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10/10 2023
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L'UNAFAM ALERTE SUR DES ATTEINTES TROP FRÉQUENTES AUX DROITS FONDAMENTAUX DES PERSONNES VIVANT AVEC UNE MALADIE PSYCHIQUE

PARIS, 10 octobre 2023 (APMnews) - L'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) a alerté sur la détérioration de la prise en charge des patients vivant avec une maladie psychique, dénonçant les atteintes de plus en plus fréquentes aux droits fondamentaux des patients, dans son baromètre annuel, consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques, publié mardi.

A l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, l'Unafam a dévoilé les résultats de la quatrième édition (cf dépêche du 11/10/2021 à 10:44) de son baromètre consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques.

Il s'est basé sur 4.363 réponses à un questionnaire ouvert du 30 mai au 25 juin 2023, adressé à "l'ensemble des adhérents de l'Unafam", et pour la première fois à des personnes directement "concernées par un trouble psychique", a précisé l'association.

"Les personnes vivant avec une maladie psychique restent toujours autant discriminées dans leur parcours de soins par rapport à d'autres pathologies", a-t-elle rappelé en préambule du dossier de presse. "Le manque de moyens observé en psychiatrie ne vient pas seulement restreindre l'accès ou le maintien dans les soins, mais vient aussi détériorer la prise en charge des patients", souligne l'Unafam.

Un moratoire sur la contention

Ainsi, 83% des répondants ont déclaré à l'Unafam avoir "rencontré d'importantes difficultés lors de la prise en charge de leur proche".

Dans "environ 60% des cas", le patient aurait subi des mesures d'isolement et "dans 30% des cas", des mesures de contention, a précisé l'association.

Ces chiffres "doivent alerter tant au regard de la législation et des bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS)", a-t-elle estimé, appelant à "une vraie prise en considération du droit à la dignité des patients et un moratoire sur la contention".

Elle a également déploré la trop fréquente "tenue à l'écart des familles par l'équipe de soins", lorsque celle-ci est sollicitée par le proche-aidant.

Selon elle, les familles aidantes demeurent insuffisamment informées du protocole de soins, et cela, malgré leur demande. "Aussi, seulement un aidant sur deux rencontre l'équipe soignante en charge de son proche, ce qui met considérablement en péril l'alliance thérapeutique".

"Le droit de visite est un autre droit qui est aujourd'hui en France mieux respecté dans les institutions pénitentiaires que dans les hôpitaux psychiatriques, où sont autorisées et légitimées l'interdiction et la privation absolue de liberté des patients vivant avec des troubles psychiques", a également pointé l'Unafam.

Parmi l'ensemble des proches-aidants ayant répondu au questionnaire, 44% ont indiqué avoir "déjà été interdits de visite à leur proche hospitalisé". Une tendance davantage observée auprès des "entourages les moins favorisés", a précisé l'Unafam.

Accès "difficile" à un psychiatre

Outre la qualité des soins, l'Unafam a également alerté sur un accès insuffisant à ceux-ci.

"Alors que le droit à la santé exige un suivi adapté aux besoins de soins du patient sur la durée, et non pas seulement lorsque la situation est critique, ce droit n'est pas respecté", a-t-elle estimé, rappelant que "les ruptures de soins augmentent considérablement le risque d'une nouvelle situation d'urgence".

Ainsi, "64% des répondants déclarent qu'il est difficile d'avoir accès à un psychiatre et/ou un psychologue et pour 50%, d'avoir accès à des soins d'urgence", a pointé le baromètre.
"Un constat partagé par les personnes concernées", a ajouté l'Unafam: ils sont "58% à déclarer avoir des difficultés à accéder à un psychiatre".

En outre, "40% des répondants directement concernés par une maladie psychique considèrent que leur prise en charge médicale n'évolue pas et près de 15% la considèrent en régression", a-t-elle poursuivi.

Elle a ainsi exigé de "rendre obligatoire la formation aux premiers secours en santé mentale pour l'ensemble des services publics", "créer une équipe mobile dans chaque secteur psychiatrique pour limiter l'hospitalisation et les ruptures de parcours" et "organiser les équipes du Samu pour qu'elles disposent de compétences psychiatriques 24h/24".

Pour rappel, la feuille de route psychiatrie et santé mentale 2023, prévoit la formation de 60.000 secouristes en santé mentale fin 2023, et 150.000 fin 2025 (cf dépêche du 03/03/2023 à 13:00).

Un accompagnement administratif insuffisant

Par ailleurs, le baromètre a révélé que de "nombreuses, personnes vivant avec un handicap psychique seraient mal informées sur leurs droits" et "insuffisamment aidées et soutenues dans leurs démarches sociales et médico-sociales".

"Près de 60%, des répondants déclarent ainsi que leur proche n'a pas été accompagné par un professionnel dans sa demande d'aide auprès d'une MDPH [maison départementale des personnes handicapées]", a souligné l'Unafam à titre d'exemple.

En parallèle, quand leur proche est accompagné par un professionnel, "55% des proches-aidants ne sont pas associés à ces démarches administratives d'accès aux droits", a-t-elle déploré.

Les médias "de plus en plus stigmatisants"

Les médias sont perçus comme de plus en plus stigmatisants, selon le baromètre: "69% des proches-aidants considèrent que les médias évoquent la maladie de façon stigmatisante et anxiogène et 61% des personnes concernées partagent ce point de vue", a pointé l'Unafam.

Ce pourcentage représente "une hausse de 9 points par rapport à 2022", a-t-elle ajouté, y voyant le résultat d'une "absence de vraies politiques publiques", pour mieux prendre en compte le handicap psychique ainsi que son besoin de compensation.

Baromètre Unafam 2023

jr/ab/APMnews

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PARIS, 10 octobre 2023 (APMnews) - L'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) a alerté sur la détérioration de la prise en charge des patients vivant avec une maladie psychique, dénonçant les atteintes de plus en plus fréquentes aux droits fondamentaux des patients, dans son baromètre annuel, consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques, publié mardi.

A l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, l'Unafam a dévoilé les résultats de la quatrième édition (cf dépêche du 11/10/2021 à 10:44) de son baromètre consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques.

Il s'est basé sur 4.363 réponses à un questionnaire ouvert du 30 mai au 25 juin 2023, adressé à "l'ensemble des adhérents de l'Unafam", et pour la première fois à des personnes directement "concernées par un trouble psychique", a précisé l'association.

"Les personnes vivant avec une maladie psychique restent toujours autant discriminées dans leur parcours de soins par rapport à d'autres pathologies", a-t-elle rappelé en préambule du dossier de presse. "Le manque de moyens observé en psychiatrie ne vient pas seulement restreindre l'accès ou le maintien dans les soins, mais vient aussi détériorer la prise en charge des patients", souligne l'Unafam.

Un moratoire sur la contention

Ainsi, 83% des répondants ont déclaré à l'Unafam avoir "rencontré d'importantes difficultés lors de la prise en charge de leur proche".

Dans "environ 60% des cas", le patient aurait subi des mesures d'isolement et "dans 30% des cas", des mesures de contention, a précisé l'association.

Ces chiffres "doivent alerter tant au regard de la législation et des bonnes pratiques de la Haute autorité de santé (HAS)", a-t-elle estimé, appelant à "une vraie prise en considération du droit à la dignité des patients et un moratoire sur la contention".

Elle a également déploré la trop fréquente "tenue à l'écart des familles par l'équipe de soins", lorsque celle-ci est sollicitée par le proche-aidant.

Selon elle, les familles aidantes demeurent insuffisamment informées du protocole de soins, et cela, malgré leur demande. "Aussi, seulement un aidant sur deux rencontre l'équipe soignante en charge de son proche, ce qui met considérablement en péril l'alliance thérapeutique".

"Le droit de visite est un autre droit qui est aujourd'hui en France mieux respecté dans les institutions pénitentiaires que dans les hôpitaux psychiatriques, où sont autorisées et légitimées l'interdiction et la privation absolue de liberté des patients vivant avec des troubles psychiques", a également pointé l'Unafam.

Parmi l'ensemble des proches-aidants ayant répondu au questionnaire, 44% ont indiqué avoir "déjà été interdits de visite à leur proche hospitalisé". Une tendance davantage observée auprès des "entourages les moins favorisés", a précisé l'Unafam.

Accès "difficile" à un psychiatre

Outre la qualité des soins, l'Unafam a également alerté sur un accès insuffisant à ceux-ci.

"Alors que le droit à la santé exige un suivi adapté aux besoins de soins du patient sur la durée, et non pas seulement lorsque la situation est critique, ce droit n'est pas respecté", a-t-elle estimé, rappelant que "les ruptures de soins augmentent considérablement le risque d'une nouvelle situation d'urgence".

Ainsi, "64% des répondants déclarent qu'il est difficile d'avoir accès à un psychiatre et/ou un psychologue et pour 50%, d'avoir accès à des soins d'urgence", a pointé le baromètre.
"Un constat partagé par les personnes concernées", a ajouté l'Unafam: ils sont "58% à déclarer avoir des difficultés à accéder à un psychiatre".

En outre, "40% des répondants directement concernés par une maladie psychique considèrent que leur prise en charge médicale n'évolue pas et près de 15% la considèrent en régression", a-t-elle poursuivi.

Elle a ainsi exigé de "rendre obligatoire la formation aux premiers secours en santé mentale pour l'ensemble des services publics", "créer une équipe mobile dans chaque secteur psychiatrique pour limiter l'hospitalisation et les ruptures de parcours" et "organiser les équipes du Samu pour qu'elles disposent de compétences psychiatriques 24h/24".

Pour rappel, la feuille de route psychiatrie et santé mentale 2023, prévoit la formation de 60.000 secouristes en santé mentale fin 2023, et 150.000 fin 2025 (cf dépêche du 03/03/2023 à 13:00).

Un accompagnement administratif insuffisant

Par ailleurs, le baromètre a révélé que de "nombreuses, personnes vivant avec un handicap psychique seraient mal informées sur leurs droits" et "insuffisamment aidées et soutenues dans leurs démarches sociales et médico-sociales".

"Près de 60%, des répondants déclarent ainsi que leur proche n'a pas été accompagné par un professionnel dans sa demande d'aide auprès d'une MDPH [maison départementale des personnes handicapées]", a souligné l'Unafam à titre d'exemple.

En parallèle, quand leur proche est accompagné par un professionnel, "55% des proches-aidants ne sont pas associés à ces démarches administratives d'accès aux droits", a-t-elle déploré.

Les médias "de plus en plus stigmatisants"

Les médias sont perçus comme de plus en plus stigmatisants, selon le baromètre: "69% des proches-aidants considèrent que les médias évoquent la maladie de façon stigmatisante et anxiogène et 61% des personnes concernées partagent ce point de vue", a pointé l'Unafam.

Ce pourcentage représente "une hausse de 9 points par rapport à 2022", a-t-elle ajouté, y voyant le résultat d'une "absence de vraies politiques publiques", pour mieux prendre en compte le handicap psychique ainsi que son besoin de compensation.

Baromètre Unafam 2023

jr/ab/APMnews

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