âge" et une loi de programmation sur la santé

Les 100 premiers jours du quinquennat doivent aussi permettre de "poser les jalons concrets pour transformer le système de santé" et d'"engager sans délai" la loi sur le "grand âge", qui "est attendue depuis 15 ans".

Frédéric Valletoux a aussi réclamé l'institution d'un "cadre pluriannuel pour la santé" "qui déploie les chantiers urgents et sécurise les financements". Par "l'intermédiaire d'une loi de programmation", il s'agit d'éviter de retomber dans "une logique d'économies comptables" et de dégager les "ressources nécessaires" pour financer les hausses d'effectifs, la recherche, l'innovation ou encore l'investissement.

Sur les ressources, "il y a une grande attente sur ces sujets, plus encore dans le contexte d'inflation galopante", a-t-il prévenu.

Pour les hôpitaux publics, l'inflation "représentera au moins 700 M€ de surcoûts par rapport aux projections de l'Ondam [objectif national de dépenses d'assurance maladie], sans considération de la revalorisation du point d'indice", a souligné le président de la FHF qui a demandé que les surcoûts soient "compensés".

Outre les financements, il faut aussi, selon lui, prévoir "l'évolution des métiers" et adapter "la formation aux évolutions des prises en charge, et des techniques, et augmenter les capacités de ces formations".

Globalement, il faut revoir entièrement "les modes de financement et de rémunération au prisme de la pertinence des soins et de la prévention" ainsi que de la "transition écologique", a-t-il insisté.

"Ne faut-il pas avancer, par exemple, vers un système où une partie des financements des acteurs de soins d'un territoire serait liée à l'amélioration des indicateurs de santé publique?", s'est interrogé Frédéric Valletoux. Il a estimé que tous les pays européens se posaient ces questions et a appelé à "poser les jalons d'une nouvelle politique européenne de santé".

Santexpo se tient jusqu'à jeudi sur le thème notamment de l'Europe de la santé, en présence de représentants de plusieurs pays voisins (cf dépêche du 10/05/2022 à 13:06).

san-mlb/ab/APMnews

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