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07/09 2022
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IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE: LES SÉJOURS HOSPITALIERS ONT BAISSÉ DE 5% AU PREMIER QUADRIMESTRE 2022 (FHF)

PARIS, 7 septembre 2022 (APMnews) - Les séjours en médecine et chirurgie ont baissé de 5% au cours des quatre premiers mois de 2022 en conséquence du Covid-19 et des déprogrammations, a indiqué mercredi la Fédération hospitalière de France (FHF) lors de ses Universités d'été à Paris, organisées sur le thème de l'"état d'urgence(s)" en santé.

La prise en charge de patients positifs au Covid-19 a représenté 249.000 séjours dans les établissements de santé au cours du premier quadrimestre 2022 (en hospitalisation complète et ambulatoire) dont 84,6% à l'hôpital public, a rapporté Cécile Chevance, la responsable du pôle "offre de soins, finances, FHF-data, recherche, e-santé" (Offres) de la FHF qui a réalisé l'étude.

En 2021, 397.000 séjours de patients Covid avaient été enregistrés dont 83,9% à l'hôpital public, contre 335.000 séjours en 2020 dont 81,6% à l'hôpital public, a-t-elle continué.

"Sur 2022, nous avons pris en compte tous les séjours, qu'ils soient Covid en diagnostic principal ou relié, donc cela englobe des hospitalisations qui ne sont pas pour Covid et à l'occasion desquelles le virus a été dépisté", a précisé Cécile Chevance.

"En 2020 et 2021, nous étions sur des proportions de patients Covid assez limitées, avec moins de 20% de diagnostics associés et reliés, en revanche sur 2022 la proportion est de 50%", a-t-elle ajouté.

Cela signifie qu'à partir de 2022 "on surestime peut-être un peu l'impact du Covid et des hospitalisations spécifiquement pour Covid, et de fait on surestime également un peu les déprogrammations et les baisses d'activité". Il va "donc falloir réaliser une analyse plus fine à compter de 2022", a-t-elle poursuivi.

"Aucune région n'a été épargnée" par les baisses, a insisté Cécile Chevance. En outre, "il n'y a pas eu de rattrapages" de l'activité, sachant que le secteur public a été largement plus impacté que le privé, au-delà de sa part habituelle d'activité.

Une baisse de 9% en chirurgie depuis le début de la crise

La chirurgie est l'activité qui a été la "plus impactée" par la crise sanitaire dans les établissements, notamment par les déprogrammations.

Sur les quatre premiers mois de 2022, le nombre de séjours en chirurgie (hospitalisation complète et ambulatoire) a baissé de 5% (dont -10% pour le secteur public). En 2021, la diminution avait été de 3% (dont -7% pour le public).

Au total, le nombre de séjours a baissé de 9% en chirurgie sur la période allant de mars 2020 à la fin du premier quadrimestre 2022 (dont -12% pour le public), selon l'analyse de la FHF.

Si la baisse en chirurgie en hospitalisation complète (-14% sur toute la période) est "partagée par tous les secteurs", la situation est "plus différenciée" en chirurgie ambulatoire avec +4% au premier quadrimestre 2022 (dont -4% pour le public), +3% sur 2021 (dont -5% pour le public) soit -5% sur la période (dont -12% pour le public).

D'après ces données, la FHF estime que depuis mars 2020 il y a une "carence de 11 semaines" d'activité en chirurgie dans les établissements (dont une carence de 17 semaines en hospitalisation complète et de 6 en ambulatoire) par rapport à 2019, l'année de référence.

-8% de séjours en médecine depuis 2020

En médecine, l'impact de la crise Covid et des déprogrammations a conduit à une baisse de 5% des séjours (tous confondus) au premier quadrimestre 2022 (dont 7% pour le public). En 2021, la baisse a été de 4% sur l'année (dont -6% pour le public), selon la FHF.

Au total, il y a eu une baisse de 8% des séjours en médecine depuis mars 2020 (dont -9% pour le public).

Si la baisse en médecine en hospitalisation complète (-14% sur la période) est "partagée par tous les secteurs", la "situation est plus difficile à interpréter en médecine ambulatoire du fait de l'entrée en application de l'instruction sur la gradation des soins en médecine ambulatoire" avec +16% au premier quadrimestre 2022, +10% en 2021 et "seulement" +2% sur l'ensemble de la période.

L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) "estime que l'effet de la nouvelle circulaire frontière", comprenant un "transfert d'activité externe sans hospitalisation vers de l'hôpital de jour", représente près des "deux tiers de la hausse de la médecine ambulatoire". "Hors effet circulaire", la baisse d'activité en médecine est "donc encore plus élevée", a déclaré Cécile Chevance.

La FHF estime que depuis mars 2020, il y a une "carence de 10 semaines" d'activité en médecine par rapport à 2019 dont 17 semaines en hospitalisation complète. En ambulatoire, il n'y a pas de carence mais au contraire une hausse d'activité estimée à deux semaines.

Les dernières données sur les retards de soins liés à l'activité Covid avaient été présentées par la FHF pour la période allant de mars 2020 à juillet 2021 (cf dépêche du 10/11/2021 à 18:12).

L'assurance maladie a chiffré à 4% la baisse du nombre d'actes de chirurgie en 2021 par rapport à 2019, rappelle-t-on (cf dépêche du 12/07/2022 à 15:00).

Les cliniques ont enregistré une faible baisse de leur activité en chirurgie en 2021 par rapport à 2019, contrairement aux centres hospitaliers (CH) et CHU selon une analyse d'APMnews à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) (cf dépêche du 27/07/2022 à 14:56). Ni les établissements de santé publics ni les cliniques ne sont parvenus à retrouver en 2021 le niveau de leur activité de séjours en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) de 2019, a contrario des séances (cf dépêche du 27/07/2022 à 14:55).

Plusieurs années seront nécessaires pour analyser les conséquences des retards

Le Pr François-René Pruvot du CHU de Lille, conseiller médical de la FHF et président du conseil scientifique de l'investissement en santé, est intervenu pour évoquer notamment les conséquences de ces baisses d'activité sur la santé des patients.

La "quantification des retards" sera "très difficile". Pour le cancer par exemple, le "bilan ne pourra se faire que dans deux ans ou trois ans".

Il va de même pour les maladies cardiovasculaires. Quand par exemple "quelqu'un qui aura été pris en charge avec deux ou trois heures de retard, voire une demi-journée", il aura par la suite des difficultés cardiaques de "manière beaucoup plus profondes et durables que celui pris en charge normalement".

Par ailleurs, il faut pérenniser le système de "plateformes territoriales d'échange" mises en place pendant la crise qui sont "indispensables" notamment pour le "dialogue entre le public et le privé", a continué François-René Pruvot.

La "charge Covid est toujours là", "nous ne savons pas très bien ce qu'il va désormais se passer" et "il faut rester vigilants", a complété le Dr Frédéric Martineau, également conseiller médical à la FHF.

Le secteur public a pris en charge "l'immense majorité des patients Covid". "Nous avons eu l'impression d'être un dispensaire Covid et il ne faudrait pas que la chose se renouvelle indéfiniment", a-t-il poursuivi.

La FHF doit exiger que les tutelles soient "en capacité d'imposer" en cas de prochaines crises. "J'ai assisté à des situations totalement ubuesques où il y avait une incapacité de l'agence régionale de santé [ARS] à organiser lors de la première vague au Pays basque." Face à cette "déficience assez forte de nos autorités de tutelle", les acteurs "ont été obligés de s'organiser par eux-mêmes", a ajouté Frédéric Martineau.

syl/ab/APMnews

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PARIS, 7 septembre 2022 (APMnews) - Les séjours en médecine et chirurgie ont baissé de 5% au cours des quatre premiers mois de 2022 en conséquence du Covid-19 et des déprogrammations, a indiqué mercredi la Fédération hospitalière de France (FHF) lors de ses Universités d'été à Paris, organisées sur le thème de l'"état d'urgence(s)" en santé.

La prise en charge de patients positifs au Covid-19 a représenté 249.000 séjours dans les établissements de santé au cours du premier quadrimestre 2022 (en hospitalisation complète et ambulatoire) dont 84,6% à l'hôpital public, a rapporté Cécile Chevance, la responsable du pôle "offre de soins, finances, FHF-data, recherche, e-santé" (Offres) de la FHF qui a réalisé l'étude.

En 2021, 397.000 séjours de patients Covid avaient été enregistrés dont 83,9% à l'hôpital public, contre 335.000 séjours en 2020 dont 81,6% à l'hôpital public, a-t-elle continué.

"Sur 2022, nous avons pris en compte tous les séjours, qu'ils soient Covid en diagnostic principal ou relié, donc cela englobe des hospitalisations qui ne sont pas pour Covid et à l'occasion desquelles le virus a été dépisté", a précisé Cécile Chevance.

"En 2020 et 2021, nous étions sur des proportions de patients Covid assez limitées, avec moins de 20% de diagnostics associés et reliés, en revanche sur 2022 la proportion est de 50%", a-t-elle ajouté.

Cela signifie qu'à partir de 2022 "on surestime peut-être un peu l'impact du Covid et des hospitalisations spécifiquement pour Covid, et de fait on surestime également un peu les déprogrammations et les baisses d'activité". Il va "donc falloir réaliser une analyse plus fine à compter de 2022", a-t-elle poursuivi.

"Aucune région n'a été épargnée" par les baisses, a insisté Cécile Chevance. En outre, "il n'y a pas eu de rattrapages" de l'activité, sachant que le secteur public a été largement plus impacté que le privé, au-delà de sa part habituelle d'activité.

Une baisse de 9% en chirurgie depuis le début de la crise

La chirurgie est l'activité qui a été la "plus impactée" par la crise sanitaire dans les établissements, notamment par les déprogrammations.

Sur les quatre premiers mois de 2022, le nombre de séjours en chirurgie (hospitalisation complète et ambulatoire) a baissé de 5% (dont -10% pour le secteur public). En 2021, la diminution avait été de 3% (dont -7% pour le public).

Au total, le nombre de séjours a baissé de 9% en chirurgie sur la période allant de mars 2020 à la fin du premier quadrimestre 2022 (dont -12% pour le public), selon l'analyse de la FHF.

Si la baisse en chirurgie en hospitalisation complète (-14% sur toute la période) est "partagée par tous les secteurs", la situation est "plus différenciée" en chirurgie ambulatoire avec +4% au premier quadrimestre 2022 (dont -4% pour le public), +3% sur 2021 (dont -5% pour le public) soit -5% sur la période (dont -12% pour le public).

D'après ces données, la FHF estime que depuis mars 2020 il y a une "carence de 11 semaines" d'activité en chirurgie dans les établissements (dont une carence de 17 semaines en hospitalisation complète et de 6 en ambulatoire) par rapport à 2019, l'année de référence.

-8% de séjours en médecine depuis 2020

En médecine, l'impact de la crise Covid et des déprogrammations a conduit à une baisse de 5% des séjours (tous confondus) au premier quadrimestre 2022 (dont 7% pour le public). En 2021, la baisse a été de 4% sur l'année (dont -6% pour le public), selon la FHF.

Au total, il y a eu une baisse de 8% des séjours en médecine depuis mars 2020 (dont -9% pour le public).

Si la baisse en médecine en hospitalisation complète (-14% sur la période) est "partagée par tous les secteurs", la "situation est plus difficile à interpréter en médecine ambulatoire du fait de l'entrée en application de l'instruction sur la gradation des soins en médecine ambulatoire" avec +16% au premier quadrimestre 2022, +10% en 2021 et "seulement" +2% sur l'ensemble de la période.

L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (ATIH) "estime que l'effet de la nouvelle circulaire frontière", comprenant un "transfert d'activité externe sans hospitalisation vers de l'hôpital de jour", représente près des "deux tiers de la hausse de la médecine ambulatoire". "Hors effet circulaire", la baisse d'activité en médecine est "donc encore plus élevée", a déclaré Cécile Chevance.

La FHF estime que depuis mars 2020, il y a une "carence de 10 semaines" d'activité en médecine par rapport à 2019 dont 17 semaines en hospitalisation complète. En ambulatoire, il n'y a pas de carence mais au contraire une hausse d'activité estimée à deux semaines.

Les dernières données sur les retards de soins liés à l'activité Covid avaient été présentées par la FHF pour la période allant de mars 2020 à juillet 2021 (cf dépêche du 10/11/2021 à 18:12).

L'assurance maladie a chiffré à 4% la baisse du nombre d'actes de chirurgie en 2021 par rapport à 2019, rappelle-t-on (cf dépêche du 12/07/2022 à 15:00).

Les cliniques ont enregistré une faible baisse de leur activité en chirurgie en 2021 par rapport à 2019, contrairement aux centres hospitaliers (CH) et CHU selon une analyse d'APMnews à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) (cf dépêche du 27/07/2022 à 14:56). Ni les établissements de santé publics ni les cliniques ne sont parvenus à retrouver en 2021 le niveau de leur activité de séjours en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) de 2019, a contrario des séances (cf dépêche du 27/07/2022 à 14:55).

Plusieurs années seront nécessaires pour analyser les conséquences des retards

Le Pr François-René Pruvot du CHU de Lille, conseiller médical de la FHF et président du conseil scientifique de l'investissement en santé, est intervenu pour évoquer notamment les conséquences de ces baisses d'activité sur la santé des patients.

La "quantification des retards" sera "très difficile". Pour le cancer par exemple, le "bilan ne pourra se faire que dans deux ans ou trois ans".

Il va de même pour les maladies cardiovasculaires. Quand par exemple "quelqu'un qui aura été pris en charge avec deux ou trois heures de retard, voire une demi-journée", il aura par la suite des difficultés cardiaques de "manière beaucoup plus profondes et durables que celui pris en charge normalement".

Par ailleurs, il faut pérenniser le système de "plateformes territoriales d'échange" mises en place pendant la crise qui sont "indispensables" notamment pour le "dialogue entre le public et le privé", a continué François-René Pruvot.

La "charge Covid est toujours là", "nous ne savons pas très bien ce qu'il va désormais se passer" et "il faut rester vigilants", a complété le Dr Frédéric Martineau, également conseiller médical à la FHF.

Le secteur public a pris en charge "l'immense majorité des patients Covid". "Nous avons eu l'impression d'être un dispensaire Covid et il ne faudrait pas que la chose se renouvelle indéfiniment", a-t-il poursuivi.

La FHF doit exiger que les tutelles soient "en capacité d'imposer" en cas de prochaines crises. "J'ai assisté à des situations totalement ubuesques où il y avait une incapacité de l'agence régionale de santé [ARS] à organiser lors de la première vague au Pays basque." Face à cette "déficience assez forte de nos autorités de tutelle", les acteurs "ont été obligés de s'organiser par eux-mêmes", a ajouté Frédéric Martineau.

syl/ab/APMnews

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