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24/11 2022
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L'ORDRE DES MÉDECINS ACTE UN DÉSACCORD AVEC LES AUTRES ORDRES SUR LES TRANSFERTS DE COMPÉTENCES

PARIS 24 novembre 2022 (APMnews) - Si l'ordre des médecins est favorable aux délégations de tâches et d'activités, il demeure opposé aux transferts de compétences promus par d'autres ordres de professions de santé, a souligné jeudi le président de l'ordre des médecins, le Dr François Arnault.

Lors d'un point presse qui tenait davantage de la mise au point, le président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) est revenu sur les commentaires formulés par différents acteurs, dont les ministres en charge de la santé, sur les propositions formulées à la mi-octobre par le comité de liaison inter-ordres (Clio santé) en matière d'accès aux soins et de coopération interprofessionnelle.

Les sept ordres professionnels s'étaient mis d'accord sur une position commune structurée en quatre axes dont le premier consiste à "améliorer l'accès au médecin traitant en développant le partage d'actes et d'activités entre médecins et professionnels de santé" (cf dépêche du 13/10/2022 à 15:27).

Depuis, l'ordre national infirmier (ONI) a dévoilé ses propres propositions, visant notamment à "rendre effectif le transfert des compétences [et à] renforcer le rôle propre des infirmiers", en portant le principe d'un accès direct aux professions paramédicales (cf dépêche du 17/11/2022 à 18:28).

François Arnault a regretté que plusieurs acteurs, sans les désigner, aient exprimé des interprétations différentes de la position du Clio santé.

"Je ne comprends pas [que d'autres ordres] veuillent avoir l'accès direct pour la pathologie générale, cela ne rentre pas dans leurs compétences. Si on travaille ensemble, pour à la sortie dire sa partition qui n'a rien à voir avec ce qu'on a signé, je crains beaucoup pour l'intérêt du Clio et du travail que l'on peut faire en commun", a observé le président du Cnom.

"Je respecte ce que j'ai signé", a-t-il souligné, rappelant que l'ordre des médecins s'était engagé sur la délégation de tâches, "qui existe déjà". "Si certains comprennent que […] c'est l'accès direct à leur profession, je n'y peux rien", s'est agacé François Arnault.

"Je trouve dommage -parce qu'on défend des intérêts plus syndicaux qu'ordinaux- que l'on se retrouve opposés et que l'on ait perdu une chance, nous ordres professionnels, de transformer l'essai", a-t-il résumé.

"On ne le fera pas et c'est trop tard parce que nous sommes partis dans des directions qui n'ont plus aucun rapport entre elles, qui ne permettent pas de proposer aux patients, à la population, un parcours de soins coordonnés dans leur intérêt", a ajouté le président du Cnom.

L'ordre opposé à la nouvelle proposition de loi Rist

Interrogé sur la proposition de loi portée par la députée Stéphanie Rist (Renaissance, Loiret) élargissant les compétences des professionnels de santé, dont l'examen est décalé à 2023 (cf dépêche du 19/10/2022 à 11:40), François Arnault a exprimé son opposition aux mesures envisagées.

"Nous ne sommes pas d'accord avec Mme Rist, et nous n'avons pas souhaité être auditionnés avec les autres ordres sur ce sujet", a-t-il souligné, compte tenu des divergences intervenues depuis la remise des propositions du Clio santé.

"Je reste sur nos positions, qui sont fondées sur la formation, les compétences des médecins, -qui ne sont pas des prérogatives mais des compétences-, tout en respectant les autres", a observé François Arnault.

Il a réaffirmé la position de l'ordre, selon laquelle même en cas de difficultés d'accès aux médecins, "l'examen par le médecin dans l'entrée dans la maladie est indispensable", afin de permettre un diagnostic pour tout patient.

"Il faut que les médecins se bougent, se mobilisent, prennent les choses en main pour proposer les solutions", qui doivent s'organiser "autour du médecin", appelé à "dégager du temps médical" en s'appuyant sur les autres professions de santé, dans un exercice coordonné, notamment les infirmiers de pratique avancée (IPA), et autour d'un dossier patient partagé.

Le Dr René-Pierre Labarrière, président de la section exercice professionnel, a évoqué la possibilité de protocoliser le suivi de patients chroniques avec des infirmiers, permettant d'espacer davantage les consultations avec le médecin et ainsi de dégager du temps pour d'autres patients.

Interrogé par APMnews sur les pistes concrètes permettant de dégager du temps médical, le Dr Arnault a botté en touche, estimant qu'il serait difficile de dresser un "inventaire à la Prévert". Il a toutefois cité la prise en charge coordonnée avec les IPA ou d'autres professionnels pour le suivi des patients présentant des pathologies lourdes complexes.

"On estime qu'un médecin consacre 13 heures par semaine aux tâches administratives", a signalé le Dr Claire Siret, présidente de la section santé publique du Cnom, suggérant qu'il y avait matière à agir sur ce point.

Elle aussi a évoqué une prise en charge mieux partagée entre professionnels de santé des patients complexes qui réclament aujourd'hui davantage de temps aux médecins, tout en soulignant qu'une véritable coordination nécessitait du temps, des moyens et des locaux adaptés.

"L'essentiel, c'est l'investissement initial pour créer une équipe de soins de proximité et la mise en place des protocoles. Une fois fait, c'est là que l'on va pouvoir dégager ce temps, sachant que chaque médecin a une typologie de patientèle", a commenté le Dr Labarrière.

Interrogé par APMnews sur les pistes poussées par les associations de patients et les élus des déserts médicaux en matière d'accès aux soins, le Dr Arnault a réitéré l'opposition de l'ordre aux mesures coercitives, les jugeant contre-productives avec le risque de décourager les installations.

Indiquant avoir reçu récemment les représentants des étudiants et internes en médecine, le Dr François Arnault a relevé qu'ils témoignaient d'une "souffrance professionnelle majeure". Il s'est inquiété d'un exercice hospitalier "pas très favorable à leur épanouissement" et appelé à "mieux les considérer".

Sollicité sur l'appel à la fermeture des cabinets de médecins libéraux pour les journées des 1er et 2 décembre, François Arnault a indiqué qu'il soutenait "la profession dans ses actions pour se défendre et qu'elle soit respectée dans ses réflexions générales".

Un peu plus tôt, il avait défendu, "sans vouloir empiéter sur l'action et les responsabilités des syndicats" de médecins libéraux, une "mise à niveau nécessaire" du tarif de la consultation, jugé "largement insuffisant".

vg/ab/APMnews

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PARIS 24 novembre 2022 (APMnews) - Si l'ordre des médecins est favorable aux délégations de tâches et d'activités, il demeure opposé aux transferts de compétences promus par d'autres ordres de professions de santé, a souligné jeudi le président de l'ordre des médecins, le Dr François Arnault.

Lors d'un point presse qui tenait davantage de la mise au point, le président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) est revenu sur les commentaires formulés par différents acteurs, dont les ministres en charge de la santé, sur les propositions formulées à la mi-octobre par le comité de liaison inter-ordres (Clio santé) en matière d'accès aux soins et de coopération interprofessionnelle.

Les sept ordres professionnels s'étaient mis d'accord sur une position commune structurée en quatre axes dont le premier consiste à "améliorer l'accès au médecin traitant en développant le partage d'actes et d'activités entre médecins et professionnels de santé" (cf dépêche du 13/10/2022 à 15:27).

Depuis, l'ordre national infirmier (ONI) a dévoilé ses propres propositions, visant notamment à "rendre effectif le transfert des compétences [et à] renforcer le rôle propre des infirmiers", en portant le principe d'un accès direct aux professions paramédicales (cf dépêche du 17/11/2022 à 18:28).

François Arnault a regretté que plusieurs acteurs, sans les désigner, aient exprimé des interprétations différentes de la position du Clio santé.

"Je ne comprends pas [que d'autres ordres] veuillent avoir l'accès direct pour la pathologie générale, cela ne rentre pas dans leurs compétences. Si on travaille ensemble, pour à la sortie dire sa partition qui n'a rien à voir avec ce qu'on a signé, je crains beaucoup pour l'intérêt du Clio et du travail que l'on peut faire en commun", a observé le président du Cnom.

"Je respecte ce que j'ai signé", a-t-il souligné, rappelant que l'ordre des médecins s'était engagé sur la délégation de tâches, "qui existe déjà". "Si certains comprennent que […] c'est l'accès direct à leur profession, je n'y peux rien", s'est agacé François Arnault.

"Je trouve dommage -parce qu'on défend des intérêts plus syndicaux qu'ordinaux- que l'on se retrouve opposés et que l'on ait perdu une chance, nous ordres professionnels, de transformer l'essai", a-t-il résumé.

"On ne le fera pas et c'est trop tard parce que nous sommes partis dans des directions qui n'ont plus aucun rapport entre elles, qui ne permettent pas de proposer aux patients, à la population, un parcours de soins coordonnés dans leur intérêt", a ajouté le président du Cnom.

L'ordre opposé à la nouvelle proposition de loi Rist

Interrogé sur la proposition de loi portée par la députée Stéphanie Rist (Renaissance, Loiret) élargissant les compétences des professionnels de santé, dont l'examen est décalé à 2023 (cf dépêche du 19/10/2022 à 11:40), François Arnault a exprimé son opposition aux mesures envisagées.

"Nous ne sommes pas d'accord avec Mme Rist, et nous n'avons pas souhaité être auditionnés avec les autres ordres sur ce sujet", a-t-il souligné, compte tenu des divergences intervenues depuis la remise des propositions du Clio santé.

"Je reste sur nos positions, qui sont fondées sur la formation, les compétences des médecins, -qui ne sont pas des prérogatives mais des compétences-, tout en respectant les autres", a observé François Arnault.

Il a réaffirmé la position de l'ordre, selon laquelle même en cas de difficultés d'accès aux médecins, "l'examen par le médecin dans l'entrée dans la maladie est indispensable", afin de permettre un diagnostic pour tout patient.

"Il faut que les médecins se bougent, se mobilisent, prennent les choses en main pour proposer les solutions", qui doivent s'organiser "autour du médecin", appelé à "dégager du temps médical" en s'appuyant sur les autres professions de santé, dans un exercice coordonné, notamment les infirmiers de pratique avancée (IPA), et autour d'un dossier patient partagé.

Le Dr René-Pierre Labarrière, président de la section exercice professionnel, a évoqué la possibilité de protocoliser le suivi de patients chroniques avec des infirmiers, permettant d'espacer davantage les consultations avec le médecin et ainsi de dégager du temps pour d'autres patients.

Interrogé par APMnews sur les pistes concrètes permettant de dégager du temps médical, le Dr Arnault a botté en touche, estimant qu'il serait difficile de dresser un "inventaire à la Prévert". Il a toutefois cité la prise en charge coordonnée avec les IPA ou d'autres professionnels pour le suivi des patients présentant des pathologies lourdes complexes.

"On estime qu'un médecin consacre 13 heures par semaine aux tâches administratives", a signalé le Dr Claire Siret, présidente de la section santé publique du Cnom, suggérant qu'il y avait matière à agir sur ce point.

Elle aussi a évoqué une prise en charge mieux partagée entre professionnels de santé des patients complexes qui réclament aujourd'hui davantage de temps aux médecins, tout en soulignant qu'une véritable coordination nécessitait du temps, des moyens et des locaux adaptés.

"L'essentiel, c'est l'investissement initial pour créer une équipe de soins de proximité et la mise en place des protocoles. Une fois fait, c'est là que l'on va pouvoir dégager ce temps, sachant que chaque médecin a une typologie de patientèle", a commenté le Dr Labarrière.

Interrogé par APMnews sur les pistes poussées par les associations de patients et les élus des déserts médicaux en matière d'accès aux soins, le Dr Arnault a réitéré l'opposition de l'ordre aux mesures coercitives, les jugeant contre-productives avec le risque de décourager les installations.

Indiquant avoir reçu récemment les représentants des étudiants et internes en médecine, le Dr François Arnault a relevé qu'ils témoignaient d'une "souffrance professionnelle majeure". Il s'est inquiété d'un exercice hospitalier "pas très favorable à leur épanouissement" et appelé à "mieux les considérer".

Sollicité sur l'appel à la fermeture des cabinets de médecins libéraux pour les journées des 1er et 2 décembre, François Arnault a indiqué qu'il soutenait "la profession dans ses actions pour se défendre et qu'elle soit respectée dans ses réflexions générales".

Un peu plus tôt, il avait défendu, "sans vouloir empiéter sur l'action et les responsabilités des syndicats" de médecins libéraux, une "mise à niveau nécessaire" du tarif de la consultation, jugé "largement insuffisant".

vg/ab/APMnews

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