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11/04 2025
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LA CLINIQUE SAINTE-MARIE À CAMBRAI, UNE ÉPINE DANS LE PIED DES HÔPITAUX CATHOLIQUES DE LILLE

(Par Bruno DECOTTIGNIES)

LILLE, LOMME, CAMBRAI (Nord), 11 avril 2025 (APMnews) - Le Groupement des hôpitaux de l'Institut catholique de Lille (GHICL), propriétaire de la clinique Sainte-Marie à Cambrai depuis 2011, s'est résolu à la conserver faute de repreneur potentiel, bien qu'elle pèse pour environ 80% du déficit du groupement, d'après le directeur général du GHICL, Laurent Delaby, interrogé jeudi par APMnews.

Le GHICL devrait enregistrer un déficit situé entre 2,7 et 2,9 millions d'euros (M€) en 2024, pour un chiffre d'affaires de près de 360 M€, après 6,7 M€ de déficit en 2022 et 5,5 M€ en 2023 (cf dépêche du 20/02/2024 à 11:21).

Sa situation financière est donc plutôt bonne, le déficit correspondant à l'"épaisseur du trait" et étant en nette réduction d'une année à l'autre. Il est essentiellement dû au coût de l'inflation et à des tarifs jugés insuffisants par Laurent Delaby.

Toutefois, le groupement travaille à "rééquilibrer les finances de la clinique [Sainte-Marie], qui ne pourront pas rester durablement déficitaires", prévient-il.

L'établissement d'environ 150 lits et places en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), souffre notamment de son manque d'attractivité médicale, qui impose un recours onéreux à l'intérim.

"Quand on a repris la clinique en 2011, les objectifs étaient de la pérenniser sur le plan financier, de mettre à disposition des médecins lillois à Sainte-Marie, et d'universitariser la clinique", explique-t-il (le GHICL dispose de sa propre faculté de médecine).

"Sur le plan économique, l'objectif a été atteint un certain nombre d'années, et la clinique était à l'équilibre jusqu'à il y a trois ans. Pour ce qui est des médecins lillois, l'objectif est partiellement atteint, avec une quinzaine de médecins qui interviennent ponctuellement à Cambrai, essentiellement pour des consultations et de la prise en charge ambulatoire […]. Quant à l'universitarisation, nous n'avons pas réussi. On peut considérer que c'est plus compliqué, pour des médecins libéraux, d'encadrer des étudiants, d'avoir un projet pédagogique, de consacrer du temps à la recherche, sans que cela soit rémunéré."

Une des questions principales qui se posent aujourd'hui est celle de la maternité de la clinique, dont le niveau d'activité ne lui permet pas d'être rentable, alors que le centre hospitalier (CH) de Cambrai dispose lui aussi d'une maternité d'un niveau d'activité comparable.

"Nous sommes en discussion avec le CH quant aux modalités de rapprochement des deux maternités. Il faut être réaliste, ça n'est pas justifié d'avoir deux maternités compte tenu de la natalité actuelle, même si c'est un crève-cœur", explique le directeur général, qui n'est pour l'heure pas en mesure de donner une échéance, le projet n'étant pas encore arrêté.

Céder l'obstétrique au CH ne suffira pas, en tout état de cause, à rétablir les finances de la clinique, qui fait l'objet d'un "travail d'optimisation" des dépenses, et de développement de l'activité. Pour ce faire, la clinique a obtenu l'autorisation d'installer un appareil d'IRM 1,5 tesla dans son service d'imagerie rénovée, en partenariat avec un cabinet libéral.

La coopération avec le CH, "qui a pu être compliquée par le passé" est plus facile, du fait d'une "bonne volonté des deux côtés". Elle risque toutefois d'être mise à mal par la question de la chirurgie carcinologique, pour laquelle la clinique détient une précieuse autorisation qu'elle compte conserver, et que le CH compte obtenir (cf dépêche du 24/01/2025 à 12:43).

Projets lommois

Laurent Delaby évoque aussi les projets des deux établissements lillois du GHICL.

A l'hôpital Saint-Philibert (Lomme, en périphérie de Lille), le nouveau bloc opératoire a permis de "booster" de 50% l'activité interventionnelle et chirurgicale ambulatoire. La rénovation des façades s'achève, et la réhabilitation des espaces hôteliers se poursuit. Le projet majeur consiste à rénover le rez-de-chaussée supérieur du bâtiment, qui accueille consultations, réanimation et urgences, une opération en tiroir à 17 M€ qui doit commencer en 2025.

Le GHICL doit aussi y installer un cyclotron pour produire dans un premier temps son propre isotope, puis fournir deux TEP-Scan partenaires, et enfin développer la théranostique. Ce projet à 7 M€ (2 M€ pour le bunker de 200 m² et 5 M€ pour le matériel) est financé à hauteur de 1 M€ par une subvention du Fonds européen de développement régional (Feder), via la Région Hauts-de-France, et un prêt à taux zéro de 1 M€ de la Banque publique d'investissement (BPI).

Saint-Philibert devrait ensuite faire l'objet d'une extension de son aile ouest afin de restructurer les unités d'hospitalisation de 16 lits à 25 à 30 lits, d'ici 2027 ou 2028, pour un coût estimé à 20 M€.

La construction de 20.000 m² sur une ancienne friche industrielle accolée à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Lille) ainsi que la réorganisation de ce dernier, engoncé dans ses locaux actuels, représentent un projet évalué à 100 M€, qui est pour l'instant en pause. La prochaine étape, après l'ouverture en 2024 de 1.500 m² consacrés à la santé mentale (cf dépêche du 03/10/2024 à 18:26), devrait consister à construire 6.000 à 7.000 m² sur la friche.

bd/nc/APMnews

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(Par Bruno DECOTTIGNIES)

LILLE, LOMME, CAMBRAI (Nord), 11 avril 2025 (APMnews) - Le Groupement des hôpitaux de l'Institut catholique de Lille (GHICL), propriétaire de la clinique Sainte-Marie à Cambrai depuis 2011, s'est résolu à la conserver faute de repreneur potentiel, bien qu'elle pèse pour environ 80% du déficit du groupement, d'après le directeur général du GHICL, Laurent Delaby, interrogé jeudi par APMnews.

Le GHICL devrait enregistrer un déficit situé entre 2,7 et 2,9 millions d'euros (M€) en 2024, pour un chiffre d'affaires de près de 360 M€, après 6,7 M€ de déficit en 2022 et 5,5 M€ en 2023 (cf dépêche du 20/02/2024 à 11:21).

Sa situation financière est donc plutôt bonne, le déficit correspondant à l'"épaisseur du trait" et étant en nette réduction d'une année à l'autre. Il est essentiellement dû au coût de l'inflation et à des tarifs jugés insuffisants par Laurent Delaby.

Toutefois, le groupement travaille à "rééquilibrer les finances de la clinique [Sainte-Marie], qui ne pourront pas rester durablement déficitaires", prévient-il.

L'établissement d'environ 150 lits et places en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO), souffre notamment de son manque d'attractivité médicale, qui impose un recours onéreux à l'intérim.

"Quand on a repris la clinique en 2011, les objectifs étaient de la pérenniser sur le plan financier, de mettre à disposition des médecins lillois à Sainte-Marie, et d'universitariser la clinique", explique-t-il (le GHICL dispose de sa propre faculté de médecine).

"Sur le plan économique, l'objectif a été atteint un certain nombre d'années, et la clinique était à l'équilibre jusqu'à il y a trois ans. Pour ce qui est des médecins lillois, l'objectif est partiellement atteint, avec une quinzaine de médecins qui interviennent ponctuellement à Cambrai, essentiellement pour des consultations et de la prise en charge ambulatoire […]. Quant à l'universitarisation, nous n'avons pas réussi. On peut considérer que c'est plus compliqué, pour des médecins libéraux, d'encadrer des étudiants, d'avoir un projet pédagogique, de consacrer du temps à la recherche, sans que cela soit rémunéré."

Une des questions principales qui se posent aujourd'hui est celle de la maternité de la clinique, dont le niveau d'activité ne lui permet pas d'être rentable, alors que le centre hospitalier (CH) de Cambrai dispose lui aussi d'une maternité d'un niveau d'activité comparable.

"Nous sommes en discussion avec le CH quant aux modalités de rapprochement des deux maternités. Il faut être réaliste, ça n'est pas justifié d'avoir deux maternités compte tenu de la natalité actuelle, même si c'est un crève-cœur", explique le directeur général, qui n'est pour l'heure pas en mesure de donner une échéance, le projet n'étant pas encore arrêté.

Céder l'obstétrique au CH ne suffira pas, en tout état de cause, à rétablir les finances de la clinique, qui fait l'objet d'un "travail d'optimisation" des dépenses, et de développement de l'activité. Pour ce faire, la clinique a obtenu l'autorisation d'installer un appareil d'IRM 1,5 tesla dans son service d'imagerie rénovée, en partenariat avec un cabinet libéral.

La coopération avec le CH, "qui a pu être compliquée par le passé" est plus facile, du fait d'une "bonne volonté des deux côtés". Elle risque toutefois d'être mise à mal par la question de la chirurgie carcinologique, pour laquelle la clinique détient une précieuse autorisation qu'elle compte conserver, et que le CH compte obtenir (cf dépêche du 24/01/2025 à 12:43).

Projets lommois

Laurent Delaby évoque aussi les projets des deux établissements lillois du GHICL.

A l'hôpital Saint-Philibert (Lomme, en périphérie de Lille), le nouveau bloc opératoire a permis de "booster" de 50% l'activité interventionnelle et chirurgicale ambulatoire. La rénovation des façades s'achève, et la réhabilitation des espaces hôteliers se poursuit. Le projet majeur consiste à rénover le rez-de-chaussée supérieur du bâtiment, qui accueille consultations, réanimation et urgences, une opération en tiroir à 17 M€ qui doit commencer en 2025.

Le GHICL doit aussi y installer un cyclotron pour produire dans un premier temps son propre isotope, puis fournir deux TEP-Scan partenaires, et enfin développer la théranostique. Ce projet à 7 M€ (2 M€ pour le bunker de 200 m² et 5 M€ pour le matériel) est financé à hauteur de 1 M€ par une subvention du Fonds européen de développement régional (Feder), via la Région Hauts-de-France, et un prêt à taux zéro de 1 M€ de la Banque publique d'investissement (BPI).

Saint-Philibert devrait ensuite faire l'objet d'une extension de son aile ouest afin de restructurer les unités d'hospitalisation de 16 lits à 25 à 30 lits, d'ici 2027 ou 2028, pour un coût estimé à 20 M€.

La construction de 20.000 m² sur une ancienne friche industrielle accolée à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Lille) ainsi que la réorganisation de ce dernier, engoncé dans ses locaux actuels, représentent un projet évalué à 100 M€, qui est pour l'instant en pause. La prochaine étape, après l'ouverture en 2024 de 1.500 m² consacrés à la santé mentale (cf dépêche du 03/10/2024 à 18:26), devrait consister à construire 6.000 à 7.000 m² sur la friche.

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