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25/06 2021
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ILE-DE-FRANCE: POUR L'APRÈS-CRISE, LA BALLE EST DANS LE CAMP DES ÉTABLISSEMENTS ET FÉDÉRATIONS (ARS)

(Par Caroline BESNIER, au congrès de la FHF Ile-de-France)

PARIS, 25 juin 2021 (APMnews) - Pour capitaliser sur les enseignements de la crise sanitaire liée au Covid-19, c'est désormais aux établissements et fédérations de sortir de leurs "prés carrés" et d'accompagner l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France pour éviter de revenir au monde d'avant, a estimé jeudi le directeur de l'offre de soins de l'agence, Didier Jaffre, lors du congrès de la délégation francilienne de la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Cela a été très émouvant, très dur, très difficile à vivre, mais une de nos forces par rapport à d’autres régions est d’avoir vécu véritablement cette crise et d'avoir su" y faire face, a observé le représentant de l'ARS lors d'une session intitulée "Les hôpitaux face à la crise sanitaire: de la saturation à la réinvention".

Même si la crise n'est pas complètement terminée et qu'il reste des malades dans les établissements, des risques liés aux variants et des personnes à vacciner, "nous commençons à devenir des anciens combattants, [...] nous avons vécu et gagné cette guerre, il faut aussi savoir capitaliser dessus".

Il a salué la capacité d'adaptation des professionnels des établissements de santé qui a permis de faire sortir près de 100.000 malades du Covid qui avaient été hospitalisés, ainsi que la "grande solidarité" entre les équipes et services d'un même établissement, entre les territoires, entre structures publiques et privées et entre hôpitaux, établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et soins de ville.

Tout comme la solidarité nationale qui s'est traduite par 245 évacuations sanitaires, la solidarité régionale a été "exemplaire" et a permis de prendre en charge les malades des départements comme la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise, "très touchés", dans les établissements de Paris, des Hauts-de-Seine et d’autres départements, a-t-il insisté.

"Cette solidarité, c’est vraiment là-dessus que nous devons capitaliser", a souligné Didier Jaffre.

Alors que, "dans la galère de la 1re vague" et également pour les 2e et 3e vagues, le rôle de l'ARS était d'essayer d’accompagner les établissements et les fédérations, d'informer et de trouver des solutions, il pense que pour l'après-crise, les rôles doivent s'inverser et que ce sera aux établissements et fédérations d'accompagner l'ARS.

Cela signifie notamment pour les différents acteurs de ne "pas retomber dans les vieux démons d’avant", comme "la défense des prés carrés des uns et des autres".

Il a observé qu'il faudrait s'interroger sur le devenir des 52 autorisations dérogatoires délivrées pendant la crise mais en évitant de le faire dans le cadre du "respect stricto sensu des textes", sinon on passera "à côté de la crise".

Pour lui, il faut plutôt "s’organiser collectivement, publics et privés, au niveau d’un territoire, pour dire les autorisations ce n’est plus tel ou tel qui doit les avoir mais c'est collectivement qu’on doit les mettre en oeuvre", comme il l'avait déjà exposé en janvier (cf dépêche du 29/01/2021 à 14:58).

"C’est là-dessus qu’on doit travailler mais ça suppose une certaine part de risque" car c’est plus "facile de se protéger derrière le rempart du code de la santé publique".

Didier Jaffre appelle à cet effet à poursuivre l'"union" trouvée pendant 18 mois.

Et cela concerne aussi les investissements. "Si nous devons investir avec des moyens colossaux dans l’ensemble de nos territoires, une des premières conditions" sera qu'ils soient portés par tous. "Même si c’est l’hôpital de Rambouillet [Yvelines] qui est reconstruit, il doit l’être parce que l’ensemble de la communauté du territoire publique et privée, porte la reconstruction de l’hôpital", a-t-il illustré.

"Un peu se forcer" pour pérenniser ce qui a fonctionné

Après la crise, "cette tentation de se recentrer sur son service, sur son territoire, de ne défendre que ses projets, ses intérêts, c’est oublier toute la nécessité" des coopérations pour les prises en charge, surtout là où l’offre de soins est déficitaire, a souligné également lors de cette table ronde la directrice des 3 établissements du groupement hospitalier de territoire (GHT) Grand Paris Nord Est (GPNE -Aulnay-sous-Bois, Montreuil et Le Raincy-Montfermeil), Yolande Di Natale.

Au niveau de son GHT, elle essaye de ne pas retomber dans les travers d'avant, notamment en continuant de concilier la proximité et la gestion logistique, collective et stratégique au niveau du GHT, de garder ce contact qui existait en cellule de crise et de conserver des moments de discussion autour du travail, notamment avec des médecins et psychologues du travail.

"C'est important de garder ce système et [...] de redonner aux équipes des perspectives d'avenir", en recommençant à travailler sur des projets de restructuration de services ou de prise en charge des patients, a-t-elle fait valoir, en évoquant la mise en place d'un comité de projet au niveau du GHT.

"C'est la facilité de revenir comme avant" mais il faudrait plutôt "un peu se forcer" pour pérenniser les organisations qui ont fonctionné au niveau des GHT, "tout le travail qu’on a été obligé de faire avec la ville et qui a été extrêmement intéressant", les partenariats, les innovations de télé-expertise, télémédecine et téléconsultations et les expériences d'hôpital hors les murs, a souligné la présidente de la conférence des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de centre hospitalier (CH) d'Ile-de-France, Michèle Granier.

L'ancien ministre de la santé, président de la FHF et directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France Claude Evin, désormais avocat au barreau de Paris, s'est par ailleurs interrogé sur le service public pendant la crise. Il a réfléchi à la manière avec laquelle les principes du service public sont mis en oeuvre et sur les capacités des acteurs publics et privés à assurer l'obligation de continuité.

Pour lui, il faudrait réussir à construire des coopérations, non pas uniquement sous la contrainte, mais de manière permanente, sans attendre la prochaine crise et en sortant des "cloisons" que les acteurs se mettent.

cb/ab/APMnews

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(Par Caroline BESNIER, au congrès de la FHF Ile-de-France)

PARIS, 25 juin 2021 (APMnews) - Pour capitaliser sur les enseignements de la crise sanitaire liée au Covid-19, c'est désormais aux établissements et fédérations de sortir de leurs "prés carrés" et d'accompagner l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France pour éviter de revenir au monde d'avant, a estimé jeudi le directeur de l'offre de soins de l'agence, Didier Jaffre, lors du congrès de la délégation francilienne de la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Cela a été très émouvant, très dur, très difficile à vivre, mais une de nos forces par rapport à d’autres régions est d’avoir vécu véritablement cette crise et d'avoir su" y faire face, a observé le représentant de l'ARS lors d'une session intitulée "Les hôpitaux face à la crise sanitaire: de la saturation à la réinvention".

Même si la crise n'est pas complètement terminée et qu'il reste des malades dans les établissements, des risques liés aux variants et des personnes à vacciner, "nous commençons à devenir des anciens combattants, [...] nous avons vécu et gagné cette guerre, il faut aussi savoir capitaliser dessus".

Il a salué la capacité d'adaptation des professionnels des établissements de santé qui a permis de faire sortir près de 100.000 malades du Covid qui avaient été hospitalisés, ainsi que la "grande solidarité" entre les équipes et services d'un même établissement, entre les territoires, entre structures publiques et privées et entre hôpitaux, établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et soins de ville.

Tout comme la solidarité nationale qui s'est traduite par 245 évacuations sanitaires, la solidarité régionale a été "exemplaire" et a permis de prendre en charge les malades des départements comme la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise, "très touchés", dans les établissements de Paris, des Hauts-de-Seine et d’autres départements, a-t-il insisté.

"Cette solidarité, c’est vraiment là-dessus que nous devons capitaliser", a souligné Didier Jaffre.

Alors que, "dans la galère de la 1re vague" et également pour les 2e et 3e vagues, le rôle de l'ARS était d'essayer d’accompagner les établissements et les fédérations, d'informer et de trouver des solutions, il pense que pour l'après-crise, les rôles doivent s'inverser et que ce sera aux établissements et fédérations d'accompagner l'ARS.

Cela signifie notamment pour les différents acteurs de ne "pas retomber dans les vieux démons d’avant", comme "la défense des prés carrés des uns et des autres".

Il a observé qu'il faudrait s'interroger sur le devenir des 52 autorisations dérogatoires délivrées pendant la crise mais en évitant de le faire dans le cadre du "respect stricto sensu des textes", sinon on passera "à côté de la crise".

Pour lui, il faut plutôt "s’organiser collectivement, publics et privés, au niveau d’un territoire, pour dire les autorisations ce n’est plus tel ou tel qui doit les avoir mais c'est collectivement qu’on doit les mettre en oeuvre", comme il l'avait déjà exposé en janvier (cf dépêche du 29/01/2021 à 14:58).

"C’est là-dessus qu’on doit travailler mais ça suppose une certaine part de risque" car c’est plus "facile de se protéger derrière le rempart du code de la santé publique".

Didier Jaffre appelle à cet effet à poursuivre l'"union" trouvée pendant 18 mois.

Et cela concerne aussi les investissements. "Si nous devons investir avec des moyens colossaux dans l’ensemble de nos territoires, une des premières conditions" sera qu'ils soient portés par tous. "Même si c’est l’hôpital de Rambouillet [Yvelines] qui est reconstruit, il doit l’être parce que l’ensemble de la communauté du territoire publique et privée, porte la reconstruction de l’hôpital", a-t-il illustré.

"Un peu se forcer" pour pérenniser ce qui a fonctionné

Après la crise, "cette tentation de se recentrer sur son service, sur son territoire, de ne défendre que ses projets, ses intérêts, c’est oublier toute la nécessité" des coopérations pour les prises en charge, surtout là où l’offre de soins est déficitaire, a souligné également lors de cette table ronde la directrice des 3 établissements du groupement hospitalier de territoire (GHT) Grand Paris Nord Est (GPNE -Aulnay-sous-Bois, Montreuil et Le Raincy-Montfermeil), Yolande Di Natale.

Au niveau de son GHT, elle essaye de ne pas retomber dans les travers d'avant, notamment en continuant de concilier la proximité et la gestion logistique, collective et stratégique au niveau du GHT, de garder ce contact qui existait en cellule de crise et de conserver des moments de discussion autour du travail, notamment avec des médecins et psychologues du travail.

"C'est important de garder ce système et [...] de redonner aux équipes des perspectives d'avenir", en recommençant à travailler sur des projets de restructuration de services ou de prise en charge des patients, a-t-elle fait valoir, en évoquant la mise en place d'un comité de projet au niveau du GHT.

"C'est la facilité de revenir comme avant" mais il faudrait plutôt "un peu se forcer" pour pérenniser les organisations qui ont fonctionné au niveau des GHT, "tout le travail qu’on a été obligé de faire avec la ville et qui a été extrêmement intéressant", les partenariats, les innovations de télé-expertise, télémédecine et téléconsultations et les expériences d'hôpital hors les murs, a souligné la présidente de la conférence des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de centre hospitalier (CH) d'Ile-de-France, Michèle Granier.

L'ancien ministre de la santé, président de la FHF et directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France Claude Evin, désormais avocat au barreau de Paris, s'est par ailleurs interrogé sur le service public pendant la crise. Il a réfléchi à la manière avec laquelle les principes du service public sont mis en oeuvre et sur les capacités des acteurs publics et privés à assurer l'obligation de continuité.

Pour lui, il faudrait réussir à construire des coopérations, non pas uniquement sous la contrainte, mais de manière permanente, sans attendre la prochaine crise et en sortant des "cloisons" que les acteurs se mettent.

cb/ab/APMnews

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