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16/02 2023
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L'EXPOSITION À L'ALCOOL, MÊME AVANT LA GROSSESSE ET LÉGÈRE, EST ASSOCIÉE À DES CARACTÉRISTIQUES FACIALES CHEZ L'ENFANT

LONDRES, 16 février 2023 (APMnews) - Consommer de l'alcool même seulement avant la grossesse, et même en petite quantité, est associé à des caractéristiques morphologiques faciales significatives chez l'enfant, qui peuvent être un biomarqueur de problèmes de santé et de développement, ont mis en évidence des chercheurs néerlandais, grâce à l'intelligence artificielle couplée à l'imagerie.

Les troubles causés par l'alcoolisation foetale, dans leur forme la plus sévère, le syndrome de l'alcoolisation foetale (SAF), sont notamment caractérisés par une dysmorphie faciale. Certaines caractéristiques faciales des troubles du spectre de l'alcoolisation foetale ont été associées à des anomalies cérébrales et des déficits cognitifs observés chez ces enfants, et sont utilisées pour diagnostiquer les enfants à risque de développer des déficits neurodéveloppementaux, rappellent les auteurs.

Cette étude est la première à mettre en évidence une association entre consommation d'alcool maternelle et morphologie faciale, lorsque la consommation d'alcool n'a eu lieu qu'avant même la conception de l'enfant. L'association entre exposition prénatale à l'alcool et morphologie faciale était présente même pour une consommation d'alcool inférieure à 12 g par semaine, soit l'équivalent de 17,5 cL de vin (un peu plus d'un verre de vin standard) ou de 33 cL de bière.

Xianjing Liu de l'Erasmus MC University Medical Center à Rotterdam et ses collègues ont utilisé l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage profond (deep learning) afin d'analyser les images 3D des visages d'enfants âgés de 9 ans et 13 ans, d'une cohorte néerlandaise de suivi des femmes enceintes et de leurs enfants.

L'imagerie 3D nécessite des algorithmes plus poussés pour l'analyse de la morphologie du visage. "Nous avons développé un algorithme basé sur l'IA, qui prend les images du visage en 3D haute résolution et produit 200 mesures ou caractéristiques uniques. Nous les avons analysées pour rechercher des associations entre l'exposition prénatale à l'alcool et nous avons développé des cartes thermiques afin de visualiser les caractéristiques faciales particulières associées à la consommation d'alcool maternelle", explique Gennady Roshchupkin de l'Erasmus Medical Center, principal auteur, dans un communiqué de Human Reproduction où est publiée l'étude.

L'étude a porté sur 3.149 enfants âgés de 9 ans et 2.477 enfants âgés de 13 ans, et leur mère.

Par rapport à l'absence de consommation d'alcool en préconceptionnel ou pendant la grossesse, l'étude a permis de mettre en évidence, chez les enfants de 9 ans, trois caractéristiques faciales significatives associées à la consommation d'alcool dans les trois mois précédant la grossesse mais pas au cours de la grossesse, huit caractéristiques faciales associées à la consommation d'alcool au cours du premier trimestre de la grossesse avec arrêt de la consommation pour le reste de la grossesse, et huit caractéristiques faciales associées à la consommation d'alcool pendant le premier trimestre ou tout au long de la grossesse.

En outre, plus le niveau d'exposition à l'alcool était élevé, plus le nombre de caractéristiques faciales significatives était augmenté.

Parmi les mères qui avaient consommé de l'alcool pendant la grossesse, même une consommation de 12 g d'alcool (environ un verre) par semaine était associée à la morphologie faciale de l'enfant.

Les phénotypes faciaux les plus fréquents auxquels contribuaient les caractéristiques faciales mises en évidence étaient le nez retroussé, le nez court, le menton en retrait et l'enroulement vers l'intérieur de la paupière inférieure.

Chez les enfants de 13 ans, aucune caractéristique faciale significative n'a été mise en évidence. "Il est possible que quand l'enfant grandit et expérimente d'autres facteurs environnementaux, ces modifications diminuent ou soient atténuées par les processus de croissance normaux. Mais cela ne signifie pas que l'effet de l'alcool sur la santé disparaît aussi", commente le Pr Roshchupkin dans le communiqué.

"Nos résultats impliquent que la morphologie faciale, telle que quantifiée par l'approche que nous proposons ici, peut être utilisée comme un biomarqueur dans de futures recherches", concluent les auteurs.

Ils suggèrent également, à partir de leur étude, que "les femmes enceintes ou qui désirent une grossesse prochaine devraient arrêter l'alcool plusieurs mois avant la conception et totalement pendant la grossesse, afin d'éviter des conséquences négatives pour la santé de leur enfant". Cette étude reste toutefois observationnelle et ne démontre pas une relation causale entre la consommation d'alcool et les modifications morphologiques du visage, mais une simple association, est-il rappelé dans le communiqué.

(Human Reproduction, publication en ligne du 16 février)

cd/nc/APMnews

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LONDRES, 16 février 2023 (APMnews) - Consommer de l'alcool même seulement avant la grossesse, et même en petite quantité, est associé à des caractéristiques morphologiques faciales significatives chez l'enfant, qui peuvent être un biomarqueur de problèmes de santé et de développement, ont mis en évidence des chercheurs néerlandais, grâce à l'intelligence artificielle couplée à l'imagerie.

Les troubles causés par l'alcoolisation foetale, dans leur forme la plus sévère, le syndrome de l'alcoolisation foetale (SAF), sont notamment caractérisés par une dysmorphie faciale. Certaines caractéristiques faciales des troubles du spectre de l'alcoolisation foetale ont été associées à des anomalies cérébrales et des déficits cognitifs observés chez ces enfants, et sont utilisées pour diagnostiquer les enfants à risque de développer des déficits neurodéveloppementaux, rappellent les auteurs.

Cette étude est la première à mettre en évidence une association entre consommation d'alcool maternelle et morphologie faciale, lorsque la consommation d'alcool n'a eu lieu qu'avant même la conception de l'enfant. L'association entre exposition prénatale à l'alcool et morphologie faciale était présente même pour une consommation d'alcool inférieure à 12 g par semaine, soit l'équivalent de 17,5 cL de vin (un peu plus d'un verre de vin standard) ou de 33 cL de bière.

Xianjing Liu de l'Erasmus MC University Medical Center à Rotterdam et ses collègues ont utilisé l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage profond (deep learning) afin d'analyser les images 3D des visages d'enfants âgés de 9 ans et 13 ans, d'une cohorte néerlandaise de suivi des femmes enceintes et de leurs enfants.

L'imagerie 3D nécessite des algorithmes plus poussés pour l'analyse de la morphologie du visage. "Nous avons développé un algorithme basé sur l'IA, qui prend les images du visage en 3D haute résolution et produit 200 mesures ou caractéristiques uniques. Nous les avons analysées pour rechercher des associations entre l'exposition prénatale à l'alcool et nous avons développé des cartes thermiques afin de visualiser les caractéristiques faciales particulières associées à la consommation d'alcool maternelle", explique Gennady Roshchupkin de l'Erasmus Medical Center, principal auteur, dans un communiqué de Human Reproduction où est publiée l'étude.

L'étude a porté sur 3.149 enfants âgés de 9 ans et 2.477 enfants âgés de 13 ans, et leur mère.

Par rapport à l'absence de consommation d'alcool en préconceptionnel ou pendant la grossesse, l'étude a permis de mettre en évidence, chez les enfants de 9 ans, trois caractéristiques faciales significatives associées à la consommation d'alcool dans les trois mois précédant la grossesse mais pas au cours de la grossesse, huit caractéristiques faciales associées à la consommation d'alcool au cours du premier trimestre de la grossesse avec arrêt de la consommation pour le reste de la grossesse, et huit caractéristiques faciales associées à la consommation d'alcool pendant le premier trimestre ou tout au long de la grossesse.

En outre, plus le niveau d'exposition à l'alcool était élevé, plus le nombre de caractéristiques faciales significatives était augmenté.

Parmi les mères qui avaient consommé de l'alcool pendant la grossesse, même une consommation de 12 g d'alcool (environ un verre) par semaine était associée à la morphologie faciale de l'enfant.

Les phénotypes faciaux les plus fréquents auxquels contribuaient les caractéristiques faciales mises en évidence étaient le nez retroussé, le nez court, le menton en retrait et l'enroulement vers l'intérieur de la paupière inférieure.

Chez les enfants de 13 ans, aucune caractéristique faciale significative n'a été mise en évidence. "Il est possible que quand l'enfant grandit et expérimente d'autres facteurs environnementaux, ces modifications diminuent ou soient atténuées par les processus de croissance normaux. Mais cela ne signifie pas que l'effet de l'alcool sur la santé disparaît aussi", commente le Pr Roshchupkin dans le communiqué.

"Nos résultats impliquent que la morphologie faciale, telle que quantifiée par l'approche que nous proposons ici, peut être utilisée comme un biomarqueur dans de futures recherches", concluent les auteurs.

Ils suggèrent également, à partir de leur étude, que "les femmes enceintes ou qui désirent une grossesse prochaine devraient arrêter l'alcool plusieurs mois avant la conception et totalement pendant la grossesse, afin d'éviter des conséquences négatives pour la santé de leur enfant". Cette étude reste toutefois observationnelle et ne démontre pas une relation causale entre la consommation d'alcool et les modifications morphologiques du visage, mais une simple association, est-il rappelé dans le communiqué.

(Human Reproduction, publication en ligne du 16 février)

cd/nc/APMnews

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