Actualités de l'Urgence - APM

09/05 2025
Retour

HÔPITAUX DES VOSGES: UNE GOUVERNANCE TERRITORIALE PLUS APAISÉE POUR AFFRONTER LES DÉFIS À VENIR

(Par Geoffroy LANG)

ÉPINAL, 9 mai 2025 (APMnews) - Dominique Cheveau s'est félicité d'être parvenu à établir une gouvernance territoriale plus apaisée dans les sept hôpitaux vosgiens qu'il dirigeait, lors d'un entretien accordé lundi à APMnews à quelques jours de prendre la direction de l'agence de santé de Wallis-et-Futuna.

Arrivé en mai 2020 à la tête des centres hospitaliers (CH) d'Epinal et de Remiremont, Dominique Cheveau a rapidement vu l'hôpital Val du Madon (Mirecourt) et le CH de la Haute vallée de la Moselle rejoindre cette direction commune après un intérim de deux ans, avant d'exercer également la direction par intérim du CH de l'Ouest vosgien (CHOV, Neufchâteau-Vittel) avec qui l'hôpital local de Lamarche avait fusionné.

Alors que la direction commune d'Epinal et de Remiremont avait été marquée par un climat de forte méfiance ayant nécessité l'intervention du président du conseil départemental des Vosges, François Vannson, pour parvenir à amorcer un rapprochement entre les deux établissements avant son arrivée (cf dépêche du 02/08/2019 à 18:52 et dépêche du 04/11/2022 à 15:36), Dominique Cheveau s'est ainsi retrouvé à la tête de sept établissements pour 12 sites au total.

"J'avais un principe de management, c'était l'équidistance", a-t-il fait valoir lors d'un entretien accordé lundi soir à APMnews, en soulignant le "chemin parcouru" depuis. Il a pris l'exemple de l'Association pour la défense, le maintien, l'amélioration de la maternité et de l'hôpital de Remiremont (Ademat), particulièrement hostile au rapprochement avec Epinal par le passé et qui a "fait sa dernière campagne de communication pour 'des lits pour les urgences à Epinal et Remiremont'".

La mise en place de la direction commune "a permis de créer du dialogue entre tous les établissements", a-t-il assuré, que ce soit entre les commissions médicales d'établissement (CME) de chaque hôpital ou parmi les différents élus locaux siégeant aux conseils de surveillance.

Alors que le CHOV souhaiterait intégrer de façon pérenne la direction commune, il a cependant reconnu que cette hypothèse pouvait encore susciter "la peur d'une perte de proximité de la direction" chez certains établissements membres de cette direction commune.

Trois défis à venir

Le directeur a cependant estimé que le rapprochement des hôpitaux était indispensable pour faire face aux défis qui les attendent, en identifiant trois enjeux majeurs: la trajectoire financière des établissements, la restructuration de l'offre de soins et les systèmes d'information.

"On a quatre établissements pour 360.000 habitants, pour des raisons géographiques, mais aucun n'a la taille critique pour être à l'équilibre", a-t-il expliqué, en citant les maternités: "Il faut entre 2.000 et 2.500 naissances [pour équilibrer l'activité], on en a 1.300 à Epinal, 600 à Remiremont et 350 à Neufchâteau; et c'est pareil pour les blocs."

"Il va falloir répartir et regrouper pour réduire les charges de structure", a-t-il insisté alors qu'un plan d'efficience pour les établissements de la direction commune devrait être finalisé avant l'été pour réorganiser les prises en charge et les parcours patients.

Si ses établissements ont bouclé l'exercice 2024 "quasiment à l'équilibre", il a mis en garde contre un résultat en trompe-l'œil dû aux aides en trésorerie apportées par les pouvoirs publics.

Le plus gros sujet d'inquiétude concerne l'activité du CH de Remiremont, structurellement déficitaire, alors que le CHOV a amorcé "une mue d'activité qui commence à donner des résultats".

Alors que l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est a validé en avril le projet médico-soignant partagé (PMSP) du groupement hospitalier de territoire (GHT) des Vosges (cf dépêche du 19/11/2024 à 17:59) -qui comprend également les hôpitaux du Massif des Vosges (Saint-Dié-des-Vosges et Gérardmer)-, Dominique Cheveau a souligné que ce nouveau cap allait contribuer à répondre au deuxième enjeu en réorganisant l'offre tout en ayant "permis une convergence des CME".

"Le PMSP dit qu'il faut restructurer pour pouvoir apporter la sécurité, la pérennité et l'attractivité", a-t-il schématisé, en expliquant que des travaux avaient été lancés dans la foulée "par les CME de chaque site pour répartir l'offre spécialité par spécialité, avec en priorité les filières structurantes en juin": obstétrique-périnatalité, urgences et chirurgie.

"Ils proposeront des réorganisations mais pas forcément des restructurations", a-t-il complété en en appelant à l'arbitrage de l'ARS pour trancher.

Parmi les autres filières structurantes qui seront formalisées par la suite, le directeur a cité les soins médicaux et de réadaptation (SMR), le virage domiciliaire grâce à un partenariat noué avec la Fondation Santé Service pour l'hospitalisation à domicile (HAD) et les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), ou encore les personnes âgées.

"On a fait le PMSP avec le CHU [de Nancy] sur la cardiologie et la neurologie", a-t-il poursuivi. "L'objectif, c'est que tout soit structuré d'ici la fin d'année."

Des inquiétudes pour la période estivale

"L'enjeu majeur, c'est les ressources médicales, les démultiplier c'est les affaiblir", a résumé le directeur, en prenant l'exemple des urgences où même le CH d'Epinal rencontre des difficultés à "boucler les plannings" tandis que le service de Remiremont doit régulièrement fermer la nuit: "Il nous faudrait 72 médecins pour faire tourner nos services et on en a une trentaine."

Si l'équipe territoriale d'urgence devrait s'étoffer d'ici quelques mois et alors qu'une fédération médicale interhospitalière (FMIH) d'urgence est en cours de formation, le directeur redoute que l'été à venir soit encore "compliqué".

"Avec la réforme des autorisations, on attend des décisions de la direction générale de l'ARS sur la répartition des urgences", a-t-il ajouté.

Alors que l'ARS a notamment poussé pour développer une coopération entre les établissements du sillon lorrain (cf dépêche du 18/11/2019 à 18:18 et dépêche du 03/06/2019 à 18:25), de Metz à Epinal en passant par Nancy, Dominique Cheveau a salué les échanges croissants avec les établissements nancéens: "On a opéré un vrai rapprochement avec l'ICL [Institut de cancérologie lorrain] sur la cancéro, ça marche bien."

"Je pense qu'il y a une vraie maturité aujourd'hui, sur les systèmes d'information ou certaines spécialités, ça a démarré en ORL, ça fonctionne très bien en neurologie", a-t-il poursuivi en appelant à poursuivre cette dynamique.

"On a un plan de coopération sanitaire sud lorrain qui avait notamment érigé les SI en priorité mais les calendriers étaient peu compatibles entre le CHU et les hôpitaux vosgiens", a-t-il enchaîné.

"Je pense qu'il faut passer à une étape un peu supérieure et intégrative avec le CHU si on veut réussir la révolution numérique qu'on n'a pas encore réellement faite sur les Vosges", a-t-il complété, se prononçant pour l'intégration du sujet au groupement de coopération sanitaire (GCS) Lorraine Sud constitué en 2019 avec le CHU et les hôpitaux vosgiens (cf dépêche du 20/06/2019 à 14:42).

gl/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

09/05 2025
Retour

HÔPITAUX DES VOSGES: UNE GOUVERNANCE TERRITORIALE PLUS APAISÉE POUR AFFRONTER LES DÉFIS À VENIR

(Par Geoffroy LANG)

ÉPINAL, 9 mai 2025 (APMnews) - Dominique Cheveau s'est félicité d'être parvenu à établir une gouvernance territoriale plus apaisée dans les sept hôpitaux vosgiens qu'il dirigeait, lors d'un entretien accordé lundi à APMnews à quelques jours de prendre la direction de l'agence de santé de Wallis-et-Futuna.

Arrivé en mai 2020 à la tête des centres hospitaliers (CH) d'Epinal et de Remiremont, Dominique Cheveau a rapidement vu l'hôpital Val du Madon (Mirecourt) et le CH de la Haute vallée de la Moselle rejoindre cette direction commune après un intérim de deux ans, avant d'exercer également la direction par intérim du CH de l'Ouest vosgien (CHOV, Neufchâteau-Vittel) avec qui l'hôpital local de Lamarche avait fusionné.

Alors que la direction commune d'Epinal et de Remiremont avait été marquée par un climat de forte méfiance ayant nécessité l'intervention du président du conseil départemental des Vosges, François Vannson, pour parvenir à amorcer un rapprochement entre les deux établissements avant son arrivée (cf dépêche du 02/08/2019 à 18:52 et dépêche du 04/11/2022 à 15:36), Dominique Cheveau s'est ainsi retrouvé à la tête de sept établissements pour 12 sites au total.

"J'avais un principe de management, c'était l'équidistance", a-t-il fait valoir lors d'un entretien accordé lundi soir à APMnews, en soulignant le "chemin parcouru" depuis. Il a pris l'exemple de l'Association pour la défense, le maintien, l'amélioration de la maternité et de l'hôpital de Remiremont (Ademat), particulièrement hostile au rapprochement avec Epinal par le passé et qui a "fait sa dernière campagne de communication pour 'des lits pour les urgences à Epinal et Remiremont'".

La mise en place de la direction commune "a permis de créer du dialogue entre tous les établissements", a-t-il assuré, que ce soit entre les commissions médicales d'établissement (CME) de chaque hôpital ou parmi les différents élus locaux siégeant aux conseils de surveillance.

Alors que le CHOV souhaiterait intégrer de façon pérenne la direction commune, il a cependant reconnu que cette hypothèse pouvait encore susciter "la peur d'une perte de proximité de la direction" chez certains établissements membres de cette direction commune.

Trois défis à venir

Le directeur a cependant estimé que le rapprochement des hôpitaux était indispensable pour faire face aux défis qui les attendent, en identifiant trois enjeux majeurs: la trajectoire financière des établissements, la restructuration de l'offre de soins et les systèmes d'information.

"On a quatre établissements pour 360.000 habitants, pour des raisons géographiques, mais aucun n'a la taille critique pour être à l'équilibre", a-t-il expliqué, en citant les maternités: "Il faut entre 2.000 et 2.500 naissances [pour équilibrer l'activité], on en a 1.300 à Epinal, 600 à Remiremont et 350 à Neufchâteau; et c'est pareil pour les blocs."

"Il va falloir répartir et regrouper pour réduire les charges de structure", a-t-il insisté alors qu'un plan d'efficience pour les établissements de la direction commune devrait être finalisé avant l'été pour réorganiser les prises en charge et les parcours patients.

Si ses établissements ont bouclé l'exercice 2024 "quasiment à l'équilibre", il a mis en garde contre un résultat en trompe-l'œil dû aux aides en trésorerie apportées par les pouvoirs publics.

Le plus gros sujet d'inquiétude concerne l'activité du CH de Remiremont, structurellement déficitaire, alors que le CHOV a amorcé "une mue d'activité qui commence à donner des résultats".

Alors que l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est a validé en avril le projet médico-soignant partagé (PMSP) du groupement hospitalier de territoire (GHT) des Vosges (cf dépêche du 19/11/2024 à 17:59) -qui comprend également les hôpitaux du Massif des Vosges (Saint-Dié-des-Vosges et Gérardmer)-, Dominique Cheveau a souligné que ce nouveau cap allait contribuer à répondre au deuxième enjeu en réorganisant l'offre tout en ayant "permis une convergence des CME".

"Le PMSP dit qu'il faut restructurer pour pouvoir apporter la sécurité, la pérennité et l'attractivité", a-t-il schématisé, en expliquant que des travaux avaient été lancés dans la foulée "par les CME de chaque site pour répartir l'offre spécialité par spécialité, avec en priorité les filières structurantes en juin": obstétrique-périnatalité, urgences et chirurgie.

"Ils proposeront des réorganisations mais pas forcément des restructurations", a-t-il complété en en appelant à l'arbitrage de l'ARS pour trancher.

Parmi les autres filières structurantes qui seront formalisées par la suite, le directeur a cité les soins médicaux et de réadaptation (SMR), le virage domiciliaire grâce à un partenariat noué avec la Fondation Santé Service pour l'hospitalisation à domicile (HAD) et les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), ou encore les personnes âgées.

"On a fait le PMSP avec le CHU [de Nancy] sur la cardiologie et la neurologie", a-t-il poursuivi. "L'objectif, c'est que tout soit structuré d'ici la fin d'année."

Des inquiétudes pour la période estivale

"L'enjeu majeur, c'est les ressources médicales, les démultiplier c'est les affaiblir", a résumé le directeur, en prenant l'exemple des urgences où même le CH d'Epinal rencontre des difficultés à "boucler les plannings" tandis que le service de Remiremont doit régulièrement fermer la nuit: "Il nous faudrait 72 médecins pour faire tourner nos services et on en a une trentaine."

Si l'équipe territoriale d'urgence devrait s'étoffer d'ici quelques mois et alors qu'une fédération médicale interhospitalière (FMIH) d'urgence est en cours de formation, le directeur redoute que l'été à venir soit encore "compliqué".

"Avec la réforme des autorisations, on attend des décisions de la direction générale de l'ARS sur la répartition des urgences", a-t-il ajouté.

Alors que l'ARS a notamment poussé pour développer une coopération entre les établissements du sillon lorrain (cf dépêche du 18/11/2019 à 18:18 et dépêche du 03/06/2019 à 18:25), de Metz à Epinal en passant par Nancy, Dominique Cheveau a salué les échanges croissants avec les établissements nancéens: "On a opéré un vrai rapprochement avec l'ICL [Institut de cancérologie lorrain] sur la cancéro, ça marche bien."

"Je pense qu'il y a une vraie maturité aujourd'hui, sur les systèmes d'information ou certaines spécialités, ça a démarré en ORL, ça fonctionne très bien en neurologie", a-t-il poursuivi en appelant à poursuivre cette dynamique.

"On a un plan de coopération sanitaire sud lorrain qui avait notamment érigé les SI en priorité mais les calendriers étaient peu compatibles entre le CHU et les hôpitaux vosgiens", a-t-il enchaîné.

"Je pense qu'il faut passer à une étape un peu supérieure et intégrative avec le CHU si on veut réussir la révolution numérique qu'on n'a pas encore réellement faite sur les Vosges", a-t-il complété, se prononçant pour l'intégration du sujet au groupement de coopération sanitaire (GCS) Lorraine Sud constitué en 2019 avec le CHU et les hôpitaux vosgiens (cf dépêche du 20/06/2019 à 14:42).

gl/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.