Actualités de l'Urgence - APM
GESTION DES MASQUES: "LA RUPTURE DE LA FILIÈRE D'APPROVISIONNEMENT N'ÉTAIT PAS PRÉVISIBLE" (DG DU CHU DE STRASBOURG)
Christophe Gautier et Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), étaient auditionnés par la mission d'information sur la gestion de l’épidémie de Covid-19, dotée des prérogatives d'une commission d'enquête depuis le 3 juin.
S'agissant de la gestion des masques de protection pour le personnel, le directeur général du CHU de Strasbourg a fait état de l'existence "d'un marché ouvert", avec une possibilité de commande "adaptée aux besoins", permettant de respecter la doctrine de 2013 selon laquelle la responsabilité du stock de masques revient à l'employeur.
Au CHU de Strasbourg, "la consommation mensuelle moyenne est de 114.000 masques chirurgicaux", et "nous avons eu un stock maximum de 125.000 masques, donc 30 jours de stock avec une procédure de déclenchement de nouvelles commandes dès que le stock descendait à un niveau autour de 20 jours", a-t-il expliqué.
Le délai de réapprovisionnement était en moyenne "de 5 jours, donc on a toujours été en théorie en capacité de pouvoir nous approvisionner".
"La seule chose qui n'était pas prévisible, c'est la rupture de la filière d'approvisionnement, l'incapacité qu'ont eue les fournisseurs de pouvoir répondre aux commandes". Mais "le système lui-même n'a pas posé de difficulté" puisque "le seuil de déclenchement de nos stocks nous a toujours permis de faire face", a-t-il défendu.
Des tensions sont apparues "au milieu du mois de février et nous avons commencé à être livrés sur le stock national à compter du 6 mars", a précisé Christophe Gautier. "Nous avons eu 8 livraisons entre le 6 mars et le 11 mai, qui nous ont approvisionnés à hauteur de pratiquement 2 millions de masques chirurgicaux".
"A aucun moment, aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, nous avons été confrontés à une pénurie nette", grâce au stock national, a-t-il poursuivi. "Nous n'avons pas eu de rupture par rapport à la doctrine qui a été établie", a insisté Christophe Gautier, reconnaissant néanmoins "des phases de tension".
Il a en revanche évoqué une "rupture très nette" sur les surblouses, qui a entraîné le recours à "des solutions alternatives".
Christophe Gautier a précisé que, parmi le personnel des HUS, "près de 600 ont été atteints de Covid", sur 12.500 salariés. Un médecin vacataire est décédé. Il a souligné un suivi "extrêmement attentif de la médecine du travail" et, dès le 23 mars, la préconisation du "port du masque généralisé pour l'ensemble des acteurs à l'intérieur des hôpitaux".
La montée en charge de la capacité de dépistage, passé de 300 tests par jour "au début de la période" à 450 à la mi-mars, à 700 début avril puis à 2.000 avec la "nouvelle machine à tests rapides", a permis de "dépister tous les personnels symptômatiques" du CHU.
"Nous n'avons jamais demandé à des personnels testés positifs de rester ou de revenir en situation de travail", a affirmé Christophe Gautier. "C'était une préoccupation essentielle pour nous". Le service de médecine du travail s'est aussi "penché sur les évictions de personnel" de manière préventive.
A l'AP-HP, le nombre de professionnels atteints par le Covid encore "sous-estimé"
Martin Hirsch, qui a témoigné de périodes de difficultés et d'incertitudes s'agissant du matériel de protection, a précisé que l'AP-HP utilisait en 2019 "37.000 masques chirurgicaux et environ 3.500 masques FFP2" par jour.
"Depuis ces dernières semaines, nous utilisons chaque jour 166.000 masques chirurgicaux et 43.000 masques FFP2."
Début mars, "nous disposions d'1,2 million de masques chirurgicaux dans nos stocks, plus 1,8 million commandés", soit "3 millions de masques chirurgicaux", plus "environ 1 million de masques FFP2".
A ces stocks se sont ajoutés, "pour reprendre les stocks que nous avions des crises précédentes, environ 3 millions de masques dont on pouvait considérer qu'ils étaient au-delà de la limite de péremption mais qui ont pu être utilisés pour éviter une pénurie".
Interrogé sur la généralisation du port du masque pour le personnel, à la troisième semaine de mars à l'AP-HP, Martin Hirsch a expliqué avoir "pris en compte le fait qu'en [passant] fin février à la consommation de 160.000 masques d'emblée, nous risquions, quelques jours après, d'être en difficulté" pour les personnels travaillant dans les services Covid.
"Il y a eu une évolution dans les doctrines, indépendantes de nous, et il y a eu une prise en compte de la difficulté qu'on avait à pouvoir reconstituer des stocks pendant cette période, les deux ont joué", a-t-il développé.
"Bien évidemment, le fait que nous soyons aujourd'hui à masque pour tous à toute heure est quelque chose sur lequel nous ne reviendrions pas en cas de deuxième vague."
"Si nous avions eu des stocks de masques plus importants, nous aurions, ce qu'on a fait bien plus tard, donné une dotation individuelle" pour les déplacements dans les transports hors hôpital, a poursuivi Martin Hirsch.
L'AP-HP a connu une pénurie sur les surblouses, a-t-il aussi rapporté, relatant "quelques jours pendant lesquels on a appelé la terre entière". "On fait partie de ceux qui ont [recouru à] l'utilisation de sacs plastiques découpés" pour les utiliser en surblouses, "on en a commandé 1,2 million", et "cette période a été particulièrement inconfortable pour nos personnels", a-t-il attesté.
Il a fait état, chez les professionnels, d'environ "4.800 personnes identifiées comme ayant été atteintes par le Covid" et de 5 décès. Le chiffre des contaminations "est sous-estimé par rapport à la réalité des personnes qui ont été en contact avec le Covid", a-t-il ajouté, soulignant que des tests de sérologie étaient en cours parmi les salariés.
mlb/ab/APMnews
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GESTION DES MASQUES: "LA RUPTURE DE LA FILIÈRE D'APPROVISIONNEMENT N'ÉTAIT PAS PRÉVISIBLE" (DG DU CHU DE STRASBOURG)
Christophe Gautier et Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), étaient auditionnés par la mission d'information sur la gestion de l’épidémie de Covid-19, dotée des prérogatives d'une commission d'enquête depuis le 3 juin.
S'agissant de la gestion des masques de protection pour le personnel, le directeur général du CHU de Strasbourg a fait état de l'existence "d'un marché ouvert", avec une possibilité de commande "adaptée aux besoins", permettant de respecter la doctrine de 2013 selon laquelle la responsabilité du stock de masques revient à l'employeur.
Au CHU de Strasbourg, "la consommation mensuelle moyenne est de 114.000 masques chirurgicaux", et "nous avons eu un stock maximum de 125.000 masques, donc 30 jours de stock avec une procédure de déclenchement de nouvelles commandes dès que le stock descendait à un niveau autour de 20 jours", a-t-il expliqué.
Le délai de réapprovisionnement était en moyenne "de 5 jours, donc on a toujours été en théorie en capacité de pouvoir nous approvisionner".
"La seule chose qui n'était pas prévisible, c'est la rupture de la filière d'approvisionnement, l'incapacité qu'ont eue les fournisseurs de pouvoir répondre aux commandes". Mais "le système lui-même n'a pas posé de difficulté" puisque "le seuil de déclenchement de nos stocks nous a toujours permis de faire face", a-t-il défendu.
Des tensions sont apparues "au milieu du mois de février et nous avons commencé à être livrés sur le stock national à compter du 6 mars", a précisé Christophe Gautier. "Nous avons eu 8 livraisons entre le 6 mars et le 11 mai, qui nous ont approvisionnés à hauteur de pratiquement 2 millions de masques chirurgicaux".
"A aucun moment, aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, nous avons été confrontés à une pénurie nette", grâce au stock national, a-t-il poursuivi. "Nous n'avons pas eu de rupture par rapport à la doctrine qui a été établie", a insisté Christophe Gautier, reconnaissant néanmoins "des phases de tension".
Il a en revanche évoqué une "rupture très nette" sur les surblouses, qui a entraîné le recours à "des solutions alternatives".
Christophe Gautier a précisé que, parmi le personnel des HUS, "près de 600 ont été atteints de Covid", sur 12.500 salariés. Un médecin vacataire est décédé. Il a souligné un suivi "extrêmement attentif de la médecine du travail" et, dès le 23 mars, la préconisation du "port du masque généralisé pour l'ensemble des acteurs à l'intérieur des hôpitaux".
La montée en charge de la capacité de dépistage, passé de 300 tests par jour "au début de la période" à 450 à la mi-mars, à 700 début avril puis à 2.000 avec la "nouvelle machine à tests rapides", a permis de "dépister tous les personnels symptômatiques" du CHU.
"Nous n'avons jamais demandé à des personnels testés positifs de rester ou de revenir en situation de travail", a affirmé Christophe Gautier. "C'était une préoccupation essentielle pour nous". Le service de médecine du travail s'est aussi "penché sur les évictions de personnel" de manière préventive.
A l'AP-HP, le nombre de professionnels atteints par le Covid encore "sous-estimé"
Martin Hirsch, qui a témoigné de périodes de difficultés et d'incertitudes s'agissant du matériel de protection, a précisé que l'AP-HP utilisait en 2019 "37.000 masques chirurgicaux et environ 3.500 masques FFP2" par jour.
"Depuis ces dernières semaines, nous utilisons chaque jour 166.000 masques chirurgicaux et 43.000 masques FFP2."
Début mars, "nous disposions d'1,2 million de masques chirurgicaux dans nos stocks, plus 1,8 million commandés", soit "3 millions de masques chirurgicaux", plus "environ 1 million de masques FFP2".
A ces stocks se sont ajoutés, "pour reprendre les stocks que nous avions des crises précédentes, environ 3 millions de masques dont on pouvait considérer qu'ils étaient au-delà de la limite de péremption mais qui ont pu être utilisés pour éviter une pénurie".
Interrogé sur la généralisation du port du masque pour le personnel, à la troisième semaine de mars à l'AP-HP, Martin Hirsch a expliqué avoir "pris en compte le fait qu'en [passant] fin février à la consommation de 160.000 masques d'emblée, nous risquions, quelques jours après, d'être en difficulté" pour les personnels travaillant dans les services Covid.
"Il y a eu une évolution dans les doctrines, indépendantes de nous, et il y a eu une prise en compte de la difficulté qu'on avait à pouvoir reconstituer des stocks pendant cette période, les deux ont joué", a-t-il développé.
"Bien évidemment, le fait que nous soyons aujourd'hui à masque pour tous à toute heure est quelque chose sur lequel nous ne reviendrions pas en cas de deuxième vague."
"Si nous avions eu des stocks de masques plus importants, nous aurions, ce qu'on a fait bien plus tard, donné une dotation individuelle" pour les déplacements dans les transports hors hôpital, a poursuivi Martin Hirsch.
L'AP-HP a connu une pénurie sur les surblouses, a-t-il aussi rapporté, relatant "quelques jours pendant lesquels on a appelé la terre entière". "On fait partie de ceux qui ont [recouru à] l'utilisation de sacs plastiques découpés" pour les utiliser en surblouses, "on en a commandé 1,2 million", et "cette période a été particulièrement inconfortable pour nos personnels", a-t-il attesté.
Il a fait état, chez les professionnels, d'environ "4.800 personnes identifiées comme ayant été atteintes par le Covid" et de 5 décès. Le chiffre des contaminations "est sous-estimé par rapport à la réalité des personnes qui ont été en contact avec le Covid", a-t-il ajouté, soulignant que des tests de sérologie étaient en cours parmi les salariés.
mlb/ab/APMnews