Actualités de l'Urgence - APM

10/05 2022
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INTÉRÊT D'UN ALGORITHME DE TRI POUR LES URGENCES OPHTALMOLOGIQUES

(Par Sophie MARTOS, au congrès de la SFO)

PARIS, 10 mai 2022 (APMnews) - L'usage d'un algorithme de tri au centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts (CHNO) a montré un intérêt dans l'orientation des patients et les pratiques professionnelles, selon une étude présentée lundi au congrès de la Société française d'ophtalmologie (SFO) à Paris.

L'arrivée du Covid-19 a bouleversé les prises en charge et le suivi des patients. Au centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris, une réorganisation des soins non programmés a été mise en place et reposait sur un algorithme de tri des patients développé par les médecins de l'hôpital et par une société externe. "L'objectif était de définir la meilleure orientation pour la prise en charge des patients et leur préciser quand consulter", a expliqué lors d'une session orale Hugo Bourdon, ophtalmologiste de cet établissement.

Le praticien a évalué avec son équipe la capacité de cet algorithme de tri à prédire le degré d'urgence d'un patient.

Le patient remplissait un questionnaire en ligne accessible sur www.15-20.fr. Les questions portaient sur les symptômes et leurs durées ainsi que sur les antécédents médicaux. Il renseignait également ses données personnelles (adresse, coordonnées…). Il recevait ensuite une pré-analyse qui l'invitait soit à se rendre aux urgences, soit à prendre rendez-vous par téléconsultation ou chez un médecin.

Le patient était recontacté par l'équipe médicale pour savoir s'il avait suivi les recommandations de l'algorithme ou non.

Au total, 91 patients ont rempli le questionnaire entièrement. Ils étaient principalement âgés entre 25 et 45 ans (34%) et entre 46 et 65 ans (32%). La moitié avait des symptômes depuis moins de 24h. Certains avaient des antécédents de pathologie du vitré ou de la rétine (14%), de glaucome (5,7%) ou de chirurgie récente (4,5%).

Sur l'ensemble des patients, 49 ont été orientés vers les urgences, majoritairement aux Quinze-Vingts ou dans des hôpitaux plus proches du domicile du patient. "Dans un cas, l'algorithme a surestimé la gravité puisque le patient avait une conjonctivite", a précisé le praticien. Cinq patients ont refusé de consulter, malgré le caractère urgent.

Les 42 autres patients ont été orientés vers la téléconsultation ou un rendez-vous programmé chez un médecin. Huit patients se sont tout de même présentés aux urgences malgré l'orientation de l'algorithme. "Deux d'entre eux avaient bien fait car l'un des cas était un nourrisson et l'autre un patient avec de lourds antécédents chirurgicaux. Or l'algorithme identifiait mal ces paramètres", a commenté le Dr Bourdon.

La sensibilité de l'algorithme, c'est-à-dire sa capacité à détecter le caractère grave parmi les requêtes effectivement graves, était de 96%. Sa valeur prédictive négative, c'est-à-dire sa capacité à éliminer une urgence grave parmi les requêtes, était de 95%.

"L'algorithme est un outil de tri puissant pour l'orientation des patients et permet un gain de temps pour lui" et le praticien, a-t-il analysé. Parmi les autres avantages, l'ophtalmologiste cite une meilleure gestion des flux des patients car l'équipe médicale a déjà les données renseignées dans le questionnaire et une optimisation de la filière de soins (orientation vers le centre de la rétine ou centre du glaucome).

Toutefois, il doit encore être amélioré pour mieux prendre en compte l'âge du patient et les maladies rares ou cécitantes. Parmi les inconvénients, le fait d'être dépendant d'une société extérieure a été pointé comme un frein dans le développement d'un outil complètement personnalisé.

Actuellement, l'algorithme n'est pas actif aux urgences du centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts car ce dernier étudie "la possibilité de développer un algorithme totalement personnalisé et propre à l'hôpital".

La téléconsultation, efficace aussi pour trier

Une seconde analyse de l'équipe a porté sur le nombre de téléconsultations débouchant sur une consultation physique chez le praticien exerçant dans un cabinet libéral.

L'usage de la téléconsultation s'est largement répandu pendant la crise Covid-19 dans les cabinets de ville et a participé à décharger les services d'urgence (cf dépêche du 12/06/2020 à 18:29 et dépêche du 12/04/2022 à 10:42).

Les patients remplissaient également un questionnaire pour leur rendez-vous.

Au total, 500 patients ont été inclus. Ils étaient majoritairement jeunes (âge moyen 41 ans) et avaient des pathologies moins lourdes (conjonctivites, problème de lentilles…) et moins d'antécédents que les patients se rendant à l'hôpital.

La consultation physique a été indiquée dans 27% des demandes. "La sensibilité était de 96% […] et la valeur prédictive négative était de 99%", a indiqué le Dr Bourdon.

Selon l'ophtalmologiste, l'algorithme de tri et la téléconsultation sont deux outils complémentaires intéressants pour l'organisation des soins non programmés. "L'algorithme donne une réponse immédiate au patient. La téléconsultation permet l'interaction et la délivrance de traitement", a-t-il ajouté.

sm/fb/ab/APMnews

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INTÉRÊT D'UN ALGORITHME DE TRI POUR LES URGENCES OPHTALMOLOGIQUES

(Par Sophie MARTOS, au congrès de la SFO)

PARIS, 10 mai 2022 (APMnews) - L'usage d'un algorithme de tri au centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts (CHNO) a montré un intérêt dans l'orientation des patients et les pratiques professionnelles, selon une étude présentée lundi au congrès de la Société française d'ophtalmologie (SFO) à Paris.

L'arrivée du Covid-19 a bouleversé les prises en charge et le suivi des patients. Au centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris, une réorganisation des soins non programmés a été mise en place et reposait sur un algorithme de tri des patients développé par les médecins de l'hôpital et par une société externe. "L'objectif était de définir la meilleure orientation pour la prise en charge des patients et leur préciser quand consulter", a expliqué lors d'une session orale Hugo Bourdon, ophtalmologiste de cet établissement.

Le praticien a évalué avec son équipe la capacité de cet algorithme de tri à prédire le degré d'urgence d'un patient.

Le patient remplissait un questionnaire en ligne accessible sur www.15-20.fr. Les questions portaient sur les symptômes et leurs durées ainsi que sur les antécédents médicaux. Il renseignait également ses données personnelles (adresse, coordonnées…). Il recevait ensuite une pré-analyse qui l'invitait soit à se rendre aux urgences, soit à prendre rendez-vous par téléconsultation ou chez un médecin.

Le patient était recontacté par l'équipe médicale pour savoir s'il avait suivi les recommandations de l'algorithme ou non.

Au total, 91 patients ont rempli le questionnaire entièrement. Ils étaient principalement âgés entre 25 et 45 ans (34%) et entre 46 et 65 ans (32%). La moitié avait des symptômes depuis moins de 24h. Certains avaient des antécédents de pathologie du vitré ou de la rétine (14%), de glaucome (5,7%) ou de chirurgie récente (4,5%).

Sur l'ensemble des patients, 49 ont été orientés vers les urgences, majoritairement aux Quinze-Vingts ou dans des hôpitaux plus proches du domicile du patient. "Dans un cas, l'algorithme a surestimé la gravité puisque le patient avait une conjonctivite", a précisé le praticien. Cinq patients ont refusé de consulter, malgré le caractère urgent.

Les 42 autres patients ont été orientés vers la téléconsultation ou un rendez-vous programmé chez un médecin. Huit patients se sont tout de même présentés aux urgences malgré l'orientation de l'algorithme. "Deux d'entre eux avaient bien fait car l'un des cas était un nourrisson et l'autre un patient avec de lourds antécédents chirurgicaux. Or l'algorithme identifiait mal ces paramètres", a commenté le Dr Bourdon.

La sensibilité de l'algorithme, c'est-à-dire sa capacité à détecter le caractère grave parmi les requêtes effectivement graves, était de 96%. Sa valeur prédictive négative, c'est-à-dire sa capacité à éliminer une urgence grave parmi les requêtes, était de 95%.

"L'algorithme est un outil de tri puissant pour l'orientation des patients et permet un gain de temps pour lui" et le praticien, a-t-il analysé. Parmi les autres avantages, l'ophtalmologiste cite une meilleure gestion des flux des patients car l'équipe médicale a déjà les données renseignées dans le questionnaire et une optimisation de la filière de soins (orientation vers le centre de la rétine ou centre du glaucome).

Toutefois, il doit encore être amélioré pour mieux prendre en compte l'âge du patient et les maladies rares ou cécitantes. Parmi les inconvénients, le fait d'être dépendant d'une société extérieure a été pointé comme un frein dans le développement d'un outil complètement personnalisé.

Actuellement, l'algorithme n'est pas actif aux urgences du centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts car ce dernier étudie "la possibilité de développer un algorithme totalement personnalisé et propre à l'hôpital".

La téléconsultation, efficace aussi pour trier

Une seconde analyse de l'équipe a porté sur le nombre de téléconsultations débouchant sur une consultation physique chez le praticien exerçant dans un cabinet libéral.

L'usage de la téléconsultation s'est largement répandu pendant la crise Covid-19 dans les cabinets de ville et a participé à décharger les services d'urgence (cf dépêche du 12/06/2020 à 18:29 et dépêche du 12/04/2022 à 10:42).

Les patients remplissaient également un questionnaire pour leur rendez-vous.

Au total, 500 patients ont été inclus. Ils étaient majoritairement jeunes (âge moyen 41 ans) et avaient des pathologies moins lourdes (conjonctivites, problème de lentilles…) et moins d'antécédents que les patients se rendant à l'hôpital.

La consultation physique a été indiquée dans 27% des demandes. "La sensibilité était de 96% […] et la valeur prédictive négative était de 99%", a indiqué le Dr Bourdon.

Selon l'ophtalmologiste, l'algorithme de tri et la téléconsultation sont deux outils complémentaires intéressants pour l'organisation des soins non programmés. "L'algorithme donne une réponse immédiate au patient. La téléconsultation permet l'interaction et la délivrance de traitement", a-t-il ajouté.

sm/fb/ab/APMnews

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