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25/06 2020
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L'OMS A FAIT PREUVE DE CÉLÉRITÉ POUR DÉCLARER LA PANDÉMIE DE COVID-19, ESTIME DIDIER HOUSSIN

PARIS, 25 juin 2020 (APMnews) - Les décisions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la gestion de la pandémie de Covid-19 ont été rapides, a estimé mercredi Didier Houssin, président du comité d'urgence de l'OMS sur le Covid-19, lors de son audition par la mission d'information sur l'épidémie de Covid-19 à l'Assemblée nationale.

L'ancien directeur général de la santé (DGS) de 2005 à 2011, également membre de la mission présidée par Jean Castex chargée de préparer le plan de sortie du confinement, est président du comité d'urgence Covid-19 de l'OMS mis en place depuis le 22 janvier. Il conseille aussi l'OMS en matière de risque sanitaire depuis 2011.

Interrogé sur le délai de réaction de l'OMS d'une part, et des autorités française d'autre part, pour faire face à la pandémie, il a considéré que "le directeur général de l'OMS [Tedros Adhanom Ghebreyesus] n'a pas été lent, il a été rapide dans ses décisions".

"La convocation [du comité d'urgence] faite par le directeur général -j'ai reçu l'appel le dimanche 19 janvier-, on peut dire que c'est une convocation précoce, si l'on compare à ce qui s'était passé pour Ebola, H1N1, ou encore Zika etc." "Je pense que l'OMS a fait preuve de célérité", en réunissant le comité les 22 et 23 janvier.

Il y avait alors plusieurs centaines de cas en Chine, mais seulement 4 cas à l'étranger. Le comité était très partagé sur l'avis à rendre, or l'avis rendu doit être unanime. La recommandation a alors été qu'il était un peu trop tôt pour déclarer qu'il s'agissait d'une urgence sanitaire de portée internationale.

La 1ère réunion du comité d'urgence, le 22 janvier, s'est tenue à Genève avec, au téléphone, les autorités sanitaires des pays invités (la Chine, le Japon, la Thaïlande et la Corée) à présenter leur situation épidémiologique, et des experts, a-t-il expliqué.

"Il n'y avait alors pas de raisons de douter de la véracité des informations transmises par les autorités chinoises, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu de transparence et de volonté d'informer de la part des Chinois."

Un évènement "bizarre"

Il y a ensuite eu un évènement "bizarre": "le 22 au soir, une dépêche média nous apprend le confinement de la ville de Wuhan". Le directeur général de l'OMS a alors demandé une nouvelle journée de réunion, le lendemain, sur le pourquoi de cette décision soudaine. Une réunion identique s'est donc tenue le 23.

"Le Chinese CDC [Center for Disease Control and Prevention] nous a dit alors qu'il avait lui-même appris l'auto-confinement de la ville de Wuhan la veille au soir, décidé soi-disant par la ville pour protéger la population chinoise du Hubei, la Chine et le monde entier."

"Les informations sur la situation épidémiologique n'étaient pas vraiment différentes. Le comité d'urgence a été strictement dans la même attitude, c'est-à-dire très partagé. Le seul consensus que j'ai pu trouver, c'est qu'il était un tout petit peu trop tôt pour déclarer une urgence de santé publique de portée internationale."

Evoquant à ce propos les rumeurs dans la presse selon lesquelles le directeur général de l'OMS aurait été sous l'influence du président chinois, Didier Houssin a affirmé que ce dernier "ne [l]'a pas appelé".

Puis "nous avons été reconvoqués le 30 janvier, la situation avait évolué, on était passé de 400 cas en Chine à 1.700 ou même quelques milliers, et 80 cas, sans décès, dans 18 pays étrangers".

"Là le comité a été quasi unanime pour dire qu'il fallait déclarer l'urgence sanitaire de portée internationale. Le 30 janvier, la déclaration par l'OMS qu'un évènement est une urgence de santé publique de portée internationale, cela veut dire que dans un pays, on pose tout et on s'occupe essentiellement de ça", a-t-il rappelé.

Sur l'éventuel caractère "tardif" de l'avis rendu, "on a peut-être perdu une semaine. Mais ce n'est pas facile d'être entre précipitation et attentisme", a-t-il souligné, rappelant qu'on avait reproché à Margaret Chan, ex-directrice générale de l'OMS, sur le H1N1, d'avoir été trop rapide.

"Mais dès le 23 janvier, on a demandé qu'un certain nombre de recommandations soient suivies malgré tout. Cela figure dans le statement" qui est "toujours accessible en ligne", a-t-il souligné.

Ensuite interviennent les modalités de réaction des autorités locales. "Je n'ai pas une vision précise" de la réaction des autorités françaises "car je n'étais pas dans le secteur au niveau national. Il sera important d'analyser ce qui s'est passé, en particulier en février et en mars. Quelles décisions ont été prises, quels plans activés, quelles structures mises en place", a-t-il déclaré.

Il a longuement évoqué lors de son audition l'absence de préparation de la France à une telle pandémie (cf dépêche du 25/06/2020 à 17:48).

Didier Houssin s'est par ailleurs dit "surpris" de la déclaration du directeur général de l'OMS à la mi-mars, qui recommandait de "tester, tester, tester" (cf dépêche du 21/03/2020 à 18:50).

"Je ne suis pas sûr que ça ait été une initiative extrêmement heureuse de donner les choses comme ça. Cela ne veut pas dire grand-chose. Il y a plusieurs types de tests, virologiques, sérologiques… Les capacités des Etats sont excessivement différentes. Dans beaucoup de pays c'était impossible, il n'y a pas de tests. Et même en France, on n'a pu que peu tester, du moins au début", a-t-il observé.

cd/ab/APMnews

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L'OMS A FAIT PREUVE DE CÉLÉRITÉ POUR DÉCLARER LA PANDÉMIE DE COVID-19, ESTIME DIDIER HOUSSIN

PARIS, 25 juin 2020 (APMnews) - Les décisions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la gestion de la pandémie de Covid-19 ont été rapides, a estimé mercredi Didier Houssin, président du comité d'urgence de l'OMS sur le Covid-19, lors de son audition par la mission d'information sur l'épidémie de Covid-19 à l'Assemblée nationale.

L'ancien directeur général de la santé (DGS) de 2005 à 2011, également membre de la mission présidée par Jean Castex chargée de préparer le plan de sortie du confinement, est président du comité d'urgence Covid-19 de l'OMS mis en place depuis le 22 janvier. Il conseille aussi l'OMS en matière de risque sanitaire depuis 2011.

Interrogé sur le délai de réaction de l'OMS d'une part, et des autorités française d'autre part, pour faire face à la pandémie, il a considéré que "le directeur général de l'OMS [Tedros Adhanom Ghebreyesus] n'a pas été lent, il a été rapide dans ses décisions".

"La convocation [du comité d'urgence] faite par le directeur général -j'ai reçu l'appel le dimanche 19 janvier-, on peut dire que c'est une convocation précoce, si l'on compare à ce qui s'était passé pour Ebola, H1N1, ou encore Zika etc." "Je pense que l'OMS a fait preuve de célérité", en réunissant le comité les 22 et 23 janvier.

Il y avait alors plusieurs centaines de cas en Chine, mais seulement 4 cas à l'étranger. Le comité était très partagé sur l'avis à rendre, or l'avis rendu doit être unanime. La recommandation a alors été qu'il était un peu trop tôt pour déclarer qu'il s'agissait d'une urgence sanitaire de portée internationale.

La 1ère réunion du comité d'urgence, le 22 janvier, s'est tenue à Genève avec, au téléphone, les autorités sanitaires des pays invités (la Chine, le Japon, la Thaïlande et la Corée) à présenter leur situation épidémiologique, et des experts, a-t-il expliqué.

"Il n'y avait alors pas de raisons de douter de la véracité des informations transmises par les autorités chinoises, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu de transparence et de volonté d'informer de la part des Chinois."

Un évènement "bizarre"

Il y a ensuite eu un évènement "bizarre": "le 22 au soir, une dépêche média nous apprend le confinement de la ville de Wuhan". Le directeur général de l'OMS a alors demandé une nouvelle journée de réunion, le lendemain, sur le pourquoi de cette décision soudaine. Une réunion identique s'est donc tenue le 23.

"Le Chinese CDC [Center for Disease Control and Prevention] nous a dit alors qu'il avait lui-même appris l'auto-confinement de la ville de Wuhan la veille au soir, décidé soi-disant par la ville pour protéger la population chinoise du Hubei, la Chine et le monde entier."

"Les informations sur la situation épidémiologique n'étaient pas vraiment différentes. Le comité d'urgence a été strictement dans la même attitude, c'est-à-dire très partagé. Le seul consensus que j'ai pu trouver, c'est qu'il était un tout petit peu trop tôt pour déclarer une urgence de santé publique de portée internationale."

Evoquant à ce propos les rumeurs dans la presse selon lesquelles le directeur général de l'OMS aurait été sous l'influence du président chinois, Didier Houssin a affirmé que ce dernier "ne [l]'a pas appelé".

Puis "nous avons été reconvoqués le 30 janvier, la situation avait évolué, on était passé de 400 cas en Chine à 1.700 ou même quelques milliers, et 80 cas, sans décès, dans 18 pays étrangers".

"Là le comité a été quasi unanime pour dire qu'il fallait déclarer l'urgence sanitaire de portée internationale. Le 30 janvier, la déclaration par l'OMS qu'un évènement est une urgence de santé publique de portée internationale, cela veut dire que dans un pays, on pose tout et on s'occupe essentiellement de ça", a-t-il rappelé.

Sur l'éventuel caractère "tardif" de l'avis rendu, "on a peut-être perdu une semaine. Mais ce n'est pas facile d'être entre précipitation et attentisme", a-t-il souligné, rappelant qu'on avait reproché à Margaret Chan, ex-directrice générale de l'OMS, sur le H1N1, d'avoir été trop rapide.

"Mais dès le 23 janvier, on a demandé qu'un certain nombre de recommandations soient suivies malgré tout. Cela figure dans le statement" qui est "toujours accessible en ligne", a-t-il souligné.

Ensuite interviennent les modalités de réaction des autorités locales. "Je n'ai pas une vision précise" de la réaction des autorités françaises "car je n'étais pas dans le secteur au niveau national. Il sera important d'analyser ce qui s'est passé, en particulier en février et en mars. Quelles décisions ont été prises, quels plans activés, quelles structures mises en place", a-t-il déclaré.

Il a longuement évoqué lors de son audition l'absence de préparation de la France à une telle pandémie (cf dépêche du 25/06/2020 à 17:48).

Didier Houssin s'est par ailleurs dit "surpris" de la déclaration du directeur général de l'OMS à la mi-mars, qui recommandait de "tester, tester, tester" (cf dépêche du 21/03/2020 à 18:50).

"Je ne suis pas sûr que ça ait été une initiative extrêmement heureuse de donner les choses comme ça. Cela ne veut pas dire grand-chose. Il y a plusieurs types de tests, virologiques, sérologiques… Les capacités des Etats sont excessivement différentes. Dans beaucoup de pays c'était impossible, il n'y a pas de tests. Et même en France, on n'a pu que peu tester, du moins au début", a-t-il observé.

cd/ab/APMnews

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