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16/01 2025
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INTENSIFICATION DE L'ÉPIDÉMIE DE GRIPPE, MARQUÉE PAR "UN NIVEAU JAMAIS ATTEINT" DE DÉCÈS (SPF)

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 16 janvier 2025 (APMnews) - La semaine du 6 au 12 janvier, l'épidémie de grippe s'est intensifiée dans l'Hexagone et a été marquée par "une nette augmentation des décès", atteignant 7,3% des décès déclarés par certificat électronique, un "niveau jamais atteint", a fait savoir Santé publique France (SPF) dans un bulletin publié mercredi.

L'épidémie de grippe, en forte progression depuis décembre 2024 (cf dépêche du 09/01/2025 à 18:05, dépêche du 26/12/2024 à 17:34, dépêche du 20/12/2024 à 12:33 et dépêche du 05/12/2024 à 11:37), met en tension les établissements de santé dans la plupart des régions, rappelle-t-on (cf dépêche du 10/01/2025 à 19:37).

Durant la semaine du 6 au 12 janvier, "l'épidémie de grippe s'intensifiait" encore dans l'Hexagone et "la part des décès avec une mention de grippe parmi l'ensemble des décès certifiés électroniquement continuait d'augmenter, se situant à un niveau jamais atteint pour la grippe depuis la mise en place de cette surveillance", souligne SPF.

L'agence sanitaire note en effet "une nette augmentation des décès", "indiquant une sévérité marquée de l'épidémie". Au total, 611 décès, représentant 7,3% de ceux déclarés par certificat électronique, "l'ont été avec une mention de grippe comme affection morbide ayant directement provoqué ou contribué au décès". La semaine précédente, ce taux était de 5,9%.

Graphe publié par SPF. Source: CepiDC
Graphe publié par SPF. Source: CepiDC

Les personnes de 65 ans et plus représentaient 93% de ces décès. Par ailleurs, "cet indicateur était le plus élevé en Bourgogne-Franche-Comté (12,4%), Grand Est (9,4%), Provence-Alpes-Côte d'Azur (9,2%), Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes (7,9%)".

Interrogé par APMnews, le Pr Bruno Lina, virologue au Centre international de recherche en infectiologie (Ciri) de Lyon a jugé qu'"il n'y avait pas de réponse évidente" pour expliquer la sévérité de l'épidémie. "Au moins cinq ou six" hypothèses sont supposées.

"La date d'apparition de l'épidémie et le moment où elle a pris de l'ampleur correspondaient au moment des fêtes [de fin d'année], où probablement il n'y a pas eu autant de précautions prises que pendant les années Covid", ce qui expliquerait le nombre de cas, a-t-il notamment détaillé. Cependant, dans les premières analyses réalisées par les chercheurs, aucune "marque" sur les virus ne permet d'expliquer la sévérité de la maladie cette année.

En outre, l'intensification de l'épidémie était marquée par des "dynamiques différentes selon les sources de données et les classes d'âge".

Intensification de l'activité grippale en ville dans l'Hexagone

Les indicateurs de la grippe continuaient d'augmenter en ville dans toutes les classes d'âge, sauf chez les personnes de 65 ans et plus. L'augmentation de l'activité était particulièrement marquée chez les enfants de moins de 15 ans.

Le taux de consultations tous âges confondus pour syndrome grippal estimé à partir des données du réseau de médecins généralistes et pédiatres Sentinelles et de la société Iqvia était de 436 pour 100.000 habitants contre 353 pour 100.000 habitants la semaine précédente.

L'indicateur de SOS Médecins a aussi atteint un niveau d'intensité élevé dans toutes les classes d'âge. Les actes médicaux pour syndrome grippal ont augmenté de 2,2 points par rapport à la semaine précédente, atteignant 22,5% des actes.

Le taux de positivité des prélèvements réalisés chez des patients consultant pour une infection respiratoire aiguë en médecine de ville était également en hausse de 9,2 points par rapport à la semaine précédente, atteignant 52,1%.

Diminution de l'activité hospitalière, qui reste à des niveaux très élevés

A l'hôpital, malgré une diminution des indicateurs dans toutes les classes d'âge, excepté chez les moins de 5 ans chez qui ces indicateurs augmentaient fortement, le niveau d'intensité se situait toujours à un niveau très élevé dans toutes les classes d'âge.

Le nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal était de 14.651, soit 4,3% des passages (contre 5,2% la semaine précédente). Le nombre d'hospitalisations après passage pour syndrome grippal était de 3.285, soit 4,6% de l'ensemble des hospitalisations (contre 5,4%).

Les 65 ans et plus représentaient 67% des hospitalisations après passage aux urgences pour grippe ou syndrome grippal.

Par ailleurs, depuis la semaine 40 (30 septembre au 6 octobre 2024), 532 cas de grippe ont été signalés par les services de réanimation participant à la surveillance, chez des personnes dont 46% avaient 65 ans et plus. La présence d'au moins une comorbidité était reportée dans 87% des cas. Lorsque le statut vaccinal était renseigné, 79% des patients n'étaient pas vaccinés contre la grippe.

Circulation de trois virus grippaux

Les trois virus A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria cocirculent. Cependant, une augmentation de la part du virus A(H3N2) est observée depuis trois semaines à l'hôpital.

L'homologie des séquences entre les virus circulants et ceux présents dans les vaccins est "parfaite", a souligné Bruno Lina, du moins pour les types A(H1N1) et B/Victoria. L'efficacité vaccinale estimée pour la souche B est "très bonne", de "plus de 85%" et est "aux alentours de 40-45%" pour la souche A(H1N1), a-t-il détaillé.

Un "petit mismatch" a cependant été observé pour le type A(H3N2), c'est-à-dire que la séquence du virus circulant présente de "petites différences" avec celle du virus inclus dans les vaccins. L'efficacité vaccinale pour le type H3N2 est "probablement entre 20 et 30%".

Ces résultats devront être confrontés aux premières estimations d'efficacité vaccinale en vie réelle qui seront disponibles prochainement, précise SPF.

Une couverture vaccinale faible

Au 30 novembre 2024 (données intermédiaires), la couverture vaccinale contre la grippe était de 35,2% chez les personnes ciblées par la vaccination.

Elle était de 41% chez les personnes âgées de 65 ans et plus et de 19% chez celles âgées de moins de 65 ans à risque de grippe sévère.

Ces couvertures vaccinales sont inférieures à celles estimées pour la saison 2023-2024 à la même date, observe SPF.

jm/fb/nc/APMnews

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INTENSIFICATION DE L'ÉPIDÉMIE DE GRIPPE, MARQUÉE PAR "UN NIVEAU JAMAIS ATTEINT" DE DÉCÈS (SPF)

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 16 janvier 2025 (APMnews) - La semaine du 6 au 12 janvier, l'épidémie de grippe s'est intensifiée dans l'Hexagone et a été marquée par "une nette augmentation des décès", atteignant 7,3% des décès déclarés par certificat électronique, un "niveau jamais atteint", a fait savoir Santé publique France (SPF) dans un bulletin publié mercredi.

L'épidémie de grippe, en forte progression depuis décembre 2024 (cf dépêche du 09/01/2025 à 18:05, dépêche du 26/12/2024 à 17:34, dépêche du 20/12/2024 à 12:33 et dépêche du 05/12/2024 à 11:37), met en tension les établissements de santé dans la plupart des régions, rappelle-t-on (cf dépêche du 10/01/2025 à 19:37).

Durant la semaine du 6 au 12 janvier, "l'épidémie de grippe s'intensifiait" encore dans l'Hexagone et "la part des décès avec une mention de grippe parmi l'ensemble des décès certifiés électroniquement continuait d'augmenter, se situant à un niveau jamais atteint pour la grippe depuis la mise en place de cette surveillance", souligne SPF.

L'agence sanitaire note en effet "une nette augmentation des décès", "indiquant une sévérité marquée de l'épidémie". Au total, 611 décès, représentant 7,3% de ceux déclarés par certificat électronique, "l'ont été avec une mention de grippe comme affection morbide ayant directement provoqué ou contribué au décès". La semaine précédente, ce taux était de 5,9%.

Graphe publié par SPF. Source: CepiDC
Graphe publié par SPF. Source: CepiDC

Les personnes de 65 ans et plus représentaient 93% de ces décès. Par ailleurs, "cet indicateur était le plus élevé en Bourgogne-Franche-Comté (12,4%), Grand Est (9,4%), Provence-Alpes-Côte d'Azur (9,2%), Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes (7,9%)".

Interrogé par APMnews, le Pr Bruno Lina, virologue au Centre international de recherche en infectiologie (Ciri) de Lyon a jugé qu'"il n'y avait pas de réponse évidente" pour expliquer la sévérité de l'épidémie. "Au moins cinq ou six" hypothèses sont supposées.

"La date d'apparition de l'épidémie et le moment où elle a pris de l'ampleur correspondaient au moment des fêtes [de fin d'année], où probablement il n'y a pas eu autant de précautions prises que pendant les années Covid", ce qui expliquerait le nombre de cas, a-t-il notamment détaillé. Cependant, dans les premières analyses réalisées par les chercheurs, aucune "marque" sur les virus ne permet d'expliquer la sévérité de la maladie cette année.

En outre, l'intensification de l'épidémie était marquée par des "dynamiques différentes selon les sources de données et les classes d'âge".

Intensification de l'activité grippale en ville dans l'Hexagone

Les indicateurs de la grippe continuaient d'augmenter en ville dans toutes les classes d'âge, sauf chez les personnes de 65 ans et plus. L'augmentation de l'activité était particulièrement marquée chez les enfants de moins de 15 ans.

Le taux de consultations tous âges confondus pour syndrome grippal estimé à partir des données du réseau de médecins généralistes et pédiatres Sentinelles et de la société Iqvia était de 436 pour 100.000 habitants contre 353 pour 100.000 habitants la semaine précédente.

L'indicateur de SOS Médecins a aussi atteint un niveau d'intensité élevé dans toutes les classes d'âge. Les actes médicaux pour syndrome grippal ont augmenté de 2,2 points par rapport à la semaine précédente, atteignant 22,5% des actes.

Le taux de positivité des prélèvements réalisés chez des patients consultant pour une infection respiratoire aiguë en médecine de ville était également en hausse de 9,2 points par rapport à la semaine précédente, atteignant 52,1%.

Diminution de l'activité hospitalière, qui reste à des niveaux très élevés

A l'hôpital, malgré une diminution des indicateurs dans toutes les classes d'âge, excepté chez les moins de 5 ans chez qui ces indicateurs augmentaient fortement, le niveau d'intensité se situait toujours à un niveau très élevé dans toutes les classes d'âge.

Le nombre de passages aux urgences pour syndrome grippal était de 14.651, soit 4,3% des passages (contre 5,2% la semaine précédente). Le nombre d'hospitalisations après passage pour syndrome grippal était de 3.285, soit 4,6% de l'ensemble des hospitalisations (contre 5,4%).

Les 65 ans et plus représentaient 67% des hospitalisations après passage aux urgences pour grippe ou syndrome grippal.

Par ailleurs, depuis la semaine 40 (30 septembre au 6 octobre 2024), 532 cas de grippe ont été signalés par les services de réanimation participant à la surveillance, chez des personnes dont 46% avaient 65 ans et plus. La présence d'au moins une comorbidité était reportée dans 87% des cas. Lorsque le statut vaccinal était renseigné, 79% des patients n'étaient pas vaccinés contre la grippe.

Circulation de trois virus grippaux

Les trois virus A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria cocirculent. Cependant, une augmentation de la part du virus A(H3N2) est observée depuis trois semaines à l'hôpital.

L'homologie des séquences entre les virus circulants et ceux présents dans les vaccins est "parfaite", a souligné Bruno Lina, du moins pour les types A(H1N1) et B/Victoria. L'efficacité vaccinale estimée pour la souche B est "très bonne", de "plus de 85%" et est "aux alentours de 40-45%" pour la souche A(H1N1), a-t-il détaillé.

Un "petit mismatch" a cependant été observé pour le type A(H3N2), c'est-à-dire que la séquence du virus circulant présente de "petites différences" avec celle du virus inclus dans les vaccins. L'efficacité vaccinale pour le type H3N2 est "probablement entre 20 et 30%".

Ces résultats devront être confrontés aux premières estimations d'efficacité vaccinale en vie réelle qui seront disponibles prochainement, précise SPF.

Une couverture vaccinale faible

Au 30 novembre 2024 (données intermédiaires), la couverture vaccinale contre la grippe était de 35,2% chez les personnes ciblées par la vaccination.

Elle était de 41% chez les personnes âgées de 65 ans et plus et de 19% chez celles âgées de moins de 65 ans à risque de grippe sévère.

Ces couvertures vaccinales sont inférieures à celles estimées pour la saison 2023-2024 à la même date, observe SPF.

jm/fb/nc/APMnews

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