Actualités de l'Urgence - APM

29/08 2022
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IL S'AGIT DU "PIRE ÉTÉ QUE NOUS AYONS CONNU AUX URGENCES" (MARC NOIZET, SUDF)

(Par Sylvain LABAUNE)

PARIS, 29 août 2022 (APMnews) - Les urgences ont fait face au "pire été" jamais connu et cet épisode estival laissera des marques durables sur des services déjà "exsangues", a déclaré lundi à APMnews le président de Samu-Urgences de France (SUdF), Marc Noizet.

Le Dr Noizet, chef du service d'urgence du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA) et du Samu du Haut-Rhin, a été élu en juillet à la présidence du syndicat à la suite de la nomination de François Braun en tant que ministre de la santé et de la prévention (cf dépêche du 11/07/2022 à 18:58).

SUdF a démarré vendredi une enquête pour évaluer l'efficacité des mesures issues de la mission flash (ou mission "Braun") sur les urgences et les soins non programmés (cf dépêche du 12/07/2022 à 12:50), et sur l'identification d'événements indésirables graves. Les conclusions de ce travail doivent être rendues "en fin de semaine prochaine", a indiqué Marc Noizet.

De nombreux services d'urgence ont été contraints de fermer partiellement, ponctuellement ou de façon continue cet été du fait d'un nombre insuffisant d'urgentistes, en particulier la nuit comme en Bretagne ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) (cf dépêche du 10/08/2022 à 18:31 et dépêche du 19/08/2022 à 16:56).

Le nombre de fermetures a été "plus important" en août qu'en juillet et toutes les régions ont été touchées. Elles ont "touché davantage les petits services pour maintenir ceux d'à côté" et ne "sont que le symptôme d'un malaise général", a déclaré le président de SUdF.

Un "infléchissement" de l'activité depuis une semaine

Il faut "appeler un chat, un chat. Quand un service est fermé, il est fermé", a-t-il commenté, en réaction à l'emploi par les autorités sanitaires du terme "régulation" à la place de fermeture.

Cependant, cela ne veut pas dire qu'on laisse le patient "seul avec sa problématique de santé", soit l'établissement a mis en place un accueil physique, avec par exemple un infirmier qui oriente le patient éventuellement vers une régulation, ou directement une régulation pour l'orienter ailleurs, mais il s'agit bien de fermetures dans le sens où le patient n'est pas soigné par le service.

"Nous n'avons pas eu de remontées pour l'instant d'événements indésirables graves" en conséquence de ces fermetures, "ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu, mais à ma connaissance rien n'a filtré". "On attend d'en savoir plus avec notre enquête à paraître", a poursuivi le président de SUdF.

À ce stade, "on sait que l'activité aux urgences a été excessivement compliquée cet été sur l'aval des urgences", c'est-à-dire sur la "disponibilité des lits", avec des "files d'attente pour une hospitalisation qui se sont inexorablement allongées". Malgré cela, "partout où les services d'urgence étaient ouverts, les patients ont été accueillis et pris en charge".

Un "infléchissement de l'activité" est toutefois observé depuis une semaine "parce que des lits rouvrent dans les hôpitaux, les médecins libéraux rouvrent leurs cabinets et les vacanciers quittent les régions touristiques".

Mais la "problématique de fond reste la même", c'est-à-dire le "manque de ressources médicales et soignantes" et "les solutions seront toujours à trouver pour l'avenir".

Les "services d'urgence sont toujours exsangues" et "nous continuerons à avoir des fermetures dans les prochains mois", en particulier pendant la période de Noël.

Il s'agit du "pire été que nous ayons connu aux urgences sur le territoire national. Nous n'avions jamais eu de situations de ce type-là auparavant", a-t-il déploré.

Une forte dégradation des conditions de travail dans les centres 15

La situation a été particulièrement tendue dans les centres 15. L'activité a "continué de progresser en août par rapport à juillet", ce qui a occasionné une "vraie altération de la qualité de travail", en plus de l'altération de la qualité de prise en charge des appelants avec l'allongement "mathématique" des délais de prise en charge.

"Malgré les mesures de la mission Braun, les embauches n'ont pas été aussi faciles que nous l'aurions souhaité", du fait d'un manque de candidats et des délais de formation, a continué Marc Noizet.

Si "certains centres ont réussi à embaucher quelques personnes et à les former sur le tas, ou encore en ayant recours à des étudiants", beaucoup "se sont retrouvés sans personnels supplémentaires et ont tiré sur la corde de ceux présents".

À tel "point que nous constatons des annonces de départs d'assistants de régulation médicale [ARM] dans certains Samu car les personnels estiment que les conditions de travail ne sont plus satisfaisantes", a-t-il rapporté.

Pour résumer, "on peut dire que le système s'est maintenu pendant l'été mais avec des conséquences non négligeables" dans les services et Samu, ce qui ne fera qu'accentuer les "conditions de recrutement dans les mois à venir", a ajouté Marc Noizet.

syl/ab/APMnews

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(Par Sylvain LABAUNE)

PARIS, 29 août 2022 (APMnews) - Les urgences ont fait face au "pire été" jamais connu et cet épisode estival laissera des marques durables sur des services déjà "exsangues", a déclaré lundi à APMnews le président de Samu-Urgences de France (SUdF), Marc Noizet.

Le Dr Noizet, chef du service d'urgence du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA) et du Samu du Haut-Rhin, a été élu en juillet à la présidence du syndicat à la suite de la nomination de François Braun en tant que ministre de la santé et de la prévention (cf dépêche du 11/07/2022 à 18:58).

SUdF a démarré vendredi une enquête pour évaluer l'efficacité des mesures issues de la mission flash (ou mission "Braun") sur les urgences et les soins non programmés (cf dépêche du 12/07/2022 à 12:50), et sur l'identification d'événements indésirables graves. Les conclusions de ce travail doivent être rendues "en fin de semaine prochaine", a indiqué Marc Noizet.

De nombreux services d'urgence ont été contraints de fermer partiellement, ponctuellement ou de façon continue cet été du fait d'un nombre insuffisant d'urgentistes, en particulier la nuit comme en Bretagne ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) (cf dépêche du 10/08/2022 à 18:31 et dépêche du 19/08/2022 à 16:56).

Le nombre de fermetures a été "plus important" en août qu'en juillet et toutes les régions ont été touchées. Elles ont "touché davantage les petits services pour maintenir ceux d'à côté" et ne "sont que le symptôme d'un malaise général", a déclaré le président de SUdF.

Un "infléchissement" de l'activité depuis une semaine

Il faut "appeler un chat, un chat. Quand un service est fermé, il est fermé", a-t-il commenté, en réaction à l'emploi par les autorités sanitaires du terme "régulation" à la place de fermeture.

Cependant, cela ne veut pas dire qu'on laisse le patient "seul avec sa problématique de santé", soit l'établissement a mis en place un accueil physique, avec par exemple un infirmier qui oriente le patient éventuellement vers une régulation, ou directement une régulation pour l'orienter ailleurs, mais il s'agit bien de fermetures dans le sens où le patient n'est pas soigné par le service.

"Nous n'avons pas eu de remontées pour l'instant d'événements indésirables graves" en conséquence de ces fermetures, "ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu, mais à ma connaissance rien n'a filtré". "On attend d'en savoir plus avec notre enquête à paraître", a poursuivi le président de SUdF.

À ce stade, "on sait que l'activité aux urgences a été excessivement compliquée cet été sur l'aval des urgences", c'est-à-dire sur la "disponibilité des lits", avec des "files d'attente pour une hospitalisation qui se sont inexorablement allongées". Malgré cela, "partout où les services d'urgence étaient ouverts, les patients ont été accueillis et pris en charge".

Un "infléchissement de l'activité" est toutefois observé depuis une semaine "parce que des lits rouvrent dans les hôpitaux, les médecins libéraux rouvrent leurs cabinets et les vacanciers quittent les régions touristiques".

Mais la "problématique de fond reste la même", c'est-à-dire le "manque de ressources médicales et soignantes" et "les solutions seront toujours à trouver pour l'avenir".

Les "services d'urgence sont toujours exsangues" et "nous continuerons à avoir des fermetures dans les prochains mois", en particulier pendant la période de Noël.

Il s'agit du "pire été que nous ayons connu aux urgences sur le territoire national. Nous n'avions jamais eu de situations de ce type-là auparavant", a-t-il déploré.

Une forte dégradation des conditions de travail dans les centres 15

La situation a été particulièrement tendue dans les centres 15. L'activité a "continué de progresser en août par rapport à juillet", ce qui a occasionné une "vraie altération de la qualité de travail", en plus de l'altération de la qualité de prise en charge des appelants avec l'allongement "mathématique" des délais de prise en charge.

"Malgré les mesures de la mission Braun, les embauches n'ont pas été aussi faciles que nous l'aurions souhaité", du fait d'un manque de candidats et des délais de formation, a continué Marc Noizet.

Si "certains centres ont réussi à embaucher quelques personnes et à les former sur le tas, ou encore en ayant recours à des étudiants", beaucoup "se sont retrouvés sans personnels supplémentaires et ont tiré sur la corde de ceux présents".

À tel "point que nous constatons des annonces de départs d'assistants de régulation médicale [ARM] dans certains Samu car les personnels estiment que les conditions de travail ne sont plus satisfaisantes", a-t-il rapporté.

Pour résumer, "on peut dire que le système s'est maintenu pendant l'été mais avec des conséquences non négligeables" dans les services et Samu, ce qui ne fera qu'accentuer les "conditions de recrutement dans les mois à venir", a ajouté Marc Noizet.

syl/ab/APMnews

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