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03/08 2023
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FRÉDÉRIC ADNET FAIT DE LA RÉUSSITE DES JEUX OLYMPIQUES ET DU SAS SES DEUX DÉFIS PRIORITAIRES À LA TÊTE DU SAMU DE PARIS

(Par Geoffroy LANG)

PARIS, 3 août 2023 (APMnews) - Le Pr Frédéric Adnet, directeur médical du Samu parisien depuis début juin, considère la réussite de la couverture sanitaire des Jeux olympiques de Paris 2024 et du renforcement du service d'accès aux soins (SAS) de la capitale comme les deux principaux défis de son début de mandat, a-t-il expliqué lors d'un entretien accordé mardi à APMnews.

Le Pr Adnet a quitté début juin la chefferie du service Samu-Smur et urgences de Seine-Saint-Denis pour succéder au Pr Pierre Carli à la tête du Samu de Paris (cf dépêche du 29/03/2023 à 13:34).

Frédéric Adnet. Photo: compte Twitter
Frédéric Adnet. Photo: compte Twitter

"C'est un immense honneur et une grande satisfaction puisque je retrouve, pour ce qui sera probablement mon dernier poste, le Samu où j'avais débuté et qui m'avait donné l'envie de faire des urgences préhospitalières ma spécialité", a-t-il énoncé lors d'un entretien accordé à APMnews dans les locaux du Samu de Paris, à l'hôpital Necker (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP). "Pour moi la boucle est bouclée."

Il a confié par la suite qu'il n'était "pas très sûr" de candidater pour le poste au moment où s'était ouverte la succession de Pierre Carli, car il lui était alors "difficile de quitter l'équipe du Samu de la Seine-Saint-Denis". La Pr Anne-Laure Ferahl-Pierssens, membre de son équipe, lui a succédé en juin.

"En tant que directeur de Samu zonal, j'ai fait le tour des sept Samu de la zone qui comprend la grande et la petite couronne", a-t-il rapporté. "On s'est mis d'accord sur un certain nombre de points en ce qui concerne la communication entre les différents Samu et le Samu zonal, la méthodologie de déclenchement et d'entraide réciproque entre les différents Samu."

Il a également assuré avoir entamé un travail collaboratif et complémentaire avec la brigade des sapeurs-pompiers (BSPP), en prévoyant la mise en place d'un poste de commandement (PC) commun en cas d'événement exceptionnel et à plus long terme, le lancement de travaux pour l'interfaçage des logiciels de régulation des sapeurs-pompiers et du Samu.

Le défi olympique de l'été 2024

Pour le Pr Adnet, le premier défi de son mandat se profile dans un an avec l'organisation des Jeux olympiques (JO) de Paris, qui rassembleront près de 16 millions de spectateurs et 15.000 athlètes olympiques et paralympiques lors de 879 épreuves, du 24 juillet au 8 septembre 2024.

"En tant que Samu zonal, on travaille en lien avec l'ARS [agence régionale de santé], la préfecture, le ministère, la BSPP et le comité Paris 2024 pour organiser un dispositif prudentiel et prévisionnel, et pour que tout se passe bien d'un point de vue sanitaire", a-t-il synthétisé.

"Ce sont des moyens supplémentaires qu'on va mettre en œuvre pour assurer une couverture sanitaire, en cas d'accident, pour les soins courants des spectateurs et des personnes accréditées, et un dispositif en cas de situation sanitaire exceptionnelle [SSE]", a expliqué le Pr Adnet. "Les dispositifs de santé se divisent en dispositifs intra-sites, qui sont en général assurés par des sociétés privées d'assistance médicale, et un dispositif extra-site pour les soins courants et les flux de spectateurs et le dispositif SSE."

Si la Coupe du monde de rugby 2023, qui se tiendra en France du 8 septembre au 28 octobre, pourra servir de répétition générale pour ces dispositifs, Frédéric Adnet a tenu à relativiser la comparaison: "Il y aura moins d'impact sur les flux de spectateurs, avec un événement dispersé sur l'ensemble du territoire jusqu'aux phases finales."

"Ça va être une forme de test, sur lequel on va mettre en place des dispositifs médicaux qui n'auront pas l'ampleur de ceux des JO", a-t-il complété.

Au-delà des JO, le directeur du Samu de Paris a fait de la consolidation du SAS son deuxième grand défi au moment de sa prise de fonctions: "Il faut peaufiner et régler les derniers problèmes pour tracer la voie de sa généralisation."

Des bénéfices déjà perceptibles pour la filière psy du SAS

Il a salué à ce titre les progrès qui avaient pu être accomplis avec la création d'une filière de psychiatrie aux côtés des filières socles de l'aide médicale urgente (AMU) et de la filière ambulatoire.

"Actuellement la psychiatrie vit une crise d'aval, on a énormément de mal à trouver des places pour des décompensations aiguës psychiatriques qui appellent le 15", a-t-il recontextualisé.

"On a pu expérimenter une filière de Samu psychiatrique, pour laquelle on a des psychiatres et des psychologues qui prennent l'appel, le cas échéant peuvent envoyer un psychiatre ou un psychologue à domicile avec une voiture du Samu", mais surtout "donne des conseils, voire oriente le patient vers des centres de crises", a mis en avant Frédéric Adnet.

Depuis la création de la filière au sein du SAS, il estime que les urgences enregistrent entre 30% et 40% de passages en moins pour des patients nécessitant une hospitalisation en psychiatrie, notamment pour un épisode de décompensation aiguë.

"C'est une expérimentation qu'on mène depuis plus de deux ans à Paris et qu'on va étendre en Seine-Saint-Denis, et qui semble très prometteuse pour désengorger les urgences où des patients peuvent séjourner 24 heures ou 48 h sous contention", a-t-il ajouté.

Il a également fait état de progrès sur la régulation régionale de pédiatrie, portant notamment sur la prise en charge "du petit enfant et de la néonatalogie". "Les bénéfices viennent de la centralisation des places de réanimation, qui est un sujet de plus en plus difficile, car il y a de moins en moins de places en réanimation pédiatrique."

Il estime que le Samu sera mieux préparé que l'an passé pour affronter une épidémie de bronchiolite (cf dépêche du 01/02/2023 à 16:57): "On a désormais tous les jours, en temps réel, la disponibilité des places en réanimation pédiatrique de façon centralisée; si dans le Val-de-Marne, dans le Val-d'Oise ou en Seine-Saint-Denis on a besoin d'une place en réanimation pédiatrique, on peut immédiatement répondre, plutôt que chaque urgentiste n'aille à la pêche aux places en urgence pédiatrique."

Le projet d'un Samu pour le "Grand Paris" devenu caduc avec le SAS

Interrogé sur l'opportunité de s'orienter vers une organisation plus intégrée des Samu franciliens dans la perspective du Grand Paris, le Pr Adnet a estimé que cette approche n'était pas opportune: "Le Samu a été créé pour une dimension départementale, quand on parlait de redessiner les contours de Paris en faisant disparaître les départements de la petite couronne, le Samu régional prenait sens."

"Les territoires de la petite couronne ont des spécificités très fortes, donc on a abandonné le Samu Grand Paris pour des SAS départementaux", a-t-il poursuivi.

"Avec la dimension 'permanence des soins', les SAS ont des liens très forts avec les réseaux de médecine de ville départementaux et entre la Seine-Saint-Denis, Paris et les Hauts-de-Seine, ça n'a rien à voir, par exemple vous n'avez pas SOS Médecins en Seine-Saint-Denis", a argumenté le directeur du Samu de Paris.

Le Pr Adnet a fait état d'une "situation plutôt calme" au cours de l'été au niveau des urgences de l'AP-HP: "Le principal problème des urgences pour cet été 2023, c'est le manque de lits d'aval, on ne s'est toujours pas remis de la fuite des soignants, avec énormément de services qui sont fermés."

"Le point le plus aigu pour les urgences, c'est la prise en charge des patients psychiatriques qui font des décompensations, on a jusqu'à 10 ou patients aux urgences qui attendent d'être hospitalisés [en psychiatrie]", a-t-il insisté.

Le Samu-SAS de Paris en chiffres (2022)

  • Effectifs: une soixantaine d'assistants de régulation médicale (ARM) et une soixantaine d'urgentistes régulateurs
  • 7.000 interventions d'unité mobile hospitalière (UMH) en 2022
  • 700.000 appels décrochés pour 300.000 dossiers de régulation médicale (DRM), dont 150.000 DRM pour chaque filière (AMU et filière ambulatoire).

gl/ab/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

PARIS, 3 août 2023 (APMnews) - Le Pr Frédéric Adnet, directeur médical du Samu parisien depuis début juin, considère la réussite de la couverture sanitaire des Jeux olympiques de Paris 2024 et du renforcement du service d'accès aux soins (SAS) de la capitale comme les deux principaux défis de son début de mandat, a-t-il expliqué lors d'un entretien accordé mardi à APMnews.

Le Pr Adnet a quitté début juin la chefferie du service Samu-Smur et urgences de Seine-Saint-Denis pour succéder au Pr Pierre Carli à la tête du Samu de Paris (cf dépêche du 29/03/2023 à 13:34).

Frédéric Adnet. Photo: compte Twitter
Frédéric Adnet. Photo: compte Twitter

"C'est un immense honneur et une grande satisfaction puisque je retrouve, pour ce qui sera probablement mon dernier poste, le Samu où j'avais débuté et qui m'avait donné l'envie de faire des urgences préhospitalières ma spécialité", a-t-il énoncé lors d'un entretien accordé à APMnews dans les locaux du Samu de Paris, à l'hôpital Necker (Assistance publique-hôpitaux de Paris, AP-HP). "Pour moi la boucle est bouclée."

Il a confié par la suite qu'il n'était "pas très sûr" de candidater pour le poste au moment où s'était ouverte la succession de Pierre Carli, car il lui était alors "difficile de quitter l'équipe du Samu de la Seine-Saint-Denis". La Pr Anne-Laure Ferahl-Pierssens, membre de son équipe, lui a succédé en juin.

"En tant que directeur de Samu zonal, j'ai fait le tour des sept Samu de la zone qui comprend la grande et la petite couronne", a-t-il rapporté. "On s'est mis d'accord sur un certain nombre de points en ce qui concerne la communication entre les différents Samu et le Samu zonal, la méthodologie de déclenchement et d'entraide réciproque entre les différents Samu."

Il a également assuré avoir entamé un travail collaboratif et complémentaire avec la brigade des sapeurs-pompiers (BSPP), en prévoyant la mise en place d'un poste de commandement (PC) commun en cas d'événement exceptionnel et à plus long terme, le lancement de travaux pour l'interfaçage des logiciels de régulation des sapeurs-pompiers et du Samu.

Le défi olympique de l'été 2024

Pour le Pr Adnet, le premier défi de son mandat se profile dans un an avec l'organisation des Jeux olympiques (JO) de Paris, qui rassembleront près de 16 millions de spectateurs et 15.000 athlètes olympiques et paralympiques lors de 879 épreuves, du 24 juillet au 8 septembre 2024.

"En tant que Samu zonal, on travaille en lien avec l'ARS [agence régionale de santé], la préfecture, le ministère, la BSPP et le comité Paris 2024 pour organiser un dispositif prudentiel et prévisionnel, et pour que tout se passe bien d'un point de vue sanitaire", a-t-il synthétisé.

"Ce sont des moyens supplémentaires qu'on va mettre en œuvre pour assurer une couverture sanitaire, en cas d'accident, pour les soins courants des spectateurs et des personnes accréditées, et un dispositif en cas de situation sanitaire exceptionnelle [SSE]", a expliqué le Pr Adnet. "Les dispositifs de santé se divisent en dispositifs intra-sites, qui sont en général assurés par des sociétés privées d'assistance médicale, et un dispositif extra-site pour les soins courants et les flux de spectateurs et le dispositif SSE."

Si la Coupe du monde de rugby 2023, qui se tiendra en France du 8 septembre au 28 octobre, pourra servir de répétition générale pour ces dispositifs, Frédéric Adnet a tenu à relativiser la comparaison: "Il y aura moins d'impact sur les flux de spectateurs, avec un événement dispersé sur l'ensemble du territoire jusqu'aux phases finales."

"Ça va être une forme de test, sur lequel on va mettre en place des dispositifs médicaux qui n'auront pas l'ampleur de ceux des JO", a-t-il complété.

Au-delà des JO, le directeur du Samu de Paris a fait de la consolidation du SAS son deuxième grand défi au moment de sa prise de fonctions: "Il faut peaufiner et régler les derniers problèmes pour tracer la voie de sa généralisation."

Des bénéfices déjà perceptibles pour la filière psy du SAS

Il a salué à ce titre les progrès qui avaient pu être accomplis avec la création d'une filière de psychiatrie aux côtés des filières socles de l'aide médicale urgente (AMU) et de la filière ambulatoire.

"Actuellement la psychiatrie vit une crise d'aval, on a énormément de mal à trouver des places pour des décompensations aiguës psychiatriques qui appellent le 15", a-t-il recontextualisé.

"On a pu expérimenter une filière de Samu psychiatrique, pour laquelle on a des psychiatres et des psychologues qui prennent l'appel, le cas échéant peuvent envoyer un psychiatre ou un psychologue à domicile avec une voiture du Samu", mais surtout "donne des conseils, voire oriente le patient vers des centres de crises", a mis en avant Frédéric Adnet.

Depuis la création de la filière au sein du SAS, il estime que les urgences enregistrent entre 30% et 40% de passages en moins pour des patients nécessitant une hospitalisation en psychiatrie, notamment pour un épisode de décompensation aiguë.

"C'est une expérimentation qu'on mène depuis plus de deux ans à Paris et qu'on va étendre en Seine-Saint-Denis, et qui semble très prometteuse pour désengorger les urgences où des patients peuvent séjourner 24 heures ou 48 h sous contention", a-t-il ajouté.

Il a également fait état de progrès sur la régulation régionale de pédiatrie, portant notamment sur la prise en charge "du petit enfant et de la néonatalogie". "Les bénéfices viennent de la centralisation des places de réanimation, qui est un sujet de plus en plus difficile, car il y a de moins en moins de places en réanimation pédiatrique."

Il estime que le Samu sera mieux préparé que l'an passé pour affronter une épidémie de bronchiolite (cf dépêche du 01/02/2023 à 16:57): "On a désormais tous les jours, en temps réel, la disponibilité des places en réanimation pédiatrique de façon centralisée; si dans le Val-de-Marne, dans le Val-d'Oise ou en Seine-Saint-Denis on a besoin d'une place en réanimation pédiatrique, on peut immédiatement répondre, plutôt que chaque urgentiste n'aille à la pêche aux places en urgence pédiatrique."

Le projet d'un Samu pour le "Grand Paris" devenu caduc avec le SAS

Interrogé sur l'opportunité de s'orienter vers une organisation plus intégrée des Samu franciliens dans la perspective du Grand Paris, le Pr Adnet a estimé que cette approche n'était pas opportune: "Le Samu a été créé pour une dimension départementale, quand on parlait de redessiner les contours de Paris en faisant disparaître les départements de la petite couronne, le Samu régional prenait sens."

"Les territoires de la petite couronne ont des spécificités très fortes, donc on a abandonné le Samu Grand Paris pour des SAS départementaux", a-t-il poursuivi.

"Avec la dimension 'permanence des soins', les SAS ont des liens très forts avec les réseaux de médecine de ville départementaux et entre la Seine-Saint-Denis, Paris et les Hauts-de-Seine, ça n'a rien à voir, par exemple vous n'avez pas SOS Médecins en Seine-Saint-Denis", a argumenté le directeur du Samu de Paris.

Le Pr Adnet a fait état d'une "situation plutôt calme" au cours de l'été au niveau des urgences de l'AP-HP: "Le principal problème des urgences pour cet été 2023, c'est le manque de lits d'aval, on ne s'est toujours pas remis de la fuite des soignants, avec énormément de services qui sont fermés."

"Le point le plus aigu pour les urgences, c'est la prise en charge des patients psychiatriques qui font des décompensations, on a jusqu'à 10 ou patients aux urgences qui attendent d'être hospitalisés [en psychiatrie]", a-t-il insisté.

Le Samu-SAS de Paris en chiffres (2022)

  • Effectifs: une soixantaine d'assistants de régulation médicale (ARM) et une soixantaine d'urgentistes régulateurs
  • 7.000 interventions d'unité mobile hospitalière (UMH) en 2022
  • 700.000 appels décrochés pour 300.000 dossiers de régulation médicale (DRM), dont 150.000 DRM pour chaque filière (AMU et filière ambulatoire).

gl/ab/APMnews

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