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17/03 2023
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INTÉRIM MÉDICAL: LE CH DE NEVERS PRÊT À TRAVERSER "UNE PÉRIODE DIFFICILE"

(Par Geoffroy LANG)

NEVERS, 17 mars 2023 (APMnews) - Le centre hospitalier de l'Agglomération de Nevers (Chan) se prépare à traverser "une période difficile" à compter d'avril avec l'application du plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires, mais son directeur, Jean-François Ségovia, a affiché sa détermination à faire appliquer la disposition de la loi Rist, lors d'un entretien accordé mercredi à APMnews.

"On va avoir un mauvais moment à passer", a reconnu le directeur du Chan, joint mercredi à l'approche de la mise en oeuvre de la loi Rist du 26 avril 2021 concernant le plafonnement de la rémunération de l'intérim. Cette disposition renforce le rôle du comptable public en lui permettant de bloquer les rémunérations de médecins intérimaires excédant un plafond réglementaire afin de lutter contre les dérives de l'intérim médical, rappelle-t-on (cf dépêche du 27/04/2021 à 10:19).

Au cours des dernières semaines, le gouvernement a affiché à plusieurs reprises sa détermination à mettre en oeuvre cette mesure (cf dépêche du 08/03/2023 à 18:36 et dépêche du 16/03/2023 à 11:55), après un premier report de sa mise en application en octobre 2021 dans un contexte de tension du système sanitaire confronté à la seconde vague épidémique de Covid-19 (cf dépêche du 30/11/2021 à 18:04).

"Moi j'ai cédé jusqu'à 3.000 euros [pour une mission de 24h], je sais que d'autres ont cédé jusqu'à 5.000 € pour 24h", a rapporté Jean-François Ségovia. "On ne peut pas continuer comme ça, je souhaite cet assainissement mais on va avoir une période difficile à passer."

De concert avec l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, le Chan a préparé un plan de continuité des soins pour l'ensemble de son groupement hospitalier de territoire (GHT), le GHT de la Nièvre, dont huit des neuf établissements -les CH de Nevers (établissement support), Decize, Cosne-sur-Loire, Saint-Pierre-le-Moûtier, Luzy, La Charité-sur-Loire, Château-Chinon et de Lormes- sont en direction commune.

La possible fermeture d'un des trois services d'urgence du GHT

Ce plan de continuité envisage notamment la fermeture d'un des trois services d'urgence du GHT si la situation l'exigeait: celui de Cosne-sur-Loire ou de Decize, en préservant les urgences de Nevers, quel que soit le cas de figure.

"Il y a un équilibre à trouver entre le maintien des activités essentielles […] avec un peu de déprogrammation d'activité", a expliqué Jean-François Ségovia, en citant notamment les urgences et les maternités.

"L'ARS est prête à nous aider soit avec la réserve sanitaire soit avec des réquisitions", a fait savoir le directeur du Chan.

Le coût annuel de l'intérim médical s'élève à 3,5 millions d'euros en moyenne pour le centre hospitalier nivernais, qui doit faire face à un nombre élevé de postes vacants dans l'ensemble de son GHT: 68 postes de médecins sont vacants, dont 36 au niveau du Chan.

Le seul service d'urgence de Nevers ne compte que 8,6 équivalents temps plein (ETP) pour un effectif théorique de 28 ETP.

La situation est un peu moins tendue concernant les ressources paramédicales avec 45 postes d'infirmiers vacants sur l'ensemble du GHT, dont des postes d'infirmiers de bloc opératoire (Ibode) et d'infirmiers anesthésistes (Iade).

Pour tenter de pallier ces tensions sur les ressources médicales, l'hôpital de Nevers finance depuis fin janvier des vols pour faire venir à la journée des professionnels de santé depuis Dijon (cf dépêche du 05/01/2023 à 12:17).

Depuis le premier vol organisé le 26 janvier, une trentaine de professionnels ont pu venir consulter, et même opérer, à Nevers, à l'occasion de cinq liaisons aériennes.

"L'objectif c'est de réaliser 40 rotations sur l'année, en dehors des vacances scolaires et en fonction de nos besoins", a rapporté de son côté Denis Thuriot, maire de Nevers et président du conseil de surveillance du Chan, contacté lundi par APMnews.

Les liaisons aériennes depuis Dijon prennent doucement leur essor

"On a à la fois des spécialistes qui viennent renforcer les équipes, faire des consultations avancées […], on a même des chirurgiens qui sont venus opérer dès le premier vol", s'est félicité l'élu qui a activement oeuvré pour le lancement de cette liaison aérienne avec Dijon.

"Sur la chirurgie pédiatrique, un praticien a pu prendre en charge une trentaine d'enfants lors d'un seul déplacement", a-t-il poursuivi.

Le maire et le directeur de l'hôpital de Nevers s'accordent tous deux pour défendre les vertus de ces liaisons aériennes, tant en matière d'accès aux soins que sur le bilan écologique de ces vols évitant de nombreux déplacements de patients vers Dijon.

"Un médecin qui vient à la journée sur Nevers, il fait 20 consultations et donc il évite 20 allers/retours vers Dijon, quand l'avion en lui-même consomme l'équivalent de 29 voitures", a assuré Jean-François Ségovia.

"Comme c'est sur une seule journée, il faut qu'on s'organise sur l'hôpital pour laisser la place à ce maximum de huit consultants et chirurgiens", a pointé le directeur du Chan.

Un tel dispositif pourrait cependant combler les carences en spécialités médicales de la Nièvre, qui ne compte plus qu'un allergologue et un rhumatologue, et qui est aujourd'hui dépourvue de dermatologue.

"Il faut qu'on multiplie les accords avec les médecins et les chirurgiens", a abondé Denis Thuriot, en pointant que le CHU de Dijon ne pouvait pas subvenir à tous les besoins de ressources médicales du Chan, notamment en dermatologie.

Le directeur du Chan espère ainsi pouvoir "intensifier le recours à des personnels médicaux extérieurs à l'hôpital, notamment venus des CHU", avec pour idée de développer des partenariats avec Clermont-Ferrand et Orléans.

Il a souligné que l'hôpital de Nevers possédait notamment "un bel outil qui est sous-utilisé en matière de chirurgie", avec seulement cinq blocs opératoires sur neuf en service: "Ce n'est pas la faute des acteurs, c'est le sous-effectif médical."

De son côté, le président du conseil de surveillance de l'établissement espère que les liaisons aériennes puissent également permettre de combler le manque de ressources médicales aux urgences et en anesthésie-réanimation, surtout pour faire les nuits: "Ça veut dire qu'il faudrait qu'on ait un vol le matin qui reparte le lendemain pour une garde de 24h."

gl/ab/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

NEVERS, 17 mars 2023 (APMnews) - Le centre hospitalier de l'Agglomération de Nevers (Chan) se prépare à traverser "une période difficile" à compter d'avril avec l'application du plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires, mais son directeur, Jean-François Ségovia, a affiché sa détermination à faire appliquer la disposition de la loi Rist, lors d'un entretien accordé mercredi à APMnews.

"On va avoir un mauvais moment à passer", a reconnu le directeur du Chan, joint mercredi à l'approche de la mise en oeuvre de la loi Rist du 26 avril 2021 concernant le plafonnement de la rémunération de l'intérim. Cette disposition renforce le rôle du comptable public en lui permettant de bloquer les rémunérations de médecins intérimaires excédant un plafond réglementaire afin de lutter contre les dérives de l'intérim médical, rappelle-t-on (cf dépêche du 27/04/2021 à 10:19).

Au cours des dernières semaines, le gouvernement a affiché à plusieurs reprises sa détermination à mettre en oeuvre cette mesure (cf dépêche du 08/03/2023 à 18:36 et dépêche du 16/03/2023 à 11:55), après un premier report de sa mise en application en octobre 2021 dans un contexte de tension du système sanitaire confronté à la seconde vague épidémique de Covid-19 (cf dépêche du 30/11/2021 à 18:04).

"Moi j'ai cédé jusqu'à 3.000 euros [pour une mission de 24h], je sais que d'autres ont cédé jusqu'à 5.000 € pour 24h", a rapporté Jean-François Ségovia. "On ne peut pas continuer comme ça, je souhaite cet assainissement mais on va avoir une période difficile à passer."

De concert avec l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, le Chan a préparé un plan de continuité des soins pour l'ensemble de son groupement hospitalier de territoire (GHT), le GHT de la Nièvre, dont huit des neuf établissements -les CH de Nevers (établissement support), Decize, Cosne-sur-Loire, Saint-Pierre-le-Moûtier, Luzy, La Charité-sur-Loire, Château-Chinon et de Lormes- sont en direction commune.

La possible fermeture d'un des trois services d'urgence du GHT

Ce plan de continuité envisage notamment la fermeture d'un des trois services d'urgence du GHT si la situation l'exigeait: celui de Cosne-sur-Loire ou de Decize, en préservant les urgences de Nevers, quel que soit le cas de figure.

"Il y a un équilibre à trouver entre le maintien des activités essentielles […] avec un peu de déprogrammation d'activité", a expliqué Jean-François Ségovia, en citant notamment les urgences et les maternités.

"L'ARS est prête à nous aider soit avec la réserve sanitaire soit avec des réquisitions", a fait savoir le directeur du Chan.

Le coût annuel de l'intérim médical s'élève à 3,5 millions d'euros en moyenne pour le centre hospitalier nivernais, qui doit faire face à un nombre élevé de postes vacants dans l'ensemble de son GHT: 68 postes de médecins sont vacants, dont 36 au niveau du Chan.

Le seul service d'urgence de Nevers ne compte que 8,6 équivalents temps plein (ETP) pour un effectif théorique de 28 ETP.

La situation est un peu moins tendue concernant les ressources paramédicales avec 45 postes d'infirmiers vacants sur l'ensemble du GHT, dont des postes d'infirmiers de bloc opératoire (Ibode) et d'infirmiers anesthésistes (Iade).

Pour tenter de pallier ces tensions sur les ressources médicales, l'hôpital de Nevers finance depuis fin janvier des vols pour faire venir à la journée des professionnels de santé depuis Dijon (cf dépêche du 05/01/2023 à 12:17).

Depuis le premier vol organisé le 26 janvier, une trentaine de professionnels ont pu venir consulter, et même opérer, à Nevers, à l'occasion de cinq liaisons aériennes.

"L'objectif c'est de réaliser 40 rotations sur l'année, en dehors des vacances scolaires et en fonction de nos besoins", a rapporté de son côté Denis Thuriot, maire de Nevers et président du conseil de surveillance du Chan, contacté lundi par APMnews.

Les liaisons aériennes depuis Dijon prennent doucement leur essor

"On a à la fois des spécialistes qui viennent renforcer les équipes, faire des consultations avancées […], on a même des chirurgiens qui sont venus opérer dès le premier vol", s'est félicité l'élu qui a activement oeuvré pour le lancement de cette liaison aérienne avec Dijon.

"Sur la chirurgie pédiatrique, un praticien a pu prendre en charge une trentaine d'enfants lors d'un seul déplacement", a-t-il poursuivi.

Le maire et le directeur de l'hôpital de Nevers s'accordent tous deux pour défendre les vertus de ces liaisons aériennes, tant en matière d'accès aux soins que sur le bilan écologique de ces vols évitant de nombreux déplacements de patients vers Dijon.

"Un médecin qui vient à la journée sur Nevers, il fait 20 consultations et donc il évite 20 allers/retours vers Dijon, quand l'avion en lui-même consomme l'équivalent de 29 voitures", a assuré Jean-François Ségovia.

"Comme c'est sur une seule journée, il faut qu'on s'organise sur l'hôpital pour laisser la place à ce maximum de huit consultants et chirurgiens", a pointé le directeur du Chan.

Un tel dispositif pourrait cependant combler les carences en spécialités médicales de la Nièvre, qui ne compte plus qu'un allergologue et un rhumatologue, et qui est aujourd'hui dépourvue de dermatologue.

"Il faut qu'on multiplie les accords avec les médecins et les chirurgiens", a abondé Denis Thuriot, en pointant que le CHU de Dijon ne pouvait pas subvenir à tous les besoins de ressources médicales du Chan, notamment en dermatologie.

Le directeur du Chan espère ainsi pouvoir "intensifier le recours à des personnels médicaux extérieurs à l'hôpital, notamment venus des CHU", avec pour idée de développer des partenariats avec Clermont-Ferrand et Orléans.

Il a souligné que l'hôpital de Nevers possédait notamment "un bel outil qui est sous-utilisé en matière de chirurgie", avec seulement cinq blocs opératoires sur neuf en service: "Ce n'est pas la faute des acteurs, c'est le sous-effectif médical."

De son côté, le président du conseil de surveillance de l'établissement espère que les liaisons aériennes puissent également permettre de combler le manque de ressources médicales aux urgences et en anesthésie-réanimation, surtout pour faire les nuits: "Ça veut dire qu'il faudrait qu'on ait un vol le matin qui reparte le lendemain pour une garde de 24h."

gl/ab/APMnews

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