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21/04 2023
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L'URPS MÉDECINS DE BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ VEUT FAIRE ÉMERGER "UN RENFORT SANITAIRE TERRITORIAL" LIBÉRAL EN CAS DE CRISE

(Par Geoffroy LANG)

DIJON, 21 avril 2023 (APMnews) - L'union régionale des professionnels de santé médecins libéraux de Bourgogne-Franche-Comté a développé une application et des formations pour associer plus étroitement les soignants libéraux à la gestion des crises et situations sanitaires exceptionnelles, a-t-on appris vendredi lors d'un entretien avec Eric Blondet, neurochirurgien et président de cette URPS.

"Le 13 novembre 2015, il y avait une grosse manifestation à Paris contre Marisol Touraine, [qui portait la future loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016, note-t-on, cf dépêche du 04/11/2015 à 15:10 et dépêche du 16/11/2015 à 00:04] quand les attentats sont survenus ", s'est remémoré Eric Blondet, le président de l'URPS-ML de Bourgogne-Franche-Comté, contacté par APMnews.

"A ce moment-là, tous les médecins et les infirmiers se sont rués dans les services d'accueil des urgences pour filer un coup de main, mais ils n'étaient pas connus, ils ne connaissaient pas les locaux, enfin ils ne pouvaient pas être intégrés, ça a participé à désorganiser un peu plus les services", a-t-il enchaîné pour expliquer la genèse du projet "Renfort sanitaire territorial" porté par son URPS.

Quand on regarde les dispositifs Orsan [Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles] et Orsec [Organisation de la réponse de sécurité civile], il n'y a pas grand-chose, les plans blancs d'établissements privés, c'est essentiellement de l'hôtellerie pour décharger les établissements publics et dans les dispositifs Orsan, on ne pense aux libéraux que pour les campagnes de vaccination", a constaté le neurochirurgien, qui exerce à la polyclinique du Val-de-Saône (Mâcon) après avoir débuté au service de santé des armées (SSA).

Dès son élection à la présidence de l'URPS-ML Bourgogne-Franche-Comté en 2016, le Dr Blondet a donc souhaité développer un dispositif permettant de mobiliser efficacement les médecins libéraux dans la réponse aux situations sanitaires exceptionnelles, en pointant la possibilité de doubler ainsi "la capacité médicale" et "d'éviter que l'offre de soins ne soit saturée par un événement".

Une application lancée en pleine crise sanitaire

Lorsque la crise sanitaire du Covid-19 a touché la France au printemps 2020, la première version de Lib-Orsan, l'application portée par son URPS était encore "en cours de développement" mais a rapidement trouvé un public dans ce contexte: "Quand LibOrsan a été lancée pendant la crise sanitaire, en trois semaines on a eu 1.400 abonnements".

Le Dr Blondet a fait remarquer que le retour d'expérience conduit à l'été 2020 sur l'application permettant l'information, le recensement et la mobilisation des professionnels de santé libéraux volontaires et disponibles a été très positif, avec 650 répondants "souhaitant à 95% être formés et intégrés dans la réponse à la gestion de crise".

L'URPS a donc souhaité répondre à ces attentes en créant "un renfort sanitaire territorial" qui proposerait quatre types de formations aux professionnels de santé libéraux intéressés:

  • une formation socle sur la gestion de crises et des situations sanitaires exceptionnelles
  • une formation spécifique préhospitalière, orientée sur le Smur et la sécurité civile, associant l'ensemble des acteurs concernés d'un même territoire (médecins et autres professionnels de santé libéraux, services départementaux d'incendie et de secours [Sdis], direction territoriale d'agence régionale de santé [DT-ARS] et préfecture)
  • une formation spécifique établissement: l'organisation interne et son articulation avec les plans et dispositifs de réponse aux crises et situations sanitaires exceptionnelles, associant l'ensemble des acteurs concernés d'un même territoire (services d'urgence, Samu/Smur, directions et commissions médicales d'établissements [CME], professionnels de santé concernés)
  • des formations thématiques sur la prise en charge des urgences psycho-traumatiques, les risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques) et industriels, en lien avec les acteurs concernés, selon les spécificités du territoire.

Les professionnels qui auront suivi la formation socle sur les situations sanitaires se verront ensuite proposer d'intégrer, "sur la base du volontariat et en fonction de leur spécialité", le dispositif de renfort sanitaire territorial, a expliqué le Dr Blondet.

En couplant ces formations avec l'application Lib-Orsan, le renfort sanitaire territorial vise à intégrer les professionnels de santé non hospitaliers (médecins généralistes libéraux et salariés, médecins spécialistes, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens...) dans la réponse aux crises et situations sanitaires exceptionnelles.

Si la réserve sanitaire permet déjà aux professionnels de santé de venir renforcer des équipes médicales en cas de situation sanitaire exceptionnelle, elle comporte "des conditions qui ne sont pas applicables aux médecins libéraux qui ont des obligations par rapport à leur structure ou leur personnel", a pointé Eric Blondet.

Mobiliser les libéraux à proximité

Le renfort sanitaire développé par son URPS veut dépasser ses contraintes en proposant de "réorganiser l'offre de soins à l'échelle un territoire où surviendrait un événement, à l'échelle d'un zonage de type Smur".

"Pour un médecin généraliste, ça peut être une réorganisation du cabinet pour assurer l'offre de soins hors crise", a-t-il avancé à titre d'exemple, "ou au contraire, une formalisation plus soutenue des vacations pour un médecin qui ferait déjà régulièrement des gardes aux urgences, avec une formation plus poussée sur l'accueil des urgences et les situations de crise".

"On vient [connecter] du capacitaire sans remettre en cause les organisations et le modèle en place", a-t-il toutefois ajouté, en soulignant l'importance de proposer des ressources humaines opérationnelles en adéquation avec les besoins du moment: "Pour un chirurgien comme moi, ça ne sert à rien de dire 'moi je suis dispo' si je n'ai pas l'anesthésiste, le bloc ou le reste du personnel."

"En cas de besoin, à partir du moment où on a un chirurgien qui est disponible avec son anesthésiste et son personnel de salle, il envoie un message à l'hôpital pour leur mettre à disposition une salle de chirurgie viscérale, ou une salle de chirurgie du rachis, d'orthopédie, etc.", a-t-il complété.

Le volet formation, qui se veut interprofessionnel et sans considération de statut, est en cours de finalisation avec une convention à venir avec la société française de médecine de catastrophe qui l'intégrerait dans ses formations pédagogiques dans le cadre du développement professionnel continu (DPC).

Cette convention devrait permettre de "garantir que la formation soit cohérente avec d'autres formations plus universitaires comme la formation de médecine de catastrophe", a fait remarquer Eric Blondet.

Une expérimentation à l'automne 2023

Les premières formations devraient être lancées à l'automne 2023 sur le Sud-Saône-et-Loire, "pour identifier tous les freins et les points de blocage", avant d'être généralisées en Bourgogne-Franche-Comté mais également mises à disposition des autres URPS qui souhaiteraient s'en emparer.

Des Mooc (cours en ligne) sont également prévus pour accompagner le lancement des formations "de façon à faciliter l'acculturation pour des professionnels qui ont tous des emplois du temps très contraints".

La qualité des professionnels qui participeront au renfort sanitaire territorial sera vérifiée systématiquement par l'URPS, a assuré son président: "On a accès au RPPS [répertoire partagé des professionnels de santé] et quand c'est une profession hors RPPS, on vérifie le numéro Adeli [répertoire national d'identification des professionnels de santé] et si vraiment on n'a pas pour certaines situations, comme un administratif hospitalier, on demandera à l'autorité ou au chef de service de faire la demande."

Il a par ailleurs mis en exergue le ciblage que permettait l'application: "On n'envoie [la demande de renfort] qu'aux médecins généralistes de Mâcon, ou bien même de tel quartier de Mâcon, ou bien qu'aux pharmaciens."

L'application sera également ouverte aux médecins remplaçants et aux retraités de moins de cinq ans.

gl/nc/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

DIJON, 21 avril 2023 (APMnews) - L'union régionale des professionnels de santé médecins libéraux de Bourgogne-Franche-Comté a développé une application et des formations pour associer plus étroitement les soignants libéraux à la gestion des crises et situations sanitaires exceptionnelles, a-t-on appris vendredi lors d'un entretien avec Eric Blondet, neurochirurgien et président de cette URPS.

"Le 13 novembre 2015, il y avait une grosse manifestation à Paris contre Marisol Touraine, [qui portait la future loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016, note-t-on, cf dépêche du 04/11/2015 à 15:10 et dépêche du 16/11/2015 à 00:04] quand les attentats sont survenus ", s'est remémoré Eric Blondet, le président de l'URPS-ML de Bourgogne-Franche-Comté, contacté par APMnews.

"A ce moment-là, tous les médecins et les infirmiers se sont rués dans les services d'accueil des urgences pour filer un coup de main, mais ils n'étaient pas connus, ils ne connaissaient pas les locaux, enfin ils ne pouvaient pas être intégrés, ça a participé à désorganiser un peu plus les services", a-t-il enchaîné pour expliquer la genèse du projet "Renfort sanitaire territorial" porté par son URPS.

Quand on regarde les dispositifs Orsan [Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles] et Orsec [Organisation de la réponse de sécurité civile], il n'y a pas grand-chose, les plans blancs d'établissements privés, c'est essentiellement de l'hôtellerie pour décharger les établissements publics et dans les dispositifs Orsan, on ne pense aux libéraux que pour les campagnes de vaccination", a constaté le neurochirurgien, qui exerce à la polyclinique du Val-de-Saône (Mâcon) après avoir débuté au service de santé des armées (SSA).

Dès son élection à la présidence de l'URPS-ML Bourgogne-Franche-Comté en 2016, le Dr Blondet a donc souhaité développer un dispositif permettant de mobiliser efficacement les médecins libéraux dans la réponse aux situations sanitaires exceptionnelles, en pointant la possibilité de doubler ainsi "la capacité médicale" et "d'éviter que l'offre de soins ne soit saturée par un événement".

Une application lancée en pleine crise sanitaire

Lorsque la crise sanitaire du Covid-19 a touché la France au printemps 2020, la première version de Lib-Orsan, l'application portée par son URPS était encore "en cours de développement" mais a rapidement trouvé un public dans ce contexte: "Quand LibOrsan a été lancée pendant la crise sanitaire, en trois semaines on a eu 1.400 abonnements".

Le Dr Blondet a fait remarquer que le retour d'expérience conduit à l'été 2020 sur l'application permettant l'information, le recensement et la mobilisation des professionnels de santé libéraux volontaires et disponibles a été très positif, avec 650 répondants "souhaitant à 95% être formés et intégrés dans la réponse à la gestion de crise".

L'URPS a donc souhaité répondre à ces attentes en créant "un renfort sanitaire territorial" qui proposerait quatre types de formations aux professionnels de santé libéraux intéressés:

  • une formation socle sur la gestion de crises et des situations sanitaires exceptionnelles
  • une formation spécifique préhospitalière, orientée sur le Smur et la sécurité civile, associant l'ensemble des acteurs concernés d'un même territoire (médecins et autres professionnels de santé libéraux, services départementaux d'incendie et de secours [Sdis], direction territoriale d'agence régionale de santé [DT-ARS] et préfecture)
  • une formation spécifique établissement: l'organisation interne et son articulation avec les plans et dispositifs de réponse aux crises et situations sanitaires exceptionnelles, associant l'ensemble des acteurs concernés d'un même territoire (services d'urgence, Samu/Smur, directions et commissions médicales d'établissements [CME], professionnels de santé concernés)
  • des formations thématiques sur la prise en charge des urgences psycho-traumatiques, les risques NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques) et industriels, en lien avec les acteurs concernés, selon les spécificités du territoire.

Les professionnels qui auront suivi la formation socle sur les situations sanitaires se verront ensuite proposer d'intégrer, "sur la base du volontariat et en fonction de leur spécialité", le dispositif de renfort sanitaire territorial, a expliqué le Dr Blondet.

En couplant ces formations avec l'application Lib-Orsan, le renfort sanitaire territorial vise à intégrer les professionnels de santé non hospitaliers (médecins généralistes libéraux et salariés, médecins spécialistes, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens...) dans la réponse aux crises et situations sanitaires exceptionnelles.

Si la réserve sanitaire permet déjà aux professionnels de santé de venir renforcer des équipes médicales en cas de situation sanitaire exceptionnelle, elle comporte "des conditions qui ne sont pas applicables aux médecins libéraux qui ont des obligations par rapport à leur structure ou leur personnel", a pointé Eric Blondet.

Mobiliser les libéraux à proximité

Le renfort sanitaire développé par son URPS veut dépasser ses contraintes en proposant de "réorganiser l'offre de soins à l'échelle un territoire où surviendrait un événement, à l'échelle d'un zonage de type Smur".

"Pour un médecin généraliste, ça peut être une réorganisation du cabinet pour assurer l'offre de soins hors crise", a-t-il avancé à titre d'exemple, "ou au contraire, une formalisation plus soutenue des vacations pour un médecin qui ferait déjà régulièrement des gardes aux urgences, avec une formation plus poussée sur l'accueil des urgences et les situations de crise".

"On vient [connecter] du capacitaire sans remettre en cause les organisations et le modèle en place", a-t-il toutefois ajouté, en soulignant l'importance de proposer des ressources humaines opérationnelles en adéquation avec les besoins du moment: "Pour un chirurgien comme moi, ça ne sert à rien de dire 'moi je suis dispo' si je n'ai pas l'anesthésiste, le bloc ou le reste du personnel."

"En cas de besoin, à partir du moment où on a un chirurgien qui est disponible avec son anesthésiste et son personnel de salle, il envoie un message à l'hôpital pour leur mettre à disposition une salle de chirurgie viscérale, ou une salle de chirurgie du rachis, d'orthopédie, etc.", a-t-il complété.

Le volet formation, qui se veut interprofessionnel et sans considération de statut, est en cours de finalisation avec une convention à venir avec la société française de médecine de catastrophe qui l'intégrerait dans ses formations pédagogiques dans le cadre du développement professionnel continu (DPC).

Cette convention devrait permettre de "garantir que la formation soit cohérente avec d'autres formations plus universitaires comme la formation de médecine de catastrophe", a fait remarquer Eric Blondet.

Une expérimentation à l'automne 2023

Les premières formations devraient être lancées à l'automne 2023 sur le Sud-Saône-et-Loire, "pour identifier tous les freins et les points de blocage", avant d'être généralisées en Bourgogne-Franche-Comté mais également mises à disposition des autres URPS qui souhaiteraient s'en emparer.

Des Mooc (cours en ligne) sont également prévus pour accompagner le lancement des formations "de façon à faciliter l'acculturation pour des professionnels qui ont tous des emplois du temps très contraints".

La qualité des professionnels qui participeront au renfort sanitaire territorial sera vérifiée systématiquement par l'URPS, a assuré son président: "On a accès au RPPS [répertoire partagé des professionnels de santé] et quand c'est une profession hors RPPS, on vérifie le numéro Adeli [répertoire national d'identification des professionnels de santé] et si vraiment on n'a pas pour certaines situations, comme un administratif hospitalier, on demandera à l'autorité ou au chef de service de faire la demande."

Il a par ailleurs mis en exergue le ciblage que permettait l'application: "On n'envoie [la demande de renfort] qu'aux médecins généralistes de Mâcon, ou bien même de tel quartier de Mâcon, ou bien qu'aux pharmaciens."

L'application sera également ouverte aux médecins remplaçants et aux retraités de moins de cinq ans.

gl/nc/APMnews

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