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02/06 2023
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GRENOBLE: MALGRÉ UNE BAISSE DU NOMBRE DE PASSAGES AUX URGENCES, LA SITUATION RESTE "TRÈS TENDUE" (CHU)

GRENOBLE, 2 juin 2023 (APMnews) - Malgré une baisse du nombre global de passages aux urgences par rapport aux années précédentes grâce aux actions mises en place, la situation reste "très tendue" au service d'urgences adultes de l'hôpital Michallon du CHU Grenoble Alpes (Chuga), ont reconnu sa directrice générale et la présidente de sa commission médicale d'établissement (CME), lors d'un point presse vendredi matin.

Ce point presse a porté sur la situation des urgences ainsi que celle sur la chirurgie pédiatrique et sur le nouveau projet d'établissement.

Lors de ce point presse, la directrice générale, Monique Sorrentino, a rappelé qu'un plan blanc territorial avait été déclenché en octobre 2021 pour faire face collectivement aux difficultés de fonctionnement des différents services d'urgences adultes.

"Depuis un an et demi, nous avons eu des résultats positifs. Nous travaillons ensemble et sommes solidaires entre nous."

Elle a précisé que le nombre de passages quotidiens aux urgences Nord avait diminué de 15% depuis le début 2023 par rapport à 2019 et de 12% par rapport à la même période de 2022. Le nombre moyen de passages par jour est de 143 depuis le début de l'année.

Monique Sorrentino a souligné qu'"énormément d'actions" avaient été mises en place "sur l'amont" pour limiter l'afflux de patients aux urgences.

Elle a mis en avant l'impact positif de la "très forte mobilisation des médecins généralistes" dans la prise en charge des soins non programmés, à travers plus particulièrement le service d'accès aux soins (SAS), expérimenté en Isère depuis mai 2021.

"A Grenoble, sur les urgences, nous étions en grande difficulté avant le Covid. Le Covid nous a 'boostés' pour travailler avec tous les acteurs. Nous arrivons ainsi à tenir et à nous pencher sur les sujets de fond", a expliqué la présidente de la CME, Marie-Thérèse Leccia.

Rappelant que l'hôpital de Voiron (Isère) et la clinique mutualiste de Grenoble avaient fermé leurs urgences la nuit, renforçant donc le rôle joué par le service de l'hôpital Michallon, elle a aussi salué "l'engagement" de la médecine de ville ainsi que celui de la clinique des Cèdres qui a une filière d'urgence.

Elle a également mis en avant "l'engagement très fort" des médecins spécialistes pour faire en sorte que les patients accèdent directement à leur service ou pour soutenir les équipes des urgences. Elle a souligné le rôle joué par la clinique Belledonne pour la filière cardiologie.

En psychiatrie, depuis le 24 avril, la filière a été réorganisée, de concert avec l'agence régionale de santé (ARS), entre les établissements de santé du territoire spécialisés en psychiatrie (centre hospitalier Alpes Isère, clinique du Dauphiné, clinique du Grésivaudan, CHU Grenoble Alpes) avec des mesures exceptionnelles permettant d'accélérer l'hospitalisation des patients requérant une prise en charge dans un service de psychiatrie, après un accueil et une prise en charge au sein du service des urgences Michallon, ont également expliqué les représentantes du CHU.

Les établissements de psychiatrie font en sorte d'accueillir au plus vite les patients passant par le SAU tout en maintenant l'accueil de patients adressés par les autres professionnels de ville.

La première évaluation est "positive" puisque les patients en attente d'un lit en psychiatrie sur le territoire, attendent deux fois moins longtemps aux urgences Nord qu'avant cette réorganisation. Plus globalement, le nombre de patients présents aux urgences de Michallon à 8h du matin en attente d'un lit d'hospitalisation, tous motifs confondus, est passé de 35 à une moyenne de 15 patients, s'est félicitée Monique Sorrentino.

Des patients plus lourds accueillis la nuit aux urgences

Malgré ces différentes actions, du fait de la fermeture de deux accueils d'urgence sur quatre sur le territoire, la nuit, les urgences de l'hôpital Nord du CHU accueillent des patients "plus lourds", a-t-elle toutefois constaté. En outre, ce service accueille désormais autant de venues la nuit que le jour.

Le Samu a enregistré une augmentation des appels mais ses effectifs ont été renforcés, a précisé la directrice générale.

"Cette situation accroît la pénibilité des conditions de travail des équipes la nuit, alors que les effectifs sont insuffisants", a reconnu la responsable du CHU.

Cette pénibilité est aussi liée au fait que "40 à 50% des postes d'urgentistes restent non pourvus", a ajouté Monique Sorrentino.

"Le défi aujourd'hui est à la fois de rendre pérenne la récente réorganisation de la filière psychiatrique, tout en poursuivant l'ensemble des actions permettant de rendre plus attractif le service des urgences Michallon, et ce, afin de recruter les urgentistes en nombre suffisant", a-t-elle affirmé.

La directrice générale a expliqué que le CHU s'était lancé le défi de rouvrir plus de 100 lits d'hospitalisation d'ici la fin 2023, sur les 200 environ qui sont fermés.

Il doit pour cela parvenir à recruter 230 infirmiers et 80 aides-soignants d'ici à fin septembre (y compris pour remplacer les départs), ce qu'il compte réaliser grâce aux sorties d'écoles.

Chirurgie pédiatrique: 167 déprogrammations d'interventions sur un mois

Outre le secteur des urgences, le CHU espère recruter aussi des professionnels pour rouvrir progressivement des salles de bloc pour la chirurgie pédiatrique.

Le 24 avril, le CHU a fait face à un nombre important d'arrêts maladie concomitants des infirmiers de bloc opératoire (Ibode) pédiatriques, du fait d'une surcharge de travail dans un contexte d'absentéisme accru au sein de l'équipe et au manque de professionnels disponibles sur le marché du travail (cf dépêche du 03/05/2023 à 15:58). "Depuis plusieurs mois, seules 65% des vacations du bloc pédiatrique sont ouvertes", souligne-t-il.

Depuis le 24 avril, au-delà des mesures immédiates mises en place pour le fonctionnement minimal d'une salle de bloc opératoire assurant la prise en charge des urgences, un travail collectif, associant les infirmières, leur encadrement, les chirurgiens et la direction, a été engagé.

Les urgences pédiatriques hors département de l'Isère sont gérées en lien avec les équipes des autres établissements de santé (notamment pour la Savoie, la Haute-Savoie et les Hautes-Alpes). Certaines activités chirurgicales ont pu être intégrées dans les blocs de Voiron.

A ce jour, 167 interventions, initialement prévues entre le 24 avril et le 26 mai, ont dû être déprogrammées. "La très forte mobilisation de l'ensemble des équipes a permis de trouver des solutions pour d'ores et déjà ouvrir entre deux à trois salles de bloc", assure le CHU.

Des transferts pour les situations non urgentes ont été également organisés vers les CHU de Lyon (HCL) et de Saint-Etienne, ont précisé les responsables.

Le CHU s'est doté d'un plan permettant la réouverture progressive de salles de bloc qui s'étalera sur les prochaines semaines et mois.

Il reposera "sur une nouvelle organisation solide conciliant activités chirurgicales prioritaires et amélioration notable des conditions de travail, de jour comme de nuit, en renforçant les équipes dans chaque salle, avec pour conséquence moins de salles ouvertes, mais de meilleures conditions d'exercice pour les infirmiers".

"Tout est mis en oeuvre pour assurer les meilleurs délais pour programmer les interventions chirurgicales et réaliser l'ensemble des activités de chirurgie pédiatrique en ouvrant au plus tôt quatre à cinq salles de bloc, soit le nombre de salles fonctionnant avant la crise Covid", affirme le CHU. "C'est une priorité majeure pour nous", a assuré Marie-Thérèse Leccia.

Mais globalement, "on est très inquiets", a souligné la présidente de la CME qui a rappelé que des mesures "importantes" étaient très attendues au niveau national, notamment pour mieux valoriser le travail de nuit et du week-end et la permanence des soins.

Un nouveau projet d'établissement

Pour attirer de nouveaux professionnels, le CHU compte aussi appliquer une politique d'attractivité et de fidélisation forte.

Il entend également s'appuyer sur le volet managérial de son nouveau projet d'établissement, validé fin 2022 pour la période 2023-2027.

Le projet managérial a été revu en profondeur pour intégrer davantage les professionnels de terrain aux décisions de leur service et favoriser le travail en équipe, a expliqué la présidente de la CME.

Il permet de redonner aux services leur place centrale de coeur de soins et de formation, et de proposer des formations aux binômes médecin-cadre pour qu'ils aient les outils pour permettre un management de proximité efficace et de qualité. Cet aspect constituait jusqu'à présent "un point de fragilité".

Un autre aspect important du projet d'établissement porte sur "la formation des jeunes professionnels" en lien avec les instituts de formation et les facultés, et dans le cadre de "compagnonnages".

san/ab/APMnews

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GRENOBLE, 2 juin 2023 (APMnews) - Malgré une baisse du nombre global de passages aux urgences par rapport aux années précédentes grâce aux actions mises en place, la situation reste "très tendue" au service d'urgences adultes de l'hôpital Michallon du CHU Grenoble Alpes (Chuga), ont reconnu sa directrice générale et la présidente de sa commission médicale d'établissement (CME), lors d'un point presse vendredi matin.

Ce point presse a porté sur la situation des urgences ainsi que celle sur la chirurgie pédiatrique et sur le nouveau projet d'établissement.

Lors de ce point presse, la directrice générale, Monique Sorrentino, a rappelé qu'un plan blanc territorial avait été déclenché en octobre 2021 pour faire face collectivement aux difficultés de fonctionnement des différents services d'urgences adultes.

"Depuis un an et demi, nous avons eu des résultats positifs. Nous travaillons ensemble et sommes solidaires entre nous."

Elle a précisé que le nombre de passages quotidiens aux urgences Nord avait diminué de 15% depuis le début 2023 par rapport à 2019 et de 12% par rapport à la même période de 2022. Le nombre moyen de passages par jour est de 143 depuis le début de l'année.

Monique Sorrentino a souligné qu'"énormément d'actions" avaient été mises en place "sur l'amont" pour limiter l'afflux de patients aux urgences.

Elle a mis en avant l'impact positif de la "très forte mobilisation des médecins généralistes" dans la prise en charge des soins non programmés, à travers plus particulièrement le service d'accès aux soins (SAS), expérimenté en Isère depuis mai 2021.

"A Grenoble, sur les urgences, nous étions en grande difficulté avant le Covid. Le Covid nous a 'boostés' pour travailler avec tous les acteurs. Nous arrivons ainsi à tenir et à nous pencher sur les sujets de fond", a expliqué la présidente de la CME, Marie-Thérèse Leccia.

Rappelant que l'hôpital de Voiron (Isère) et la clinique mutualiste de Grenoble avaient fermé leurs urgences la nuit, renforçant donc le rôle joué par le service de l'hôpital Michallon, elle a aussi salué "l'engagement" de la médecine de ville ainsi que celui de la clinique des Cèdres qui a une filière d'urgence.

Elle a également mis en avant "l'engagement très fort" des médecins spécialistes pour faire en sorte que les patients accèdent directement à leur service ou pour soutenir les équipes des urgences. Elle a souligné le rôle joué par la clinique Belledonne pour la filière cardiologie.

En psychiatrie, depuis le 24 avril, la filière a été réorganisée, de concert avec l'agence régionale de santé (ARS), entre les établissements de santé du territoire spécialisés en psychiatrie (centre hospitalier Alpes Isère, clinique du Dauphiné, clinique du Grésivaudan, CHU Grenoble Alpes) avec des mesures exceptionnelles permettant d'accélérer l'hospitalisation des patients requérant une prise en charge dans un service de psychiatrie, après un accueil et une prise en charge au sein du service des urgences Michallon, ont également expliqué les représentantes du CHU.

Les établissements de psychiatrie font en sorte d'accueillir au plus vite les patients passant par le SAU tout en maintenant l'accueil de patients adressés par les autres professionnels de ville.

La première évaluation est "positive" puisque les patients en attente d'un lit en psychiatrie sur le territoire, attendent deux fois moins longtemps aux urgences Nord qu'avant cette réorganisation. Plus globalement, le nombre de patients présents aux urgences de Michallon à 8h du matin en attente d'un lit d'hospitalisation, tous motifs confondus, est passé de 35 à une moyenne de 15 patients, s'est félicitée Monique Sorrentino.

Des patients plus lourds accueillis la nuit aux urgences

Malgré ces différentes actions, du fait de la fermeture de deux accueils d'urgence sur quatre sur le territoire, la nuit, les urgences de l'hôpital Nord du CHU accueillent des patients "plus lourds", a-t-elle toutefois constaté. En outre, ce service accueille désormais autant de venues la nuit que le jour.

Le Samu a enregistré une augmentation des appels mais ses effectifs ont été renforcés, a précisé la directrice générale.

"Cette situation accroît la pénibilité des conditions de travail des équipes la nuit, alors que les effectifs sont insuffisants", a reconnu la responsable du CHU.

Cette pénibilité est aussi liée au fait que "40 à 50% des postes d'urgentistes restent non pourvus", a ajouté Monique Sorrentino.

"Le défi aujourd'hui est à la fois de rendre pérenne la récente réorganisation de la filière psychiatrique, tout en poursuivant l'ensemble des actions permettant de rendre plus attractif le service des urgences Michallon, et ce, afin de recruter les urgentistes en nombre suffisant", a-t-elle affirmé.

La directrice générale a expliqué que le CHU s'était lancé le défi de rouvrir plus de 100 lits d'hospitalisation d'ici la fin 2023, sur les 200 environ qui sont fermés.

Il doit pour cela parvenir à recruter 230 infirmiers et 80 aides-soignants d'ici à fin septembre (y compris pour remplacer les départs), ce qu'il compte réaliser grâce aux sorties d'écoles.

Chirurgie pédiatrique: 167 déprogrammations d'interventions sur un mois

Outre le secteur des urgences, le CHU espère recruter aussi des professionnels pour rouvrir progressivement des salles de bloc pour la chirurgie pédiatrique.

Le 24 avril, le CHU a fait face à un nombre important d'arrêts maladie concomitants des infirmiers de bloc opératoire (Ibode) pédiatriques, du fait d'une surcharge de travail dans un contexte d'absentéisme accru au sein de l'équipe et au manque de professionnels disponibles sur le marché du travail (cf dépêche du 03/05/2023 à 15:58). "Depuis plusieurs mois, seules 65% des vacations du bloc pédiatrique sont ouvertes", souligne-t-il.

Depuis le 24 avril, au-delà des mesures immédiates mises en place pour le fonctionnement minimal d'une salle de bloc opératoire assurant la prise en charge des urgences, un travail collectif, associant les infirmières, leur encadrement, les chirurgiens et la direction, a été engagé.

Les urgences pédiatriques hors département de l'Isère sont gérées en lien avec les équipes des autres établissements de santé (notamment pour la Savoie, la Haute-Savoie et les Hautes-Alpes). Certaines activités chirurgicales ont pu être intégrées dans les blocs de Voiron.

A ce jour, 167 interventions, initialement prévues entre le 24 avril et le 26 mai, ont dû être déprogrammées. "La très forte mobilisation de l'ensemble des équipes a permis de trouver des solutions pour d'ores et déjà ouvrir entre deux à trois salles de bloc", assure le CHU.

Des transferts pour les situations non urgentes ont été également organisés vers les CHU de Lyon (HCL) et de Saint-Etienne, ont précisé les responsables.

Le CHU s'est doté d'un plan permettant la réouverture progressive de salles de bloc qui s'étalera sur les prochaines semaines et mois.

Il reposera "sur une nouvelle organisation solide conciliant activités chirurgicales prioritaires et amélioration notable des conditions de travail, de jour comme de nuit, en renforçant les équipes dans chaque salle, avec pour conséquence moins de salles ouvertes, mais de meilleures conditions d'exercice pour les infirmiers".

"Tout est mis en oeuvre pour assurer les meilleurs délais pour programmer les interventions chirurgicales et réaliser l'ensemble des activités de chirurgie pédiatrique en ouvrant au plus tôt quatre à cinq salles de bloc, soit le nombre de salles fonctionnant avant la crise Covid", affirme le CHU. "C'est une priorité majeure pour nous", a assuré Marie-Thérèse Leccia.

Mais globalement, "on est très inquiets", a souligné la présidente de la CME qui a rappelé que des mesures "importantes" étaient très attendues au niveau national, notamment pour mieux valoriser le travail de nuit et du week-end et la permanence des soins.

Un nouveau projet d'établissement

Pour attirer de nouveaux professionnels, le CHU compte aussi appliquer une politique d'attractivité et de fidélisation forte.

Il entend également s'appuyer sur le volet managérial de son nouveau projet d'établissement, validé fin 2022 pour la période 2023-2027.

Le projet managérial a été revu en profondeur pour intégrer davantage les professionnels de terrain aux décisions de leur service et favoriser le travail en équipe, a expliqué la présidente de la CME.

Il permet de redonner aux services leur place centrale de coeur de soins et de formation, et de proposer des formations aux binômes médecin-cadre pour qu'ils aient les outils pour permettre un management de proximité efficace et de qualité. Cet aspect constituait jusqu'à présent "un point de fragilité".

Un autre aspect important du projet d'établissement porte sur "la formation des jeunes professionnels" en lien avec les instituts de formation et les facultés, et dans le cadre de "compagnonnages".

san/ab/APMnews

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