Actualités de l'Urgence - APM

Des premières propositions avaient été formulées par l'ARS en janvier (cf dépêche du 31/01/2023 à 17:31), visant à accompagner la suspension définitive de la maternité d'Autun.

Mi-février, le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, avait décidé de rouvrir une concertation locale sur l'avenir du site, "pour que nous prenions un peu plus de temps pour construire des solutions, pour répondre aux besoins de santé de la population" (cf dépêche du 15/02/2023 à 17:52).

Près de 80 élus et professionnels de santé ont ainsi participé lundi pendant 3h30 à une réunion menée par l'ARS sur le devenir de l'offre de soins en maternité dans le Morvan, a précisé l'agence à APMnews. Etaient notamment présents des soignants et responsables des CH de Chalon-sur-Saône, de Nevers, d'Autun, de Château-Chinon et de l'hôpital du Creusot.

"À peu près tous les acteurs étaient réunis pour la première fois […] c'est ce qu'il aurait fallu faire depuis le début", a jugé le député de Saône-et-Loire, Rémy Rebeyrotte, qui a participé à ce rendez-vous. Le député déplore que la première concertation de janvier n'ait permis, selon lui, qu'à seulement deux acteurs de s'exprimer: l'ARS et le groupement hospitalier de territoire (GHT) Bresse Morvan.

À l’issue d'une séquence de questions-réponses sur l'état des lieux et les perspectives, des pistes d'organisation pour "une maternité territoriale Saône-et-Loire/Nièvre fondée sur les coopérations et la solidarité entre soignants, formalisée par une convention de partenariat", ont été présentées.

Ce nouveau dispositif prévoit notamment la création d'un Smur obstétrical à Autun, c'est-à-dire une ligne d'intervention supplémentaire, intégrant une sage-femme, pour la prise en charge éventuelle d'accouchements extra-hospitaliers. Ce service reposerait sur une ambulance équipée d'une couveuse, un investissement chiffré à environ 800.000 euros, selon Rémy Rebeyrotte.

Création d'une fédération médicale interhospitalière

Les autres mesures portent sur la mise en place de centres de péri-maternité à Autun et Château-Chinon, qui doivent permettre de réaliser des consultations périnatales et post-natales, des consultations avancées de chirurgie gynécologique, des consultations de pédiatrie, des consultations de prévention ou des interruptions volontaires de grossesse (IVG).

Le dispositif comprend aussi le développement d'une offre d'hébergement temporaire non médicalisé à proximité des maternités.

L'organisation et le fonctionnement de la maternité territoriale se feront dans le cadre d'une Fédération médicale inter-hospitalière (FMIH) regroupant par convention les CH de Chalon-sur-Saône, d'Autun, de Nevers, de Château-Chinon et l'hôpital du Creusot, avec l'appui d'une sage-femme de coordination territoriale, détaille l'ARS.

L'agence n'a pas évoqué l'évolution des effectifs dans ce projet. "L'objectif est de conserver les personnels en place, voire d'en attirer de nouveaux", estime le député de Saône-et-Loire. Il avance toutefois que cela sera "compliqué" pour les gynéco-obstétriciens présents à Autun.

Le directeur général de l'ARS, Jean-Jacques Coiplet, a invité les élus à poursuivre cette démarche dans le cadre d'un plan d'action territorial à part entière. L'agence a par ailleurs annoncé la mise en place d'une mission d'appui à l'accès à la santé dans le Morvan et la conduite d'un audit sur l'amélioration du fonctionnement et de l'organisation des urgences dans la Nièvre.

L'Igas appelait en juin à fermer une maternité

Plusieurs des mesures avancées faisaient partie des recommandations formulées par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un rapport paru en juin 2022 et intitulé "Mission de diagnostic et de propositions relative au groupement hospitalier de territoire de Saône-et-Loire Bresse Morvan".

L'Igas y écrit que des "choix forts" doivent être opérés concernant les maternités de niveau 1 du territoire -soit celles d'Autun et du Creusot-, le projet régional de santé ne prévoyant le maintien que de l'un des deux sites.

"Compte tenu de la tension sur les effectifs médicaux, la mission considère que le maintien des deux maternités de niveau 1 en proximité ayant chacune une faible activité ne permet pas d'organiser une couverture médicale stable et coordonnée et, en conséquence, de garantir la qualité des prises en charge", peut-on lire dans ce rapport.

L'Igas présente alors un scénario "préférentiel" qui prévoit la fermeture de la maternité du Creusot (500 accouchements par an environ) plutôt que celle d'Autun (200 par an), cette dernière "[jouant] un rôle crucial en termes de couverture géographique" dans une partie du Morvan. C'est dans ce cadre que l'Igas évoquait la création d'une FMIH.

Le scénario "de repli", décrivant une fermeture de la maternité d'Autun, était prévu "dans le cas où ne seraient pas garanties de manière pérenne la qualité des pratiques et une stabilité des personnels médicaux sur le site d'Autun". Il était alors notamment préconisé "d'organiser la prise en charge du risque d'accouchement inopiné avec une astreinte sage-femme pour sécuriser les transports urgents entre le bassin d'Autun et les maternités de Chalon-sur-Saône et du Creusot".

mg/ab/APMnews