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L'HÔPITAL DE JOUR GÉRIATRIQUE D'URGENCE DU CH DE DOUAI, UN SUCCÈS À "PÉRENNISER"
PARIS, 3 décembre 2025 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Douai (Nord) s'est appuyé sur son importante filière gériatrique pour créer un hôpital de jour permettant d'éviter les recours aux urgences classiques et les hospitalisations inutiles de personnes âgées, ont relaté des professionnels de l'établissement lors du congrès de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG).
Pour éviter les passages délétères des personnes âgées aux urgences (cf dépêche du 19/11/2024 à 18:41 et dépêche du 24/06/2025 à 19:51), des établissements innovent dans leurs organisations, en imaginant de nouveaux parcours, comme en Vendée (cf dépêche du 14/03/2024 à 12:22) ou en installant un gériatre aux urgences, comme dans les Bouches-du-Rhône (cf dépêche du 26/11/2024 à 16:26) ou dans les Hauts-de-Seine (cf dépêche du 26/06/2023 à 19:04).
Dans le Nord, le CH de Douai s'est doté d'un hôpital de jour gériatrique d'urgence, ont relaté Karine Guerlain, coordinatrice de la filière gériatrique, Delphine Dervaux, gériatre, et Manon Carpentier, infirmière, au congrès de la SFGG, le 25 novembre à La Défense (Hauts-de-Seine).
En 2021, le CH a répondu à des appels à projets de l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France sur la mise en place de filières gériatriques et sur les admissions directes non programmées.
Le territoire où rayonne le CH compte 64 communes, avec environ "20.000" personnes de 75 ans et plus, sept structures sanitaires, 23 Ehpad et six résidences autonomie.
Au sein de sa filière gériatrique, l'hôpital de Douai dispose de 35 lits de court séjour et 8 lits de post-urgences, 30 lits de soins médicaux et de réadaptation (SMR), 174 lits d'Ehpad, 60 d'unité de soins de longue durée (USLD) et d'unité d'hébergement renforcé (UHR), 6 lits d'hébergement temporaire et 12 places d'accueil de jour. S'y ajoutent 24 lits d'orthogériatrie et de cardiogériatrie, des consultations en oncogériatrie, des équipes mobiles, une filière "mémoire" et enfin des consultations en hôpital de jour (chutes, fragilité et "transversal").
Pour ajouter à cette palette un service d'hôpital de jour d'urgence, à l'été 2022, le CH "a travaillé un parcours en interne" en permettant un recours aux plateaux techniques "similaire aux urgences", en localisant des lits "au niveau des hôpitaux de jour" existants et en faisant le lien avec différentes spécialités pour "obtenir ces recours" en cas de besoin.
Il a constitué une équipe composée de tous les gériatres du pôle et d'une infirmière (IDE) expérimentée dans cette spécialité et a recueilli les besoins auprès de ses partenaires, tout en organisant l'aval avec eux dans le cadre de "parcours".
Le projet a d'abord ciblé les résidents en Ehpad, puis toutes les personnes âgées du territoire.
L'IDE comme premier contact, en lien avec le gériatre
En matière d'organisation, c'est l'IDE qui est directement sollicitée (par des professionnels de ville, d'établissements, les familles) via une ligne téléphonique directe. Elle recueille les informations puis échange avec un gériatre, avant de proposer un parcours de soins.
Lorsque l'hospitalisation de jour en urgence est indiquée, l'IDE la planifie "dans les 24 à 48 heures", ainsi que les examens et la venue de spécialistes au besoin. Enfin, elle organise la venue du patient.
L'hospitalisation comporte l'accueil et diverses étapes: un bilan sanguin, la prise des constantes et un électrocardiogramme, puis une anamnèse, une évaluation gériatrique standardisée, des soins, la possibilité d'un avis spécialisé, un temps de synthèse avec le gériatre, une évaluation par ce dernier, puis la rédaction d'un courrier (recommandations et relais) en direction d'éventuels partenaires.
En moyenne 1,4 jour de délai entre l'appel et l'hospitalisation de jour
Entre début juillet 2024 et fin juin 2025, le CH a réalisé 139 hospitalisations de jour gériatriques en urgence, soit "une place par jour", qui peut monter à deux au besoin.
"Nous accueillons les patients dans le délai imparti" visant à éviter le recours aux urgences, soit un "délai moyen de 1,4 jour" après la sollicitation, grâce à "une durée moyenne de séjour très courte" au sein de la filière, qui permet de libérer un lit assez facilement, s'est félicitée Delphine Dervaux.
Les patients pris en charge étaient âgés en moyenne de 86 ans, avec 64% de femmes. "Etonnamment, alors qu'on ciblait initialement les Ehpad", ces deniers représentent 38,8% des adressages, après le domicile (60,5%) et bien avant les résidences autonomie (0,7%).
"Cela nous faisait un peu peur au début" concernant la gestion de l'aval, s'est remémoré la gériatre, "mais finalement, cela se passe bien" grâce "aux partenariats" développés avec l'hospitalisation à domicile (HAD) et "la filière interne de gériatrie".
L'adressage se fait à 39% par des médecins et autant par des paramédicaux, puis par les familles directement (9%), les médecins hospitaliers (8%) ou les médecins coordonnateurs (5%).
Les patients viennent en premier lieu pour des altérations de l'état général (32%), des chutes à répétition (22%), de l'anémie (22%), des syndromes confusionnels (15%) ou encore des décompensations cardiaques (15%).
Outre les bilans de base, qui concernent tous les patients, les 139 hospitalisations ont entraîné, comme examens complémentaires, 99 radios et 89 scanners notamment. Toujours sur 139 patients, 81 avaient des troubles cognitifs, 63 souffraient de dénutrition et 59 avaient chuté.
La majorité des patients "repartent chez eux"
S'agissant des préconisations, 125 ont fait l'objet de recommandations médicamenteuses et 70 de conseils non médicamenteux, 44 d'instauration ou de majorations d'aides et 23 d'explorations complémentaires.
"Ils repartent [ensuite] majoritairement chez eux", a fait savoir la Dr Dervaux, soit à 76%. Pour les autres, 22% ont ensuite été hospitalisés et 2% ont bénéficié d'une HAD.
"La plupart du temps, nous ciblons plutôt bien, et les patients ne relèvent vraiment pas d'un passage aux urgences" (cf dépêche du 12/03/2025 à 19:52), a résumé la Dr Dervaux.
En comparant avec les patients âgés passant par les urgences, ceux de l'hôpital de jour "sont un peu plus âgés", "proviennent davantage des Ehpad" que du domicile et "repartent plus chez eux" après le passage dans le service (76% contre 47,4% aux urgences).
S'agissant des réhospitalisations, que ce soit à 48 heures, 7 ou 30 jours, "on a moins de 'repassages' aux urgences après passage à l'hôpital de jour en urgence". Notamment, à 30 jours, seuls 9,3% des patients ayant fréquenté le nouveau service vont aux urgences, contre 17,6% de ceux étant déjà passés par ces mêmes urgences.
Cet hôpital de jour constitue "une réelle alternative au passage aux urgences, avec un accueil qualitatif du patient, et qui répond à un vrai besoin", se sont réjouies les professionnelles du CH.
Parmi les limites, elles ont cité "le capacitaire" (nombre de lits et dimensionnement de l'équipe). Le CH de Douai souhaiterait "pérenniser le projet" et lui permettre de "monter en puissance".
"La force de ce projet, c'est qu'en interne, [nous bénéficions] d'une filière complète", a souligné la gériatre.
cbe/mlb/lb/nc
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L'HÔPITAL DE JOUR GÉRIATRIQUE D'URGENCE DU CH DE DOUAI, UN SUCCÈS À "PÉRENNISER"
PARIS, 3 décembre 2025 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) de Douai (Nord) s'est appuyé sur son importante filière gériatrique pour créer un hôpital de jour permettant d'éviter les recours aux urgences classiques et les hospitalisations inutiles de personnes âgées, ont relaté des professionnels de l'établissement lors du congrès de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG).
Pour éviter les passages délétères des personnes âgées aux urgences (cf dépêche du 19/11/2024 à 18:41 et dépêche du 24/06/2025 à 19:51), des établissements innovent dans leurs organisations, en imaginant de nouveaux parcours, comme en Vendée (cf dépêche du 14/03/2024 à 12:22) ou en installant un gériatre aux urgences, comme dans les Bouches-du-Rhône (cf dépêche du 26/11/2024 à 16:26) ou dans les Hauts-de-Seine (cf dépêche du 26/06/2023 à 19:04).
Dans le Nord, le CH de Douai s'est doté d'un hôpital de jour gériatrique d'urgence, ont relaté Karine Guerlain, coordinatrice de la filière gériatrique, Delphine Dervaux, gériatre, et Manon Carpentier, infirmière, au congrès de la SFGG, le 25 novembre à La Défense (Hauts-de-Seine).
En 2021, le CH a répondu à des appels à projets de l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France sur la mise en place de filières gériatriques et sur les admissions directes non programmées.
Le territoire où rayonne le CH compte 64 communes, avec environ "20.000" personnes de 75 ans et plus, sept structures sanitaires, 23 Ehpad et six résidences autonomie.
Au sein de sa filière gériatrique, l'hôpital de Douai dispose de 35 lits de court séjour et 8 lits de post-urgences, 30 lits de soins médicaux et de réadaptation (SMR), 174 lits d'Ehpad, 60 d'unité de soins de longue durée (USLD) et d'unité d'hébergement renforcé (UHR), 6 lits d'hébergement temporaire et 12 places d'accueil de jour. S'y ajoutent 24 lits d'orthogériatrie et de cardiogériatrie, des consultations en oncogériatrie, des équipes mobiles, une filière "mémoire" et enfin des consultations en hôpital de jour (chutes, fragilité et "transversal").
Pour ajouter à cette palette un service d'hôpital de jour d'urgence, à l'été 2022, le CH "a travaillé un parcours en interne" en permettant un recours aux plateaux techniques "similaire aux urgences", en localisant des lits "au niveau des hôpitaux de jour" existants et en faisant le lien avec différentes spécialités pour "obtenir ces recours" en cas de besoin.
Il a constitué une équipe composée de tous les gériatres du pôle et d'une infirmière (IDE) expérimentée dans cette spécialité et a recueilli les besoins auprès de ses partenaires, tout en organisant l'aval avec eux dans le cadre de "parcours".
Le projet a d'abord ciblé les résidents en Ehpad, puis toutes les personnes âgées du territoire.
L'IDE comme premier contact, en lien avec le gériatre
En matière d'organisation, c'est l'IDE qui est directement sollicitée (par des professionnels de ville, d'établissements, les familles) via une ligne téléphonique directe. Elle recueille les informations puis échange avec un gériatre, avant de proposer un parcours de soins.
Lorsque l'hospitalisation de jour en urgence est indiquée, l'IDE la planifie "dans les 24 à 48 heures", ainsi que les examens et la venue de spécialistes au besoin. Enfin, elle organise la venue du patient.
L'hospitalisation comporte l'accueil et diverses étapes: un bilan sanguin, la prise des constantes et un électrocardiogramme, puis une anamnèse, une évaluation gériatrique standardisée, des soins, la possibilité d'un avis spécialisé, un temps de synthèse avec le gériatre, une évaluation par ce dernier, puis la rédaction d'un courrier (recommandations et relais) en direction d'éventuels partenaires.
En moyenne 1,4 jour de délai entre l'appel et l'hospitalisation de jour
Entre début juillet 2024 et fin juin 2025, le CH a réalisé 139 hospitalisations de jour gériatriques en urgence, soit "une place par jour", qui peut monter à deux au besoin.
"Nous accueillons les patients dans le délai imparti" visant à éviter le recours aux urgences, soit un "délai moyen de 1,4 jour" après la sollicitation, grâce à "une durée moyenne de séjour très courte" au sein de la filière, qui permet de libérer un lit assez facilement, s'est félicitée Delphine Dervaux.
Les patients pris en charge étaient âgés en moyenne de 86 ans, avec 64% de femmes. "Etonnamment, alors qu'on ciblait initialement les Ehpad", ces deniers représentent 38,8% des adressages, après le domicile (60,5%) et bien avant les résidences autonomie (0,7%).
"Cela nous faisait un peu peur au début" concernant la gestion de l'aval, s'est remémoré la gériatre, "mais finalement, cela se passe bien" grâce "aux partenariats" développés avec l'hospitalisation à domicile (HAD) et "la filière interne de gériatrie".
L'adressage se fait à 39% par des médecins et autant par des paramédicaux, puis par les familles directement (9%), les médecins hospitaliers (8%) ou les médecins coordonnateurs (5%).
Les patients viennent en premier lieu pour des altérations de l'état général (32%), des chutes à répétition (22%), de l'anémie (22%), des syndromes confusionnels (15%) ou encore des décompensations cardiaques (15%).
Outre les bilans de base, qui concernent tous les patients, les 139 hospitalisations ont entraîné, comme examens complémentaires, 99 radios et 89 scanners notamment. Toujours sur 139 patients, 81 avaient des troubles cognitifs, 63 souffraient de dénutrition et 59 avaient chuté.
La majorité des patients "repartent chez eux"
S'agissant des préconisations, 125 ont fait l'objet de recommandations médicamenteuses et 70 de conseils non médicamenteux, 44 d'instauration ou de majorations d'aides et 23 d'explorations complémentaires.
"Ils repartent [ensuite] majoritairement chez eux", a fait savoir la Dr Dervaux, soit à 76%. Pour les autres, 22% ont ensuite été hospitalisés et 2% ont bénéficié d'une HAD.
"La plupart du temps, nous ciblons plutôt bien, et les patients ne relèvent vraiment pas d'un passage aux urgences" (cf dépêche du 12/03/2025 à 19:52), a résumé la Dr Dervaux.
En comparant avec les patients âgés passant par les urgences, ceux de l'hôpital de jour "sont un peu plus âgés", "proviennent davantage des Ehpad" que du domicile et "repartent plus chez eux" après le passage dans le service (76% contre 47,4% aux urgences).
S'agissant des réhospitalisations, que ce soit à 48 heures, 7 ou 30 jours, "on a moins de 'repassages' aux urgences après passage à l'hôpital de jour en urgence". Notamment, à 30 jours, seuls 9,3% des patients ayant fréquenté le nouveau service vont aux urgences, contre 17,6% de ceux étant déjà passés par ces mêmes urgences.
Cet hôpital de jour constitue "une réelle alternative au passage aux urgences, avec un accueil qualitatif du patient, et qui répond à un vrai besoin", se sont réjouies les professionnelles du CH.
Parmi les limites, elles ont cité "le capacitaire" (nombre de lits et dimensionnement de l'équipe). Le CH de Douai souhaiterait "pérenniser le projet" et lui permettre de "monter en puissance".
"La force de ce projet, c'est qu'en interne, [nous bénéficions] d'une filière complète", a souligné la gériatre.
cbe/mlb/lb/nc
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