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14/12 2016
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L'ARS HAUTS-DE-FRANCE DILIGENTE UNE INSPECTION AU CH DE CAMBRAI APRÈS LE DÉCÈS D'UNE FILLETTE AUX URGENCES

LILLE, CAMBRAI (Nord), 13 décembre 2016 (APM) - L'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France a annoncé, dans un communiqué diffusé vendredi, qu'elle "diligent[ait] une inspection au centre hospitalier [CH] de Cambrai, à la suite du décès d'une fillette au sein du service d'urgences" le 9 mars.

Elle précise avoir "été informée de ce décès le 6 décembre dernier", et souligne qu'"elle a alors immédiatement décidé de cette inspection sur place afin d'éclairer les circonstances de ce drame et d'analyser les conditions de prise en charge de l'enfant".

Contactée par l'APM mardi, la direction de l'agence a indiqué ne pas souhaiter s'exprimer plus avant sur le sujet.

Joint ce même jour par l'APM, l'avocat de la famille de la fillette de 3 ans, Me Christophe Donnette, a déclaré "ne pas disposer d'éléments" concernant la date d'ouverture de cette inspection, mais expliqué que celle-ci faisait suite au décès d'une enfant, admise au CH de Cambrai dans la nuit du 9 au 10 mars pour de violents maux de ventre, et décédée quelques heures plus tard des suites d'une pathologie rare, un "megacôlon toxique".

Il a précisé que la famille avait, "dans un premier temps, déposé fin avril une requête auprès du tribunal administratif de Lille", pour demander une expertise, et que le tribunal lillois avait "mandaté un médecin expert, Jean-Claude Mselati, chef du pôle femme-enfant-famille au CH d'Orsay [Essonne]", afin d'étudier les modalités de prise en charge de l'enfant au CH.

"Dans son rapport, rendu fin octobre, ce médecin expert pointe une série de dysfonctionnements, et 'chiffre' la perte de chances de survie subie par la fillette à 80%", a-t-il souligné. Si l'enfant a succombé à une pathologie rare dont la non-détection ne peut pas être reprochée aux médecins, le rapport fait état de "soins insuffisants" prodigués à l'enfant cette nuit-là, et fait valoir qu'une prise en charge ad hoc lui aurait donné "80% de chances de s'en sortir".

Interrogé sur ces "dysfonctionnements", Christophe Donnette a fait état d'un "retard dans la prise en charge de la fillette, sa présentation à l'interne de garde ayant été tardive", tout en ajoutant que ce dysfonctionnement était celui "ayant eu le moins de conséquences", "la jeune interne en question étant la seule à avoir posé un diagnostic de gravité, en suspectant une occlusion intestinale".

"Appelée par l'interne, la pédiatre d'astreinte, a fait réaliser un cliché radio, qu'elle a interprété comme 'normal' alors que, selon le médecin-expert, le cliché permettait de laisser suspecter la gravité du cas. Cette pédiatre a ensuite appelé le radiologue d'astreinte qui a refusé de se déplacer", a-t-il poursuivi. "La pédiatre n'avait, par ailleurs, pas utilisé le système de télétransmission des clichés radio mis en place par le CH, apparemment parce qu'elle n'était pas au courant de son existence".

"Le chirurgien d'astreinte, appelé par l'interne, a lui aussi refusé de se déplacer", a-t-il relevé, soulignant que le rapport de l'expert mettait en exergue le fait, qu'"indépendamment de l'éventualité de la pertinence d'un geste chirurgical", "le chirurgien, en tant que médecin, aurait dû être alerté par le tableau clinique qui lui était décrit".

Christophe Donnette a annoncé avoir "ressaisi le tribunal administratif de Lille au nom de la famille de l'enfant, pour faire reconnaître les fautes du CH au plan organisationnel, la famille demandant à être indemnisée pour le préjudice qu'a constitué la 'perte de chance' mise en évidence par le rapport du médecin expert".

Il a annoncé avoir, en parallèle, "saisi le procureur de la République de Cambrai et déposé plainte au pénal pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger". "Le procureur dispose d'un délai de trois mois pour étudier le dossier, et décider d'ouvrir, ou non, une enquête sur les causes de la mort de l'enfant. Passé ce délai, et si aucune enquête n'est ouverte, nous pourrons saisir directement le juge d'instruction, avec constitution de partie civile", a-t-il précisé.

Christophe Donnette a par ailleurs indiqué "avoir écrit à l'ARS Hauts-de-France pour signaler les faits, suite aux conclusions rendues par le médecin expert mandaté par le tribunal administratif de Lille". "Nous avons d'ailleurs transmis ce rapport à l'agence, en leur suggérant d'ouvrir une enquête", a-t-il ajouté.

Egalement contactée mardi, la direction du CH de Cambrai n'a pas souhaité communiquer oralement, mais a transmis à l'APM un communiqué, daté du mardi 6 décembre, et signé par son directeur général, Philippe Legros, dans lequel l'établissement indique avoir "appris, par la voie des médias" le dépôt de plainte de la famille suite au décès de leur enfant.

Le CH de Cambrai a ajouté qu'il "continuera de coopérer à la manifestation de toute la vérité dans le cadre de cette plainte", comme il l'a fait "à l'occasion des premières démarches effectuées par les parents et leur avocat".

ed/ab/APM polsan

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LILLE, CAMBRAI (Nord), 13 décembre 2016 (APM) - L'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France a annoncé, dans un communiqué diffusé vendredi, qu'elle "diligent[ait] une inspection au centre hospitalier [CH] de Cambrai, à la suite du décès d'une fillette au sein du service d'urgences" le 9 mars.

Elle précise avoir "été informée de ce décès le 6 décembre dernier", et souligne qu'"elle a alors immédiatement décidé de cette inspection sur place afin d'éclairer les circonstances de ce drame et d'analyser les conditions de prise en charge de l'enfant".

Contactée par l'APM mardi, la direction de l'agence a indiqué ne pas souhaiter s'exprimer plus avant sur le sujet.

Joint ce même jour par l'APM, l'avocat de la famille de la fillette de 3 ans, Me Christophe Donnette, a déclaré "ne pas disposer d'éléments" concernant la date d'ouverture de cette inspection, mais expliqué que celle-ci faisait suite au décès d'une enfant, admise au CH de Cambrai dans la nuit du 9 au 10 mars pour de violents maux de ventre, et décédée quelques heures plus tard des suites d'une pathologie rare, un "megacôlon toxique".

Il a précisé que la famille avait, "dans un premier temps, déposé fin avril une requête auprès du tribunal administratif de Lille", pour demander une expertise, et que le tribunal lillois avait "mandaté un médecin expert, Jean-Claude Mselati, chef du pôle femme-enfant-famille au CH d'Orsay [Essonne]", afin d'étudier les modalités de prise en charge de l'enfant au CH.

"Dans son rapport, rendu fin octobre, ce médecin expert pointe une série de dysfonctionnements, et 'chiffre' la perte de chances de survie subie par la fillette à 80%", a-t-il souligné. Si l'enfant a succombé à une pathologie rare dont la non-détection ne peut pas être reprochée aux médecins, le rapport fait état de "soins insuffisants" prodigués à l'enfant cette nuit-là, et fait valoir qu'une prise en charge ad hoc lui aurait donné "80% de chances de s'en sortir".

Interrogé sur ces "dysfonctionnements", Christophe Donnette a fait état d'un "retard dans la prise en charge de la fillette, sa présentation à l'interne de garde ayant été tardive", tout en ajoutant que ce dysfonctionnement était celui "ayant eu le moins de conséquences", "la jeune interne en question étant la seule à avoir posé un diagnostic de gravité, en suspectant une occlusion intestinale".

"Appelée par l'interne, la pédiatre d'astreinte, a fait réaliser un cliché radio, qu'elle a interprété comme 'normal' alors que, selon le médecin-expert, le cliché permettait de laisser suspecter la gravité du cas. Cette pédiatre a ensuite appelé le radiologue d'astreinte qui a refusé de se déplacer", a-t-il poursuivi. "La pédiatre n'avait, par ailleurs, pas utilisé le système de télétransmission des clichés radio mis en place par le CH, apparemment parce qu'elle n'était pas au courant de son existence".

"Le chirurgien d'astreinte, appelé par l'interne, a lui aussi refusé de se déplacer", a-t-il relevé, soulignant que le rapport de l'expert mettait en exergue le fait, qu'"indépendamment de l'éventualité de la pertinence d'un geste chirurgical", "le chirurgien, en tant que médecin, aurait dû être alerté par le tableau clinique qui lui était décrit".

Christophe Donnette a annoncé avoir "ressaisi le tribunal administratif de Lille au nom de la famille de l'enfant, pour faire reconnaître les fautes du CH au plan organisationnel, la famille demandant à être indemnisée pour le préjudice qu'a constitué la 'perte de chance' mise en évidence par le rapport du médecin expert".

Il a annoncé avoir, en parallèle, "saisi le procureur de la République de Cambrai et déposé plainte au pénal pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger". "Le procureur dispose d'un délai de trois mois pour étudier le dossier, et décider d'ouvrir, ou non, une enquête sur les causes de la mort de l'enfant. Passé ce délai, et si aucune enquête n'est ouverte, nous pourrons saisir directement le juge d'instruction, avec constitution de partie civile", a-t-il précisé.

Christophe Donnette a par ailleurs indiqué "avoir écrit à l'ARS Hauts-de-France pour signaler les faits, suite aux conclusions rendues par le médecin expert mandaté par le tribunal administratif de Lille". "Nous avons d'ailleurs transmis ce rapport à l'agence, en leur suggérant d'ouvrir une enquête", a-t-il ajouté.

Egalement contactée mardi, la direction du CH de Cambrai n'a pas souhaité communiquer oralement, mais a transmis à l'APM un communiqué, daté du mardi 6 décembre, et signé par son directeur général, Philippe Legros, dans lequel l'établissement indique avoir "appris, par la voie des médias" le dépôt de plainte de la famille suite au décès de leur enfant.

Le CH de Cambrai a ajouté qu'il "continuera de coopérer à la manifestation de toute la vérité dans le cadre de cette plainte", comme il l'a fait "à l'occasion des premières démarches effectuées par les parents et leur avocat".

ed/ab/APM polsan

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