Actualités de l'Urgence - APM

28/11 2023
Retour

GRÈVE AUX URGENCES DU CHU DE BREST: UN MÉDIATEUR DEVRAIT ÊTRE NOMMÉ APRÈS UN NOUVEAU BLOCAGE DES NÉGOCIATIONS

BREST (Finistère), 28 novembre 2023 (APMnews) - Les négociations entre les médecins urgentistes et la gouvernance du CHU de Brest-Carhaix sont bloquées et un médiateur devrait être nommé prochainement, a-t-on appris lundi auprès des médecins grévistes.

Après plus de deux mois d'alerte auprès de la direction et de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne sur le manque de ressources humaines médicales (jusqu'à moins 18 équivalents temps plein -ETP- sur un effectif de 54), les urgentistes du département de médecine d'urgence brestois ont entamé un mouvement de grève le 7 novembre (cf dépêche du 08/11/2023 à 15:39). Ils ont alors refusé d'effectuer du temps de travail additionnel au-delà des 48 heures hebdomadaires.

Après un premier blocage le week-end des 18 et 19 novembre, les négociations pour sortir de la grève étaient "en bonne voie" la semaine dernière, rappelle-t-on (cf dépêche du 23/11/2023 à 19:27). Les médecins avaient pu de nouveau obtenir de rendre prioritaire dans l'organisation sanitaire territoriale le fait de remplir les lignes de soins critiques avec impact territorial fort en première intention.

"La gouvernance s'était engagée à nous fournir un document de travail dimanche pour passer de l'oralité à l'écrit", mais les médecins n'ont pas reçu ce document, a relaté un membre de l'équipe à APMnews.

"A chaque fois, on avance en séance et ensuite la direction revient sur ce qui a été convenu. Il y a une perte de confiance et de l'incompréhension", a ajouté ce médecin.

Soutenue par Samu-Urgences de France (SUdF), l'équipe médicale a publié pendant le week-end un communiqué parlant d'un "nouveau revirement" de la direction avec "une nouvelle contre-proposition faite par la gouvernance du CHU, en opposition totale avec les objectifs conjoints et validés par les deux parties sur notamment la reconnaissance de la pénibilité".

"Les choix de la direction et des tutelles ramènent l'équipe des urgentistes sur l'ensemble des difficultés antérieures et à une nouvelle fermeture possible du département de médecine d'urgence, dont le Samu 29, en charge de la régulation médicale de l'ensemble des patients du Finistère et du Samu de coordination médicale maritime qui intervient également sur les secours en mer."

Vendredi soir, la direction a annoncé le retour de la régulation des urgences pour 72 heures, à compter de vendredi soir, et ce, jusqu'au mardi 28 novembre matin.

"Si l'idée de la gouvernance est de faire porter le chapeau de l'échec des négociations sur le compte des médecins urgentistes, si le principe de ces retournements répétés est de stigmatiser les praticiens urgentistes vis-à-vis de la population et de leurs collègues hospitaliers, ce communiqué de presse vous éclaire sur la réalité de ce que nous subissons", ont-ils écrit.

Les médecins ont assuré vouloir "favoriser l'apaisement social et relancer une dynamique sanitaire constructive et réfléchie dans l'intérêt de tous".

Ils dénoncent aussi "une administration qui n'en fait qu'à sa tête" comme maintenir en poste pendant 24 heures un praticien qui reprend son activité en mi-temps thérapeutique. "Humainement, nous sommes à bout", déclare un médecin de l'équipe à APMnews.

Devant cette situation de blocage, lundi après-midi, les médecins ont été informés par courrier qu'un médiateur régional serait dorénavant leur interlocuteur.

"Les négociations sont suspendues pour évolution du cadre via le recours à un médiateur, ceci à la demande de la gouvernance du CHU de Brest", a confirmé la direction du CHU, sollicitée mardi par APMnews.

Carhaix en point d'achoppement

"L'origine de la grève est l'injonction du CHU de Brest et de l'ARS Bretagne, dans un contexte de pénurie en ressources humaines majeure, de couvrir certaines lignes de soins d'un des sites de l'établissement au détriment de certaines lignes critiques du site de recours du CHU", expliquent les urgentistes dans leur communiqué.

"Pour répondre à la pression politique, la gouvernance et la tutelle ont décidé, sans concerter les acteurs de terrain, d'une organisation ubuesque", écrivent-ils.

Sans citer l'hôpital de Carhaix, c'est bien le protocole d'accord signé pour ce site en octobre qui a mis le feu aux poudres. Les médecins étaient épuisés de faire beaucoup d'heures supplémentaires et d'alerter sans succès sur le manque de ressources humaines. Ils n'ont pas accepté ce qui leur a été imposé pour Carhaix car cela diminuait les lignes de soins sur le site de la Cavale-Blanche à Brest, estimant que les lignes de garde du centre de recours étaient plus prioritaires pour les patients.

Un protocole pour la sortie de crise et le développement de l'hôpital de Carhaix du CHU de Brest a été signé fin octobre, sur fond de mobilisation pour le maintien des urgences du site. Il comprend des engagements pris pour la réouverture complète des urgences de Carhaix dont celui de recruter les médecins urgentistes nécessaires et garantir la présence a minima d'un médecin généraliste en complément du médecin du Smur, rappelle-t-on (cf dépêche du 27/10/2023 à 18:06).

"Rouvrir H24 les urgences de Carhaix, on le fera mais quand on aura les professionnels nécessaires", a déclaré un médecin urgentiste brestois à APMnews. Actuellement, cela amènerait à être en journée un seul praticien urgentiste en régulation médicale du Samu pendant plusieurs heures.

Les médecins s'inquiètent de la régulation mise en œuvre à Brest sur 72 heures pour la deuxième fois car l'effectif n'est pas plein pour assurer cette régulation. "Nous sommes pour une régulation territoriale d'ici un an, mais pour l'instant nous n'avons pas toutes les briques", a rapporté ce médecin.

La direction a reconnu en novembre un sous-effectif d'environ 13 ETP sur une équipe de 54 ETP.

sl/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

28/11 2023
Retour

GRÈVE AUX URGENCES DU CHU DE BREST: UN MÉDIATEUR DEVRAIT ÊTRE NOMMÉ APRÈS UN NOUVEAU BLOCAGE DES NÉGOCIATIONS

BREST (Finistère), 28 novembre 2023 (APMnews) - Les négociations entre les médecins urgentistes et la gouvernance du CHU de Brest-Carhaix sont bloquées et un médiateur devrait être nommé prochainement, a-t-on appris lundi auprès des médecins grévistes.

Après plus de deux mois d'alerte auprès de la direction et de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne sur le manque de ressources humaines médicales (jusqu'à moins 18 équivalents temps plein -ETP- sur un effectif de 54), les urgentistes du département de médecine d'urgence brestois ont entamé un mouvement de grève le 7 novembre (cf dépêche du 08/11/2023 à 15:39). Ils ont alors refusé d'effectuer du temps de travail additionnel au-delà des 48 heures hebdomadaires.

Après un premier blocage le week-end des 18 et 19 novembre, les négociations pour sortir de la grève étaient "en bonne voie" la semaine dernière, rappelle-t-on (cf dépêche du 23/11/2023 à 19:27). Les médecins avaient pu de nouveau obtenir de rendre prioritaire dans l'organisation sanitaire territoriale le fait de remplir les lignes de soins critiques avec impact territorial fort en première intention.

"La gouvernance s'était engagée à nous fournir un document de travail dimanche pour passer de l'oralité à l'écrit", mais les médecins n'ont pas reçu ce document, a relaté un membre de l'équipe à APMnews.

"A chaque fois, on avance en séance et ensuite la direction revient sur ce qui a été convenu. Il y a une perte de confiance et de l'incompréhension", a ajouté ce médecin.

Soutenue par Samu-Urgences de France (SUdF), l'équipe médicale a publié pendant le week-end un communiqué parlant d'un "nouveau revirement" de la direction avec "une nouvelle contre-proposition faite par la gouvernance du CHU, en opposition totale avec les objectifs conjoints et validés par les deux parties sur notamment la reconnaissance de la pénibilité".

"Les choix de la direction et des tutelles ramènent l'équipe des urgentistes sur l'ensemble des difficultés antérieures et à une nouvelle fermeture possible du département de médecine d'urgence, dont le Samu 29, en charge de la régulation médicale de l'ensemble des patients du Finistère et du Samu de coordination médicale maritime qui intervient également sur les secours en mer."

Vendredi soir, la direction a annoncé le retour de la régulation des urgences pour 72 heures, à compter de vendredi soir, et ce, jusqu'au mardi 28 novembre matin.

"Si l'idée de la gouvernance est de faire porter le chapeau de l'échec des négociations sur le compte des médecins urgentistes, si le principe de ces retournements répétés est de stigmatiser les praticiens urgentistes vis-à-vis de la population et de leurs collègues hospitaliers, ce communiqué de presse vous éclaire sur la réalité de ce que nous subissons", ont-ils écrit.

Les médecins ont assuré vouloir "favoriser l'apaisement social et relancer une dynamique sanitaire constructive et réfléchie dans l'intérêt de tous".

Ils dénoncent aussi "une administration qui n'en fait qu'à sa tête" comme maintenir en poste pendant 24 heures un praticien qui reprend son activité en mi-temps thérapeutique. "Humainement, nous sommes à bout", déclare un médecin de l'équipe à APMnews.

Devant cette situation de blocage, lundi après-midi, les médecins ont été informés par courrier qu'un médiateur régional serait dorénavant leur interlocuteur.

"Les négociations sont suspendues pour évolution du cadre via le recours à un médiateur, ceci à la demande de la gouvernance du CHU de Brest", a confirmé la direction du CHU, sollicitée mardi par APMnews.

Carhaix en point d'achoppement

"L'origine de la grève est l'injonction du CHU de Brest et de l'ARS Bretagne, dans un contexte de pénurie en ressources humaines majeure, de couvrir certaines lignes de soins d'un des sites de l'établissement au détriment de certaines lignes critiques du site de recours du CHU", expliquent les urgentistes dans leur communiqué.

"Pour répondre à la pression politique, la gouvernance et la tutelle ont décidé, sans concerter les acteurs de terrain, d'une organisation ubuesque", écrivent-ils.

Sans citer l'hôpital de Carhaix, c'est bien le protocole d'accord signé pour ce site en octobre qui a mis le feu aux poudres. Les médecins étaient épuisés de faire beaucoup d'heures supplémentaires et d'alerter sans succès sur le manque de ressources humaines. Ils n'ont pas accepté ce qui leur a été imposé pour Carhaix car cela diminuait les lignes de soins sur le site de la Cavale-Blanche à Brest, estimant que les lignes de garde du centre de recours étaient plus prioritaires pour les patients.

Un protocole pour la sortie de crise et le développement de l'hôpital de Carhaix du CHU de Brest a été signé fin octobre, sur fond de mobilisation pour le maintien des urgences du site. Il comprend des engagements pris pour la réouverture complète des urgences de Carhaix dont celui de recruter les médecins urgentistes nécessaires et garantir la présence a minima d'un médecin généraliste en complément du médecin du Smur, rappelle-t-on (cf dépêche du 27/10/2023 à 18:06).

"Rouvrir H24 les urgences de Carhaix, on le fera mais quand on aura les professionnels nécessaires", a déclaré un médecin urgentiste brestois à APMnews. Actuellement, cela amènerait à être en journée un seul praticien urgentiste en régulation médicale du Samu pendant plusieurs heures.

Les médecins s'inquiètent de la régulation mise en œuvre à Brest sur 72 heures pour la deuxième fois car l'effectif n'est pas plein pour assurer cette régulation. "Nous sommes pour une régulation territoriale d'ici un an, mais pour l'instant nous n'avons pas toutes les briques", a rapporté ce médecin.

La direction a reconnu en novembre un sous-effectif d'environ 13 ETP sur une équipe de 54 ETP.

sl/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.