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18/03 2019
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L'INTÉRÊT D'UNE APPLI POUR RÉDUIRE LES ALCOOLISATIONS MASSIVES CHEZ LES JEUNES RESTE À DÉMONTRER

AMIENS, 18 mars 2019 (APMnews) - L'effet sur l'alcoolisation des jeunes d'une intervention brève associée à un feedback normatif par application smartphone reste à démontrer après l'interruption d'un essai clinique randomisé contrôlé multicentrique en raison de difficultés d'inclusions notamment, selon une communication faite au congrès de la Société française d'alcoologie (SFA), en fin de semaine dernière à Amiens.

Les journées de la SFA avaient pour thématique cette année l'e-santé et les innovations technologiques, comme les semaines d'information sur la santé mentale qui débutent lundi, note-t-on.

Lors de la session sur les appli en alcoologie, Aymery Constant de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes a fait un point sur le projet IFACAP, une étude randomisée multicentrique visant à évaluer l'association d'une intervention brève et d'un feedback normatif personnalisé par appli mobile auprès de jeunes adultes arrivant aux urgences alcoolisés.

L'objectif général est de tirer profit des outils numériques pour mettre en place une stratégie de réduction des risques auprès de jeunes adultes qui boivent de l'alcool de manière occasionnelle mais massive. Ces "alcoolisations ponctuelles importantes" ou binge drinking (au moins cinq verres en une seule occasion) sont dites "sociales", liées à "une certaine culture de la fête", notamment dans le milieu étudiant, et sont responsables d'un grand nombre de passages aux urgences lors des nuits de jeudi à samedi, rappelle le chercheur dans son diaporama.

L'intervention brève et le feedback normatif personnalisé ont globalement démontré leur intérêt pour la consommation problématique d'alcool en face à face et/ou sur internet mais aucune intervention ne cible spécifiquement les alcoolisations sociales. L'intervention brève consiste en un entretien court personnalisé autour de la consommation d'alcool dans un objectif de réduction des risques. Le feedback normatif situe la consommation d'une personne par rapport à celle de ses pairs.

Les technologies mobiles constituent une opportunité particulièrement adaptée aux jeunes adultes pour délivrer des actions de prévention "hors les murs", comme des SMS de rappel, et pour collecter des données de suivi chez des patients, souligne Aymery Constant. Il fait observer qu'une composante humaine doit toutefois être intégrée pour motiver l'usage des outils connectés.

Dans le cadre d'IFACAP, une intervention brève était délivrée aux urgences par un psychologue le lendemain matin de l'admission et afin d'en renforcer l'effet, un feedback normatif personnalisé était administré par l'intermédiaire de l'appli sur smartphone pendant un an. Dans le groupe contrôle, seule l'intervention brève était proposée.

Lancée en septembre 2017 dans cinq centres, l'étude a dû être interrompue en avril 2018 en raison de difficultés d'inclusion. Sur un nombre minimal de 580 jeunes entre 18 et 26 ans à inclure et 533 dossiers d'admission examinés à avril 2018, seulement 221 sont entrés dans l'essai. Parmi les 312 personnes non inclues, figuraient notamment 103 personnes avec des problèmes psychologiques empêchant l'inclusion (comportement agressif, psychopathologie, addictions), 61 refus, 40 sorties ou fugues...

Moins de la moitié des participants ont activé l'appli

Moins de la moitié (46,1%) des personnes incluses ont finalement activé l'appli munie de la version numérique française de l'échelle Alcohol Timeline Followback (TFLB) utilisée par les psychologues pour mesurer les alcoolisations ponctuelles importantes à J0 puis en auto-évaluation à six mois et à un an par les patients eux-mêmes directement sur leur mobile. Moins de la moitié des personnes qui ont téléchargé l'appli ont fait l'évaluation à 6 mois malgré la distribution de bons d'achat.

Globalement, lors de ce projet ont émergé des difficultés liées au recrutement et à la mise en place de l'intervention aux urgences: les jeunes alcoolisés sont nombreux aux urgences mais ils présentent des profils plus compliqués que prévus et les conditions de travail se sont avérées difficiles pour les psychologues en charge du recrutement, en dehors de l'intervention elle-même (examen des dossier, visite de tous les candidats potentiels, signature du médecin...).

Par ailleurs, les données de téléchargement témoignent des difficultés de suivre uniquement les patients à distance et de maintenir la motivation d'usage de l'appli dans le temps, a ajouté le chercheur. Les modalités d'évaluation en ligne étaient aussi probablement trop difficiles.

Avec ses collègues, il compte tester la procédure dans un contexte plus favorable et doit pour cela trouver de nouveaux financements, a indiqué Aymery Constant à APMnews.

Il s'agirait d'évaluer la combinaison intervention brève et feedback normatif personnalisé en médecine préventive universitaire, plutôt après un dépistage des habitudes à risque (plus de deux alcoolisations ponctuelles importantes par mois) qu'après un passage aux urgences, et avec une évaluation numérique plus simple que le TFLB.

De manière plus globale, le chercheur a souligné que les outils mobiles visent à compléter et renforcer un suivi clinique plutôt que le remplacer dans la perspective d'une stratégie de réduction des risques adaptés aux profils des adultes jeunes.

ld/ab/APMnews

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AMIENS, 18 mars 2019 (APMnews) - L'effet sur l'alcoolisation des jeunes d'une intervention brève associée à un feedback normatif par application smartphone reste à démontrer après l'interruption d'un essai clinique randomisé contrôlé multicentrique en raison de difficultés d'inclusions notamment, selon une communication faite au congrès de la Société française d'alcoologie (SFA), en fin de semaine dernière à Amiens.

Les journées de la SFA avaient pour thématique cette année l'e-santé et les innovations technologiques, comme les semaines d'information sur la santé mentale qui débutent lundi, note-t-on.

Lors de la session sur les appli en alcoologie, Aymery Constant de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes a fait un point sur le projet IFACAP, une étude randomisée multicentrique visant à évaluer l'association d'une intervention brève et d'un feedback normatif personnalisé par appli mobile auprès de jeunes adultes arrivant aux urgences alcoolisés.

L'objectif général est de tirer profit des outils numériques pour mettre en place une stratégie de réduction des risques auprès de jeunes adultes qui boivent de l'alcool de manière occasionnelle mais massive. Ces "alcoolisations ponctuelles importantes" ou binge drinking (au moins cinq verres en une seule occasion) sont dites "sociales", liées à "une certaine culture de la fête", notamment dans le milieu étudiant, et sont responsables d'un grand nombre de passages aux urgences lors des nuits de jeudi à samedi, rappelle le chercheur dans son diaporama.

L'intervention brève et le feedback normatif personnalisé ont globalement démontré leur intérêt pour la consommation problématique d'alcool en face à face et/ou sur internet mais aucune intervention ne cible spécifiquement les alcoolisations sociales. L'intervention brève consiste en un entretien court personnalisé autour de la consommation d'alcool dans un objectif de réduction des risques. Le feedback normatif situe la consommation d'une personne par rapport à celle de ses pairs.

Les technologies mobiles constituent une opportunité particulièrement adaptée aux jeunes adultes pour délivrer des actions de prévention "hors les murs", comme des SMS de rappel, et pour collecter des données de suivi chez des patients, souligne Aymery Constant. Il fait observer qu'une composante humaine doit toutefois être intégrée pour motiver l'usage des outils connectés.

Dans le cadre d'IFACAP, une intervention brève était délivrée aux urgences par un psychologue le lendemain matin de l'admission et afin d'en renforcer l'effet, un feedback normatif personnalisé était administré par l'intermédiaire de l'appli sur smartphone pendant un an. Dans le groupe contrôle, seule l'intervention brève était proposée.

Lancée en septembre 2017 dans cinq centres, l'étude a dû être interrompue en avril 2018 en raison de difficultés d'inclusion. Sur un nombre minimal de 580 jeunes entre 18 et 26 ans à inclure et 533 dossiers d'admission examinés à avril 2018, seulement 221 sont entrés dans l'essai. Parmi les 312 personnes non inclues, figuraient notamment 103 personnes avec des problèmes psychologiques empêchant l'inclusion (comportement agressif, psychopathologie, addictions), 61 refus, 40 sorties ou fugues...

Moins de la moitié des participants ont activé l'appli

Moins de la moitié (46,1%) des personnes incluses ont finalement activé l'appli munie de la version numérique française de l'échelle Alcohol Timeline Followback (TFLB) utilisée par les psychologues pour mesurer les alcoolisations ponctuelles importantes à J0 puis en auto-évaluation à six mois et à un an par les patients eux-mêmes directement sur leur mobile. Moins de la moitié des personnes qui ont téléchargé l'appli ont fait l'évaluation à 6 mois malgré la distribution de bons d'achat.

Globalement, lors de ce projet ont émergé des difficultés liées au recrutement et à la mise en place de l'intervention aux urgences: les jeunes alcoolisés sont nombreux aux urgences mais ils présentent des profils plus compliqués que prévus et les conditions de travail se sont avérées difficiles pour les psychologues en charge du recrutement, en dehors de l'intervention elle-même (examen des dossier, visite de tous les candidats potentiels, signature du médecin...).

Par ailleurs, les données de téléchargement témoignent des difficultés de suivre uniquement les patients à distance et de maintenir la motivation d'usage de l'appli dans le temps, a ajouté le chercheur. Les modalités d'évaluation en ligne étaient aussi probablement trop difficiles.

Avec ses collègues, il compte tester la procédure dans un contexte plus favorable et doit pour cela trouver de nouveaux financements, a indiqué Aymery Constant à APMnews.

Il s'agirait d'évaluer la combinaison intervention brève et feedback normatif personnalisé en médecine préventive universitaire, plutôt après un dépistage des habitudes à risque (plus de deux alcoolisations ponctuelles importantes par mois) qu'après un passage aux urgences, et avec une évaluation numérique plus simple que le TFLB.

De manière plus globale, le chercheur a souligné que les outils mobiles visent à compléter et renforcer un suivi clinique plutôt que le remplacer dans la perspective d'une stratégie de réduction des risques adaptés aux profils des adultes jeunes.

ld/ab/APMnews

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