Actualités de l'Urgence - APM

GROUPE HOSPITALIER DE MULHOUSE: UN REFUS DU MONDE D'AVANT EN MATIÈRE D'EFFECTIFS
PARIS, 28 septembre 2020 (APMnews) - En matière d'effectifs, il existe, au sein de la communauté hospitalière de Mulhouse, un "refus du monde d'avant [la crise sanitaire]", a prévenu Marie-Paule Pfaff, coordonnatrice générale des soins du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA), lors d'une table ronde aux Journées annuelles de l'Association des directeurs d'hôpital (ADH) en fin de semaine dernière.
Lors de cette table ronde consacrée au "collectif pendant le Covid: quels enseignements pour la gouvernance?", Corinne Krencker, directrice générale du GHRMSA, a rappelé la "brutalité de l'événement" (cf dépêche du 06/03/2020 à 17:40 et dépêche du 17/03/2020 à 19:15). "Il a fallu réagir extrêmement vite, notre stratégie d'anticipation a été très vite dépassée. La politique de départ qui était d'avoir un centre névralgique qui était l'hôpital de Mulhouse en préservant les autres établissements du groupe a tenu 15 jours puis le château de cartes s'est effondré", a-t-elle relaté.
Le GH a dû relever le défi de transformer son organisation, de dégager des moyens humains pour ouvrir des unités Covid tout en en fermant d'autres, dans des "délais extrêmement courts". C'était complètement "inédit" comme situation, a renchéri Marie-Paule Pfaff. Elle a précisé que la "brutalité" de l'épidémie s'était vue aussi au sein de "nos troupes avec des professionnels qui étaient eux-mêmes touchés par la maladie et les fermetures des écoles". "L'absentéisme augmentait", a-t-elle souligné. Afin d'être le plus "réactifs" possible, des cellules de redéploiement ont été organisées et des réunions avaient lieu avec la direction des ressources humaines "deux fois par jour".
"Outre la transformation rapide de l'établissement, on a dû aussi accueillir des personnes de l'extérieur à son fonctionnement habituel, comme l'élément militaire de réanimation [EMR], ce qui était totalement inédit", a poursuivi Corinne Krencker.
"On a eu la chance de bénéficier de l'aide de la réserve sanitaire mais il a fallu intégrer les réservistes dans des organisations qui n'étaient pas stabilisées." "Le plus compliqué a été l'intervention de tous les volontaires qui étaient pleins de bonne volonté mais avaient des profils très différents et variés."
"Il fallait s'adapter soi-même, s'adapter à l'autre sans avoir le temps d'appliquer les règles de management qui sont d'accueillir, organiser, préparer, former", a ajouté la directrice.
Toujours dans le domaine des ressources humaines, l'établissement a augmenté ses capacités en crèche pour accueillir les très jeunes enfants des membres du personnel. "On a aussi créé de toutes pièces un accueil pour les enfants, puisque les grands-parents ne pouvaient pas garder leurs petits-enfants", a souligné Marie-Paule Pfaff.
La coordonnatrice générale des soins a aussi insisté sur la nécessité de "maintenir le moral des troupes" et de "soutenir les professionnels" hospitaliers. Elle a rappelé que le GH avait mis en place des "maraudes de psychologues" qui sont allés, jusqu'à 4 heures du matin, à la rencontre de toutes les équipes pour les aider à s'exprimer (cf dépêche du 11/06/2020 à 18:42 et dépêche du 21/08/2020 à 18:26). "On a mis en place une unité ressources pour être un sas de décompression. et exprimer les émotions", a-t-elle ajouté.
Un ressenti douloureux
Interrogée sur la période "post-Covid", Corinne Krencker a expliqué que pour le moment, le département du Haut-Rhin restait "moins touché que les autres". Mais le GH doit gérer des professionnels qui sont en stress post-traumatique. C'est pourquoi, "l'unité ressources sera maintenue", a-t-elle annoncé.
L'autre difficulté, pour la responsable, est maintenant de "gérer dans la contrainte", y compris sur le plan budgétaire. Alors qu'en période Covid, la thématique était forcément unique, aujourd'hui, les thématiques classiques reviennent et il faut refaire des arbitrages, a-t-elle observé.
Après cette crise qui a été gérée "sans modèle", avec un "surinvestissement" des professionnels et durant laquelle "on a surtout compté sur nous-mêmes", "le retour en arrière est douloureux", a témoigné la coordonnatrice générale des soins.
"On a pu renforcer des équipes de soins grâce à des volontaires et aujourd'hui revenir aux effectifs d'avant, cela devient intolérable", a-t-elle insisté. En effet, "même si la charge de travail a été plus lourde dans certains services", "une formidable solidarité" s'était manifestée au moment de la crise. Mais "maintenant on ressent une marche arrière", ce qui suscite "une déconvenue et en même temps un refus de ce monde d'avant".
Corinne Krencker a confirmé que la démarche d'élaboration du projet d'établissement avait été "relancée cet été". "Un des axes sera le management" fondé sur "un travail de retour d'expérience".
Elle a précisé que pendant la crise, le groupe avait "laissé tomber un certain fonctionnement institutionnel, comme les instances sauf le CHSCT [comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail]". "On a montré que cela marchait sans", a-t-elle souligné. "Le sujet va être de savoir comment à partir de ces expériences, on le transpose sur notre modèle de gouvernance."
Marie-Paule Pfaff a évoqué pour sa part la "formidable mobilisation de tout l'encadrement". La vision maintenant est "la coconstruction" et de savoir "comment intégrer ce collectif dans notre projet d'établissement et la construction des actions".
Corinne Krencker a aussi émis la volonté de poursuivre ses rencontres avec les professionnels "dans les couloirs, sans formalisme", que ce soit avec les médecins, les infirmiers, les agents de services hospitaliers (ASH). "Cela parait évident mais ce n'est pas si facile que cela", a-t-elle remarqué en indiquant en retirer une grande satisfaction personnelle et en estimant que c'est aussi important pour les agents de s'exprimer "directement".
san/ab/APMnews
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GROUPE HOSPITALIER DE MULHOUSE: UN REFUS DU MONDE D'AVANT EN MATIÈRE D'EFFECTIFS
PARIS, 28 septembre 2020 (APMnews) - En matière d'effectifs, il existe, au sein de la communauté hospitalière de Mulhouse, un "refus du monde d'avant [la crise sanitaire]", a prévenu Marie-Paule Pfaff, coordonnatrice générale des soins du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA), lors d'une table ronde aux Journées annuelles de l'Association des directeurs d'hôpital (ADH) en fin de semaine dernière.
Lors de cette table ronde consacrée au "collectif pendant le Covid: quels enseignements pour la gouvernance?", Corinne Krencker, directrice générale du GHRMSA, a rappelé la "brutalité de l'événement" (cf dépêche du 06/03/2020 à 17:40 et dépêche du 17/03/2020 à 19:15). "Il a fallu réagir extrêmement vite, notre stratégie d'anticipation a été très vite dépassée. La politique de départ qui était d'avoir un centre névralgique qui était l'hôpital de Mulhouse en préservant les autres établissements du groupe a tenu 15 jours puis le château de cartes s'est effondré", a-t-elle relaté.
Le GH a dû relever le défi de transformer son organisation, de dégager des moyens humains pour ouvrir des unités Covid tout en en fermant d'autres, dans des "délais extrêmement courts". C'était complètement "inédit" comme situation, a renchéri Marie-Paule Pfaff. Elle a précisé que la "brutalité" de l'épidémie s'était vue aussi au sein de "nos troupes avec des professionnels qui étaient eux-mêmes touchés par la maladie et les fermetures des écoles". "L'absentéisme augmentait", a-t-elle souligné. Afin d'être le plus "réactifs" possible, des cellules de redéploiement ont été organisées et des réunions avaient lieu avec la direction des ressources humaines "deux fois par jour".
"Outre la transformation rapide de l'établissement, on a dû aussi accueillir des personnes de l'extérieur à son fonctionnement habituel, comme l'élément militaire de réanimation [EMR], ce qui était totalement inédit", a poursuivi Corinne Krencker.
"On a eu la chance de bénéficier de l'aide de la réserve sanitaire mais il a fallu intégrer les réservistes dans des organisations qui n'étaient pas stabilisées." "Le plus compliqué a été l'intervention de tous les volontaires qui étaient pleins de bonne volonté mais avaient des profils très différents et variés."
"Il fallait s'adapter soi-même, s'adapter à l'autre sans avoir le temps d'appliquer les règles de management qui sont d'accueillir, organiser, préparer, former", a ajouté la directrice.
Toujours dans le domaine des ressources humaines, l'établissement a augmenté ses capacités en crèche pour accueillir les très jeunes enfants des membres du personnel. "On a aussi créé de toutes pièces un accueil pour les enfants, puisque les grands-parents ne pouvaient pas garder leurs petits-enfants", a souligné Marie-Paule Pfaff.
La coordonnatrice générale des soins a aussi insisté sur la nécessité de "maintenir le moral des troupes" et de "soutenir les professionnels" hospitaliers. Elle a rappelé que le GH avait mis en place des "maraudes de psychologues" qui sont allés, jusqu'à 4 heures du matin, à la rencontre de toutes les équipes pour les aider à s'exprimer (cf dépêche du 11/06/2020 à 18:42 et dépêche du 21/08/2020 à 18:26). "On a mis en place une unité ressources pour être un sas de décompression. et exprimer les émotions", a-t-elle ajouté.
Un ressenti douloureux
Interrogée sur la période "post-Covid", Corinne Krencker a expliqué que pour le moment, le département du Haut-Rhin restait "moins touché que les autres". Mais le GH doit gérer des professionnels qui sont en stress post-traumatique. C'est pourquoi, "l'unité ressources sera maintenue", a-t-elle annoncé.
L'autre difficulté, pour la responsable, est maintenant de "gérer dans la contrainte", y compris sur le plan budgétaire. Alors qu'en période Covid, la thématique était forcément unique, aujourd'hui, les thématiques classiques reviennent et il faut refaire des arbitrages, a-t-elle observé.
Après cette crise qui a été gérée "sans modèle", avec un "surinvestissement" des professionnels et durant laquelle "on a surtout compté sur nous-mêmes", "le retour en arrière est douloureux", a témoigné la coordonnatrice générale des soins.
"On a pu renforcer des équipes de soins grâce à des volontaires et aujourd'hui revenir aux effectifs d'avant, cela devient intolérable", a-t-elle insisté. En effet, "même si la charge de travail a été plus lourde dans certains services", "une formidable solidarité" s'était manifestée au moment de la crise. Mais "maintenant on ressent une marche arrière", ce qui suscite "une déconvenue et en même temps un refus de ce monde d'avant".
Corinne Krencker a confirmé que la démarche d'élaboration du projet d'établissement avait été "relancée cet été". "Un des axes sera le management" fondé sur "un travail de retour d'expérience".
Elle a précisé que pendant la crise, le groupe avait "laissé tomber un certain fonctionnement institutionnel, comme les instances sauf le CHSCT [comité d'hygiène de sécurité et des conditions de travail]". "On a montré que cela marchait sans", a-t-elle souligné. "Le sujet va être de savoir comment à partir de ces expériences, on le transpose sur notre modèle de gouvernance."
Marie-Paule Pfaff a évoqué pour sa part la "formidable mobilisation de tout l'encadrement". La vision maintenant est "la coconstruction" et de savoir "comment intégrer ce collectif dans notre projet d'établissement et la construction des actions".
Corinne Krencker a aussi émis la volonté de poursuivre ses rencontres avec les professionnels "dans les couloirs, sans formalisme", que ce soit avec les médecins, les infirmiers, les agents de services hospitaliers (ASH). "Cela parait évident mais ce n'est pas si facile que cela", a-t-elle remarqué en indiquant en retirer une grande satisfaction personnelle et en estimant que c'est aussi important pour les agents de s'exprimer "directement".
san/ab/APMnews