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20/01 2022
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GOUVERNANCE, REVALORISATIONS DES SOIGNANTS, DÉSERTS MÉDICAUX: MARINE LE PEN PRÉSENTE SON PROGRAMME SANTÉ

FRÉJUS (Var), 20 janvier 2022 (APMnews) - La candidate du Rassemblement national pour l'élection présidentielle, Marine Le Pen, a présenté jeudi son programme santé, axé autour du renforcement de l'hôpital, des soins de ville et de la lutte contre la fraude sociale, lors d'une conférence de presse à Fréjus.

Marine Le Pen avait déjà présenté quelques mesures de son programme en novembre 2021 à l'issue d'une visite au Samu de Paris, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/11/2021 à 17:52).

Jeudi, elle a affirmé vouloir "rendre aux Français le système de soin qui a fait leur fierté pendant des décennies". Elle a décliné 3 axes dont un premier sur l'hôpital, "première victime de la bureaucratisation du système de soin".

Face aux manque de soignants dans les hôpitaux, elle propose de "recruter en masse des personnels soignants pour combler les postes vacants et revaloriser leurs salaires".

Une enveloppe de "2 milliards d'euros sur cinq ans" sera consacrée à la revalorisation du salaire des personnels soignants à l'hôpital, a-t-elle assuré.

Le salaire des infirmiers serait augmenté de 10% pour atteindre la moyenne européenne. Cette revalorisation toucherait également les personnels hospitaliers non concernés par le Ségur de la santé.

"Au moins 10.000 places supplémentaires seront ouvertes dans les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les centres de formation d'aides-soignants", a ajouté Marine Le Pen.

Elle a par ailleurs estimé que plus de 100.000 lits ont été fermés ces 20 dernières années, soit une réduction de 25%.

"Plus grave encore: 5.700 lits d'hospitalisation complète […], ont été fermés en 2020, en pleine pandémie", a-t-elle à nouveau avancé, estimant que la France dispose d'"un peu moins de 6 lits pour 1.000 habitants".

Elle promet donc un "moratoire d'effet immédiat sur la suppression de lit à l'hôpital public".

Suppression des ARS

La candidate a également fait part à nouveau de son intention de supprimer les agences régionales de santé (ARS) dont l'approche administrative et financière "a pris le pas sur les questions médicales, en faisant peser sur les soignants le poids permanent de la dictature des indicateurs chiffrés, au détriment du temps passé à soigner les patients".

La tutelle des hôpitaux sera confiée aux préfets de région à travers les directions régionales des affaires sanitaires et sociales (Drass), supprimées depuis 2010, qui seraient donc rétablies.

A l'hôpital, une "gouvernance bicéphale" sera mise en place avec un "directeur compétent pour les questions administratives et financières et un médecin associé en charge de la politique des soins", a-t-elle expliqué. "Ces deux dirigeants n'auront plus à répondre à d'incessantes demandes infantilisantes et inutiles des ARS".

La candidate a également suggéré de revoir la tarification à l'acte dont "la mécanique est absurde, puisqu'elle contraint les hôpitaux à fixer leur budget en fonction de leurs prévisions de recettes et non de la réalité de leur activité".

Il faut "redéfinir le mode de financement de l'hôpital public en revenant à un budget sous forme de dotation globale, afin de garantir la qualité des soins", a-t-elle indiqué. Le binôme de direction "sera responsable de cette charge dont la réussite conditionnera son maintien ou son remplacement", a-t-elle précisé.

Marine Le Pen a aussi déclaré qu'elle instituerait "un plafond de 10% de postes administratifs au maximum dans les hôpitaux" car "la sécurité sociale n'a pas vocation à entretenir une super structure administrative non nécessaire à la réalisation des soins".

La présidente du Rassemblement national a rappelé ses propositions sur les urgences annoncées mi-novembre, qui portent notamment sur la création d'un partenariat avec les cabinets médicaux libéraux et l'établissement d'une filière distincte pour les personnes les plus âgées. Elle a également proposé de "renforcer de façon significative le personnel des services d'urgence".

Elle a annoncé un plan de déploiement "des scanners et IRM dès son élection pour porter le taux de disponibilité de ces appareils au même niveau que celui de l'Allemagne d'ici 5 ans", sans donner davantage de précision.

Des tarifs de consultation "bonifiés" dans les déserts médicaux

Le deuxième axe de son programme porte sur la médecine de ville et vise à faire de "l'éradication des déserts médicaux" une priorité. Marine Le Pen a estimé que 7,4 millions de Français vivent dans un désert médical et a proposé de réduire leur nombre "grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées".

La première de ces incitations sera une "rémunération de la consultation modulée selon le lieu d'installation, sans que les praticiens n'aient de démarches spécifiques à faire". Concrètement, "un médecin généraliste dans la Creuse verra son tarif de consultation bonifié par rapport à un confrère dans une métropole", a-t-elle expliqué.

Cette mesure sera complétée "par une action résolue de l'Etat en matière d'infrastructures et de services publics pour augmenter l'attractivité de ces zones vis-à-vis des médecins et de leur famille".

Elle veut par ailleurs "rétablir la liberté de prescription" des médecins, qu'elle a jugé "malmenée" depuis le début de la crise sanitaire.

La candidate a aussi proposé de "développer la télémédecine sous toutes ses formes: téléconsultation, télé-soins, télé-expertise, télésurveillance médicale". Un plan d'investissement "massif sera lancé dans ce domaine, cofinancé à 80% par l'Etat et à 20% par les collectivités locales".

Elle souhaite augmenter le nombre de maisons et de centres de santé pour couvrir entièrement les besoins de la population. "Nous doterons ces structures de la capacité à traiter les petites urgences pour désengorger les services hospitaliers".

Dans les facultés de médecine, Marine Le Pen veut ouvrir un "nombre de places suffisantes" pour "disposer des médecins dont les Français ont besoin, résorber les déserts médicaux et réduire drastiquement le recours aux médecins ayant obtenu leur diplôme hors de l'Union européenne".

Elle a appelé à ce que les visites médicales scolaires redeviennent systématiques.

Elle a également proposé d'accroître le "temps médical du praticien grâce à l'élargissement des tâches confiées aux pharmaciens, aux sages-femmes, aux infirmiers et aux assistantes sociales, par exemple pour la détection de la perte d'autonomie des personnes âgées".

Concernant les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), elle a annoncé une revalorisation de l'ensemble des salaires dans "les mêmes proportions que celles de l'hôpital", et un accroissement du personnel médical et paramédical. "Un médecin coordinateur sera obligatoirement désigné, et la présence au minima d'une infirmière sera assurée 24 heures sur 24", a-t-elle poursuivi.

Marine Le Pen a également consacré une partie de son programme aux aidants. "Ils sont entre 8 et 11 millions de Français à rendre régulièrement service à un proche dépendant", a-t-elle estimé.

La candidate prévoit d'allonger la durée du congé de proche aidant à douze mois pour l'ensemble de la carrière, contre trois actuellement. Son indemnisation sera indexée sur les revenus de la personne aidante, avec une couverture à 100% des pertes salariales au niveau du Smic, à 80% jusqu'au salaire médian puis à 50% au-delà (plafonnée à 3.000 euros net).

"Une indemnité spécifique de 300 euros mensuels sera créée pour toute personne faisant le choix de vivre au domicile d'un proche dépendant ou de l'accueillir chez elle pour se consacrer pleinement à son accompagnement", a-t-elle ajouté.

Réforme de l'AME

Le troisième axe du programme de Marine Le Pen porte sur la lutte contre la fraude.

"La fraude sociale n'est pas qu'une formule, c'est un vol dont sont victimes tous les Français chaque année. La Cour des comptes l'estime à minima à 15 milliards d'euros, c'est ce montant que j'entends recouvrer chaque année d'ici la fin de mon mandat", a-t-elle affirmé.

Elle compte pour cela créer un ministère ad hoc ayant autorité sur toutes les administrations compétentes, et a proposé de renforcer les sanctions en cas de fraude, graduées en cas de récidives.

Elle veut aussi mettre en place une carte vitale biométrique dans les 3 mois suivants son élection.

Enfin, elle souhaite "réformer l'aide médicale d'État (AME)", qui "coûte 1 milliard d'euros au contribuable" en la restreignant "aux prestations médicales d'urgence en cas d'engagement du pronostic vital pour les majeurs", tout en la maintenant en l'état pour les mineurs.

lle-bd/san/APMnews

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FRÉJUS (Var), 20 janvier 2022 (APMnews) - La candidate du Rassemblement national pour l'élection présidentielle, Marine Le Pen, a présenté jeudi son programme santé, axé autour du renforcement de l'hôpital, des soins de ville et de la lutte contre la fraude sociale, lors d'une conférence de presse à Fréjus.

Marine Le Pen avait déjà présenté quelques mesures de son programme en novembre 2021 à l'issue d'une visite au Samu de Paris, rappelle-t-on (cf dépêche du 16/11/2021 à 17:52).

Jeudi, elle a affirmé vouloir "rendre aux Français le système de soin qui a fait leur fierté pendant des décennies". Elle a décliné 3 axes dont un premier sur l'hôpital, "première victime de la bureaucratisation du système de soin".

Face aux manque de soignants dans les hôpitaux, elle propose de "recruter en masse des personnels soignants pour combler les postes vacants et revaloriser leurs salaires".

Une enveloppe de "2 milliards d'euros sur cinq ans" sera consacrée à la revalorisation du salaire des personnels soignants à l'hôpital, a-t-elle assuré.

Le salaire des infirmiers serait augmenté de 10% pour atteindre la moyenne européenne. Cette revalorisation toucherait également les personnels hospitaliers non concernés par le Ségur de la santé.

"Au moins 10.000 places supplémentaires seront ouvertes dans les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les centres de formation d'aides-soignants", a ajouté Marine Le Pen.

Elle a par ailleurs estimé que plus de 100.000 lits ont été fermés ces 20 dernières années, soit une réduction de 25%.

"Plus grave encore: 5.700 lits d'hospitalisation complète […], ont été fermés en 2020, en pleine pandémie", a-t-elle à nouveau avancé, estimant que la France dispose d'"un peu moins de 6 lits pour 1.000 habitants".

Elle promet donc un "moratoire d'effet immédiat sur la suppression de lit à l'hôpital public".

Suppression des ARS

La candidate a également fait part à nouveau de son intention de supprimer les agences régionales de santé (ARS) dont l'approche administrative et financière "a pris le pas sur les questions médicales, en faisant peser sur les soignants le poids permanent de la dictature des indicateurs chiffrés, au détriment du temps passé à soigner les patients".

La tutelle des hôpitaux sera confiée aux préfets de région à travers les directions régionales des affaires sanitaires et sociales (Drass), supprimées depuis 2010, qui seraient donc rétablies.

A l'hôpital, une "gouvernance bicéphale" sera mise en place avec un "directeur compétent pour les questions administratives et financières et un médecin associé en charge de la politique des soins", a-t-elle expliqué. "Ces deux dirigeants n'auront plus à répondre à d'incessantes demandes infantilisantes et inutiles des ARS".

La candidate a également suggéré de revoir la tarification à l'acte dont "la mécanique est absurde, puisqu'elle contraint les hôpitaux à fixer leur budget en fonction de leurs prévisions de recettes et non de la réalité de leur activité".

Il faut "redéfinir le mode de financement de l'hôpital public en revenant à un budget sous forme de dotation globale, afin de garantir la qualité des soins", a-t-elle indiqué. Le binôme de direction "sera responsable de cette charge dont la réussite conditionnera son maintien ou son remplacement", a-t-elle précisé.

Marine Le Pen a aussi déclaré qu'elle instituerait "un plafond de 10% de postes administratifs au maximum dans les hôpitaux" car "la sécurité sociale n'a pas vocation à entretenir une super structure administrative non nécessaire à la réalisation des soins".

La présidente du Rassemblement national a rappelé ses propositions sur les urgences annoncées mi-novembre, qui portent notamment sur la création d'un partenariat avec les cabinets médicaux libéraux et l'établissement d'une filière distincte pour les personnes les plus âgées. Elle a également proposé de "renforcer de façon significative le personnel des services d'urgence".

Elle a annoncé un plan de déploiement "des scanners et IRM dès son élection pour porter le taux de disponibilité de ces appareils au même niveau que celui de l'Allemagne d'ici 5 ans", sans donner davantage de précision.

Des tarifs de consultation "bonifiés" dans les déserts médicaux

Le deuxième axe de son programme porte sur la médecine de ville et vise à faire de "l'éradication des déserts médicaux" une priorité. Marine Le Pen a estimé que 7,4 millions de Français vivent dans un désert médical et a proposé de réduire leur nombre "grâce à des incitations financières fortes, celles existantes, inefficaces, étant supprimées".

La première de ces incitations sera une "rémunération de la consultation modulée selon le lieu d'installation, sans que les praticiens n'aient de démarches spécifiques à faire". Concrètement, "un médecin généraliste dans la Creuse verra son tarif de consultation bonifié par rapport à un confrère dans une métropole", a-t-elle expliqué.

Cette mesure sera complétée "par une action résolue de l'Etat en matière d'infrastructures et de services publics pour augmenter l'attractivité de ces zones vis-à-vis des médecins et de leur famille".

Elle veut par ailleurs "rétablir la liberté de prescription" des médecins, qu'elle a jugé "malmenée" depuis le début de la crise sanitaire.

La candidate a aussi proposé de "développer la télémédecine sous toutes ses formes: téléconsultation, télé-soins, télé-expertise, télésurveillance médicale". Un plan d'investissement "massif sera lancé dans ce domaine, cofinancé à 80% par l'Etat et à 20% par les collectivités locales".

Elle souhaite augmenter le nombre de maisons et de centres de santé pour couvrir entièrement les besoins de la population. "Nous doterons ces structures de la capacité à traiter les petites urgences pour désengorger les services hospitaliers".

Dans les facultés de médecine, Marine Le Pen veut ouvrir un "nombre de places suffisantes" pour "disposer des médecins dont les Français ont besoin, résorber les déserts médicaux et réduire drastiquement le recours aux médecins ayant obtenu leur diplôme hors de l'Union européenne".

Elle a appelé à ce que les visites médicales scolaires redeviennent systématiques.

Elle a également proposé d'accroître le "temps médical du praticien grâce à l'élargissement des tâches confiées aux pharmaciens, aux sages-femmes, aux infirmiers et aux assistantes sociales, par exemple pour la détection de la perte d'autonomie des personnes âgées".

Concernant les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), elle a annoncé une revalorisation de l'ensemble des salaires dans "les mêmes proportions que celles de l'hôpital", et un accroissement du personnel médical et paramédical. "Un médecin coordinateur sera obligatoirement désigné, et la présence au minima d'une infirmière sera assurée 24 heures sur 24", a-t-elle poursuivi.

Marine Le Pen a également consacré une partie de son programme aux aidants. "Ils sont entre 8 et 11 millions de Français à rendre régulièrement service à un proche dépendant", a-t-elle estimé.

La candidate prévoit d'allonger la durée du congé de proche aidant à douze mois pour l'ensemble de la carrière, contre trois actuellement. Son indemnisation sera indexée sur les revenus de la personne aidante, avec une couverture à 100% des pertes salariales au niveau du Smic, à 80% jusqu'au salaire médian puis à 50% au-delà (plafonnée à 3.000 euros net).

"Une indemnité spécifique de 300 euros mensuels sera créée pour toute personne faisant le choix de vivre au domicile d'un proche dépendant ou de l'accueillir chez elle pour se consacrer pleinement à son accompagnement", a-t-elle ajouté.

Réforme de l'AME

Le troisième axe du programme de Marine Le Pen porte sur la lutte contre la fraude.

"La fraude sociale n'est pas qu'une formule, c'est un vol dont sont victimes tous les Français chaque année. La Cour des comptes l'estime à minima à 15 milliards d'euros, c'est ce montant que j'entends recouvrer chaque année d'ici la fin de mon mandat", a-t-elle affirmé.

Elle compte pour cela créer un ministère ad hoc ayant autorité sur toutes les administrations compétentes, et a proposé de renforcer les sanctions en cas de fraude, graduées en cas de récidives.

Elle veut aussi mettre en place une carte vitale biométrique dans les 3 mois suivants son élection.

Enfin, elle souhaite "réformer l'aide médicale d'État (AME)", qui "coûte 1 milliard d'euros au contribuable" en la restreignant "aux prestations médicales d'urgence en cas d'engagement du pronostic vital pour les majeurs", tout en la maintenant en l'état pour les mineurs.

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