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14/10 2020
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L'ÉPIDÉMIE DE GRIPPE 2019-2020 CARACTÉRISÉE PAR UNE "FAIBLE" MORTALITÉ ET UN "IMPACT MODÉRÉ" EN VILLE ET À L'HÔPITAL

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 14 octobre 2020 (APMnews) - Par rapport aux années précédentes, l'épidémie de grippe 2019-2020 s'est traduite par une "faible" mortalité et un "impact modéré" à la fois en médecine de ville et en milieu hospitalier, rapporte Santé publique France (SPF) dans son bilan de surveillance de la grippe saisonnière mis en ligne mardi.

Selon les estimations de SPF, 3.680 décès attribuables à la grippe seraient survenus au cours de l'épidémie 2019-2020, dont les trois quarts chez des personnes âgées de 75 ans ou plus.

"Ce chiffre est bien inférieur au nombre moyen de décès liés à la grippe chaque année en France depuis 2011-2012", soit environ 9.000 décès, écrit l'agence sanitaire (cf dépêche du 17/04/2019 à 13:05).

Ce phénomène pourrait en partie être lié au fait que le virus A(H3N2), qui est généralement associé à un impact marqué chez les 65 ans et plus, a peu circulé en 2019-2020, et que l'épidémie a particulièrement touché les enfants et les jeunes adultes. Une "nette prédominance" du sous-type A(H1N1)pdm09 et du lignage B/Victoria a en effet été observée.

L'analyse de la mortalité toutes causes, estimée à partir du modèle EuroMomo, ne fait quant à elle pas apparaître d'excès de mortalité sur la période épidémique (du 13 janvier au 14 mars), sauf au cours de la dernière semaine, celle du 9 au 14 mars, où 6,8% de surmortalité ont été constatés. Cette hausse pourrait d'ailleurs être "davantage liée à l'épidémie croissante de Covid-19 qu'à la grippe", note Santé publique France.

Ces données peuvent sembler en contradiction avec celles de SPF, mais l'agence estime "probable que les décès liés à la grippe soient survenus tout au long de la période épidémique" et que les nombres de décès hebdomadaires aient été trop bas pour causer un excès significatif de mortalité toutes causes.

S'agissant de la surveillance en médecine de ville, le réseau Sentinelles a estimé le nombre de consultations pour syndrome grippal à environ 1,25 million, ce qui correspond à une "épidémie de faible intensité". Il y avait eu 1,8 million de consultations pour ce motif la saison précédente.

Le réseau Oscour fait quant à lui état de 59.476 passages aux urgences pour syndrome grippal sur cette période, dont 10% donnant lieu à une hospitalisation. Sur l'ensemble de ces passages aux urgences, 54% concernaient des enfants de moins de 15 ans, 39% des personnes de 15 à 64 ans et 7% des adultes de 65 ans et plus. Parmi les personnes hospitalisées, la part respective était de 34%, 30% et 36%.

SPF note que la part de passages aux urgences conduisant à une hospitalisation (10%) a baissé par rapport à celles de 2018-2019 (16%) et 2017-2018 (13%). La part des adultes de 65 ans et plus parmi les hospitalisés (36%) a également baissé par rapport à 2018-2019 (62%), 2017-2018 (53%) et 2016-2017 (69%).

Sur l'ensemble des hospitalisations survenues après passage aux urgences, la part de celles pour syndromes grippaux était de 12 pour 1.000, soit moins qu'en 2018-2019 (22 pour 1.000).

Il y a eu 860 cas graves de grippe admis en réanimation sur la période du 4 novembre 2019 au 14 mars 2020, recensés par 148 services participant au réseau de surveillance (sur les 194 services du réseau). Parmi ces cas, 677 l'ont été au cours de la période épidémique, ce qui est "bien inférieur" à ce qui avait été observé en 2018-2019 (1.590 cas) et 2017-2018 (2.770 cas).

Les patients admis en réanimation étaient âgés en moyenne de 51 ans (contre 60 ans en 2018-2019 et 66 ans en 2016-2017) et seuls 37% avaient plus de 65 ans (contre plus de la moitié en 2018-2019). Les mineurs représentaient 16% des cas graves.

Un total de 90 décès ont été rapportés chez ces patients en réanimation, dont 12 concernant des mineurs (7 avaient une ou plusieurs comorbidités), 37 des personnes de 18-44 ans et 41 des personnes de 65 ans et plus.

Parmi les patients éligibles à la vaccination antigrippale pour lesquels le statut vaccinal était connu, 31% étaient vaccinés (152 sur 490).

"Grande incertitude" pour la saison hivernale 2020-2021

SPF note qu'il est "difficile de formellement identifier la date de fin de l’épidémie pour la saison 2019-2020 car le suivi des indicateurs de la surveillance de la grippe saisonnière a été perturbé par l’épidémie de Covid-19" (cf dépêche du 18/03/2020 à 12:58). Néanmoins, l'analyse des données de surveillance disponibles "suggère fortement" que l’épidémie de grippe 2019-2020 s’est terminée la semaine du 16 mars. D'une durée de 9 semaines, elle "fait partie des épidémies les plus courtes depuis 2010".

L'agence sanitaire pointe par ailleurs qu'il existe peu de données sur les potentielles interactions du Sars-CoV-2 avec les autres virus respiratoires, dont les virus de la grippe.

Elle rapporte que des niveaux de circulation des virus grippaux "exceptionnellement bas" ont été relevés dans les pays de la zone tempérée de l’hémisphère Sud et de la zone tropicale en comparaison avec les années précédentes, et qu'aucune épidémie de grippe n’a été détectée au cours de l’hiver austral.

Cela pourrait être lié aux mesures de contrôle déployées dans le contexte de pandémie de Covid-19, mais il n'est pas exclu qu'il puisse y avoir "des phénomènes d’interférence virale qui empêcheraient ou limiteraient fortement une circulation concomitante du Sars-CoV-2 et des virus respiratoires saisonniers".

"Une grande incertitude demeure quant à ce qui pourrait se passer au cours de la saison hivernale 2020-2021, dans un contexte de recrudescence importante de la circulation du Sars-CoV-2 en Europe", écrit SPF. "Si, au vu des données épidémiologiques actuelles, la survenue concomitante de deux vagues épidémiques Sars-CoV-2 et grippe semble peu probable, la possibilité de deux épidémies consécutives et non totalement distinctes est à considérer."

Elle insiste donc sur l'importance de renforcer la couverture vaccinale antigrippale chez les personnes à risque de complications liées à la grippe et les professionnels de santé.

Comme rappelé mardi par les autorités sanitaires à l'occasion du lancement de la campagne 2020-2021 de vaccination contre la grippe saisonnière (cf dépêche du 13/10/2020 à 12:46), la couverture vaccinale antigrippale des personnes pour qui la vaccination est recommandée a été estimée à 47,8% pour la France entière, en "légère progression" par rapport à la couverture vaccinale de la saison 2018-2019 (46,8%). Le bilan de SPF ne comporte pas de données d'efficacité vaccinale, note-t-on.

Dans les collectivités de personnes âgées

734 épisodes d'infections respiratoires aiguës ont été recensés entre le 30 septembre 2019 et mi-mars 2020, contre 1.537 en 2018-2019 et 1.903 en 2016-2017.

Une recherche étiologique menée sur 363 épisodes a révélé que 17% étaient en lien avec la grippe.

La couverture vaccinale antigrippale médiane était de 90% parmi les résidents et de 32% parmi les personnels.

sb/nc/APMnews

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SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 14 octobre 2020 (APMnews) - Par rapport aux années précédentes, l'épidémie de grippe 2019-2020 s'est traduite par une "faible" mortalité et un "impact modéré" à la fois en médecine de ville et en milieu hospitalier, rapporte Santé publique France (SPF) dans son bilan de surveillance de la grippe saisonnière mis en ligne mardi.

Selon les estimations de SPF, 3.680 décès attribuables à la grippe seraient survenus au cours de l'épidémie 2019-2020, dont les trois quarts chez des personnes âgées de 75 ans ou plus.

"Ce chiffre est bien inférieur au nombre moyen de décès liés à la grippe chaque année en France depuis 2011-2012", soit environ 9.000 décès, écrit l'agence sanitaire (cf dépêche du 17/04/2019 à 13:05).

Ce phénomène pourrait en partie être lié au fait que le virus A(H3N2), qui est généralement associé à un impact marqué chez les 65 ans et plus, a peu circulé en 2019-2020, et que l'épidémie a particulièrement touché les enfants et les jeunes adultes. Une "nette prédominance" du sous-type A(H1N1)pdm09 et du lignage B/Victoria a en effet été observée.

L'analyse de la mortalité toutes causes, estimée à partir du modèle EuroMomo, ne fait quant à elle pas apparaître d'excès de mortalité sur la période épidémique (du 13 janvier au 14 mars), sauf au cours de la dernière semaine, celle du 9 au 14 mars, où 6,8% de surmortalité ont été constatés. Cette hausse pourrait d'ailleurs être "davantage liée à l'épidémie croissante de Covid-19 qu'à la grippe", note Santé publique France.

Ces données peuvent sembler en contradiction avec celles de SPF, mais l'agence estime "probable que les décès liés à la grippe soient survenus tout au long de la période épidémique" et que les nombres de décès hebdomadaires aient été trop bas pour causer un excès significatif de mortalité toutes causes.

S'agissant de la surveillance en médecine de ville, le réseau Sentinelles a estimé le nombre de consultations pour syndrome grippal à environ 1,25 million, ce qui correspond à une "épidémie de faible intensité". Il y avait eu 1,8 million de consultations pour ce motif la saison précédente.

Le réseau Oscour fait quant à lui état de 59.476 passages aux urgences pour syndrome grippal sur cette période, dont 10% donnant lieu à une hospitalisation. Sur l'ensemble de ces passages aux urgences, 54% concernaient des enfants de moins de 15 ans, 39% des personnes de 15 à 64 ans et 7% des adultes de 65 ans et plus. Parmi les personnes hospitalisées, la part respective était de 34%, 30% et 36%.

SPF note que la part de passages aux urgences conduisant à une hospitalisation (10%) a baissé par rapport à celles de 2018-2019 (16%) et 2017-2018 (13%). La part des adultes de 65 ans et plus parmi les hospitalisés (36%) a également baissé par rapport à 2018-2019 (62%), 2017-2018 (53%) et 2016-2017 (69%).

Sur l'ensemble des hospitalisations survenues après passage aux urgences, la part de celles pour syndromes grippaux était de 12 pour 1.000, soit moins qu'en 2018-2019 (22 pour 1.000).

Il y a eu 860 cas graves de grippe admis en réanimation sur la période du 4 novembre 2019 au 14 mars 2020, recensés par 148 services participant au réseau de surveillance (sur les 194 services du réseau). Parmi ces cas, 677 l'ont été au cours de la période épidémique, ce qui est "bien inférieur" à ce qui avait été observé en 2018-2019 (1.590 cas) et 2017-2018 (2.770 cas).

Les patients admis en réanimation étaient âgés en moyenne de 51 ans (contre 60 ans en 2018-2019 et 66 ans en 2016-2017) et seuls 37% avaient plus de 65 ans (contre plus de la moitié en 2018-2019). Les mineurs représentaient 16% des cas graves.

Un total de 90 décès ont été rapportés chez ces patients en réanimation, dont 12 concernant des mineurs (7 avaient une ou plusieurs comorbidités), 37 des personnes de 18-44 ans et 41 des personnes de 65 ans et plus.

Parmi les patients éligibles à la vaccination antigrippale pour lesquels le statut vaccinal était connu, 31% étaient vaccinés (152 sur 490).

"Grande incertitude" pour la saison hivernale 2020-2021

SPF note qu'il est "difficile de formellement identifier la date de fin de l’épidémie pour la saison 2019-2020 car le suivi des indicateurs de la surveillance de la grippe saisonnière a été perturbé par l’épidémie de Covid-19" (cf dépêche du 18/03/2020 à 12:58). Néanmoins, l'analyse des données de surveillance disponibles "suggère fortement" que l’épidémie de grippe 2019-2020 s’est terminée la semaine du 16 mars. D'une durée de 9 semaines, elle "fait partie des épidémies les plus courtes depuis 2010".

L'agence sanitaire pointe par ailleurs qu'il existe peu de données sur les potentielles interactions du Sars-CoV-2 avec les autres virus respiratoires, dont les virus de la grippe.

Elle rapporte que des niveaux de circulation des virus grippaux "exceptionnellement bas" ont été relevés dans les pays de la zone tempérée de l’hémisphère Sud et de la zone tropicale en comparaison avec les années précédentes, et qu'aucune épidémie de grippe n’a été détectée au cours de l’hiver austral.

Cela pourrait être lié aux mesures de contrôle déployées dans le contexte de pandémie de Covid-19, mais il n'est pas exclu qu'il puisse y avoir "des phénomènes d’interférence virale qui empêcheraient ou limiteraient fortement une circulation concomitante du Sars-CoV-2 et des virus respiratoires saisonniers".

"Une grande incertitude demeure quant à ce qui pourrait se passer au cours de la saison hivernale 2020-2021, dans un contexte de recrudescence importante de la circulation du Sars-CoV-2 en Europe", écrit SPF. "Si, au vu des données épidémiologiques actuelles, la survenue concomitante de deux vagues épidémiques Sars-CoV-2 et grippe semble peu probable, la possibilité de deux épidémies consécutives et non totalement distinctes est à considérer."

Elle insiste donc sur l'importance de renforcer la couverture vaccinale antigrippale chez les personnes à risque de complications liées à la grippe et les professionnels de santé.

Comme rappelé mardi par les autorités sanitaires à l'occasion du lancement de la campagne 2020-2021 de vaccination contre la grippe saisonnière (cf dépêche du 13/10/2020 à 12:46), la couverture vaccinale antigrippale des personnes pour qui la vaccination est recommandée a été estimée à 47,8% pour la France entière, en "légère progression" par rapport à la couverture vaccinale de la saison 2018-2019 (46,8%). Le bilan de SPF ne comporte pas de données d'efficacité vaccinale, note-t-on.

Dans les collectivités de personnes âgées

734 épisodes d'infections respiratoires aiguës ont été recensés entre le 30 septembre 2019 et mi-mars 2020, contre 1.537 en 2018-2019 et 1.903 en 2016-2017.

Une recherche étiologique menée sur 363 épisodes a révélé que 17% étaient en lien avec la grippe.

La couverture vaccinale antigrippale médiane était de 90% parmi les résidents et de 32% parmi les personnels.

sb/nc/APMnews

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