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20/12 2019
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INTÉRÊT D'UN "ESCAPE GAME" POUR AMÉLIORER LES CONNAISSANCES DES SOIGNANTS SUR L'ANTIBIORÉSISTANCE

(Par Sylvie BURNOUF, à la Ricai)

PARIS, 20 décembre 2019 (APMnews) - Sensibiliser les soignants à l'antibiorésistance grâce à un "escape game" -un jeu d'évasion grandeur nature- a permis d'améliorer de façon "pérenne" la détection du risque lié aux bactéries hautement résistantes aux antibiotiques émergentes (BHRe) aux urgences, selon des données présentées lundi à la Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse (Ricai).

A l'occasion d'une visite de certification du groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble menée en octobre 2016, un expert visiteur a relevé que "la détection du risque BHRe dès l'entrée du patient aux urgences ou en service de soins n'était pas effectuée", a expliqué Sébastien Ducki du CHU de Grenoble, en introduction de sa présentation.

L'établissement disposait pourtant des logiciels DMU aux urgences et Cristalnet dans les services de soins, qui incluent les critères du risque BHRe, a-t-il ajouté.

Malgré cela et en dépit de plusieurs séances d'information réalisées dans le service, de la modification de la fiche de poste de l'infirmier organisateur de l'accueil (IOA) et de la création d'une aide informatique sur le logiciel, plusieurs audits ont montré que le taux de détection du risque BHRe aux urgences restait insuffisant.

Le taux de traçabilité du dépistage du risque BHRe aux urgences était ainsi de 27% en mai 2017, de 40% en décembre 2017 et de 56% en mai 2018... pour finir à un taux "désastreux" de 10% en septembre 2018 -comme si tout avait été "oublié pendant les vacances", a déploré Sébastien Ducki.

Dans ce cadre, il a été décidé, lors de la semaine sécurité patient (du 26 au 30 novembre 2018), de mener une campagne de communication sur les BHRe par le biais d'un escape game portant sur le risque infectieux.

Ce dernier a été construit dans le but de faire progresser le personnel soignant sur:

  • la terminologie, dans la mesure où beaucoup de termes sont "des acronymes qui ne parlent pas aux équipes", comme BHRe, EPC (entérobactéries productrices de carbapénémases), ERG (entérocoques résistants aux glycopeptides), etc.
  • l'identification des patients à risque (patients rapatriés, patients hospitalisés à l'étranger dans les 12 derniers mois)
  • la façon de réaliser le dépistage (type d'écouvillon et modalités du dépistage).
L'escape game a été réalisé dans une salle de formation simulant un patient (mannequin) dans une chambre. Il comprenait 5 minutes de briefing, 20 à 30 minutes de jeu puis 5 minutes de débriefing.

Des indices permettaient de trouver les différentes définitions et facteurs de risque BHRe, et la découverte de ces énigmes amenait les équipes à devoir choisir le bon écouvillon puis à réaliser le geste sur le mannequin. L'équipe de l'hygiène pouvait, grâce à une caméra embarquée, suivre les équipes et interagir avec elles si nécessaire, l'objectif étant la réalisation du geste.

En cas de succès, les participants étaient récompensés par le protocole BHRe et des papillotes.

Des audits réalisés à la suite de l'escape game ont révélé une détection du risque BHRe de 82% en décembre 2018 et de 90% trois mois plus tard, en mars 2019.

L'escape game "est un peu chronophage, mais il marche et surtout, [l'effet] est pérenne", a commenté Sébastien Ducki.

Pour les chercheurs, si "ce type de formation nécessite une bonne préparation du thème afin d'obtenir un maximum de succès dans les messages véhiculés", "il représente un moyen de formation didactique et efficace".


sb/ab/APMnews

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INTÉRÊT D'UN "ESCAPE GAME" POUR AMÉLIORER LES CONNAISSANCES DES SOIGNANTS SUR L'ANTIBIORÉSISTANCE

(Par Sylvie BURNOUF, à la Ricai)

PARIS, 20 décembre 2019 (APMnews) - Sensibiliser les soignants à l'antibiorésistance grâce à un "escape game" -un jeu d'évasion grandeur nature- a permis d'améliorer de façon "pérenne" la détection du risque lié aux bactéries hautement résistantes aux antibiotiques émergentes (BHRe) aux urgences, selon des données présentées lundi à la Réunion interdisciplinaire de chimiothérapie anti-infectieuse (Ricai).

A l'occasion d'une visite de certification du groupe hospitalier mutualiste (GHM) de Grenoble menée en octobre 2016, un expert visiteur a relevé que "la détection du risque BHRe dès l'entrée du patient aux urgences ou en service de soins n'était pas effectuée", a expliqué Sébastien Ducki du CHU de Grenoble, en introduction de sa présentation.

L'établissement disposait pourtant des logiciels DMU aux urgences et Cristalnet dans les services de soins, qui incluent les critères du risque BHRe, a-t-il ajouté.

Malgré cela et en dépit de plusieurs séances d'information réalisées dans le service, de la modification de la fiche de poste de l'infirmier organisateur de l'accueil (IOA) et de la création d'une aide informatique sur le logiciel, plusieurs audits ont montré que le taux de détection du risque BHRe aux urgences restait insuffisant.

Le taux de traçabilité du dépistage du risque BHRe aux urgences était ainsi de 27% en mai 2017, de 40% en décembre 2017 et de 56% en mai 2018... pour finir à un taux "désastreux" de 10% en septembre 2018 -comme si tout avait été "oublié pendant les vacances", a déploré Sébastien Ducki.

Dans ce cadre, il a été décidé, lors de la semaine sécurité patient (du 26 au 30 novembre 2018), de mener une campagne de communication sur les BHRe par le biais d'un escape game portant sur le risque infectieux.

Ce dernier a été construit dans le but de faire progresser le personnel soignant sur:

  • la terminologie, dans la mesure où beaucoup de termes sont "des acronymes qui ne parlent pas aux équipes", comme BHRe, EPC (entérobactéries productrices de carbapénémases), ERG (entérocoques résistants aux glycopeptides), etc.
  • l'identification des patients à risque (patients rapatriés, patients hospitalisés à l'étranger dans les 12 derniers mois)
  • la façon de réaliser le dépistage (type d'écouvillon et modalités du dépistage).
L'escape game a été réalisé dans une salle de formation simulant un patient (mannequin) dans une chambre. Il comprenait 5 minutes de briefing, 20 à 30 minutes de jeu puis 5 minutes de débriefing.

Des indices permettaient de trouver les différentes définitions et facteurs de risque BHRe, et la découverte de ces énigmes amenait les équipes à devoir choisir le bon écouvillon puis à réaliser le geste sur le mannequin. L'équipe de l'hygiène pouvait, grâce à une caméra embarquée, suivre les équipes et interagir avec elles si nécessaire, l'objectif étant la réalisation du geste.

En cas de succès, les participants étaient récompensés par le protocole BHRe et des papillotes.

Des audits réalisés à la suite de l'escape game ont révélé une détection du risque BHRe de 82% en décembre 2018 et de 90% trois mois plus tard, en mars 2019.

L'escape game "est un peu chronophage, mais il marche et surtout, [l'effet] est pérenne", a commenté Sébastien Ducki.

Pour les chercheurs, si "ce type de formation nécessite une bonne préparation du thème afin d'obtenir un maximum de succès dans les messages véhiculés", "il représente un moyen de formation didactique et efficace".


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