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11/09 2025
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L'ARRIVÉE ATTENDUE DE PREMIERS TRAITEMENTS DE LA MASH SOULIGNE LE BESOIN D'AMÉLIORER LE DÉPISTAGE

PARIS, 11 septembre 2025 (APMnews) - Alors que des premiers médicaments contre la stéatohépatite métabolique (MASH) ont été récemment homologués en Europe et aux Etats-Unis, il apparaît nécessaire de pouvoir mieux dépister les patients, ont plaidé des experts, qui déplorent que les tests de dépistage spécialisés ne soient pas remboursés, lors d'une conférence de presse organisée en marge du Paris MASH Meeting.

La prévalence des maladies du foie stéatosique d'origine métabolique, la MASLD et son évolution en MASH, est en augmentation dans le monde et participe à la hausse des cas de carcinomes hépatocellulaires. Ces maladies en sont la deuxième cause, après l'alcool.

Aujourd'hui, leur prise en charge est surtout limitée à des interventions "hygiéno-diététiques" sur la nutrition et l'activité physique, mais de premiers médicaments ont reçu cet été des autorisations de mise sur le marché (AMM): le resmétirom (Rezdiffra*, Madrigal Pharmaceuticals), premier traitement homologué dans la MASH en Europe (cf dépêche du 20/08/2025 à 16:14), et le sémaglutide (Wegovy*, Novo Nordisk), dont l'AMM américaine dans l'obésité a été étendue de façon conditionnelle à la MASH par la Food and Drug Administration (FDA, cf dépêche du 18/08/2025 à 11:45).

Ces médicaments ne sont pas encore disponibles en France dans cette indication, mais le Pr Lawrence Serfaty des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a partagé son espoir de pouvoir les prescrire "d'ici la fin de l'année". Néanmoins, il traite déjà certains de ses patients atteints de MASH et également de diabète de type 2 par Ozempic*, la version de sémaglutide à faible dose (1 mg hebdomadaire, contre 2,4 mg dans Wegovy*) homologuée dans le diabète.

Pour le Pr Serfaty, l'arrivée de ces traitements va permettre de convaincre la communauté médicale de l'intérêt de davantage dépister les patients.

Pour cela, plusieurs outils existent, qui ont notamment été développés en France, "avec des prises de sang et des appareils d'élastométrie, et ils marchent", a rappelé le Pr Jérôme Boursier du CHU d'Angers, président de la société française d'hépatologie, l'Afef.

Leur utilisation n'est cependant pas remboursée pour le dépistage de la stéatose métabolique, ni de la stéatose alcoolique, alors qu'ils le sont pour les hépatites B et C. "On a déposé un dossier à la HAS [Haute autorité de santé] il y a quatre ans et on attend toujours la réponse", a déploré l'hépatologue angevin. "C'est catastrophique pour nous, hépatologues, parce que ça bloque tout. Tant que la HAS n'aura pas validé le remboursement de ces outils, ils ne passeront pas en pratique clinique et on ne pourra pas mettre en place le dépistage."

Le dépistage coûterait 31 € par élastométrie et 37 € par prise de sang, a-t-il précisé.

Intérêt d'identifier les patients à risque de carcinome hépatocellulaire

Interrogé par APMnews sur la façon dont est actuellement réalisé le dépistage des patients, le Pr Boursier a répondu que cela n'était "pas bien fait" car les médecins généralistes ne peuvent utiliser chez les patients à risque que le score FIB-4, qui repose sur des paramètres simples et qui n'est pas assez performant pour identifier précisément les patients à envoyer à l'hépatologue. "Donc on nous envoie plein de patients qui sont en fait normaux quand on fait nos tests spécialisés, et nos consultations sont complètement surchargées par des patients qui n'ont pas de maladie du foie, alors qu'à côté de ça, il y a plein de patients qui se baladent dans la nature et qu'il faudrait dépister."

Selon lui, l'idéal serait donc de permettre aux médecins non spécialistes d'utiliser les tests de dépistage spécialisés en deuxième ligne. "On devrait bien mieux organiser le parcours patient", a-t-il plaidé, en prenant en compte, dans l'ordre, les facteurs de risque, puis le score FIB-4, puis un test de deuxième ligne avant d'envoyer les patients chez l'hépatologue.

Même en l'absence de traitement, améliorer le dépistage permettrait aussi d'identifier les patients à risque de carcinome hépatocellulaire et d'éviter d'arriver "trop tard" si un tel cancer se développe, ont soutenu les deux experts.

Jérôme Boursier a également souligné que l'intérêt ne se limite pas aux carcinomes hépatocellulaires car les patients stéatosiques font aussi plus de cancers extra-hépatiques, et que ces cancers arrivent plus tôt. "On observe de plus en plus de cancers chez des patients qui ont moins de 50 ans, ce qui n'est pas le schéma classique."

"Il y a peut-être un lien qu'il va falloir essayer de comprendre, mais peut-être que la stéatose métabolique peut expliquer cette vague de cancers chez les sujets jeunes que l'on observe actuellement [cf dépêche du 04/03/2025 à 17:23, par exemple]", a-t-il pointé.

pl/lb/APMnews

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PARIS, 11 septembre 2025 (APMnews) - Alors que des premiers médicaments contre la stéatohépatite métabolique (MASH) ont été récemment homologués en Europe et aux Etats-Unis, il apparaît nécessaire de pouvoir mieux dépister les patients, ont plaidé des experts, qui déplorent que les tests de dépistage spécialisés ne soient pas remboursés, lors d'une conférence de presse organisée en marge du Paris MASH Meeting.

La prévalence des maladies du foie stéatosique d'origine métabolique, la MASLD et son évolution en MASH, est en augmentation dans le monde et participe à la hausse des cas de carcinomes hépatocellulaires. Ces maladies en sont la deuxième cause, après l'alcool.

Aujourd'hui, leur prise en charge est surtout limitée à des interventions "hygiéno-diététiques" sur la nutrition et l'activité physique, mais de premiers médicaments ont reçu cet été des autorisations de mise sur le marché (AMM): le resmétirom (Rezdiffra*, Madrigal Pharmaceuticals), premier traitement homologué dans la MASH en Europe (cf dépêche du 20/08/2025 à 16:14), et le sémaglutide (Wegovy*, Novo Nordisk), dont l'AMM américaine dans l'obésité a été étendue de façon conditionnelle à la MASH par la Food and Drug Administration (FDA, cf dépêche du 18/08/2025 à 11:45).

Ces médicaments ne sont pas encore disponibles en France dans cette indication, mais le Pr Lawrence Serfaty des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a partagé son espoir de pouvoir les prescrire "d'ici la fin de l'année". Néanmoins, il traite déjà certains de ses patients atteints de MASH et également de diabète de type 2 par Ozempic*, la version de sémaglutide à faible dose (1 mg hebdomadaire, contre 2,4 mg dans Wegovy*) homologuée dans le diabète.

Pour le Pr Serfaty, l'arrivée de ces traitements va permettre de convaincre la communauté médicale de l'intérêt de davantage dépister les patients.

Pour cela, plusieurs outils existent, qui ont notamment été développés en France, "avec des prises de sang et des appareils d'élastométrie, et ils marchent", a rappelé le Pr Jérôme Boursier du CHU d'Angers, président de la société française d'hépatologie, l'Afef.

Leur utilisation n'est cependant pas remboursée pour le dépistage de la stéatose métabolique, ni de la stéatose alcoolique, alors qu'ils le sont pour les hépatites B et C. "On a déposé un dossier à la HAS [Haute autorité de santé] il y a quatre ans et on attend toujours la réponse", a déploré l'hépatologue angevin. "C'est catastrophique pour nous, hépatologues, parce que ça bloque tout. Tant que la HAS n'aura pas validé le remboursement de ces outils, ils ne passeront pas en pratique clinique et on ne pourra pas mettre en place le dépistage."

Le dépistage coûterait 31 € par élastométrie et 37 € par prise de sang, a-t-il précisé.

Intérêt d'identifier les patients à risque de carcinome hépatocellulaire

Interrogé par APMnews sur la façon dont est actuellement réalisé le dépistage des patients, le Pr Boursier a répondu que cela n'était "pas bien fait" car les médecins généralistes ne peuvent utiliser chez les patients à risque que le score FIB-4, qui repose sur des paramètres simples et qui n'est pas assez performant pour identifier précisément les patients à envoyer à l'hépatologue. "Donc on nous envoie plein de patients qui sont en fait normaux quand on fait nos tests spécialisés, et nos consultations sont complètement surchargées par des patients qui n'ont pas de maladie du foie, alors qu'à côté de ça, il y a plein de patients qui se baladent dans la nature et qu'il faudrait dépister."

Selon lui, l'idéal serait donc de permettre aux médecins non spécialistes d'utiliser les tests de dépistage spécialisés en deuxième ligne. "On devrait bien mieux organiser le parcours patient", a-t-il plaidé, en prenant en compte, dans l'ordre, les facteurs de risque, puis le score FIB-4, puis un test de deuxième ligne avant d'envoyer les patients chez l'hépatologue.

Même en l'absence de traitement, améliorer le dépistage permettrait aussi d'identifier les patients à risque de carcinome hépatocellulaire et d'éviter d'arriver "trop tard" si un tel cancer se développe, ont soutenu les deux experts.

Jérôme Boursier a également souligné que l'intérêt ne se limite pas aux carcinomes hépatocellulaires car les patients stéatosiques font aussi plus de cancers extra-hépatiques, et que ces cancers arrivent plus tôt. "On observe de plus en plus de cancers chez des patients qui ont moins de 50 ans, ce qui n'est pas le schéma classique."

"Il y a peut-être un lien qu'il va falloir essayer de comprendre, mais peut-être que la stéatose métabolique peut expliquer cette vague de cancers chez les sujets jeunes que l'on observe actuellement [cf dépêche du 04/03/2025 à 17:23, par exemple]", a-t-il pointé.

pl/lb/APMnews

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