Actualités de l'Urgence - APM

02/05 2023
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GRÈVE DES INTERNES: UN MOUVEMENT TOUT À FAIT "LÉGITIME" (ARNAUD ROBINET, FHF)

PARIS, 2 mai 2023 (APMnews) - Le mouvement de grève des internes, organisé vendredi pour dénoncer leurs conditions de travail et exiger des revalorisations salariales, est tout à fait "légitime", a déclaré samedi le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), lors d'une interview accordée à France Info.

Ce mouvement national, diversement suivi dans les CHU (cf dépêche du 02/05/2023 à 11:39), a été lancé par le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), rejoints ensuite par l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) (cf dépêche du 04/04/2023 à 10:25 et dépêche du 27/04/2023 à 17:04).

"S'il y a de la maltraitance, il faut agir", a insisté Arnaud Robinet, également maire de Reims (Horizons).

"On voit dans quelles conditions [les internes] travaillent aujourd'hui et parfois, il y a de la maltraitance, c'est une question de management et il faut y travailler", a-t-il souligné en observant que "beaucoup" de facultés de médecine se sont engagées dans un tel travail, notamment à Reims.

"Les internes ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos hôpitaux, CHU et CH."

"Nous devons beaucoup aux internes qui vont aujourd'hui au-delà des heures de travail légales", a-t-il fait valoir, en jugeant donc injustifié de vouloir revenir sur la libre-installation des médecins, au prétexte que les études de médecine sont payées par l'Etat et que les médecins devraient rendre du temps à la société.

"Tout travail mérite salaire et là, on est dans le domaine de la santé, c'est-à-dire qu'il en va de la prise en charge et de la sécurité des patients mais également des conditions de travail des agents hospitaliers et des internes."

S'agissant de l'augmentation de 300 euros brut par mois demandé par les internes, il a jugé nécessaire en effet de les revaloriser mais renvoyé la fixation d'un montant à une négociation. "Je ne sais pas si les 300 euros brut sont l'alpha et l'oméga de la situation des internes en France", a-t-il observé.

Interrogé sur les difficultés pour les hôpitaux de décompter le temps de travail des internes, malgré la décision du Conseil d'Etat et l'assignation en justice des CHU par les syndicats (cf dépêche du 22/06/2022 à 17:47 et dépêche du 01/12/2022 à 15:43), Arnaud Robinet a indiqué que les hôpitaux, notamment les CHU, se sont engagés dans cette direction pour contrôler le nombre d'heures travaillées par les internes, avec un accompagnement de la FHF.

Mais "on parle de management, il faut que chaque chef de service joue le jeu bien évidemment, comptabilise les heures de travail effectuées par les internes et qu'on respecte le cadre légal".

Il a toutefois rappelé le taux de 30% de postes de médecins titulaires vacants à l'hôpital public ainsi que de nombreux postes vacants d'infirmiers et d'aides-soignants. "Derrière, il faut quand même assumer la prise en charge des patients", a-t-il observé.

Et "on demande de plus en plus aux agents hospitaliers, notamment, aux internes" mais "à un moment, il va falloir mettre le holà, il en va de la sécurité sanitaire des patients, mais également de la santé de nos soignants".

Loi Rist et intérim: "la casse est quand même limitée"

Interrogé sur le nombre de services affectés par l'application de la loi Rist sur le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires, il a indiqué ne pas avoir de chiffres précis mais que la situation évoluait de jour en jour et que "beaucoup plus de la moitié [des services] fonctionnent normalement" (cf dépêche du 26/04/2023 à 17:47).

"La sécurité sanitaire est assurée", a-t-il affirmé en réitérant le soutien de la FHF à l'application de cette loi, qui est une "nécessité", notamment pour mettre fin aux grandes disparités de rémunération au sein d'une même équipe, au détriment des médecins fidèles à ce service, et pour améliorer la qualité des prises en charge.

Parmi les spécialités les plus touchées, il a mentionné les urgences, l'anesthésie-réanimation et les maternités. Il a salué le travail "remarquable" mené par les agences régionales de santé (ARS) sur les territoires avec les professionnels de santé. "Aujourd'hui, la casse est quand même limitée", a-t-il souligné.

Il a néanmoins relaté avoir fait part de ses inquiétudes au ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et à la première ministre, Elisabeth Borne, sur les périodes de vacances, notamment les vacances de printemps et la période estivale, afin de pouvoir "anticiper", que les astreintes soient partagées par l'ensemble des acteurs de la santé et qu'il y ait une coordination entre le public et le privé".

Interrogé sur la possibilité de réquisitionner des médecins cet été, il a répondu que cela est possible s'il y a nécessité et relève du préfet.

Il a par ailleurs rappelé que la FHF a demandé qu'une partie des économies réalisées avec l'application de la loi Rist sur les dépenses d'intérim soient reventilées afin de revaloriser les gardes et les astreintes (cf dépêche du 14/03/2023 à 15:56).

Pour lui, l'application de la loi Rist n'entraînera par une concurrence accrue entre l'hospitalisation publique et privée et des solutions ont été trouvées avec la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) pour trouver la "complémentarité nécessaire" entre les deux secteurs (cf dépêche du 31/03/2023 à 13:13).

Il ne "doute pas que les médecins intérimaires prendront leurs responsabilités", pointant davantage du doigt "les boîtes d'intérim que les médecins eux-mêmes" car "ils faisaient partie d'un système".

"On a besoin des intérimaires, bien évidemment, mais il me semble logique que, pour des questions d'éthique et de finances publiques, il y ait un plafond, une limitation" de leur rémunération.

Sur l'objectif de désengorger les urgences d'ici fin 2024 (cf dépêche du 17/04/2023 à 21:04), Arnaud Robinet répond au président de la République, Emmanuel Macron, "chiche, allons-y, mettons les moyens".

Pour y arriver, il a mis en avant la nécessité d'améliorer l'attractivité des urgences et la complémentarité entre l'hôpital et la médecine de ville, de revaloriser les gardes et les astreintes, de généraliser les services d'accès aux soins (SAS) et d'élargir la permanence des soins au-delà du secteur public.

Il a rappelé que des expérimentation de SAS avaient permis de réduire de 20% le nombre de patients accueillis aux urgences alors que ce nombre a augmenté de 20% au cours des 10 dernières années. Une mission est en cours pour généraliser les SAS, rappelle-t-on (cf dépêche du 28/04/2023 à 16:10).

François Braun ne serait pas opposé à une loi de programmation pour la santé, selon la FHF

Arnaud Robinet a par ailleurs réitéré la demande de la FHF "d'une véritable loi de programmation [sur cinq ans], à l'image de ce qu'on fait pour la défense", avec des moyens et des objectifs partagés avec l'ensemble des acteurs du monde de la santé.

Cela permettrait de sortir du court terme et d'un système de santé géré de façon "urgente", avec des "réactions crise après crise", "de PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] en PLFSS", a-t-il fait valoir.

Parmi les sujets abordés dans cette loi, il a évoqué les investissements et les négociations avec la médecine libérale, pour que celle-ci soit forte et permette aussi à l'hôpital d'être fort.

Il a relaté avoir échangé avec François Braun vendredi à Reims et que ce dernier ne serait pas opposé à une loi de programmation sur la santé mais qu"'il faut maintenant que Bercy, l'Elysée et Matignon soient d'accord".

"Nous allons forcer vers cet objectif", a-t-il assuré.

cb/san/APMnews

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GRÈVE DES INTERNES: UN MOUVEMENT TOUT À FAIT "LÉGITIME" (ARNAUD ROBINET, FHF)

PARIS, 2 mai 2023 (APMnews) - Le mouvement de grève des internes, organisé vendredi pour dénoncer leurs conditions de travail et exiger des revalorisations salariales, est tout à fait "légitime", a déclaré samedi le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), lors d'une interview accordée à France Info.

Ce mouvement national, diversement suivi dans les CHU (cf dépêche du 02/05/2023 à 11:39), a été lancé par le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), rejoints ensuite par l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) (cf dépêche du 04/04/2023 à 10:25 et dépêche du 27/04/2023 à 17:04).

"S'il y a de la maltraitance, il faut agir", a insisté Arnaud Robinet, également maire de Reims (Horizons).

"On voit dans quelles conditions [les internes] travaillent aujourd'hui et parfois, il y a de la maltraitance, c'est une question de management et il faut y travailler", a-t-il souligné en observant que "beaucoup" de facultés de médecine se sont engagées dans un tel travail, notamment à Reims.

"Les internes ont un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos hôpitaux, CHU et CH."

"Nous devons beaucoup aux internes qui vont aujourd'hui au-delà des heures de travail légales", a-t-il fait valoir, en jugeant donc injustifié de vouloir revenir sur la libre-installation des médecins, au prétexte que les études de médecine sont payées par l'Etat et que les médecins devraient rendre du temps à la société.

"Tout travail mérite salaire et là, on est dans le domaine de la santé, c'est-à-dire qu'il en va de la prise en charge et de la sécurité des patients mais également des conditions de travail des agents hospitaliers et des internes."

S'agissant de l'augmentation de 300 euros brut par mois demandé par les internes, il a jugé nécessaire en effet de les revaloriser mais renvoyé la fixation d'un montant à une négociation. "Je ne sais pas si les 300 euros brut sont l'alpha et l'oméga de la situation des internes en France", a-t-il observé.

Interrogé sur les difficultés pour les hôpitaux de décompter le temps de travail des internes, malgré la décision du Conseil d'Etat et l'assignation en justice des CHU par les syndicats (cf dépêche du 22/06/2022 à 17:47 et dépêche du 01/12/2022 à 15:43), Arnaud Robinet a indiqué que les hôpitaux, notamment les CHU, se sont engagés dans cette direction pour contrôler le nombre d'heures travaillées par les internes, avec un accompagnement de la FHF.

Mais "on parle de management, il faut que chaque chef de service joue le jeu bien évidemment, comptabilise les heures de travail effectuées par les internes et qu'on respecte le cadre légal".

Il a toutefois rappelé le taux de 30% de postes de médecins titulaires vacants à l'hôpital public ainsi que de nombreux postes vacants d'infirmiers et d'aides-soignants. "Derrière, il faut quand même assumer la prise en charge des patients", a-t-il observé.

Et "on demande de plus en plus aux agents hospitaliers, notamment, aux internes" mais "à un moment, il va falloir mettre le holà, il en va de la sécurité sanitaire des patients, mais également de la santé de nos soignants".

Loi Rist et intérim: "la casse est quand même limitée"

Interrogé sur le nombre de services affectés par l'application de la loi Rist sur le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires, il a indiqué ne pas avoir de chiffres précis mais que la situation évoluait de jour en jour et que "beaucoup plus de la moitié [des services] fonctionnent normalement" (cf dépêche du 26/04/2023 à 17:47).

"La sécurité sanitaire est assurée", a-t-il affirmé en réitérant le soutien de la FHF à l'application de cette loi, qui est une "nécessité", notamment pour mettre fin aux grandes disparités de rémunération au sein d'une même équipe, au détriment des médecins fidèles à ce service, et pour améliorer la qualité des prises en charge.

Parmi les spécialités les plus touchées, il a mentionné les urgences, l'anesthésie-réanimation et les maternités. Il a salué le travail "remarquable" mené par les agences régionales de santé (ARS) sur les territoires avec les professionnels de santé. "Aujourd'hui, la casse est quand même limitée", a-t-il souligné.

Il a néanmoins relaté avoir fait part de ses inquiétudes au ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et à la première ministre, Elisabeth Borne, sur les périodes de vacances, notamment les vacances de printemps et la période estivale, afin de pouvoir "anticiper", que les astreintes soient partagées par l'ensemble des acteurs de la santé et qu'il y ait une coordination entre le public et le privé".

Interrogé sur la possibilité de réquisitionner des médecins cet été, il a répondu que cela est possible s'il y a nécessité et relève du préfet.

Il a par ailleurs rappelé que la FHF a demandé qu'une partie des économies réalisées avec l'application de la loi Rist sur les dépenses d'intérim soient reventilées afin de revaloriser les gardes et les astreintes (cf dépêche du 14/03/2023 à 15:56).

Pour lui, l'application de la loi Rist n'entraînera par une concurrence accrue entre l'hospitalisation publique et privée et des solutions ont été trouvées avec la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) pour trouver la "complémentarité nécessaire" entre les deux secteurs (cf dépêche du 31/03/2023 à 13:13).

Il ne "doute pas que les médecins intérimaires prendront leurs responsabilités", pointant davantage du doigt "les boîtes d'intérim que les médecins eux-mêmes" car "ils faisaient partie d'un système".

"On a besoin des intérimaires, bien évidemment, mais il me semble logique que, pour des questions d'éthique et de finances publiques, il y ait un plafond, une limitation" de leur rémunération.

Sur l'objectif de désengorger les urgences d'ici fin 2024 (cf dépêche du 17/04/2023 à 21:04), Arnaud Robinet répond au président de la République, Emmanuel Macron, "chiche, allons-y, mettons les moyens".

Pour y arriver, il a mis en avant la nécessité d'améliorer l'attractivité des urgences et la complémentarité entre l'hôpital et la médecine de ville, de revaloriser les gardes et les astreintes, de généraliser les services d'accès aux soins (SAS) et d'élargir la permanence des soins au-delà du secteur public.

Il a rappelé que des expérimentation de SAS avaient permis de réduire de 20% le nombre de patients accueillis aux urgences alors que ce nombre a augmenté de 20% au cours des 10 dernières années. Une mission est en cours pour généraliser les SAS, rappelle-t-on (cf dépêche du 28/04/2023 à 16:10).

François Braun ne serait pas opposé à une loi de programmation pour la santé, selon la FHF

Arnaud Robinet a par ailleurs réitéré la demande de la FHF "d'une véritable loi de programmation [sur cinq ans], à l'image de ce qu'on fait pour la défense", avec des moyens et des objectifs partagés avec l'ensemble des acteurs du monde de la santé.

Cela permettrait de sortir du court terme et d'un système de santé géré de façon "urgente", avec des "réactions crise après crise", "de PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité sociale] en PLFSS", a-t-il fait valoir.

Parmi les sujets abordés dans cette loi, il a évoqué les investissements et les négociations avec la médecine libérale, pour que celle-ci soit forte et permette aussi à l'hôpital d'être fort.

Il a relaté avoir échangé avec François Braun vendredi à Reims et que ce dernier ne serait pas opposé à une loi de programmation sur la santé mais qu"'il faut maintenant que Bercy, l'Elysée et Matignon soient d'accord".

"Nous allons forcer vers cet objectif", a-t-il assuré.

cb/san/APMnews

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