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14/09 2021
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GRENOBLE: LE GHM A AMÉLIORÉ SA SITUATION FINANCIÈRE MAIS RESTE FREINÉ SUR SES INVESTISSEMENTS (BERNARD BENSAÏD)

GRENOBLE, 14 septembre 2021 (APMnews) - Le groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble a réussi à sortir la tête de l'eau financièrement en 2020 et 2021, mais reste freiné dans ses investissements en raison des procédures judiciaires qui entourent toujours sa reprise par le groupe Doctegestio (devenu ensuite Avec), a annoncé son président, Bernard Bensaïd, lors d'une conférence de presse à Grenoble, mardi matin.

Lors de cette conférence de presse, donnée à l'occasion du premier anniversaire de la reprise de gouvernance de l'Union mutualiste pour la gestion du GHM (UMG-GHM) par les mutuelles du groupe Avec (Doctocare et Mutuelles de France du Var) (cf dépêche du 09/10/2020 à 18:29), Bernard Bensaïd, qui préside Avec mais aussi le GHM, a annoncé que ce dernier avait été excédentaire en 2020 et devrait l'être en 2021.

Il a rappelé que le GHM, qui compte 436 lits et places, 1.400 collaborateurs et 280 médecins, enregistrait depuis 2015 des pertes financières annuelles "très importantes", comprises entre 3 millions et 5 millions d'euros, épuisant "l'intégralité de ses fonds propres".

"Nous avons réussi à redresser l'établissement puisque le résultat 2020 a été positif de 737.000 euros et pour 2021, le résultat à fin juillet fait apparaître un excédent de 53.760 euros", s'est-il félicité.

Ce redressement a été obtenu "par les méthodes habituelles" d'Avec, qui permettent la réalisation d'économies. Des économies importantes ont été retirées en particulier d'une mutualisation et rationalisation des achats et des contrats avec ses fournisseurs dans le cadre de la méthode 'Midi' (mutualisation, intelligence collective, digitalisation, innovation)", a précisé Bernard Bensaïd. Sur la partie RH, des mutualisations de certains postes au niveau d'Avec ou avec la clinique de La Chartreuse à Voiron (Isère) ont également permis d'éviter de faire peser financièrement leur poids uniquement sur le GHM.

Bernard Bensaïd a démenti que l'amélioration des comptes se soit faite au prix d'une réduction des effectifs ou d'une modification de la convention collective qui est toujours celle du secteur privé non lucratif, ou d'une dénonciation des accords d'entreprise.

"Les effectifs n'ont pas baissé mais ont augmenté", a-t-il assuré. Les effectifs, qui étaient de 1.289 personnes fin 2019, étaient de 1.280 fin 2020 puis sont remontés à 1.299 à fin juillet, en tenant compte de ceux qui ont été mutualisés ou repris par Avec.

Des créations de postes ont eu lieu, a affirmé le président du groupe. Parmi les recrutements figurent un gynécologue-obstétricien, un médecin DIM (département de l'information médicale), 2 chirurgiens digestifs salariés à temps plein, une secrétaire en chirurgie, un gestionnaire de paie, un responsable de la qualité de vie au travail (QVT), une chargée du recrutement médical, un responsable des secrétaires médicales et une infirmière en hygiène. Des postes ont été ouverts pour les responsables d’instituts ou de départements.

Il a également mentionné une évolution de la gouvernance dans le sens d'une plus grande participation de la communauté médicale. Parmi les actions menées sur ce point, il a évoqué la nomination du Dr David Voirin, chirurgien, comme directeur général adjoint (cf dépêche du 06/08/2021 à 19:21), une présence médicale "à tous les échelons de l'établissement et avec une vraie autonomie de gestion", et la désignation d'un binôme médical-non médical à la tête de chaque institut et département.

Parallèlement, le groupe investit beaucoup dans "le digital" pour développer des outils allégeant les tâches administratives des médecins.

Un redressement dans un contexte sanitaire difficile

"Le redressement du GHM s'est fait dans un contexte très difficile qui est celui de la crise du Covid", a souligné par ailleurs Bernard Bensaïd.

Alors que pendant la première vague, la prise en charge des patients Covid+ avait été assurée uniquement par le CHU de Grenoble, la stratégie au sein du territoire a été différente pour les vagues épidémiques suivantes, a expliqué le Dr Voirin, lors de la conférence de presse.

Au cours de la deuxième vague (automne-hiver 2020-2021), en coordination avec le CHU et les autres établissements du territoire (cf dépêche du 28/09/2020 à 16:38, dépêche du 30/10/2020 à 18:14 et dépêche du 04/11/2020 à 16:59), le GHM a accueilli 100 patients Covid sur une capacité de 300 lits d'hospitalisation complète. "Plus de 30% des ressources du GHM ont été entièrement dédiées à la crise Covid", a souligné le praticien. "On a continué sur le même schéma au cours de la troisième vague", "tout en maintenant les activités habituelles sur toutes les spécialités du GHM, lorsque la crise nous le permettait", a-t-il précisé.

Mais la crise, marquée notamment par un grand nombre de décès de patients à certains moments ("parfois 6 sur un week-end"), "a généré un épuisement des équipes, physiquement et psychiquement", a ajouté le Dr Voirin.

Comme de nombreux autres responsables hospitaliers, il a indiqué que cet épuisement avait conduit certains salariés, notamment de chirurgie, à vouloir quitter le secteur de la santé. "On continue de déployer des projets mais en se heurtant à des difficultés de ressources humaines communes à tous les établissements du bassin et à tous les établissements de santé en France", a déclaré le praticien.

Des procédures judiciaires toujours en cours

Aujourd'hui, le groupe voudrait mettre en oeuvre des investissements mais qui restent bloqués par les procédures judiciaires entourant sa reprise (cf dépêche du 19/02/2021 à 10:00).

Avec a obtenu en juillet un jugement favorable du tribunal administratif dans le cadre de la procédure de préemption des murs des établissements du GHM lancée par la métropole de Grenoble, à un prix inférieur au prix de cession obtenu par les vendeurs (obtenu auprès d'Icade santé), a expliqué Bernard Bensaïd.

"Courant juillet, le juge administratif a estimé que la préemption par la métropole n'était pas légitime et que sa demande devait être rejetée", a-t-il indiqué.

Toutefois, si "ce point est important", le GHM attend une autre audience le 22 septembre, à la suite de l'assignation par les opposants au groupe Avec, notamment pour obtenir une administration provisoire du GHM au lieu de la gestion actuelle par le groupe Avec.

"On s'y prépare, nos conseils sont optimistes mais ce sont les juges qui décideront et si la décision devait nous être défavorable, nous n'en resterons pas là, ferons appel de cette décision et mettrons en oeuvre tous les moyens juridiques pour empêcher que cette administration provisoire se mette en place", a déclaré Bernard Bensaïd mardi.

Si le prochain jugement lui est favorable, Avec pense pouvoir alors céder à Icade l'immobilier du GHM pour 47 M€, auxquels se rajoutent 3 M€ de frais de notaire, comme prévu initialement. Icade se serait également engagé à baisser le loyer et à réaliser pour 10 M€ de travaux au profit des cliniques du GHM, en particulier celle des Eaux-Claires.

Devenir un opérateur global de santé sur le territoire grenoblois

Ses dirigeants espèrent également appliquer le projet médical du GHM et mener les investissements qui sont associés, ceux-ci étant chiffrés à un montant global de 60 M€ sur 3-4 ans (45 M€ pour l'immobilier et 15 M€ environ pour les équipements).

Parmi les projets, figurent le renouvellement des appareils de radiothérapie, l'agrandissement des urgences, l'augmentation des capacités d'hospitalisation en médecine et en chirurgie et du nombre de salles de bloc opératoire, a précisé Bernard Bensaïd à APMnews.

Avec a aussi prévu d'autres investissements en dehors du GHM, dans le cadre de son projet d'être un "opérateur global de santé sur le territoire" en disposant "à la fois d'équipements de ville, d'hôpitaux, à domicile et en Ehpad", a-t-il indiqué.

Le groupe a ainsi racheté un "petit" établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Saint-André-le-Gaz, près de Grenoble, qui peut prendre en charge des patients hospitalisés au GHM.

Bernard Bensaïd a aussi annoncé qu'Avec se portera candidat, le 2 octobre, au rachat du cabinet "Médecins 7 sur 7", qui effectue 50.000 consultations médicales non programmées et qui a été placé en redressement judiciaire.

Le GHM entend aussi "mettre en place un maillage territorial", en chirurgie, avec la clinique de Chartreuse, au profit de la population du bassin de Voiron, a ajouté le Dr Voirin.

san/ab/APMnews

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GRENOBLE, 14 septembre 2021 (APMnews) - Le groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble a réussi à sortir la tête de l'eau financièrement en 2020 et 2021, mais reste freiné dans ses investissements en raison des procédures judiciaires qui entourent toujours sa reprise par le groupe Doctegestio (devenu ensuite Avec), a annoncé son président, Bernard Bensaïd, lors d'une conférence de presse à Grenoble, mardi matin.

Lors de cette conférence de presse, donnée à l'occasion du premier anniversaire de la reprise de gouvernance de l'Union mutualiste pour la gestion du GHM (UMG-GHM) par les mutuelles du groupe Avec (Doctocare et Mutuelles de France du Var) (cf dépêche du 09/10/2020 à 18:29), Bernard Bensaïd, qui préside Avec mais aussi le GHM, a annoncé que ce dernier avait été excédentaire en 2020 et devrait l'être en 2021.

Il a rappelé que le GHM, qui compte 436 lits et places, 1.400 collaborateurs et 280 médecins, enregistrait depuis 2015 des pertes financières annuelles "très importantes", comprises entre 3 millions et 5 millions d'euros, épuisant "l'intégralité de ses fonds propres".

"Nous avons réussi à redresser l'établissement puisque le résultat 2020 a été positif de 737.000 euros et pour 2021, le résultat à fin juillet fait apparaître un excédent de 53.760 euros", s'est-il félicité.

Ce redressement a été obtenu "par les méthodes habituelles" d'Avec, qui permettent la réalisation d'économies. Des économies importantes ont été retirées en particulier d'une mutualisation et rationalisation des achats et des contrats avec ses fournisseurs dans le cadre de la méthode 'Midi' (mutualisation, intelligence collective, digitalisation, innovation)", a précisé Bernard Bensaïd. Sur la partie RH, des mutualisations de certains postes au niveau d'Avec ou avec la clinique de La Chartreuse à Voiron (Isère) ont également permis d'éviter de faire peser financièrement leur poids uniquement sur le GHM.

Bernard Bensaïd a démenti que l'amélioration des comptes se soit faite au prix d'une réduction des effectifs ou d'une modification de la convention collective qui est toujours celle du secteur privé non lucratif, ou d'une dénonciation des accords d'entreprise.

"Les effectifs n'ont pas baissé mais ont augmenté", a-t-il assuré. Les effectifs, qui étaient de 1.289 personnes fin 2019, étaient de 1.280 fin 2020 puis sont remontés à 1.299 à fin juillet, en tenant compte de ceux qui ont été mutualisés ou repris par Avec.

Des créations de postes ont eu lieu, a affirmé le président du groupe. Parmi les recrutements figurent un gynécologue-obstétricien, un médecin DIM (département de l'information médicale), 2 chirurgiens digestifs salariés à temps plein, une secrétaire en chirurgie, un gestionnaire de paie, un responsable de la qualité de vie au travail (QVT), une chargée du recrutement médical, un responsable des secrétaires médicales et une infirmière en hygiène. Des postes ont été ouverts pour les responsables d’instituts ou de départements.

Il a également mentionné une évolution de la gouvernance dans le sens d'une plus grande participation de la communauté médicale. Parmi les actions menées sur ce point, il a évoqué la nomination du Dr David Voirin, chirurgien, comme directeur général adjoint (cf dépêche du 06/08/2021 à 19:21), une présence médicale "à tous les échelons de l'établissement et avec une vraie autonomie de gestion", et la désignation d'un binôme médical-non médical à la tête de chaque institut et département.

Parallèlement, le groupe investit beaucoup dans "le digital" pour développer des outils allégeant les tâches administratives des médecins.

Un redressement dans un contexte sanitaire difficile

"Le redressement du GHM s'est fait dans un contexte très difficile qui est celui de la crise du Covid", a souligné par ailleurs Bernard Bensaïd.

Alors que pendant la première vague, la prise en charge des patients Covid+ avait été assurée uniquement par le CHU de Grenoble, la stratégie au sein du territoire a été différente pour les vagues épidémiques suivantes, a expliqué le Dr Voirin, lors de la conférence de presse.

Au cours de la deuxième vague (automne-hiver 2020-2021), en coordination avec le CHU et les autres établissements du territoire (cf dépêche du 28/09/2020 à 16:38, dépêche du 30/10/2020 à 18:14 et dépêche du 04/11/2020 à 16:59), le GHM a accueilli 100 patients Covid sur une capacité de 300 lits d'hospitalisation complète. "Plus de 30% des ressources du GHM ont été entièrement dédiées à la crise Covid", a souligné le praticien. "On a continué sur le même schéma au cours de la troisième vague", "tout en maintenant les activités habituelles sur toutes les spécialités du GHM, lorsque la crise nous le permettait", a-t-il précisé.

Mais la crise, marquée notamment par un grand nombre de décès de patients à certains moments ("parfois 6 sur un week-end"), "a généré un épuisement des équipes, physiquement et psychiquement", a ajouté le Dr Voirin.

Comme de nombreux autres responsables hospitaliers, il a indiqué que cet épuisement avait conduit certains salariés, notamment de chirurgie, à vouloir quitter le secteur de la santé. "On continue de déployer des projets mais en se heurtant à des difficultés de ressources humaines communes à tous les établissements du bassin et à tous les établissements de santé en France", a déclaré le praticien.

Des procédures judiciaires toujours en cours

Aujourd'hui, le groupe voudrait mettre en oeuvre des investissements mais qui restent bloqués par les procédures judiciaires entourant sa reprise (cf dépêche du 19/02/2021 à 10:00).

Avec a obtenu en juillet un jugement favorable du tribunal administratif dans le cadre de la procédure de préemption des murs des établissements du GHM lancée par la métropole de Grenoble, à un prix inférieur au prix de cession obtenu par les vendeurs (obtenu auprès d'Icade santé), a expliqué Bernard Bensaïd.

"Courant juillet, le juge administratif a estimé que la préemption par la métropole n'était pas légitime et que sa demande devait être rejetée", a-t-il indiqué.

Toutefois, si "ce point est important", le GHM attend une autre audience le 22 septembre, à la suite de l'assignation par les opposants au groupe Avec, notamment pour obtenir une administration provisoire du GHM au lieu de la gestion actuelle par le groupe Avec.

"On s'y prépare, nos conseils sont optimistes mais ce sont les juges qui décideront et si la décision devait nous être défavorable, nous n'en resterons pas là, ferons appel de cette décision et mettrons en oeuvre tous les moyens juridiques pour empêcher que cette administration provisoire se mette en place", a déclaré Bernard Bensaïd mardi.

Si le prochain jugement lui est favorable, Avec pense pouvoir alors céder à Icade l'immobilier du GHM pour 47 M€, auxquels se rajoutent 3 M€ de frais de notaire, comme prévu initialement. Icade se serait également engagé à baisser le loyer et à réaliser pour 10 M€ de travaux au profit des cliniques du GHM, en particulier celle des Eaux-Claires.

Devenir un opérateur global de santé sur le territoire grenoblois

Ses dirigeants espèrent également appliquer le projet médical du GHM et mener les investissements qui sont associés, ceux-ci étant chiffrés à un montant global de 60 M€ sur 3-4 ans (45 M€ pour l'immobilier et 15 M€ environ pour les équipements).

Parmi les projets, figurent le renouvellement des appareils de radiothérapie, l'agrandissement des urgences, l'augmentation des capacités d'hospitalisation en médecine et en chirurgie et du nombre de salles de bloc opératoire, a précisé Bernard Bensaïd à APMnews.

Avec a aussi prévu d'autres investissements en dehors du GHM, dans le cadre de son projet d'être un "opérateur global de santé sur le territoire" en disposant "à la fois d'équipements de ville, d'hôpitaux, à domicile et en Ehpad", a-t-il indiqué.

Le groupe a ainsi racheté un "petit" établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Saint-André-le-Gaz, près de Grenoble, qui peut prendre en charge des patients hospitalisés au GHM.

Bernard Bensaïd a aussi annoncé qu'Avec se portera candidat, le 2 octobre, au rachat du cabinet "Médecins 7 sur 7", qui effectue 50.000 consultations médicales non programmées et qui a été placé en redressement judiciaire.

Le GHM entend aussi "mettre en place un maillage territorial", en chirurgie, avec la clinique de Chartreuse, au profit de la population du bassin de Voiron, a ajouté le Dr Voirin.

san/ab/APMnews

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